* Au niveau des institutions

Pour le rassurer, des dispositifs prenant en compte justement la dimension culturelle familiale et les rôles respectifs de chacun doivent être précisés, leurs limites respectées. Des temps de régulation sont nécessaires pour la réflexion et tous les partenaires de l’école doivent être invités. Penser l’école en termes de programmes à boucler en année, c’est réduire sa mission éducative. Orienter le débat qui l’anime vers une réflexion écologique 696 , c’est lui donner une ouverture vers les savoirs fondamentaux qu’exige toute société moderne telle que la nôtre. C’est lui offrir aussi la possibilité de tenir compte des données culturelles de son environnement pour le bien de l’enfant et des familles les plus démunies face au savoir.

Toutes ces propositions peuvent paraître utopiques et une réflexion épistémologique sur ce qui se pratique déjà est nécessaire pour baliser de nouvelles initiatives. Mais, arrivé au terme de cette recherche, nous percevons ses limites, tant les résultats, malgré un souci constant d’objectivité, restent partiels. Cependant, elle confirme la prégnance du rôle parental dans la médiation qu’elle apporte lors de l’apprentissage et décrit précisément ses critères. Combattre l’échec et la difficulté d’appropriation de la langue écrite est une des priorités de l’école maternelle et primaire. Cette étude met en évidence que l’école, avec tous ses partenaires culturels, doit se positionner clairement pour que la famille, berceau d’éveil de l’enfant, puisse avoir une place réellement définie. Des expériences d’intégrations de familles dans des projets d’école sont vécues ici et là. Il serait intéressant maintenant de prolonger la réflexion sur ce qui fonde leur légitimité et sur les effets réels et attendus. L’apprentissage de la lecture et, qui plus est, celui de l’acte lexique tel que nous l’avons défini, ne sont pas une fin en soi. Lire et savoir lire permet à l’homme moderne de communiquer par delà le temps et l’espace. Au fur et à mesure des écrits qu’il rencontre et de sa volonté d’accroître son champ de connaissance, le lecteur petit à petit s’engage dans une réflexion sur lui-même et sur le monde. L’enfant, déchiffreur de signes et défricheur de sens est spontanément en appétit de connaissances. Puisse-t-il trouver des passeurs qui lui permettent de quitter son statut d’infans ? Pour cela, ne faut-il pas mettre tout en œuvre pour que le parent, avant même que son enfant ne franchisse les portes du cours préparatoire, devienne un médiateur possédant les moyens de faire émerger la conscience de l’acte lexique chez son propre enfant ?

Notes
696.

Ce mot doit être pris à son sens strict. Il ne s’apparente nullement à un courant politique.