Hélène aime lire toute seule, puisqu'elle maîtrise globalement le code. Cela se résume aux petites histoires et, la maman ne met aucune pression pour qu'elle lise. "Faut aussi qu'on mette la pédale douce par moment. Je pense, en tant que parents, il ne faut pas non plus enfoncer le clou" dit-elle, exprimant ainsi qu'il y a nécessité de respecter 664 son rythme d'acquisition. C'est en ce sens que, chaque soir "systématiquement" les parents - même le père 665 qui rentre plus tard - ménagent un temps précis avec elle pour lire une petite histoire ou discuter. Bien avant qu'elle ne rentre à l'école maternelle, elle avait bénéficié de cet instant privilégié où, dans le contact affectif, elle a pu imaginer, rêver, prendre la place du héros dans l'histoire lue. Incidemment, elle s'approprie des caractéristiques générales du récit, étape indispensable pour l'approche de l'acte de lire - savoir écouter, reconstituer gratuitement la trame événementielle d'une histoire ou d'un conte, enrichir son vocabulaire, repérer les notions de temps et d'espace, découvrir les personnages et les rapports qu'ils tissent entre eux, l'espace et le temps etc.-.
E Et pourquoi avez-vous fait ça, pour le plaisir de le faire ou parce que vous saviez qu’il y avait des incidences plus tard ? — M Ah non, tout à fait un plaisir, les incidences, quand les enfants sont petits, on ne se les imagine pas, pour les aînés du moins. — E Pour le plaisir de raconter des histoires que vous faisiez... — M Justement ça créait un moment privilégié, d’intimité, si on peut dire. Parce que bon on est pris par la vie trépidante. J’ai un mari qui ne rentre pas toujours très tôt, mais il a fait de façon, il s’est rendu compte que c’était important. Il essaye, même s’il y arrive qu’à 8H30 - 9 moins le 1/4, son premier travail avant de manger, c’est de faire le tour des chambres.
M Mon mari, lui, il est vraiment très très pris par son travail, donc il fait l’effort... il s’est rendu compte que cette présence ponctuelle était très importante.