Geste 3

L'enfant sera abonné à une revue pendant seulement un an, mais voyant manifestement qu'il ne la découvrait pas par lui-même, la maman stoppa : "c'était un peu tôt". Elle n'a pas compris qu'elle pouvait l’accompagner sans imposer trop rapidement une autonomie. La fréquentation de la bibliothèque est rare et, depuis le déménagement, ils n'y vont plus du tout. Quant aux livres qui lui sont personnels : "il les lira plus tard [...] je lui fais la collection de Walt Disney, il doit en avoir une dizaine ou une quinzaine maintenant. C'est vrai que ce sont des livres qu'il lira plus tard". Il est vrai que ces livres ne sont pas accessibles à un tout jeune lecteur débutant ; il ne peut les lire tout seul, mais ils peuvent être lus par les adultes. Mis à part ceux qui sont pour plus tard, 4 ou 5, accessibles pour lui - aux dires de la mère -, traînent dans sa chambre. Tenant compte du peu d’ouvrages et d’une variété limitée, l'enfant n'a pas les moyens de prendre la peau du héros, d'écouter le flot de mots écrits, d'alimenter sa capacité d'imagination, de se mettre en projet de lecteur, de se constituer un bagage métalinguistique. En effet, il est toujours plaisant, surtout pour un enfant, de se laisser conter des histoires reprises par la production Disney. Ils sont encore largement à sa portée mais, lorsqu'il sera réellement en mesure de les lire tout seul entièrement, l'intérêt pour ces ouvrages sera émoussé. Alexandre devra y accéder de lui-même par sa propre lecture. Madame Bonne aménage "au compte-gouttes" avec très peu de moyens ce contact direct et sensible avec le livre et l'écrit. Il n'y a que les BABAR qui l'intéressent ; livres conçus pour des enfants plus jeunes et dont on peut critiquer parfois les contenus.