Geste n°8
Tout en étant libre dans ses acquisitions, l'enfant, par ce contact régulier avec le livre, élabore inconsciemment des liens entre la lecture et sa vie quotidienne. Depuis sa naissance, il est dans un système de relations familiales qui fait sens avec la lecture, si bien qu'il est amené - malgré lui pourrait-on dire - lui aussi à faire du sens avec ce média. Ses parents prennent en compte sa maturité et lui proposent, au fur et à mesure de son évolution affective, physique et cognitive, suffisamment de supports pour qu'il puisse se construire une personnalité de lecteur.
Dès sa naissance, l'enfant a été intégré à un processus de lecturisation, sans volonté opiniâtre de la part de ses parents qu'il apprenne à lire. Cela "reste tout un cheminement naturel". Par l'installation consciente de leur démarche particulière, ils s'apparentent à la tendance "précurseur" 611 . Mis à part le fait qu'ils ne devancent pas l'action de l'enseignante par la proposition d'une méthode, ils présentent l'acte de lire en dehors de toute rentabilité scolaire dans le souci, avant tout, de son éveil dans sa globalité. Ainsi, cette famille se sent pleinement responsable de l'éveil lectoral.
Le projet de sens orienté vers l'acte de lire va de soi puisqu'il est complètement inclus à l'habitus familial et les gestes de médiation seront globalement présent pour assurer l'éclosion de la lecture et l'autonomie progressive de l'enfant. L'essentiel se trouve dans la confiance qu'on lui accorde et c'est en ce sens qu'il faut le laisser cheminer à son rythme dans ses acquisitions personnelles. Cela prendra le temps qu'il faut, et Justine 612 , qui à ses 9 ans, commence maintenant à être totalement autonome par rapport aux livres. Cette maman a "confiance dans l'évolution des gens, par expérience personnelle parce que chacun change en fonction de sa vie, ce n'est jamais figé". En annonçant cela elle croit à " l'éducabilité " permanente de l'individu.