15-4 La famille RIVIO 438 . Attendre que l'enfant grandisse dans sa tête.

‘"A 6 ans, il est temps qu'il apprenne à lire, mais y'a des spécialistes pour ça."’

Dans leur appartement situé au quatrième étage d'un immeuble au cœur de la cité H.L.M., la famille Rivio vit avec ses deux derniers fils. Les deux autres garçons, plus âgés, issus d'un autre mariage, ont pris leur indépendance. Le père, zaïrois d'origine, vit avec eux seulement depuis un an à peine. Autour de la table du petit salon, madame Rivio parle librement sans toutefois aller en profondeur dans ses réponses. Thibaud, quant à lui, est parti jouer avec les enfants de la cité. L'enfant a été élevé pendant cinq ans exclusivement par sa mère et sa grand-mère et on imagine que la situation de dernier enfant arrivant assez tard après les autres lui donne un statut de petit, face aux grands et aux adultes qui gravitent autour de lui.

Madame Rivio semble commencer à comprendre que les difficultés rencontrées par son fils pendant toute cette année sont imputables à une relation avec lui qu'elle aurait souhaitée différente. A plusieurs reprises, elle se culpabilise de ne pas être assez présente aussi bien dans les activités de l'école : " Je m'investis moins que j'ai fait pour les autres "[…] "j'ai un manque de dialogue avec Thibaud, c'est vrai, je le reconnais".  Elle l’a retiré en fin de grande section de l'école où il était scolarisé depuis le début de sa scolarité parce que sans doute, les enseignantes de l'époque lui avaient renvoyé une image négative de la relation éducative qu'elle avait avec son garçon.. Pour y échapper, elle s'est donc démarquée de cette école, tout en accusant les enseignantes d'un certain laxisme ; "c'était une garderie...C'était un peu le laisser-aller, si l'enfant suit, il suit, s'il ne suit pas tant pis" dira-t-elle. Dans son propos, ses attentes concernant la maternelle ne sont pas en adéquation avec la réalité. Autrement dit, il n'y avait pas assez de cohérence entre les deux cultures, familiale et scolaire. Elle inscrit donc son enfant dans une école privée, probablement avec l'arrière-pensée qu’il sera mieux "tenu", comme si son comportement dépendait exclusivement de l'environnement scolaire. Cette décision a permis de repartir sur d'autres bases et augure un changement d'attitude parentale.

La difficulté relative de Thibaud lors de l'épreuve du E 20 montre bien qu'au moment de la passation, il n'a pas toutes les habiletés lectorales requises pour réussir.

Notes
438.

Entretien N°51