Geste n°1

L'enseignante juge la maman sévèrement : "une gamine, une vraie gamine" dira-t-elle. Cela signifie-t-il, pour sa part, qu'elle n'est pas à la hauteur de la tâche éducative qu'exige son enfant ? On sait aussi qu'il s'agit d'un enfant issu d'une famille recomposée - Morgan a une demi-sœur du côté de son papa -. Dans son expression : "là aussi, c'est pareil, je crois que c'est un remariage", la maîtresse renforce l'idée que l'enfant peut être déstabilisé psychologiquement par cette situation familiale. Ces deux éléments, une maman adolescente par son tempérament et une famille recomposée sont, pour elle, suffisants pour que l'enfant rencontre des difficultés.

Et pourtant, la famille fait confiance à l'école et aux deux enseignantes - il s'agit de deux mi-temps -. La maman ira même jusqu'à téléphoner pour demander conseil lorsque son enfant pleurait, ne voulant pas, en tout début d'année, aller à l'école. Elle affiche sa confiance aussi bien en la personne en tant que telle mais aussi en la professionnelle ; la directrice qui lui fait l'école, "c'est quelqu'un que je trouve sympa et lui aussi" dira-t-elle. Mais, il faudra qu'elle attende la réunion de classe pour mieux comprendre ce qu'on exige d'elle en tant que parent. Cette femme est déjà inquiète avant même la rentrée au C.P. de son fils et il lui arrivera de le faire travailler durant une heure tous les soirs. Elle ne comprend pas trop qu’il globalise des mots pour les retenir sans faire une décomposition systématique. Elle est perdue avec cette méthode de lecture sans pour autant émettre un avis défavorable : " je ne pensais pas que c'était comme ça. J'ai pas dit que c'était pas bien...". Pour elle, l'apprentissage de la lecture a réellement commencé en ce début de C.P. Elle ne prend pas en compte dans son propos toute l'initiation proposée en maternelle.