Du statut affectif et cognitif de l’enfant dans sa famille dépend sa réussite.

On peut s'interroger sur le statut affectif et cognitif de ces enfants et de la qualité de la place qu'ils occupent dans la famille. Autrement dit, leur évolution dépend du regard qu’on porte sur eux et la façon dont on les considère en tant qu’être humain à part entière. Veut-on vraiment qu'ils grandissent et accèdent à leur propre autonomie ? N'est-on pas plutôt dans un cadre particulier où, les mères désirent inconsciemment qu’ils gardent leur statut "d'infans" 445 . Auquel cas, l'apprentissage de l'acte lexique vient comme un perturbateur de la dyade mère-enfant. Il les détourne d’elles, en faisant naître un autre désir, celui de lire pour connaître 446 autre chose que l'univers maternel et maternant.

Le livre, par le désir d'apprendre à lire est un émancipateur de l'enfant. La mère, par les liens cognitifs et affectifs avec son enfant, détient les clés de l'émancipation de ce dernier. La volonté de l'enfant d'apprendre à lire et de lire naîtra dans le prolongement de son changement de statut ou du regard qu'elle porte sur lui. Ce désir d’apprendre n’est pas naturel- au sens inné-. Il se construit, comme le rapportent B. AUMONT et P.M. MESNIER, " tout au long de son histoire, à commencer dans cette relation première avec le sein maternel qui se présente pour le bébé à la fois comme un "bon" et un  "mauvais" objet, selon les termes introduits par M. KLEIN (1967, page 134). L’enfant est en relation d’objet avec sa mère, dans la mesure où celle-ci est la visée de toutes les pulsions qui sortent de lui dès son "ex-pulsion" hors d’elle" 447 .

Notes
445.

L'étymologie du mot enfant en dit effectivement long. Venant du latin infans, celui qui ne sait pas parler.

446.

L'étymologie de ce mot veut dire naître avec.

447.

AUMONT (B), MESNIER (P.M.) .- L'acte d'apprendre.- Paris, PUF, 1992, pages 138-139