La famille habite dans une maison individuelle au bord d'un grand boulevard nantais. Dans la pièce où se déroule l'entretien, des meubles de style ancien sont disposés avec équilibre, le piano est ouvert avec des partitions prêtes à être jouées, des livres sont en apparence. La maison vit, bien ordonnée, avec un petit peu de bazar ici et là. Une aquarelle en cours est disposée sur un petit chevalet ; c'est monsieur qui peint à ses heures perdues ; il est médecin généraliste. Seule, madame Mékan se rend disponible pour participer à cet entretien. Lorsqu’elle a été contactée pour la première fois, elle a longuement hésité avant de l'accepter. Reprenant son travail d'orthophoniste après dix ans d'interruption pour s'occuper plus particulièrement de ses enfants et la peur de questions trop techniques concernant l'apprentissage de la lecture, elle était, dans un premier temps embarrassée d’accepter la rencontre. Il a fallu bien argumenter qu’il s’agissait de son rôle de parent et non de professionnelle. Vigilante au départ par rapport aux réponses d'ordre général qu'elle donnait, au fil de l'entretien, les questions s'ajoutant les unes aux autres, elle affina son propos en s'impliquant davantage en tant que mère.
Pour elle, l'apprentissage de la lecture est un non-sens ; tout cela doit se passer dans un bain de lecture et non dans un apprentissage formalisé comme on le fait à l'école. Par conséquent, la famille est le premier lieu de sensibilisation et de découverte de la lecture, aussi bien au niveau de l'acte lexique en tant que tel qu'au niveau de la découverte du code.
Entretien N° 30