Entretiens dans le cadre de la pré-enquête pendant l’année 1997

Entretien n° 2. Pré-enquête famille BERDAUT, le 3 mai 1997

E : Quand je vous dis A.L. qu’est-ce que cela évoque pour vous ?

M : Apprendre à lire.

E : Apprendre à lire et encore.

M : Disons que ma fille est en CP, c’est apprendre à lire, apprendre à écrire. Elle prend énormément, disons des petits livres qu’on a parce qu’on est adhérent de la bibliothèque donc on prend beaucoup de livres de la bibliothèque ; c’est très varié. Donc c’est l’A.L.

E : Vous allez souvent à la bibliothèque.

M : Oui toutes les semaines.

E : Toutes les semaines.

M : Oui

E : Vous allez avec elle, votre mari vient aussi.

M : Non, je n’ai pas de mari.

E : Vous vivez seule. D’accord.

M : Donc on y va toutes les semaines avec le petit. J’ai un fils qui a 4 ans et on prend différemment évidemment, lui c’est plutôt des petits livres d’images. Pour elle, ça commence à être des livres de lecture.

E : Qu’est-ce que vous entendez par livre de lecture ?

M : Disons que c’est des livres avec une seule image et avec le texte en dessous. Ce ne sont pas des BD. Elle n’est pas tellement BD, d’ailleurs pas encore, mais par contre elle adore prendre un petit livre que je pourrais vous faire voir d’ailleurs parce qu’il y en a quelques uns là. Et puis son plaisir c’est de me faire voir en fait qu’elle apprend, qu’elle réussit à peu près à lire couramment.

E : Et cela vous l’avez commencé depuis longtemps ou c’est de cette année.

M : Disons que depuis Noël, elle commence déjà à bien savoir lire. Il y a quelques mots ou elle bute encore et c’est vrai que depuis les vacances de Noël, elle a vraiment sauté un stade.

E : Avant le CP vous arrivait-il d’aller à la bibliothèque.

M : Oui.

E : Oui, pendant la petite, moyenne, grandes sections ?

M : Cela fait 2 ans en fait que l’on y va vraiment régulièrement.

E : D’accord, vous allez 2 fois 3 fois par semaine ?

M : C’est en général toutes les semaines, 1 fois par semaine.

E : Et cela depuis le début de l’année.

M : Ah oui oui. C’est elle qui me le rappelle parce que des fois je n’y pense plus. Elle me dit ça y est mes livres sont lus, parce que des fois elle a 3, 4 livres, mais bon, il n’y a pas beaucoup d’écrits dans le livre. En 10 minutes, le livre est raconté.

E : Vous racontez le livre ou c’est elle qui...

M : Ça dépend des livres, il y’en a qui sont vraiment trop longs avec des textes, y’a quand même pas mal de pages, donc c’est avant de se coucher qu’on raconte l’histoire. Si c’est vraiment trop long, je n’en raconte que la moitié et on continue le lendemain. Quand c’est des textes plus petits elle me moi j’aimerais bien commencer alors elle commence, elle m’en lit 2,3 pages et après est-ce que tu continues et selon le livre, c’est elle qui lit tout.

E : Et quand vous lisez un livre et qu’il y a un mot difficile à comprendre qu’est-ce que vous faites ?

M : Ça oui, c’est à chaque fois qu’est-ce qui se passe Maman qu’est-ce que ça veut dire ! Donc qu’est-ce que ça veut dire ce mot là, c’est vrai même dans les p’tits livres d’enfants il y a beaucoup de mots qui ne savent pas ce que cela veut dire. Je leur explique ce que cela veut dire.

E : Tout simplement ?

M : Oui, je remplace un mot par un autre mot qui veut dire la même chose.

E : Vous lisez le mot ?

M : Ah ! oui je lis le mot.

E : Et vous le remplacez par un synonyme ?

M : Par un synonyme voilà.

E : D’accord.

Pour vous est-ce que c’est un moyen qui permet d’apprendre à lire ? ou c’est quelque chose qui n’a rien à voir avec l’A.L.

M : Ah si ! si si ! Je pense que ça aide beaucoup les enfants le fait d’avoir les livres vous voulez dire !

E : Le fait d’avoir des livres.

M : Oui.

E : Et le fait de raconter des histoires ?

M : Oui, bien sûr, c’est ce qu’ils font aussi à l’école, parce que je vois avec la maîtresse, ça m’arrive d’aller en classe pour aider dans la classe, et ben, c’est exactement pareil. Ils prennent un livre, ils l’étudient pendant une semaine et à chaque fois il ressort des mots ou des expressions qui remettent eux sur des fiches et puis ces mots là reviennent admet-on pendant quinze jours et font l’apprentissage de ces mots pendant quinze jours.

E : Vous avez raconté des histoires à partir de quels âges ?

M : Ah ! tout petit !

E : C’est-à-dire avant la maternelle ?

M : Peut-être pas, mon fils a 4 ans. Euh, disons que vers 3 ans parce qu’avant, ils sont trop petits, ils ne comprennent pas (silence). Oui à peu près, il y a vraiment 2 ans que je m’y suis mis parce qu’avant je travaillais et donc je n’avais pas tellement le temps ici. On ne rentrait pas avant 8h et ½ le soir. Donc, c’était très rapide, Manger, dodo (rire) maintenant j’ai un peu plus de temps, aussi, donc ça y fait.

E : Vous dites que vous avez raconté des histoires, il y a simplement depuis le début de la rentrée de la maternelle ?

M : Oui.

E : Avant vous ne le faisiez pas.

M : Ah si, c’étaient des petites histoires mais pas de grandes histoires comme maintenant.

E : Quand le faites-vous ? A un moment particulier de la journée ou

M : En général, c’est le soir, quand elle rentre de l’école, elle me dit selon qu’elle a des devoirs ou pas, ce ne sont pas vraiment des devoirs, ce sont des fiches de lecture d’ailleurs. Ce sont des mots qu’ils ont appris dans la journée parce qu’eux on leur dit... ou alors des syllabes. Ils sont dans les syllabes, le RAM, le PAM. Il faut donc qu’ils retrouvent des mots avec ces syllabes là. Donc, on fait la fiche de lecture et après le soir, au moment de les coucher en va prendre le temps de faire ça, on prend a peu près ¼ d’heure pour faire cette lecture là. C’est une lecture plaisir, c’est pas « il faut que tu lises ça ». Ah non non pas du tout, c’est eux d’ailleurs qui demandent.

E : Ce sont eux qui la lisent avant ou après, comment cela se passe ?

M : Cela dépend des fois. C’est plus souvent moi parce que bon ma fille, elle aime s’y mettre d’elle-même me dire, c’est moi qui raconte.

E : Ce ne sont que des livres de lecture pour des histoires ou cela peut-être des livres de découverte de quelque chose ?

M : Oui tout à fait.

E : Par exemple ?

M : Oui, le livre de l’éléphant, parce qu’ils avaient parlé d’éléphant en classe. Donc elle a trouvé à la bibliothèque un livre sur les éléphants, donc c’était la vie des éléphants en Afrique, c’était vraiment un beau livre, les autres sont beaux aussi, c’est vraiment le livre déjà fait plus pour adulte. Vraiment avec toute la vie.

E : Vous l’avez parcouru avec votre enfant .

M : Oui, cela peut être aussi bien l’autre fois, elle me demandait un mot ou alors tiens l’autrefois, on a vu un serpent, dehors. Elle voulait savoir ce que c’était bon, j’ai des encyclopédies, donc a repris les encyclopédies et regardé serpent, toutes les sortes de serpents. Elle aime bien aussi se plonger dans les... Bon, j’ai aussi des « FOCUS » aussi. Ça commence à l’intéresser. L’histoire du temps, comment, ça se passe, ce sont des livres qui sont très bien faits aussi donc je lis un petit peu ce que c’est les nuages, tout ça. C’est varié.

E : C’est varié.

M : C’est varié.

E : Et vous faites cela depuis longtemps !

M : Disons que elle cela fait vraiment 2 ans depuis qu’elle est entrée en G.S., qu’elle s’intéresse beaucoup plus, le petit va regarder, il a 4 ans seulement.

E : Et le petit, vous lui racontez des histoires aussi ?

M : ah oui, il se met à côté de nous et il regarde.

E : Et c’est quelque chose qui se fait en famille.

M : Ah oui oui.

E : Votre enfant est-elle abonnée à une revue enfantine ?

M : Non parce que du fait qu’on est abonné à la bibliothèque disons que par l’école, on reçoit toujours aussi des feuillets pour les abonnements. En général, ce n’est pas donné déjà et c’est vrai que cela fait reculer un petit peu. Mais autrement ce sont des pommes d’Api ou des trucs comme ça et autrement par la bibliothèque, il y en a pas mal...

E : Ça vous suffit.

M : Ça nous suffit. De temps en temps au marchand de journaux, je prends ce qu’elle a pris l’autre fois, je ne sais plus, c’est un genre de petit livret Pomme d’Api, y’a des jeux un petit peu de tout, des devinettes, des labyrinthes des trucs à faire dedans.

E : Donc, elle lit en dehors de livres qui sont pris en dehors de la bibliothèque.

M : D’accord.

E : A-t-elle des livres qui sont à elle ?

M : Oui.

E : Rangés dans un petit coin !

Oui

M : Elle n’en a pas beaucoup, pas encore, une dizaine environ, ce sont des « Caroline » « Martine », ce sont des livres qui sont faits pour cet âge là (elle va en chercher 2). C’est le genre de livre qu’elle commence déjà à bien lire comme Martine parce que c’est écrit, comme vous devez le savoir, à l’école on apprend toutes sortes d’écritures. Donc, elle arrive très bien à lire ça, une image le petit texte et elle les lit vraiment bien.

E : Ça l’intéresse ?

M : Ah oui, c’est pas parce que je lui lis, il faut que tu lises ça, la maîtresse leur dit quand vous êtes à la maison lisez un petit peu, un petit texte court et puis vous lisez. D’elle même quand je ne lui dis pas, elle aime bien.

E : D’accord.

M : Les choses qui lui plaît.

E : Au niveau de la leçon de lecture le soir comment cela passe ? Vous pouvez me décrire la leçon de lecture le soir s’il y a un travail du soir en lecture !

M : Ce n’est pas tous les soirs, c’est 2 fois par semaine, c’est donc, cette fiche de lecture, où ils ont appris des petits tronçons de mots des sons, par exemple hier, c’est [à], il faut mettre des consonnes devant, c’est [Mà] [Rà] [Tà] tout ça, ils l’écrivent si vous voulez et le soir il faut que ce soit la maman qui dise pas dans le bon sens, il faut pas qu’il fasse de bêtise, parce qu’elle au début qu’elle a appris à lire, il y avait des problèmes avec les [Pà] [Bà] et elle confondait les deux. C’est l’histoire d’avec boucle à gauche et le b à droite. Elle a tendance un petit peu à inverser. Maintenant ça va nettement mieux. Ça c’est pour éviter ce genre de problème ensuite, une fois qu’ils ont trouvé ces morceaux, il faut qu’ils les trouvent dans des mots qu’ils connaissent. Donc chacun cite un mot en face il marque leur prénom. Celui qui a trouvé le mot, il met son prénom en face et ensuite il faut qu’il retrouve une phrase avec ces mots là. Ça part à petit et ça finit à grand.

E : D’accord, donc ça arrive 1 fois ou 2 par semaine.

M : Ça arrive 2 fois par semaine, le mardi et le vendredi.

E : Elle le fait toute seule ou il y a quelqu’un avec elle.

M : C’est moi, elle le fait avec moi.

E : Elle le fait toujours avec vous.

M : Hm.

E : D’accord, Donnez vous autre chose que ce support de travail ?

M : Autre chose de ?

E : C’est-à-dire, la maîtresse a donné un travail de lecture.

M : Oui.

E : Est-ce que vous rajoutez quelque chose.

M : Ah non, mis à part de la lecture comme ça.

E : La lecture plaisir.

M : Oui oui

E : Cela dure combien de temps.

M : La fiche de lecture, ça dure ¼ d’heure (...)

Ils ont le calcul aussi, cela dépend, ils ont des fiches de calculs aussi de géométrie, c’est pareil, c’est relire un petit peu pour bien arriver à se rappeler ce qu’ils ont vu en classe.

E : Et le petit frère là-dedans, qu’est-ce qu’il fait ?

E : Il regarde.

M : Il vient un petit peu de dire Maman tu viens on va faire autre chose, non, généralement je lui dis d’aller jouer pour qu’on soit un peu tranquille, autrement, ce n’est pas facile d’avoir quelqu’un à côté ; « Maman c’est quoi ? » C’est vrai qu’il s’intéresse bien dans un sens ma fille par exemple ne va pas apprendre quand son petit frère est à côté.

E : Elle lui dit : « Va-t-en »?

M : Oui, elle dit ça, tu me gênes.

E : Lucie, a-t-elle des jeux éducatifs ?

M : Qu’appelez-vous jeux éducatifs ?

E : C’est tout mise à part le livre, d’autres jeux de construction, jeux de...

M : Elle a des jeux, tout ce qu’il y a là (me montrant une pile d’environ 5 jeux) le qui est-ce, les visages, les jeux de construction, elle commence à jouer avec le petit. Autrement c’est tous les jeux de dame, de petits chevaux, des trucs comme ça.

E : Vous jouez avec elle ?

M : Oui.

E : Vous jouez avec elle souvent ?

M : En général, je dirais que quand il fait beau, bon on ne joue pas tellement à ces jeux là, dès qu’il pleut et dès qu’ils sont enfermés dans la maison, il faut bien les occuper, donc ce sont des jeux comme ça. Sinon, elle a son petit ordinateur aussi, elle y joue pas mal. Elle l’a eu à Noël, donc le petit ordinateur un peu plus sophistiqué que ce qu’elle avait avant. C’est Ingénius celui-là.

E : C’est le deuxième qu’elle a.

M : Oui, il faut dire qu’elle en avait un, c’était vraiment un petit truc avec les fiches qu’on mettait devant ; là maintenant, comme elle dit c’est un ordinateur de grand parce que c’est un écran. Donc déjà, elle connaissait parce que moi je travaillais sur, j’en avais un donc, elle voyait un petit peu, je la faisais pianoter, voyez y’a 2 ans, donc déjà, elle avait 6 ans, elle n’avait que 4 ans, elle a toujours aimé ça pianoter. Là maintenant qu’elle en a un, elle a tout de suite compris, même plus vite que moi comment cela marchait. Donc c’est basé sur l’orthographe, le vocabulaire, le calcul, il y a plein de choses dessus et c’est très souvent qu’elle, j’dirais pas tous les jours, parce que bon, parce que tous les jours, elle joue dehors aussi. Mais.

E : Ça lui plaît bien aussi.

M : Ah oui, bien sûr, il y a aussi les jeux de poupées et tous ces trucs là.

E : En dehors des jeux éducatifs, la télévision, la regarde-t-elle ?

M : Oui.

E : Oui, combien en moyenne ?

M : De temps ?

E : Oui. Grosso modo !

M : C’est pareil, c’est en fonction du temps aussi, bon autrement le soir, on se met à table, on se met une cassette, en général, ce sont des dessins animés, ou des films pas pour adultes mais pour enfant, comme Beethoven ou Superman, des machins comme ça, donc je mets ça jusqu’avant qu’ils aillent se coucher.

E : Ce sont des films que vous regardez avec eux.

M : Oui, enfin, je regarde comme ça, parce que ce sont des films que l’on a déjà vus. Donc

E : Vous discutez sur le film avec eux un petit peu.

M : Oui, ça dépend ce que c’est... si bien sûr, si elle voit un film qu’elle ne comprend pas. Pourquoi ça se passe comme ça ? Enfin par exemple Superman, ils se posent plus la question. Du pourquoi il vole ? Il ne vole pas en fait, il faut expliquer souvent des films qu’on voit, non non ça n’existe pas. Ce sont des films de science-fiction. L’autre fois on a regardé Au delà du réel, celui-là, j’ai choisi, parce qu’il y en a qui sont assez. Celui-là, c’était les extra-terrestres c’est quoi maman, je n’en ai jamais vu ?

E : Il y a une discussion qui s’installe ?

M : Oui.

E : Revenons à l’écrit maintenant. Quand Lucie a commencé à vouloir prendre un crayon une feuille.

M : Oh ! très petite !

E : Très petite !

M : Toute petite, je dirais, je ne sais pas, sur les coups de 2 ans, elle crayonnait déjà un petit peu.

E : Elle aimait bien !

M : Des dessins, des machins comme ça plus que son frère, elle a toujours aimé ça, d’ailleurs je peux vous dire c’est tous les jours que, j’en ai un paquet derrière, c’est tous les jours que j’ai droit à un dessin avec. Elle fait des écritures, par exemple hier, c’était « c’est la fête du muguet ». Je ne sais pas comment elle a marqué ça, mais c’est vrai ce qui est marrant un petit peu, c’est que quand elle fait des phrases comme ça, elle le fait selon ce qu’elle entend. L’orthographe, ce n’est pas ça, c’est ça que j’aime bien moi. En fait, ce seront des souvenirs pour plus tard. Bon le muguet gait, enfin bon, on s’en fiche. Alors là, à ce moment là elle me dit, t’as vu ce que j’ai marqué c’est bien ? Je lui dis que c’est très bien mais par contre muguet ça ne s’écrit pas comme ça. Alors je lui remets le mot. Des fois, elle s’en rappelle et d’autre fois elle ne s’en rappelle pas. Je lui fais quand même la phrase pour bien lui faire voir que ça s’écrit pas comme ça. La façon dont elle a marqué, c’était très bien, j’ai réussi à le lire mais ce n’était pas écrit comme ça.

E : Quand elle dessinait autrefois vous arrivait-il d’écrire au-dessous ce qui était dessiné ?

M : Oh non, je marquais les dates.

E : Elle a commencé très tôt à vouloir connaître les lettres de l’alphabet.

M : Les lettres de l’alphabet (soupir) elle a surtout appris surtout en moyenne section. Quand ils sont tout petit, sur les coups de 3 ans, ils apprennent à compter un petit peu parce que je vois mon fils commence à compter en ce moment, c’est à peu près cela. C’est surtout sur les coups de 5 ans qu’ils commencent à apprendre les lettres.

E : Avait-elle des jeux pour apprendre avant ?

M : Oui, elle avait des cubes pour former des mots qui étaient en bois.

E : Avait-elle un tableau pour écrire ?

M : Elle avait des ardoises.

E : D’autres supports aussi ?

M : Non, elle n’avait pas de tableau.

E : Vous maintenant, utilisez-vous un calendrier ? pour le repérage de date ?

M : J’en ai un (me le montre accroché au mur) autrement j’ai mon agenda.

E : Vous êtes une adepte de l’agenda ?

M : Oui.

E : Vous planifiez dans le temps.

M : Non, je ne planifie pas dans le temps, mais bon, j’ai un rendez-vous je le marque pour être sûr puis que bon, ben, je vous dis par exemple. Je suis souvent appelé par l’école pour faire des sorties, les ateliers cuisine, il faut bien marquer parce qu’il ne faut pas oublier non plus que telle date, on est pris et que. C’est surtout à cela que ça sert. Pour planifier non, je ne planifie plus rien. (rire).

E : Plus rien d’accord.

M : Enfin.

E : Utilisez-vous des pense-bêtes ?

M : Euh, oui ! oui ! ça m’arrive.

E : Cela vous arrive de façon régulière.

M : Non pas régulièrement.

E : Quand vous faites vos courses, vous faites une liste ?

M : C’est quelque chose d’automatique.

E : C’est automatique et si vous partez en voyage est-ce que vous faites une liste de choses à apporter.

M : Oui, disons que je fais une liste, c’est pour ne pas oublier les choses principales, le restant tant pis. Je le fais une semaine avant de partir, c’est principalement pour les enfants. Ne pas oublier, je ne sais pas, tout ce qu’il faut emmener.

E : D’accord. Tenez-vous un livre de comptes ?

M : Non, disons en fait, ce que je fais, mon agenda me sert à tout ça, c’est à dire je note, moi je fais les courses une fois par semaine parce que bon, j’ai un budget très serré, donc il faut que je fasse très attention. Je sais qui y’a l’assurance auto tout ça, pour savoir à quelle période cela va retomber.

E : C’est une forme de planification.

M : Oui, en quelque sorte.

E : Vous n’avez peut-être pas un livre de comptes ?

M : Non non non.

E : Mais un cahier sur lequel vous notez

M : Ben, l’agenda, à la fin de chaque mois, j’ai le récapitulatif du mois, c’est plus facile de mettre sur le mois d’après donc c’est comme ça que je me repère. Si, admet-on au mois de janvier, j’ai payé mon assurance, ce sera dans 6 mois . C’est pour se repérer, ça évite de ressortir tous les papiers à chaque fois pour s’y retrouver. Cela m’évite de ressortir les papiers à chaque fois.

E : Au niveau du classement, vous avez des photos, des films, classez-vous vos photos ?

M : Je classais mes photos, mais ça fait un bout de temps que je ne l’ai pas fait. Oui j’en ai dans des albums.

E : Dans des albums ! Mettez-vous des indications derrière par la date.

Quant à vos papiers administratifs, classez-les vous ?

M : Oui, ils sont classés, j’ai des pochettes dans lesquelles je mets EDF, Maison, téléphone.

E : Je sens que ça sent bon, est-ce que vous recopiez vos recettes, avez-vous un livre de cuisine ?

M : Ah oui ! (sourire). Quand j’en trouve une bien dans un livre, dans un magazine plutôt, je la découpe. J’ai un gros cahier où je colle mes recettes dedans.

E : Vous avez un téléphone, avez-vous un répertoire téléphonique.

M : Oui !

E : Faites-vous des mots quotidiens avec les membres de votre famille ? Je sais que vous êtes toute seule maintenant. Est-ce que cela vous arrive de temps à autre ? Ou est-ce que cela vous arrivait ?

M : Oui cela m’est arrivé.

E : Et au niveau du courrier, vous arrive-t-il d’écrire ?

M : Oui.

E : Oui ? Souvent ?

M : Souvent disons, assez régulièrement. J’ai de la famille assez loin sur la côte d’Azur, c’est vrai que le téléphone ça coûte assez cher, on se téléphone très souvent aussi,...

E : Oui.

M : Oui, quand j’écris, c’est carrément 6 à 8 pages (sourires).

E : D’accord.

Maintenant, au niveau de votre lecture. Lisez-vous ? Prenez-vous des livres à la bibliothèque ou en achetez-vous ?

M : Oui, j’en achète ou j’en prends à la bibliothèque. Si...

E : Que lisez-vous en ce moment ? Un roman ?

M : Non, là j’ai arrêté, autrement j’étais branchée dans la science-fiction.

E : C’est l’époque qui veut ça !

M : Ah non ! Ça fait très longtemps, déjà petite... petite ! quand j’avais 15 ans, je lisais plus de ... c’était plus roman, maintenant c’est plus des encyclopédies, oui non j’aime bien.

E : Quel est le dernier roman que vous avez lu ?

M : Le dernier ouvrage que j’ai lu ? C’était un livre de la bibliothèque mais vous redire comment ça s’appelle ? Euh ! je sais que j’ai lu les « Mystères de l’île de Pâques ». Ce sont de gros livres mais le dernier ? non ! Celui que j’ai emprunté à la bibliothèque je ne m’en rappelle plus, c’était un livre sur les civilisations perdues mais le titre exact, je suis incapable de le dire.

E : Au niveau diplôme, le diplôme le plus élevé obtenu ?

M : J’ai passé BEP et CAP de secrétariat.

E : Votre activité professionnelle ?

M : Disons que, en fait ce qui s’est passé, il y a 2 ans, mon mari est parti, donc, nous avions un garage, donc en fait lui, il s’occupait de la mécanique et moi, c’est tout ce qui était au bureau, secrétariat, téléphone, factures client, recevoir les clients, comptabilité, tout ce qui se fait dans un commerce.

E : Bien sûr. Vous n’avez plus d’activité professionnelle ?

M : Ben non, depuis non, je suis à la recherche d’un emploi.

E : D’accord (silence). La dernière école fréquentée ?

M : C’était un C.E.T.

E : Avez-vous fait d’autre formation après ?

M : Non.

E : Age de la maman.

M : 1959

E : Faites-vous parti d’une association ?

M : Non.

E : Sans rentrer dans le détail de votre revenu mensuel ?

M : Largement moins de 5.000 francs.

E : Connaissez-vous le système scolaire ?

M : Oui.

E : Pouvez-vous me dire comment cela fonctionne au niveau des classes, de la succession des classes.

M : C’est-à-dire les classes. Donc ma fille est en CP, après cela c’est le CE1, CE2, CM1, CM2 ici cela s’arrête au CM2, après pour aller au collège, il faut aller à Saint-Père.

E : Au niveau du CP, savez-vous où s’arrête le programme de Mathématique.

On vous l’a dit en réunion de classe.

M : Non exactement, je ne saurais pas vous le dire. Pour le moment, ils ont fait la table de Pythagore, ils ont appris, non, ils sont en train d’apprendre, non, ils ont vu déjà depuis un bout de temps, les tables par coeur d’addition, la multiplication, ce n’est pas encore ça.

E : Que peut-on faire pour qu’un enfant connaisse le maximum de choses ?

M : Lui apprendre déjà. Je pense surtout qu’un enfant quand il apprend bien, c’est qu’ils sont intéressés parce qu’il apprend.

E : Oui, il y a des enfants qui vont être plus intéressés et d’autres pas du tout intéressés. Qu’est-ce qui fait que ces enfants sont plus ou moins intéressés par des choses ou par d’autres ?

M : Il faut qu’il y a déjà une bonne méthode à l’école. Je pense qu’il faut déjà qu’ils aient une maîtresse à l’école. Je pense qu’il faut déjà qu’ils aient une maîtresse qui soit ouverte. Moi je ne sais pas, j’ai connu des cas où c’est vrai quand les profs ne sont pas sympas, on n’a pas envie d’apprendre non plus. Et puis là, ce qu’il y a c’est je pense qu’ils apprennent bien parce que c’est très varié, c’est vraiment très bien fait, de la façon dont ils le font.

E : Vous êtes contente de l’école.

M : Oui.

E : Vous pensez que leur rôle d’éducation et d’instruction, c’est uniquement à l’école de le faire.

M : Ah non non non, ce n’est pas qu’à l’école parce que ben c’est sûr, c’est pas une maîtresse qui va leur dire. Si, c’est quand même pour se laver les mains avant de manger. Ça ils leur apprennent aussi, mais il y a beaucoup de choses à faire à la maison aussi, ce n’est pas que l’école.

E : Il y a beaucoup de choses à faire à la maison ?

M : Ah ! bah ! oui ! je ne pense que. C’est vrai que l’école on apprend beaucoup de choses mais il y a beaucoup de choses qu’on fait apprendre à la maison sans vraiment que ce soit un apprentissage, une prise de tête, ou ... (silence).

E : C’est-à-dire d’une façon naturelle.

M : C’est-à-dire d’une façon naturelle tout simplement quand on va à la mer, leur faire voir ce que c’est des coquillages, le pourquoi qui y’en a qui est vide. Tout c’est trucs là, ça se fait... je ne sais pas... je pense que les miens sont un peu comme tous les autres, ils aiment bien poser des questions.

E : Oui, ça ne vous paraît pas extraordinaire ?

M : Non, c’est vrai que dès fois, c’est un peu... (rire).

E : C’est-à-dire ?

M : Disons qu’en plus, étant toute seule, ce n’est pas toujours, mais bon, mais non, j’aime bien au contraire qu’ils posent des questions.

E : Vous aimez bien qu’ils vous posent des questions ?

M : Oh ! bah ! oui ! plutôt que. J’aimerais pas avoir un enfant léthargique à la maison, qui s’intéresse à rien ah non non non. C’est vrai que dès fois, c’est un peu soûlant (rire) pourquoi le ciel est bleu, l’arbre vert ? Y’a des moments où tu... ?

E : Et vous répondez ?

M : J’essaie (rire)

E : Oui. (silence). C’est la fin de l’entretien, avez-vous d’autres choses à rajouter.

M : Non, j’espère que ça va continuer comme elle est partie.

E : Oui ! Parce que ça marche bien actuellement ?

M : Ah oui ça a l’air oui, là j’ai eu le compte-rendu puisqu’ils font un compte-rendu tous les trimestres.

E : Oui.

M : C’était, oui c’était bien. En fait, ils sont notés sur 100, elle avait 96, donc c’est pas mal. Enfin, la classe ça s’échelonne de 68 à 97 exactement. Donc c’est vrai que cela fait plaisir quand on voit ça.

E : Pourquoi est-ce que cela vous fait plaisir ?

M : Ça me fait plaisir parce que ça m’embêterait disons qu’elle se retrouve. Moi, je trouve que c’est quand même bête disons de se retrouver après l’école et de dire ah je n’ai pas travaillé et j’aurais dû travailler pendant que j’y étais. Donc, c’est vrai que je la pousse. Dès fois, elle me dit, à quoi ça sert alors après ? Je lui dis, tu sais quand tu seras plus grande, il faudra que tu choisisses un métier, donc il n’est pas question non plus de dire, je ne suis pas pour dire allez je vais la pousser jusqu’à l’université, loin de là, elle fera ce qu’elle a envie de faire. J’espère qu’elle trouvera un boulot intéressant. C’est vrai que ça fait plaisir de voir qu’elle travaille bien, c’est sûr, c’est toujours embêtant d’avoir un enfant à la maison qui a des problèmes et de se dire bon sang qu’est-ce qu’on pourrait faire pour que ça aille mieux.

E : Est-ce que Lucie voit son père ?

M : Oui, tous les 15 jours.

E : C’est institué tous les 15 jours.

M : Oui (hésitant)

E : Plus ou moins.

M : Plus ou moins.

E : D’accord (silence)

Elle a dans sa tête une bonne image de son père ?

M : Non.

E : D’accord.

M : Bah non, parce que quand ça s’est passé, elle avait 5 ans, elle en a beaucoup souffert, ça ne s’est pas très bien passé du tout même... Plus la séparation a évolué sur 6 mois ça c’est donc très très mal passé. Donc, c’est vrai qu’elle a beaucoup. Pas du tout. Et c’est vrai qu’en fait d’ailleurs mon mari je le vois le samedi, il me dit : « tu vois, elle me fait la tête » je lui dis « non, elle ne te fait pas la tête, elle prend ses distances », c’est différent. Et c’est vrai qu’elle n’est pas.. Mon fils lui avait 2 ans à l’époque bon quand par exemple, son père, parce qu’en fait il n’a pas le droit de prendre les enfants, il ne vient qu’ici donc il passe quelques heures le samedi après-midi ; mon fils, quand il le voit arriver en fait, il lui saute au cou « ah ! voilà papa ». Elle, si elle est en train de dessiner, elle continue à dessiner. Bon, après une fois qu’il est là, elle va lui dire bonjour, elle lui fait des bisous, c’est normal, mais c’est sûr qu’elle n’a pas la relation qu’elle avait avec lui avant. C’est différent, ça c’est certain.

E : Vous disiez tout à l’heure que votre enfant aimait bien connaître les choses.

M : Hm.

E : Vous y êtes quand même pour quelque chose ?

M : Ah bah oui ! je pense !

E : Vous pouvez expliquer un petit peu ?

M : C’est-à-dire que si par exemple, ils me demandaient je ne sais pas, je vais citer l’exemple de la mer, s’ils me disaient bah tiens pourquoi il y a ces coquillages là parce que c’est comme ça. C’est vrai que le fait de leur expliquer oui, il faut prendre le temps d’expliquer.

E : Elle a 96/100 à son dernier contrôle, c’est du fait de quoi ? De la maîtresse ? d’autres choses aussi !

M : J’espère que ça vient aussi d’un petit peu de moi aussi.

E : C’est-à-dire !

M : ben quand par exemple je lui dis, il faut que tu apprennes bien ces choses là parce que plus tard tu verras que ça te rendra service, elle me dit « ah bon » je ne sais pas. Le pense-t-elle vraiment ? J’espère.

E : Vous pensez que vous êtes pour quelque chose quand même

M : Ben oui... oui... je ne dis pas que tout vient de moi, loin de là, c’est vrai que la maîtresse est quand même disons qu’elle a un rôle vraiment important. C’est vrai que...

E : C’est essentiel ?

M : Ah bah oui... oui

E : D’accord.

M : C’est vrai qu’ils ont une bonne maîtresse, elle est très gentille, elle leur fait faire des sorties, donc, des sorties éducatives aussi. Bon l’autre fois on est allé dans la ferme, on a fait une sortie dans la ferme un peu plus loin voir des batteries, voir comment cela se passait, les petits veaux donc tout ça ce sont des choses... Elle voit les vaches dans les champs alors que là, elle était un petit peu « Ah, c’est si petit que ça ». Il y avait des petits veaux de 2 jours, alors là, elle était, ou plutôt, ils étaient la plupart... J’ai quand même des enfants de fermiers qui ceux-là sont blasés. Ceux qui n’ont jamais vu de petits veaux, c’est marrant, c’est intéressant à voir. Là, le mois prochain, on va aller au musée des beaux-arts, alors là ça va être complètement autre chose, ça va être intéressant aussi.

E : Vous accompagnez tout le temps, puisque vous êtes disponible.

M : Disons que je leur ai dit à l’école, le temps que je suis disponible, si vous avez besoin de quelqu’un, c’est vrai quand il y a des sorties, et moi ça me plaît aussi (sourire).

E : Cela vous fait sortir.

M : Oui cela me fait sortir et puis oui, c’est intéressant.

E : Je vous remercie du temps passé.