Geste 1

Une certaine confiance s'établit entre l'enseignante et la mère. Cela dit, même si celle-ci dit avoir un "accès facile", celle-là, de son côté, reste vigilante 319 . Il est vrai qu'elle a fait un choix d'école et le discours tenu établit un certain contrat de confiance implicite. Il n'est pas sûr non plus qu'elle ait une grande connaissance de la méthode employée et une grande confiance dans le processus pédagogique mis en place : "Y'a beaucoup trop de par cœur, trop de par cœur, le par cœur, il est toujours là et c'est vrai que c'est... C'est bizarre de faire du par cœur avant d'apprendre... et c'est vrai que si on faisait la lecture, ce serait plus long peut-être". Non satisfaite, elle a proposé à sa fille de décomposer les mots. Pourtant, la technique d'apprentissage employée par la classe n'a rien d'idéo-visuelle (J'apprends à lire au CP, NATHAN). Mais son départ global suffit à l'assimiler à une méthode dite globale. On ne peut pas dire que la maman en soit entièrement satisfaite.

Adriana est en difficulté et l'apprentissage de la lecture n'a pas été chose facile. La mère dit s'en occuper beaucoup mais des points de contradictions apparaissent fortement. Elle déclare que le début de la lecture a commencé grâce au fait qu'elle ait proposé à sa fille de syllaber les mots. "D'abord j'ai pris un système, où je mettais O et U, j'ai décortiqué aussi le travail de Nelly (l'institutrice) où je décortiquais le /U/. Je la mettais toute seule et on cherchait /U/ un peu partout". Cet exercice demande du temps et un investissement journalier, pour que l'enfant comprenne les bases phonographologiques de notre langue. Et, quand on demande à la mère si elle passe du temps à travailler avec sa fille, elle répond : "honnêtement non ! Je ne veux pas la bourrer... Elle me disait qu'elle lisait le soir. On s'est fâché parce que je lui faisais confiance, elle est un peu jeune. Elle me disait "je lis, je lis" et je me suis rendue compte qu'elle ne lisait pas". Il y a bien un manque de rigueur 320 dans le suivi de l'enfant, même si la mère est convaincue que c'est grâce à elle qu’Adriana sait maintenant lire.

Notes
319.

Je suis convaincue que quand elle vient au devant et qu'elle demande à nous voir, c'est qu'elle a chose à cacher et je pense qu'il va falloir avoir énormément l'oeil parce que moi elle cherchait beaucoup à me parler, à être gentille avec moi, au moment où il y aurait eu les accidents.

320.

M Dans sa chambre, son livre de lecture parce qu’elle a de la lecture à faire à l’école. Et au bout d’un moment je me suis rendu compte qu’elle ne lisait pas alors que je pensais qu’elle lisait donc on a repris tout ça en route et puis maintenant sa lecture, elle la fait quand elle le sent, quand elle a un moment ou qu’elle le sent, c’est pas de telle heure à telle heure tu vas faire tes devoirs. — E Sa lecture elle la fait toute seule ? —M Elle la fait toute seule ou dès fois, je prépare à manger, elle vient, elle lit. Moi, je lis avant parce qu’elle ne peut pas me gruger de toute manière, ça , s'est sûr et certain. Elle l’a fait quand elle me disait qu’elle lisait et qu’elle ne lisait pas. Sur un mot, quand un mot est écrit, si c’est pas ça, c’est pas ça. Elle ne peut pas lire sa phrase en m'inventant des mots. Si elle lit sa phrase elle la lit complètement... je ne peux pas rester sur le livre... mais j’apprends moi aussi pendant qu’elles apprennent.