Geste n°1

Ils ont confiance en l'enseignante même si madame Legarde reste critique par rapport à ses exigences. Il est vrai qu'elle est en formation à l'I.U.F.M. pour devenir professeur des écoles, et c'est à ce titre seulement qu'elle se permet, avec mesure, d'aborder le problème de l'apprentissage de la lecture. Elle est en recherche de modèles pédagogiques pour démystifier au maximum cet apprentissage qui se focalise malheureusement sur cette année de cours préparatoire 606 . Elle sait aussi que tout ne se passe pas à l'école. " Je laisse l'école faire son travail" dit-elle "et puis moi, à la maison, on vit d'autres choses. Je fais confiance à l'école dans cette mesure là". Dans ce propos, elle se refuse à déléguer à l'institution scolaire toutes les prérogatives d'ordre de connaissances, d'éveil à la culture et d'apprentissage quels qu'ils soient. Elle entend, avec son époux, apporter le maximum de choses à son enfant. Autrement dit, l'école n'a pas, dans une mesure relative, à se substituer à la famille en matière d'apprentissage et de culture.

Madame Legarde prend la question de la méthode avec un recul professionnel. Elle connaît bien les fondements théoriques de la méthode BOULE et BILL. Elle ne la critique pas en tant que telle mais, pense, dans l’absolu que l’apprentissage ne devrait peut-être pas passer par une méthode où les aspects répétitifs risquent, à plus ou moins long terme, de rendre la lecture fastidieuse et détourner l'enfant du livre. Elle est bien consciente qu’il a besoin d'une structuration plus affirmée (connaissances du code et des correspondances phono-graphologiques), mais il serait ennuyeux de ne lui proposer que cela. Les leçons, les formes des exercices et les processus pédagogiques itératifs peuvent aider certains enfants à structurer les habiletés mentales et linguistiques nécessaires à la langue écrite. Corentin "en a marre de BOULE et BILL" 607 , parce qu'il possède un bagage lectoral suffisamment étayé et varié qui pourrait lui permettre de passer à un autre niveau.

Notes
606.

Dans les textes officiels, il en est tout autrement. L'installation des cycles doit contrecarrer cette opinion largement répandue que l'enfant apprend à lire à partir du C.P. La grande section, le cours préparatoire et le cours élémentaire première année font partie du cycle nommé "cycle des apprentissages fondamentaux" et c'est bien pendant ces trois années que s'installe normalement l'apprentissage de la lecture et plus largement celui de l'acte lexique qui seront confortés dans le cycle suivant. Pour cette maman,

607.

Propos tenus par l'enfant lui-même lors de l'entretien.