Geste n°1

Avec la maîtresse, tout va bien ; avec les parents, également. Il y a une confiance réciproque entre les deux partenaires que sont école et famille. Les parents ne sont pas venus souvent voir l'enseignante, mais elle les a sentis présents : "la maman, je la rencontre très régulièrement ; elle vient amener les enfants à l'école. Le papa aussi. Ce sont des gens très peu communicatifs [...] Ils ne sont jamais venus de façon formelle. Je n'en ai pas eu besoin non plus. La maman, je la voyais par petits bouts. [...] Le papa, cela se résumait à un salut". Mais l'important, pour monsieur Gourmel, se situe ailleurs. Rencontrer de temps à autre l'enseignante, c'est bien mais être proche de l'enfant avant ses 6 ans, c'est encore mieux : "j'étais définitivement intégré à l'idée que tout se jouait avant 6 ans [...] sur le plan psychologique comme sur le plan éducatif" dit-il. Pour lui, l'essentiel se situe là et "avant les 6 ans de l'enfant, ce sont les parents qui sont responsables". Ainsi, prenant du recul par rapport à l'éducation de son propre enfant, il est convaincu que le milieu familial est déterminant quant à sa réussite ou son échec 676 . Constatant que son aînée et son cadet réussissent fort bien à l'école, il est assez content de lui : "à mon avis, on n'a pas si mal géré que ça parce qu'ils réussissent tous les deux. Ils sont sur la trajectoire de la réussite".

Sur la méthode de lecture, ils n'ont rien de spécial à dire. Madame Gourmel la trouve "intelligente". Là, au moins, les enfants apprennent la signification des mots contrairement à ce qu'elle a appris, enfant, où elle ne travaillait que sur les sons. Pour sa fille aînée, demandeuse de découverte d'écrit, elle avait même acheté la méthode BOSCHER pour lui apprendre à lire avant le C.P.. Très vite, elle déchanta : "C'était un peu idiot ! Parce que apprendre que des sons ! ...". Pour elle, à l'école, c'est tout à fait différent : "Là, ils apprennent le sens en même temps, c'est très bien". En effet, la méthode utilisée, (Au fil des mots) utilise les deux aspects de la langue. Tous les textes sont le support de l'activité de lecture-recherche de sens. Les activités d'analyse et de synthèse quant à elles, nécessaires pour maîtriser l'écrit et sa relation avec l'oral, sont effectuées à partir de mots connus et organisées selon la relation son-graphie, sans que l'on veuille épuiser toutes les combinaisons graphiques en 4 ou 5 mois 677 . Une progression qui correspond tout à fait à Thibaud. "On n'a aucune critique face à la méthode utilisée puisque pour Audrey, c'était impeccable. Notre fille marche du tonnerre de Dieu, elle aime lire, Thibaud aime lire, donc la méthode est bonne" dit le père. Mais de quelle méthode s'agit-il au juste ? Madame Gourmel réajuste les propos de son mari, en se disant que la méthode leur convient mais qu'elle ne convient peut-être pas à tous les enfants de la classe. Pour plus de clarté, monsieur Gourmel donne enfin sa définition du mot "méthode" : "Pour nous, ça marche bien parce qu'il y a eu les sonorités de lecture qui ont été utilisées par toi et par moi avant qu'ils apprennent à lire". La méthode dont parle le père n'est pas réduite seulement à celle utilisée dans la classe mais enrichie par tout ce qui a précédé le cours préparatoire ; un environnement familial favorable aux conditions de son élaboration.

Notes
676.

P "Pour moi, si les parents font un effort véritable et profond d'éducation pour leurs enfants, jusqu'à 6 ans, tout est possible..."

677.

Lire au C.P., méthode d'apprentissage de la lecture livre de l'enfant, NATHAN, 1992, Pg 5