Geste n°2

Dans son ensemble, la famille n'est pas une grande utilisatrice de l'écrit. La mère, vivant au quotidien avec ses enfants, n'en éprouve pas le besoin, répertoire téléphonique, liste de courses etc., tout est fait de mémoire. Seul le père, lisant et écrivant, s'occupe des factures. Les rôles parentaux sont bien partagés. La mère s'occupe de la petite maisonnée pendant que le père poursuit son stage de peinture à une centaine de kilomètres du domicile. Il lui donne toutes les consignes administratives et financières de la semaine, elle n'a plus qu'à exécuter : "elle s'occupe entre le marché, le bouffe tout ça, et moi, je m'occupe des factures". Aucun des deux parents ne lit. Ni journal, ni magazine, encore moins un roman pénètre dans cette sphère familiale. Pourtant, lui, sait lire un peu le français ; il vient d'obtenir son CAP de peintre en bâtiment et affirme avoir beaucoup lu lorsqu'il était au Yémen. Elle, par le biais du centre socioculturel, fait des recettes de cuisine et commence à apprendre le français. Son mari la pousse à prendre davantage d'initiatives : "Je dis, moi, je suis à Angers, s'il y a le papier, un rendez-vous, c'est toi qui te débrouilles. Elle va à la poste, elle prend les rendez-vous ". Mais elle ne fait rien par écrit.