Geste n°1

Lorsqu'on a un enfant qui suit bien en classe, la tendance est d'avoir des contacts avec l’enseignante relativement espacés. C'est un peu le cas avec Grégoire qui ne pose pas de problèmes scolaires. Cela dit, il est tout de même difficile d'interpréter un refus de réponse 583 par rapport à une mise au point qui a dû se faire entre elle et l'enseignante. Des points de désaccord existent certainement entre les deux parties, mais ne sont pas évoqués face à l'enfant. Entre autre, elle ne comprend pas que la maîtresse donne aux enfants des lignes à copier pour servir de pensum, c'est, dit-elle "ceux qui ont le plus de problèmes (avec la langue et l'école) qui ont le plus de lignes. [...] Je trouve que c'est une violence...". La maîtresse, quant à elle, évoque de bonnes relations avec la maman. Cette dernière prend la défense des enfants les plus démunis et ne supporte pas qu'on agisse de la sorte mais, en même temps comprend la difficulté à gérer les étapes d'apprentissage de trente enfants qui parfois sont "déchaînés".

Elle connaît bien la méthode utilisée en classe avec ses particularités techniques et lui reproche son côté répétitif. Comme son fils maîtrise la lecture, "elle ne regarde pas trop le livre ". Elle sait, en tant que professionnelle, qu'elle commence par une phase plus globale pour arriver à prendre en compte les aspects phono-graphologiques de la langue. Le problème d'une méthode pour elle se situe dans le fait où l'on oblige l'enfant à passer dans un moule bien spécifique, cadré ; peu de place est faite à la gaieté, à l'humour, à la surprise. Il est vrai que pour cette mère, tout s'est passé autrement. Elle a initié ses enfants au plaisir de lire par l'imprégnation progressive de la lecture : "il s'imprègne petit à petit, plutôt qu'il n'apprend".

Grégoire n'est pas le seul ayant appris à lire avant même le C.P., son frère et ses sœurs ont bénéficié de ce même bain lectoral qui leur ont permis, dès la fin de grande section, de savoir lire. A ses yeux, la méthode ou plutôt la démarche 584 est simple. Il s'agit de lire des histoires aux enfants, et répondre à toutes leurs questions aussi bien sur le sens même des messages (compréhension des textes lus, des images vues et les inférences possibles entre elles) que sur les structures linguistiques de la langue écrite (correspondances phonie-graphie, connaissances des lettres, constitution d'un capital-mots).

Notes
583.

E Ça vous arrive de rencontrer l’institutrice de temps en temps ? — M De temps en temps oui. — E Sur votre demande ? — M Sur ma demande oui. — E Pour faire des mises au point. Vous avez été satisfaite ? — M Non, je ne veux pas répondre à cette question. — E Vous avez pris souvent des rendez-vous avec elle ? — M Une fois, mais Grégoire était malade donc je n’ai pas pu aller la voir... et en fait on s’est parlé 5 minutes après l’école, sans rendez-vous. Quand il n’y a pas de problèmes majeurs, on ne peut pas leur imposer des conciliabules... on sait que les instituteurs ne peuvent pas répondre à la demande de chaque parent, parce qu'ils ont leurs propres soucis et on ne va pas imposer, faut prendre du recul...

584.

Nous différencions la méthode de la démarche. Pour nous la première fait appel à l'autoritaire. Autrement dit, la méthode implique un cadre relativement strict guidant la progression de l'apprentissage. La seconde se distingue par le fait qu'elle ne s'encombre pas d'un dispositif audacieux prescrit à l'avance. Tout en ayant un axe pédagogique et éducatif précis, il est possible d'interroger constamment les faits pour progresser en fonction de l'événementiel.