Geste n°5

Le petit frère est né, au moment même où Caroline débutait son apprentissage de la lecture et, où les contraintes du C.P. se faisaient sentir, annonçant un changement avec le vécu de la grande section. L'enfant, comme le comprend son père, s'est sentie délaissée, au profit de son petit frère qui demandait beaucoup d'attention 546 . La prise de conscience de la perturbation psychologique par la naissance du petit frère est admise, mais le père est marqué par la "grosse bêtise" que sa fille a faite. S'agit-il du jour où elle n'a pas voulu manger à la cantine ou celui où elle a grimpé sur le toit du préau ou, encore celui où, escaladant le grillage de l'école, elle était partie manger chez elle 547 . On ne le saura jamais. Ces faits montrent que l'enfant a un tempérament particulier, pouvant parfois excéder les parents. Ces "bêtises" sont le signe, le symptôme d'un mal être que l'enfant veut signaler aux adultes. Elle ne se sent peut-être pas tout à fait comprise et veut que ses proches s'intéressent à elle. Les parents le comprennent bien, mais la réponse à ses tracas existentiels se solde en punition : " là, elle n'est pas gentille.... Sur plein de trucs, on la punit...... Son petit frère.... Elle veut montrer qu'elle existe. On ne la laisse pas de côté mais......". Même si on sent que l'éducation et le suivi scolaire sont des tâches plus dévolues à la mère, ce père est présent dans la vie de son enfant, lui raconte parfois des histoires, lui fait exécuter son travail et, de temps à autres joue avec elle.

Notes
546.

E Le petit frère est arrivé au moment où elle est entrée en CP. — P Oui. Peut-être que... pendant un moment, c’est pas qu’on peut dire qu’on l’a mise de côté mais inconsciemment peut-être que... comme le petit dernier, y a plus d’attention sur le petit, on se s’est pas trop rendu compte que Caroline était un peu jalouse, un peu. — E Ce qui est somme toute normale. — P Oui, c’est normal mais ce n’est pas facile à vivre.

547.

Propos recueillis auprès de l'enseignante