Comme les familles d’enseignants, celles qui ont été rencontrées et dont l’analyse vient d’être décrite élaborent des conditions de genèse du sens de l'acte lexique qui s'appuient sur une médiation sociale forte et donnent raison au vécu et l'acquis socioculturel. Elles tissent un rapport avec l'écrit car il est inscrit dans leur habitus culturel. De ce fait, ce patrimoine n'est pas transmis mais plutôt médiatisé par les parents eux-mêmes qui mettent en œuvre, avec efficacité, les gestes de médiation.
Voir ses parents lire et écrire renforce l’image que l’enfant se fait de l’adulte : "Pour être grand, il faut que je sache lire et écrire". Contrairement à d’autres, les livres n’ont pas cette connotation négative ou ambivalente comme dans certaines" familles où(ils) sont trop respectés, rangés à peine offerts, où l’enfant n’a plus le droit de les toucher seul, ou offerts comme jouets avec lesquels les enfants sont censés se débrouiller seuls d’emblée" 681 .Même si on constate globalement que le nombre d’ouvrages possédés par les enfants est important, il n’en demeure pas moins que sa présence est moins essentielle que le statut et la représentation que lui confèrent les parents. L’écriture est aussi à prendre en compte, dans la mesure où elle donne une signification d’utilité. On écrit pour quelque chose, pour quelqu’un. Elles développent des attitudes favorables à la médiation de ce deuxième versant du "lire-écrire".