Geste n°6

Celle-ci attache beaucoup d'importance à la leçon du soir réalisée exclusivement avec elle. Par ignorance et angoisse, la mère faisait en tout début d'année de "l'acharnement pédagogique" sur le petit travail demandé par l'enseignante : "les premiers soirs, dès fois on passait une heure. Heureusement, qu'il y a eu la réunion deux mois après, avec les parents d'élèves, on nous a bien dit la lecture ça doit pas durer plus d'un quart d'heure, faut pas non plus les saouler les enfants pendant une heure après les cours et puis on a autre chose à... Donc maintenant, c'est assez, s'il n'y arrive pas, je sais que je ne m'acharne pas, ça c'est clair. Je lui dis le mot carrément". Cela dit, elle lui donne, en plus de son travail journalier, des petites dictées ou le force pour qu'il effectue des exercices supplémentaires et, le soir avant de se coucher, en guise de lecture, il faudra que Morgan déchiffre quelques mots.

Le jeu dit de société, quant à lui, n'est pas pratiqué ; ce n'est que depuis très peu de temps qu'il est présent dans la famille. Les propos, à ce sujet, sont équivoques : "autrement y'a une mallette de jeux [...]. On essaie de jouer, on trouve des jeux à jouer avec lui en fait". Madame Olive ajoute un peu plus loin : "mais disons que [si nous ne jouions pas], c'est peut-être aussi parce qu'on n'avait pas de jeux de société". Toujours est-il que, dans cette confidence, on voit que cette maman a commencé très récemment à jouer avec son enfant. Et Morgan, depuis un mois, en redemande tous les soirs : ", ça va faire un mois que ça dure, faut jouer tous les jours un petit quart d'heure au UNO". Il a besoin de cette dualité dans l'affection pour se construire socialement et "cognitivement". Ainsi, il apprend, par le jeu, à user de stratégies mentales qui ne sont pas si éloignées des habiletés exigées pour l'apprentissage de l'acte lexique ( faire des inférences, anticiper, lire les nombres, se déplacer linéairement sur une ligne, respecter des règles de fonctionnement etc.).