Geste 8

Il est difficile d'estimer ce critère, dans la mesure où Il n'y a pas de proposition réelle de la mère en faveur de la construction du lien vie au quotidien et lecture. Elle dit bien que les parents doivent s'investir dans l'apprentissage de la lecture et elle retient sans doute des propos de la maîtresse qu'ils sont là "pour leur donner le goût à la lecture, l'écriture". Mais que fait-elle pour construire ce lien entre vie au quotidien et apprentissage de l'acte lexique ? Quand elle a cinq minutes, elle s'assoit dans un coin et raconte une histoire ; c'est rare, elle le dit elle-même : "Il faut compléter, on a fait une ouverture à d'autres niveaux, si, il y a d'autres façons de lire, on a pris d'autres bases, [.....] les jeux, la télé, on complète quoi". Mais elle ne dit pas clairement comment elle complète.

Le projet de sens qu'elle se fait de la lecture est très important et elle sait ce qu'il faut faire. Elle soutient le fait que les parents doivent s'investir dans la lecture de leurs enfants : "la maîtresse ne peut pas tout faire et c'est vrai que si les parents n'aident pas... [...] les enfants automatiquement... [...] n'accrochent pas". Elle est donc bien consciente de l'enjeu de la relation se tissant entre parents et enfants lors de l'apprentissage de la lecture, mais n'est-ce pas seulement une intention non suivie d'actions ? Occupée à gérer une vie sentimentale tumultueuse, à éduquer trois jeunes enfants et tout ce qui touche aux tâches domestiques, a-t-elle tous les moyens pour le réaliser ? Cependant, trop préoccupée de gérer une vie familiale, qu'elle qualifie elle-même "acadabrante", les actes concrets facilitant l'appropriation de l'acte lexique chez sa fille sont limités. L'enfant passe en CE1 en bénéficiant d'un soutien pédagogique spécifique. L'école est perçue comme "un complément de la famille", un lieu sécurisant pour Adriana qui n'est peut-être pas toujours sécurisée dans sa famille. Madame Aulme développe ainsi une tendance "conformiste" 321 , dans la mesure où elle se repose sur l'école, qu’elle considère comme un lieu de garderie apportant la sécurité : "Ils vont à l'école, c'est pour apprendre, pour jouer avec les petites amies, ils mangent à l'école avec leurs amies le midi, ils vont jouer, bon, quand j'ai des choses à faire, c'est un endroit où ils sont..." C'est important pour elle et elle se repose sur l’école pour que son enfant réussisse "Si y'a échec dans la vie familiale, il ne faut pas qu'il y ait échec dans la scolarité".

Notes
321.

Cf. tableau reprenant la typologie des différentes tendances chapitre 3 TOME I