Geste 5

Lors de l'entretien, cette maman donne l'impression d'être très attentive aux dessins et aux écritures que l'enfant exécute pendant que nous nous parlons, comme si cela était habituel. Le dialogue mère enfant semble en être l'image. Cependant, les propos rapportés par l'enseignante offrent une autre perspective au dialogue. "En début d'année, elle (la mère) avait l'air soucieuse des leçons du soir, mais à tel point qu'un jour elle m'a parlé qu'elle ne voulait pas faire et que j'avais peur qu'elle tape la petite[.....] Je ralentissais, car j'avais peur avec cette maman avec la violence". Ce discours trouve son écho dans un propos furtif de la mère " Y' a des fois c'est vrai que... quand on se fâche... parce que des fois elle aime bien que je me fâche après elle..... c'est vrai que j'essaye de pas trop les.... pas trop centrer sur la scolarité mais c'est vrai que......". Il est arrivé à tout parent de se fâcher après ses enfants, mais de là à dire que les enfants aiment bien qu'on se fâche après eux, cela relève quelque peu du sado-masochisme.

Adriana a eu sans doute, dans sa famille d'accueil, un substitut de père qu'elle n'a apparemment plus depuis qu'elle vit à nouveau dans sa famille. Il y aurait tout de même un soi disant "tonton" mais "c'est bizarre ce tonton qui s'occupe de la petite comme ça" dira l'enseignante. Toujours est-il que la maman n'en fera absolument pas mention et, lorsque nous soulevons la question de la présence du mari, Adriana dit "Moi, j'en ai un mais je ne le vois jamais". A ce moment là, la maman coupe court et dit, "c'est pas pareil, ça c'est pas un mari, c'est une autre histoire, Adriana". Ces petits faits rapportés montrent bien que nous sommes dans un milieu familial où les non-dits et les bribes d'informations obtenues indiquent une certaine censure ; des "choses" ne doivent pas être connues en dehors de la famille.