Chapitre 13. La place de l'école dans l'apprentissage de la lecture.

Les instructions officielles ont imposé pendant une longue période le début de l'apprentissage de la lecture au C.P.. Avec l'arrivée, en 1989, de la répartition scolaire en cycle et non plus en classe, il est permis aux écoles d'avoir plus de souplesse dans l'organisation même de la gestion des apprentissages. La grande section (aux 5 ans de l'enfant), tout en se trouvant attachée à la maternelle (cycle I), fait partie également du cycle II appelé cycle des apprentissages fondamentaux.

Que l'on soit dans un contexte scolaire légiféré ou un autre, certaines familles remettent la responsabilité de l'apprentissage de la lecture à l'école sans prendre conscience réellement de la part importante qu'ils ont dans ce processus. Ils n'osent pas ou ne savent pas entreprendre avec leur enfant la fameuse découverte du livre. Les quatre familles regroupées ici, malgré leurs pratiques différentes, ont en commun le fait que l'apprentissage de la lecture reste attaché à une pratique scolaire dont l'école serait en quelque sorte l'organisateur suprême. A des niveaux différents, "ils sont derrière leur enfant" comme ils disent pour suivre leur apprentissage de la lecture, tout en délégant l'entière responsabilité à l'école ou en renforçant eux-mêmes la scolarité, quitte à lui donner des exercices complémentaires. En résumé, l'apprentissage de l'acte lexique est réduit à un apprentissage formel, s'attachant plus au code qu'au sens fondamental.

L'enfant, en pénétrant à l'école, est amené à regarder le monde des objets et des personnes d'une façon particulière, organisé par une codification précise. Le prisme de ses habitudes familiales généré en partie par l'habitus culturel des parents lui a déjà donné un cadre de référence pour s'approprier le monde. Quoi qu'on en dise, l'enfant entre, pour ainsi dire, dans une autre culture, différente de son univers familial. Dans ce chapitre, chacun des discours des parents met en évidence la liaison famille école et montre les décalages des attentes, pouvant être cause de la difficulté lors de l'apprentissage de l'enfant. Il est intéressant d'en faire une lecture sous cet angle particulier.

Les deux premières analyses illustrent la manière dont, dans la tenue de discours contradictoires entre méthode préconisée en famille et à l'école, l'enfant perd confiance, en n'ayant plus suffisamment de repères cognitifs stables, assurant une cohérence d'ensemble. Les suivantes, possédant leur originalité, montrent comment l'apprentissage de la lecture reste avant tout une expérience cognitive circonscrite au registre scolaire.