Geste 1

Ce geste montre une confiance relative envers le corps des enseignants notamment quant aux conseils qu'il peut donner aux parents : " je dirais simplement que les maîtres ne devraient pas attendre le C.P. pour apprendre aux enfants à lire mais qu'ils devraient être à l'écoute des enfants". Cela dit, les visites à l'enseignante, le beau cadeau 308 qu'elle lui a offert en fin d'année montrent une part de satisfaction.

Quant à la connaissance de la méthode, elle reste sur ses positions, sans vraiment chercher à comprendre les fondements de celle proposée par l'école. Par conséquent, elle n'en est pas satisfaite. L'apprentissage, bien que le meilleur moyen pour elle soit de "prendre des livres, de s'informer de s'intéresser à tout", c'est aussi pour elle "apprendre les syllabes". Elle y reviendra à plusieurs reprises en ayant une forte critique vis à vis de l'école publique sans qu'on en connaisse réellement les raisons ; elle évoque seulement le fait qu'on ne l'ait pas conseillée pour son enfant et qu'en C.P. on apprend avec une méthode de "par cœur", comme elle dit. Sont-ce vraiment les raisons suffisantes pour enlever son enfant d'une école ? Peut-être. Elle donne sans doute une partie de la réponse lorsqu'elle dit que "l'école publique apporte rien de plus tandis que la privée, ils apprennent la politesse, mais ils la connaissaient déjà. Ils apprennent la politesse, le respect de l'autre, le catéchisme". Ces dires dépassent sans doute sa pensée, et l'apprentissage des syllabes reste pour elle fondamental, elle y reviendra à plusieurs reprises au cours de l'entretien. Cette conviction s'oppose à la méthode de lecture préconisée par le C.P. (BOULE et BILL), dont les bases théoriques ne reposent pas sur le syllabique. Lorsque madame Dubois parle de syllabes, on est bien dans le registre syllabique, c'est à dire la connaissance des sons par juxtaposition de lettres. Il y a une certaine contradiction 309 entre les deux conceptions, scolaire et familiale. Cela ne veut pas dire, pour autant, qu'il y ait une méthode plus adéquate qu'une autre mais le propos de madame Dubois montre bien une opposition entre ses convictions et la méthode pratiquée en classe. "L'apprentissage, c'est syllabe par syllabe" ajoutera-t-elle à plusieurs reprises....... "J’estime que ce n’est pas la peine de leur apprendre des mots par cœur. Faut pas leur faire faire des lectures apprises par cœur. Mais, qu’ils puissent se diriger autrement. Il faut qu’ils apprennent des syllabes et qu’avec les syllabes qu'ils puissent former d’autres mots qu’ils n’ont pas appris [...]C’est ma conviction. Ça ne sert à rien d’apprendre des mots par cœur''. Pour répondre au désir de sa fille d'apprendre à lire, elle lui a même proposé très tôt d'apprendre à lire dans une méthode de lecture basée sur le déchiffrage.

Notes
308.

E " Y a-t-il un rapport de confiance qui s'installe entre l'école et elle ? — I Elle est venue me dire au revoir hier......... Vraiment, je pense que oui, je pense que oui. Elle a offert un petit cadeau. Elle n'était pas du tout obligée compte tenu de sa situation financière aussi...... Elle a fait quelque chose en fonction de mes goûts qu'elle avait cru capter pendant l'année..; j'ai trouvé de sa part à elle c'était quand même énorme donc je pense qu'il y a eu une certaine confiance".

309.

E Et qu’est-ce que vous pensez de la méthode de lecture actuellement ? — M Justement, je dis que c’est nul. C’est pas en leur apprenant des mots par coeur qu’on arrive à apprendre à lire à un enfant. Faut savoir les diriger. Faut pas qu’ils deviennent des ânes et qu’après ils répètent tout par coeur. Non, ça ne sert à rien.