Gestes n° 7 et n° 8

"L'enfant était prête" quand elle est rentrée en cours préparatoire. L'enseignante rapporte également "qu'elle avait envie apparemment depuis plusieurs mois d'apprendre à lire". L'enfant souhaitait et l'école ne répondait pas tout à fait à cette exigence. Elle a donc fait sa grande section normalement comme ses petits camarades et dès les premières semaines de C.P., elle a su lire. Autrement dit, sachant en quoi consistait le "savoir lire", elle désirait obtenir rapidement "le pouvoir lire". Sa maîtresse le dit en ces termes : "elle avait cette demande de lecture pour pouvoir lire par elle-même". Sans exclure d'autres aspects importants, ayant permis l'éclosion de la lecture chez cette enfant, le partage de l'enthousiasme de la lecture, notamment avec son père et la possibilité d'avoir des écrits à lire toujours à portée de mains, ont contribué à la consolidation et l'affinement de son projet de lecteur. Quand le papa dit "Ca vient de nous", cela veut bien dire qu'il a conscience d'avoir construit un lien entre la vie de tous les jours et la lecture. 659

Apparemment, dans tout ce que les parents ont pu confier pendant cette heure d'entretien, il est clair qu'ils ont mis en place des gestes de médiation facilitant l'appropriation de l'acte lexique. Pour autant, on remarque également, qu'ils n'ont jamais voulu devancer l'apprentissage avant que leur enfant ne rentre en cours préparatoire. "La classe de C.P., c'est apprendre à lire, c'est savoir lire" dit la mère. De son côté, le père fera référence à la méthode qui a commencé depuis que son enfant était en petite section, "le CP c'est l'aboutissement ou au moins la découverte de la lecture seule [...] c'est la suite logique de trois années de maternelle". On perçoit bien, dans leurs propos, que la référence à l'école en matière d'apprentissage de la lecture est forte. Ils délèguent à l'enseignante la responsabilité de l'apprentissage, comme les familles à tendance "conformiste" 660 . Cela ne les empêche pas d'en prendre part, en s'intéressant au vécu cognitif de leur enfant. Les responsabilités de la famille prises dans la gestion scolaire montrent son implication dans les choix "politiques " au sein de l'école. Cet investissement public, pour le bien-être des enfants n'est pas seulement un engagement de surface. L'entretien, en privé, met en évidence des relations profondes et respectueuses de leur développement. Il est vrai que l'enseignante ne les a pas beaucoup vus, mais lorsqu'on lui demande son avis sur la famille, elle répond sans hésiter "face à son enfant. Oui ! Oui ! Il y a une grande présence entre l'enfant et ses parents".

Notes
659.

Le critère 13 n'a pas été évoqué

660.

Cf. tableau reprenant la typologie des différentes tendance , chapitre 3 TOME I