Comparativement aux autres enfants se situant au-dessus de l'écart-type de leur classe, nous ne pouvons pas dire a priori que Aurélien bénéficie d'un environnement favorable à la lecture. Nous ne pouvons pas dire non plus qu'il est défavorable. Cependant, il est légitime de se poser la question suivante. Comment se fait-il, qu'avec un encadrement apparemment 499 peu sollicitant au niveau lecture, il soit en situation de réussite ? D'où lui vient cette capacité à entrer rapidement dans l'écrit ? Le partage de l'enthousiasme pour la lecture est faiblement affiché mais, au détour de la conversation, une personne en dehors des parents semble importante.
Le grand-père maternel pourrait jouer un rôle essentiel. Depuis l'âge de trois-quatre ans, Aurélien passe ses vacances avec ses grands-parents. On sait qu'il a appris à jouer à la belote avec son grand-père, à connaître le sens des cartes. Il l'a initié aux mots croisés et fléchés et passait du temps à lui raconter des histoires. Aurélien l'a vu lire aussi bien des romans que le journal. Il est probable qu'il a puisé chez lui, cet enthousiasme pour l'écrit et la lecture.
Tout en étant affectivement lié avec cette personne chérie qui lui consacrait du temps, l'enfant a mis implicitement en place des habiletés indispensables à l'acte lexique. On peut dire que la construction du lien entre vie au quotidien et lecture s'est probablement tissé par le jeu avec son grand-père et sa mère mais également par l'école qui continue à donner de la consistance au projet de sens de lecteur qu’il s'est finement élaboré.
Les parents se reposent totalement sur l'école en déléguant au pouvoir enseignant la totale responsabilité des apprentissages. Ils sont, bien sûr, présents pour aider leur enfant dans ses tâches scolaires, mais lui ont proposé très peu de moyens en amont du cours préparatoire. Le grand-père semble être, à notre connaissance, le personnage clé de cette réussite. Il a déclenché le projet de lecteur chez son petit-fils en respectant sa liberté d'enfant, en lui consacrant des temps de jeux, tout en lui faisant partager sa passion de la lecture. On peut dire que les parents ont les traits de la tendance "conformiste" 500 . Le grand-père, quant à lui, innocemment éveille son petit-fils à l'acte lexique dans la gratuité des gestes ; il s'apparente un peu à la tendance "précurseur".
Cet adverbe est important, car tout le dispositif de recherche repose sur l'apparence que donne les parents et comme tout à chacun sait, l'apparence n'est qu'une partie de la réalité, la manière dont elle se présente.
Cf. tableau reprenant la typologie des différentes tendance, chapitre 3 TOME I