9-1 Prendre en compte des réalités culturelles différentes.

Pour prendre en compte ces réalités, des explications sur la diversité des écoles retenues s'imposent. Il a donc été proposé à plusieurs de participer à cette recherche, aussi bien dans le milieu rural qu'urbain, suburbain ou dans une cité. Une autre caractéristique des écoles de Loire Atlantique réside dans le fait que l'enseignement privé catholique y est fort implanté ; 30 à 40 % des enfants y sont scolarisés. On ne peut nier cette réalité socioculturelle, qui crée parfois, en fonction des individus rencontrés, des réactions épidermiques quand on annonce notre appartenance au corps du "privé". Pour cette recherche, il aurait été souhaitable de rencontrer équitablement (d'un point de vue numérique) aussi bien des parents dont les enfants sont dans l'enseignement privé que dans l'enseignement public. Des autorisations administratives ont été nécessaires auprès de la direction diocésaine de Loire Atlantique et d'un certain nombre d'inspecteurs de circonscriptions (I.D.E.N.). Un dépliant a même été composé à leur intention pour qu'ils comprennent les enjeux d'une telle recherche sans que la question de recherche et l'hypothèse soient explicitées. Malgré l'accord écrit d'un inspecteur de circonscription et l'accord verbal de plusieurs directeurs d'écoles publiques, l'autorisation donnée fut retirée au dernier moment alors que les contacts étaient sur le point de se faire. Compte tenu des contraintes d'organisation de passation du E 20 et de disponibilité professionnelle, notre choix s'est orienté vers d'autres écoles plus faciles d'accès.

Cet incident de parcours montre qu'il existe encore de nos jours des tensions issues du contexte historique du département. Pour autant, les parents qui inscrivent leurs enfants dans des écoles privées catholiques ne sont pas si différents de ceux de l'enseignement public. En ce qui concerne la Loire Atlantique, leurs origines diverses sont constituées des différentes strates sociales et les raisons de leur choix sont multiples ; elles sont motivées en partie par leur appartenance à la culture catholique, le mécontentement à l'égard de l'école publique du quartier, ou bien encore par l’idée que le contexte éducatif privé favorise nettement le travail de l'enfant 269 . Ces écoles appartiennent à une culture puisant ses racines dans les aspects fondamentaux de la religion catholique, mais elles ont aussi le projet d'accueillir les enfants de toutes origines dans le respect des convictions de chaque famille. L'aspect financier, quant à lui, par la demande de rétribution scolaire mensuelle pour chaque enfant scolarisé dans une école primaire, est un indice d'accueil. Une trop forte rétribution peut exclure en effet certaines ; la rétribution scolaire dans le département se situe entre 50 francs et 140 francs par mois. Elle permet de couvrir les frais d'investissement et de fonctionnement des écoles (le traitement des enseignants est versé par l'état pratiquement dans les mêmes conditions que le public). Cela n'a rien à voir avec des sommes plus importantes, parfois supérieures à 1000 francs mensuels, demandées dans d'autres départements. En disant cela, il ne s'agit pas de gommer l'effet du choix de l'école. D'ailleurs, l'analyse des entretiens dévoilera justement quelques familles ayant opté pour l'école privée parce qu'elle correspondait mieux à leur culture et s'inscrivait dans la continuité de leurs valeurs familiales et éducatives. Autrement dit, sans ignorer l'importance de la préférence de lieu de scolarisation de l'enfant, d'un point de vue sociologique la variable choix d'école n'a pas beaucoup d'incidence sur les données de l'enquête. Quels que soient le milieu d'origine familiale de l'enfant ou le lieu de sa scolarisation, une relation éducative originale d'aide s'installe entre l'enfant et ses parents. Elle contribuera ou pas, par son potentiel de médiation, à l'élaboration des apprentissages et, plus particulièrement, celui de l'acte lexique. Le tableau suivant montre la diversité des écoles retenues pour cette étude. Elles sont implantées dans le milieu rural (2 écoles, dont une implantée dans une commune sans école publique), le milieu suburbain (4 écoles), dans les cités (2 écoles), le centre ville (1 école). Sur ces 9 écoles, 7 sont privées, 2 sont publiques. Chacune représente une culture particulière de par son implantation dans le quartier, son histoire et sa situation géographique. L'école du centre ville a été choisie parce que son recrutement s’effectue généralement dans les couches sociales "dites aisées". Les deux écoles de cités, quant à elles, recrutent exclusivement des enfants de celles-ci.

Tableau récapitulatif des 9 écoles
          Nombre d'enfants retenus
Commune Ecole primaire implantation géographique statut Nombre d'enfants
testés

GROUPE

I

GROUPE
II
CHAUVE A rural privé 16 2 3
BOUGUENAIS B suburbain public 31 3 3
GENESTON C rural privé 10 2 1
BASSE-GOULAINE D suburbain privé 27 3 5
NANTES E urbain centre ville privé 36 4 5
NANTES F urbain cité public 23 3 1
VERTOU G suburbain privé 40 3 2
NANTES H urbain cité privé 23 2 3
NANTES I suburbain privé 21 2 3
      TOTAL 227 24 26

Notes
269.

A ce propos, différents parents dont les enfants ont échoué à l'épreuve du E20 disent avoir changé d'école leur enfant parce qu'à l'école privée, les enfants sont mieux tenus et on y travaille mieux.( cf. Partie 5).