Geste 1

La confiance vis à vis de l'enseignante est pour eux "primordiale, s'il n’y a pas de discussion entre les parents et les enseignants, ça ne sert strictement à rien". Ce dialogue quasi permanent que madame Doubet met en place avec l'enseignante va lui permettre d'épouser, en quelque sorte, la culture scolaire du C.P. de son fils. Cela dit, l'enseignante a vécu comme des intrusions dans son domaine professionnel, les fois où elle venait la voir les premières semaines de l'année : "j'ai eu un petit peu de mal. J'ai, au début, eu une petite appréhension par rapport à la maman. Elle rentrait dans la classe[...]. Elle donnait des éléments différents de ce que je donnais. J'avais peur qu'on soit en désaccord". Cela s'est vite dissipé et si, en tout début d'année, l'enseignante a eu une appréhension et interprétait sa relation comme peu amicale considérant madame Doubet comme une femme hautaine, tout cela "s'est estompé et puis, finalement, elles (on) ont (a) eu une bonne relation". Pour les deux parents, il est essentiel qu'existe une certaine harmonie entre les deux cultures, familiale et scolaire : "si on ne va pas dans le même sens, ça ne sert à rien. Ils (les enfants) vont entendre deux sons de cloches, et l’enfant ne va plus savoir sur quel pied danser". Ils s'intéressent au travail scolaire de l'enfant, ils vont s'introduire dans son univers scolaire, non pas pour juger telle ou telle façon mais pour questionner son nouvel univers afin d'être en congruence avec le faire et le dire de l'enseignante. Monsieur Doubet fera référence à la petite feuille donnée par cette dernière en début d’année sur la façon d’écrire les lettres, le sens (direction du geste calligraphique) de l’écriture. Il s'est rendu compte qu'il ne procédait pas du tout de cette façon. Il a compris que, pour débuter correctement, il est important de suivre quelques règles simples de calligraphie. S'il n'y avait pas eu une relation avec l'enseignant, l'enfant aurait pu être induit en erreur. De son côté, madame Doubet, a pris conscience, pendant la première réunion (au mois de novembre) de parents, qu'elle faisait faire les devoirs de Dimitri d'une façon inadéquate. Elle a, bien entendu, changé rapidement sa façon de procéder. Si Dimitri a eu beaucoup de mal en tout début d'année, on peut chercher si ses premières difficultés n'ont pas servi d'ancrage négatif ayant du mal à se résorber par la suite. La mère avouera sa grande inquiétude du début de l'année : "j'avais peur qu'il n'arrive pas, qu'il ne suive pas[...] au début, ça m'inquiétait, maintenant, non". Elle essayait de ne pas le montrer, mais l'enfant a probablement senti des tensions autour de ses débuts. Il y aura toujours quelque chose d'indiscernable dans cette relation mère-fils, lié à leur propre histoire. De son côté, l'enseignante aura du mal à discerner tous les éléments et dira seulement : "j'avais l'impression qu'elle me laissait son fils mais c'était elle qui... C'était son fils et c'était à elle de lui apprendre les choses". On a l'impression dans ce discours que dans un premier temps, il y avait confusion des rôles, que la mère voulait jouer les deux rôles. Maintenant qu'une relation de confiance s'est instaurée, chacune des femmes tient sa place, l'enseignante de son côté à l'école, la mère à la maison, avec les tâches de parent qui lui incombent. Cette confiance s'est construite petit à petit au cours de l'année, pour devenir participative.

Peu gênée par la méthode de lecture, il a fallu tout de même que la maman se mette au point parce qu'elle n'avait pas cette culture. C'est bien elle qui s'occupe particulièrement de ce travail. Le père, attentif à l'évolution scolaire de son fils, avoue qu'il en a raté une partie. Cela dit, ayant connu différentes méthodes ( Ratus, Gafi), le père dira : "Il faut qu'on ait aussi une approche positive, si ça permet d'évoluer et d'avoir une lecture meilleure, pourquoi pas". Madame Doubet a su se remettre en cause par rapport aux erreurs commises en début d'année et arrive bien, en cette fin d'année, à suivre son enfant ; elle connaît la méthode (Abracadalire) qui, pour elle, n'a pas essentiellement changé depuis son fils aîné. Les personnages et les styles changent. Mis à part cela, l'essentiel reste. Même si elle trouve que la progression va très vite, elle reste confiante et ne se prononce pas contre cette méthode : "nous sommes ouverts à toute évolution d'éducation".