GESTE N°8

Tout est donc basé sur la fiche de lecture à finir. Il n'y a pas de transcendance vers une lecture beaucoup plus gratuite, où l'enfant répond incidemment aux questions qui la tenaillent, où elle s'invente des mondes imaginaires dans lesquels elle joue l'héroïne lui permettant de sublimer toutes ses peurs et ses angoisses.

Les aventures du petit fantôme Gafi (méthode) sont amusantes mais ne doivent pas directement correspondre à son vécu. Dans ces conditions, si cela ne répond à aucun de ses besoins, si cela n'ajoute rien à sa vie, pourquoi investir tant d'énergie ne répondant pas à ses interrogations existentielles ? En ce sens, Déborah ne se construit pas de lien entre sa vie et l'apprentissage formel de la lecture à l'école.

Comme tous les parents dont la tendance est "conformiste" 306 , madame Guille se repose complètement sur l'école. Comme on peut le voir sur le graphique de la page précédente, les gestes de médiation qu'elle met en œuvre pour le développement de l'acte lexique de sa fille sont tronqués. Le projet de sens de l'acte lexique en est réduit à sa facette scolaire, dotée seulement d'un apport minimum venant de l'extérieur. "Le problème de Déborah c'est qu'il y a un très gros manque de confiance en elle, ça n'arrange pas les choses" reconnaît la mère. Le départ définitif du père, la reprise des études de la mère en même temps que son placement provisoire chez ses grands-parents, ne l’ont peut-être pas aidé à se construire une personnalité solide. Cette mère, ne pensant pas pouvoir assumer totalement l'éducation de sa fille, s'en remet en quelque sorte à l'école, aux maîtresses, qu'elle admire : " en fin de compte, on laisse la vie future de nos enfants à nos maîtresses, nous, on soutient..."

Notes
306.

Cf. tableau reprenant la typologie des différentes tendances chapitre 3 TOME I