Geste n° 7

La façon dont les parents se comportent vis à vis de la lecture et le témoignage qu'ils apportent à leur fils sont porteurs d'un enthousiasme pour son initiation à l'acte lexique. Cela dit, on peut s'interroger sur ses débuts au cours préparatoire. En effet, le père raconte "Au bout d'un mois et demi, les devoirs, c'était mal fait. Les cahiers étaient mal tenus, on sentait que ça n'allait pas et c'était novembre. Là on devait partir au sport d'hiver à Noël, et on a dit, non ça va pas, on a piqué vraiment une grosse colère". L'effet s'est fait immédiatement sentir. Quinze jours plus tard, il travaillait et écrivait mieux.

Cette anecdote n'est-elle pas le signe que l'enfant n'avait pas tout à fait saisi le sens même de ce qu'on exigeait de lui, juste au moment où il rentrait en C.P.? Autrement dit, il ne s'était pas construit implicitement le projet de devenir un lecteur et un scripteur. Ou plutôt, il s'était fait un projet de fin - "je veux lire comme papa" - et non un projet de moyen - "Je vais apprendre toutes les règles qui me permettront de savoir lire comme papa" -. Et là, l'école pouvait l'aider à structurer cet apprentissage. Le père, sous forme peut-être de réprimandes, lui a expliqué le bien fondé de certaines règles de travail 648 , de rigueur personnelle ; qu'en s'y tenant, il y arriverait. Pierre-Louis était encore dans le jeu et n'avait pas compris qu'il fallait utiliser les structures de projet de sens 649 .

Notes
648.

M Il s'est rendu compte qu'il fallait quand même un petit peu travailler. — P On lui a expliqué qu'on n'avait rien sans rien et [...] il suit, il comprend, on n'en demande pas plus... Il comprend... de rester dans le flot. Et voilà, c'est à peu près tout ce que je voulais dire.

649.

GARANDERIE de la (A.).- pédagogie des moyens d'apprendre.- Le centurion, 1985, page 18