Geste n°5

Il semblerait que, dans cette famille, on n’ait guère le temps ou le loisir d'échanger à partir de l'écrit ou du livre. Le soir, avant que la lumière ne soit éteinte, les parents invitent Morgan à aller dans sa chambre pour y lire : "on lui dit tous les soirs, tu vas dans ta chambre et tu lis un quart d'heure". Là, seul, doté d'une compétence minimale de lecteur, il peut aller à l'assaut des signes ; il ne peut faire fonctionner son imaginaire. La maman lui lira bien sûr quelques mots avant qu'il ne s'endorme, mais il faudra qu'il prenne tout de même la peine de déchiffrer. Tout l'ensemble du propos de cette mère, le cadre dans lequel cette famille vit font penser à un contexte aseptisé, où tout doit être cadré, normalisé. La maison ne ressemble pas à une maison où vivent deux enfants avec tout ce que cela comporte (le petit coin jeu, un gribouillis sur une feuille, une poupée ou une voiture traînant ici ou là, etc..). Autrement dit, on a l'impression que l'enfant est présent, mais qu'il ne doit, en aucune façon, déranger l'espace et les adultes. Le père s'intéresse à ses activités scolaires sans pour cela dire qu'il est réellement présent dans sa vie. De temps à autre, il lui arrive même de refaire le travail scolaire déjà fait une première fois avec la maman.