Entretien n° 16 avec Famille COL

Le 11 mars 1998

E Quand je vous dis  « apprentissage de la lecture », qu’est-ce que cela évoque pour vous ?

M euh... pour moi, l’apprentissage de la lecture, ça s’est relativement pas mal fait à la maison, avec les enfants, donc c’est pas forcément école, dans la mesure où ils ont appris à l’école, mais ils ont fait aussi beaucoup de choses à la maison autour de la lecture en voyant d’autres ou...

E C’est-à-dire que pour vous, Camille a appris à lire à la maison ?

M Euh... elle a pas appris à lire complètement à la maison parce que, à l’école, elle était dans une grande section - CP, donc elle suivait aussi ce qu’il se passait à l’école. Mais par exemple, pendant les vacances, elle n'arrêtait pas de réclamer, de dire comment ça se dit, qu’est-ce que c’est ce son, etc... elle a beaucoup travaillé toute seule à la maison. Pas toute seule, ou elle a joué à l’école avec les plus grands, elle a...

E Quand vous dites toute seule, ça veut dire qu’elle a trouvé ses réponses toute seule ?

M Non, elle a demandé des choses, elle a pas tout trouvé toute seule. Elle a écouté à l’école ce qu’il se passait du côté des CP, etc. Elle a pas inventé les choses, c’est évident. Personne n’invente rien sur la lecture, je pense. Mais, c’est elle qui voulait lire, c’est une démarche de son côté.

E Quelle a été votre réponse par rapport à ça ?

M Moi, j’ai pas pensé, quand on demande, je réponds. Donc, si ils sont intéressés, y’a pas de raisons de leur dire que ce sera pour l’année prochaine. Je réponds, mais je n’ai jamais, non plus, poussé. C’est-à-dire que je ne lui ai pas fait des heures de lecture le soir. Si elle voulait, elle faisait, si elle voulait pas... j’ai pas poussé avant le CP. En CP, si on fait la lecture le soir, avant le CP, si ils veulent ils font, sinon je ne vais pas pousser dans la mesure ou s’ils arrivent en CP sachant lire, de toute façon, ils s’embêtent toute l’année, donc ce n’est pas très intéressant.

E Est-ce que Camille a été environné de livres ?

M Oui. On croule sous les livres. Je ne sais plus où les ranger.

E C’est-à-dire ?

M Ben..

E Combien de livres a-t-elle personnellement ?

M Personnellement, je ne peux pas vous dire parce qu’ils sont un peu à tout le monde, j’ai cinq enfants. Je peux vous dire au point de vue de livres adultes on en a plus de mille et au point de vue livres d’enfants, on en a plusieurs centaines. Y’a des livres partout. Livre de CP, de niveau débutant lecture, Elle en a sûrement plus d’une centaine, entre les petits livres de poche, les albums, plus les abonnements divers... Des livres y’en a.

E Camille aimait lire quand elle était plus jeune ?

M Camille, elle a toujours adoré qu’on lui raconte.

E Des histoires ? A partir de quel âge ?

M Elle écoutait les histoires des plus grands. Elle venait toujours au moment de l’histoire, à l'âge de un an, elle était sur les genoux au moment de l’histoire des autres.

E Cela que vous aviez pris l’habitude de lire des histoires le soir à vos enfants, ou a un autre moment de la journée ?

M Oui, surtout les aînés. Pas trop de temps après. Elle est toujours venue pour les histoires, ils sont tous toujours venus.

E Et c’est quelque chose qui se faisait régulièrement, ou de temps en temps ?

M J’essayais de le faire tous les jours normalement.

E Quel style d’histoires ?

M On a beaucoup raconté « les belles histoires » parce qu’on était abonné et puis qu’eux ils aimaient bien. Des albums, des contes et des contes sans illustration quelquefois. Généralement ils préfèrent illustrées.

E Ah oui.

M J’ai jamais raconté, de moi-même, des BD. Une fois qu’ils savent lire, ils en lisent, j’ai jamais...

E Vous n’êtes pas BD ?

M Si, moi j’adore ça, mais je ne sais pas, je n’aime pas raconter une BD. je préfère une histoire qui coule.

E Oui, c’est pas facile. Quand vous dites « je », ça veut dire que vous vous impliquez vous-même ou est-ce que votre mari participait également ?

M Mon mari, il n’a pas vraiment des horaires compatibles avec ceux des enfants. Donc ça lui arrive en vacances mais le reste de l’année, c’est exceptionnel. Faute de temps. Quand il rentre à 9 heures, l’histoire du soir, elle est passée depuis longtemps.

E C’est-à-dire qu’il y a une régularité dans le sommeil des enfants, l’heure du coucher est fixée à une heure précise ?

M Oui, à une demi-heure près.

E Oui, de façon à ce que les enfants puissent se reposer, c’est ce que vous voulez dire ?

M Oui.

E Quels livres ont les autres enfants, parce que là y’a un petit peu un mélange, une fraternité, à travers la fratrie, est-ce que les enfants ont été abonné relativement tôt à des abonnements de livres ?

M Au début, j’ai acheté Popy , très vite, pour l’aîné de temps en temps, après Pomme d’Api, puis Les belles histoires et puis... j’abonne plutôt petit, et plus grand, je leur conseille d’aller plutôt fouiller dans les stocks ou d’aller à la bibliothèque. En fait, j’ai plutôt abonné entre trois et sept ans et puis après.

E Et Camille n’a pas son abonnement ?

M Camille n’a plus d’abonnement.

E Elle en avait avant ?

M Elle en a eu, oui. Elle a été abonnée à Pomme d’Api, Les belles histoires...

E Vous allez aussi à la Médiathèque de temps en temps.

M Cette année, pas beaucoup, parce que c’est pas ouvert le mercredi matin.

E D’accord, c’est une erreur de la municipalité.

M Tout à fait.

E Autrement, vous y alliez auparavant ?

M J’y allais plus là où nous étions auparavant, il y avait un bibliobus, donc on allait très régulièrement au bibliobus et un peu à la bibliothèque. Je dois dire qu’ici on y va moins, ils ont des bibliothèques à l’école, où ils prennent des livres. Donc du coup, j’y vais de temps en temps mais pas régulièrement.

E Tout à l’heure vous parliez du travail du soir de Camille, comment cela se passe ?

M Elle a toujours une ligne à faire, donc elle fait sa ligne. Eventuellement, elle la refait à côté si... et elle fait sa lecture. Elle l’a fait déjà très bien, donc c’est rare que je reprenne..

E Quand vous dites elle fait ou elle refait, qu’est-ce que cela veut dire ?

M Ben, elle lit.

E Elle lit. C’est pas une enfant qui accroche, elle se débrouille en lecture ?

M Ah oui. Depuis le mois de novembre elle lit des livres. Ce que j’appelle des livres, elle a démarré avec des albums où il y avait peu de choses d’écrites, maintenant elle lit des livres qui commencent à être un peu plus conséquent.

E Vous la considérez comme une enfant qui marche bien à l’école ?

M Oui, tant mieux.

E Aucun problème ! Ca vous désole on dirait ?

M Non, non, parce que j’ai assez à faire sans rajouter des problèmes scolaires. S’ils en avaient tous, je ne m’en sortirai pas, donc il vaut mieux que ça marche.

E C’est une enfant qui se débrouille bien au niveau de la lecture. Au niveau de ses jeux maintenant, que fait-elle ? Est-ce qu’elle aime bien jouer ?

M Oui, énormément. Elle fait... poupée... elle fait beaucoup de jeux de construction, des chalets, Kapla qui sont des lattes de bois qu’on empilent... en gros c’est ça.

E Est-ce qu’elle aime jouer à des jeux de société ?

M Elle aime ça mais, je n’ai pas beaucoup de temps pour jouer avec elle, et les autres... ça se passe pas toujours bien, donc... ça on fait plutôt pendant les vacances. Pendant l’année on n’en fait pas tellement, pendant les vacances, oui, on en fait pas mal.

E Camille est la plus jeune ?

M Il y en a un derrière.

E Camille profite un petit peu de ses aînés, en fin de compte, dans les apprentissages qu’elle peut faire ?

M Elle a beaucoup joué à l’école avec ses deux soeurs. Ça c’est sûr, pour la lecture, ça l’a... pour l’apprentissage des lettres, etc. elle a sûrement appris en partie comme ça. Elle a fait des kilomètres de lignes d’écriture en jouant à l’école. Donc, elle a appris comme ça en partie.

E Et là, vous n’aviez pas forcément une implication directe ?

M Non, là c’était pas moi. C’était quand elle jouait. J’allais pas toujours voir ce qu’elle faisait. C’est pas moi qui leur ai dit « faites comme ça, jouer à l’école comme ça, c’est elle qui se sont débrouillées.

E C’était spontané.

M Oui.

E Et vous, est-ce que vous donniez des exercices supplémentaires à vos enfants ? Cahiers de vacances...

M Cahiers de vacances, ils en ont toujours réclamé l’été. Généralement on les fait mais j’ai jamais forcé. Si vraiment on me dit non... Mais à cet âge là, ils ont toujours voulu les faire, après c’est plus délicat. (rire). Jusqu’en CE1, ils ont toujours voulu les faire, ils les ont toujours faits. Ils en ont fait parfois deux dans l’été, parce que les journées pluvieuses, ils étaient très contents de les faire.

E C’était un passe-temps.

M Oui, ils étaient contents, puis ils sont très ludiques les cahiers de vacances. Sinon, pendant l’année, je ne donne pas de choses supplémentaires, sauf vraiment si il y a un point... mais pas à cet âge là, plus grand, si il y a un point mal compris, sur des leçons plus précises. C’est exceptionnel.

E Au niveau de la télévision, quel est votre point de vue par rapport à ça ?

M Euh... chez moi, ils regardent en priorité des cassettes.

E Oui.

M J’ai horreur qu’ils allument la télévision au hasard. Ils regardent plus cette année, parce que sur cinq, y’en a toujours un qui veut l’allumer, donc on est pas toujours derrière pour vérifier. Théoriquement, ils n’ont pas le droit de regarder le soir. Evidemment pas le matin, ça c’est évident.

E Si on pouvait chiffrer, grosso modo, en temps journalier ? un quart d’heure, une demi-heure ?

M C’est pas par jour. Le mercredi, si ils regardent une cassette complète, c’est une heure. Le week-end c’est pareil, si il fait pas beau, ils regardent une cassette complète, c’est une heure. Ils ne regardent pas dix minutes, parce qu’on a pas..., éventuellement le petit ça peu arriver, mais les autres ils ne s’arrêtent pas au bout de dix minutes. Ils regardent ou à la moitié du film, parfois on ne regarde pas forcément tout.

E C’est quel genre de cassettes ?

M Walt Disney, comme tout le monde, de préférence non violent.

E C’est un principe chez vous, la télévision est sous contrôle ?

M Oui. Les cassettes déjà sont sous contrôle. Même si l’aîné commence à enregistrer des choses, il n’enregistre pas ce qu’il veut.

E Et pourquoi ?

M Parce que moi je considère que la violence, si on en voit trop, elle est intégrée, on sait plus ce que sait. La deuxième raison, c’est qu’au niveau des petits, je tiens pas à avoir des cauchemars la nuit. (rires). L’aîné, peut-être moins, mais les filles, c’est vrai qu’il y a des choses qui les impressionnent et je ne vois pas l’intérêt de leur montrer des choses qui vont les impressionner. Si elles peuvent attendre deux ans, elles les verront dans deux ans.... en gros, c’est ça. Et puis moi, personnellement, je ne suis pas une fan de télé, donc je ne les pousse sûrement pas à regarder la télé. J’ai plutôt toujours tendance à restreindre qu’à pousser.

E Vous n’êtes pas une fan de télé, mais par contre, quand vous me dites que vous avez beaucoup de livres, vous êtes peut-être une lectrice ?

M J’ai été... j’ai dévoré tout ce qu’il me tombait sous la main. Maintenant je ne lis presque plus faute de temps. J’ai lu, oui, pratiquement tous les livres qui sont ici, je les ai lus. Je lis encore, généralement, j’essaye de lire les livres que les enfants rapportent, pour voir ce qu’il y a dedans et puis éventuellement quand ils en parlent pour comprendre de quoi ils parlent.

E C’est-à-dire que c’est la charge familiale, de la maison, qui fait que vous n’avez pas le temps ?

M Oui, c’est pas seulement une question de temps. C’est que, il faut un minimum est tranquille pour lire un livre un peu intéressant. Et quand on est dérangé tous les trois minutes, on en sort pas.

E Votre mari est un lecteur également ?

M Mon mari lit, oui sans être un accro.

E Sa profession ne lui permet peut-être pas forcément de ...

M Il lit pendant les vacances surtout, ce soir, c’est sûr qu’il n’a pas beaucoup de temps.

E Au niveau de l’écrit, de la famille, est-ce que vous utilisez par exemple, un répertoire téléphonique ?

M Oui.(rires)

E Ça vous paraît...

M Ça me paraît (rire)... c’est peut-être pas évident pour tout le monde mais ...

E Non c’est pas évident pour tout le monde...

M Oui, j’imagine bien mais j’en utilisais déjà un quand j’avais cinq ans chez mes parents.

E Est-ce que vous utilisez également un agenda ?

M Oui.

E Et un calendrier. De façon régulière ?

M Oui.

E Vous partez en vacances, je suppose ?

M Oui, ça arrive.

E Vous prenez des photos ou des films ?

M Oui.

E Est-ce que cela vous arrive de les classer ?

M Avec deux ou trois ans de retard, oui. On finit par le faire.

E Au niveau de votre rangement administratif, est-ce que vous rangez vos papiers ?

M Il vaut mieux, oui.

E Vaut mieux. Au niveau de vos comptes, est-ce que vous faites confiance à la banque ou est-ce que vous suivez vos comptes personnellement ?

M Je suis.

E Je suppose que vous êtes cuisinière aussi. Ça vous arrive de copier des recettes aussi ?

M Oui, ça m’arrive, de temps en temps.

E Et ça vous arrive d’écrire autrement. Est-ce que vous avez une habitude au niveau de l’écrit ?

M Je fais un petit peu de courrier quand j'ai le temps.

E Qu’est-ce que cela veut dire un petit peu.

M Envoyer des lettres familiales, dans la mesure où on n’a pas de famille dans le coin. Ça prend beaucoup de temps, donc je ne le fais pas beaucoup, beaucoup.

E C’est régulier.

M Non, c’est pas régulier, c’est quand... de temps en temps je m’y mets et puis il y a des périodes où je ne le fais pas.

E J’ai eu un papa qui m’a dit : « nous on fait de temps en temps du courrier, c’est 50 cartes postales pendant les vacances, par exemple ».

M Ah non, ça m’arrive, mais je ne considère pas que c’est du courrier. La carte postale où l’on met « gros bisous », pour moi c’est pas... Non, j’en fais, c’est vrai qu’il y a des occasions ou je me force à en faire, du style nouvel an, je me tape la corvée, mais je fais ça sous forme de lettre.

E C’est plus sympathique, plus...

M Je ne me contente pas de mettre « meilleurs voeux ». C’est ça que j’appelle du courrier.

E Pour en revenir aux attitudes scripturales de la famille, quand vous faites vos courses, vous faites une liste ?

M Généralement, oui.

E Et, est-ce que votre mari est impliqué dans ces trois ou quatre attitudes scripturales, est-ce que votre mari est impliqué dedans ? Non, pas forcément ?

M Pas trop dans le courrier. Y’a quand même un problème de temps. Au niveau des courses, si il en fait, on fait une liste, ou c’est moi qui la fait et je lui donne, ou on la fait ensemble, ça dépend du type de course... Au niveau des papiers, etc., c’est l’un ou l’autre, c’est celui qui a le temps de le faire.

E On sent que les tâches sont assez bien réparties. Vous êtes plus à la maison et votre mari...

M Oui, bien disons, c’est quelque chose qui est peut-être actuellement... il a effectivement, il a le boulot qui le prend beaucoup, ça pas toujours été à ce point là. Donc c’est vrai qu’il y a eu des époques où il rentrait un petit peu plus tôt. Quand il pouvait rentrer, avant le coucher des enfants, c’était à peu près un soir sur deux les histoires. Maintenant, de toute façon, c’est beaucoup plus tardif donc... C’est un petit peu conjoncturel, c’est pas... ça pas été comme ça au départ institué.

E Ce sont les événements qui ont...

M C’est vrai que actuellement, il n’a pas de temps de disponible. C’est comme ça. Ça changera peut-être.

E Cela ne l’empêche pas d’être proche de ses enfants.

M Oh oui, tout à fait.

E Comme vous dites, il participait à la lecture du conte le soir.

M Oui oui oui! Il regarde les cahiers, parfois avec des semaines de retard... mais il regarde.

E Pour revenir davantage sur la lecture maintenant, pour vous quel est le meilleur moyen pour qu’un enfant apprenne à lire, je dis pas forcément Camille mais... est-ce que vous avez votre idée à ce sujet ?

M Moi, je dirais, faut qu’il est envie d’apprendre à lire, parce que l’apprentissage en lui-même, ça dépend quand même beaucoup de la méthode, enfin... et puis y’en a qui sont gênés par des choses et d’autres, enfin, on n’y peut pas forcément grand chose au départ. Mais pour qu’il ait envie, je pense que si il n’y a pas de livres chez lui, il ne verra pas l’intérêt de lire, déjà. Ça, ça me paraît évident. Un enfant qui n’a jamais vu un livre, ça va pas être tenté de chercher particulièrement ce qu’il y a dedans... Pour moi c’est un peu le principal. Je crois que l’environnement est quand même important. En maternelle, j’ai vu des maternelles, on leur donnait énormément de livres... ils avaient déjà une bibliothèque en maternelle, y’en a d’autres où il y n’en ont pas. Ça me paraît assez intéressant d’avoir déjà une bibliothèque en maternelle.

E Vous m’avez dit tout à l’heure que vous avez fait l’expérience de plusieurs CP, puisque vous avez voyagé. Quel est votre oeil critique par rapport à tout ça ?

M La critique générale que je pourrais faire, peut-être moins pour le CP, mais en tout cas pour les trois autres, c’est que je trouve que l’on a pas assez de contacts avec les maîtresses et qu’en fait le comportement de l’enfant vis-à-vis de la lecture peut être très différent chez lui et à l’école. Et j’ai eu... deux problèmes inverses avec deux de mes filles. Y’en a une qui a fait un blocage au premier trimestre parce qu’en fait elle avait tellement une bonne mémoire qu’elle mémorisait, elle avait une méthode très globale, elle mémorisait tout, et du coup elle ne faisait aucun effort quand elle ne connaissait pas un mot. Donc au bout de trois mois, début décembre, quand elle voyait un mot inconnu mais qu’elle aurait pu trouver, elle disait « non, on a pas vu », donc blocage complet, elle ne voulait plus absolument voir un mot qu’elle n’avait jamais vu. J’ai essayé d’en parler à l’école à la maîtresse qui m’a dit à l’école elle lit très bien. Non à l’école, elle récite très bien. Et la maîtresse n’a pas voulu comprendre et en fait, j’ai essayé d’en parler avec elle, et elle n’a pas voulu du tout comprendre le comportement que ma fille avait à la maison. Elle a pas voulu, ou elle a pas su comprendre. C’est vrai qu’a priori la mienne ne posait apparemment pas de problème par rapport à beaucoup d’autres de la classe et donc, en fait en février, voyant que c’était toujours au même point, je lui ai réappris à lire en syllabique. En disant : « quand tu vois un mot, tu fais lettre à lettre, tu assembles etc... » Sinon elle va rester avec les mots qu’elle connaît, ceux qu’elle connaît pas et elle n’arrivera jamais à lire un mot qu’elle ne connaît pas. Et donc elle a recommencé à ce moment là à lire. J’ai eu le problème inverse avec une autre, qui à l’école, elle faisait exactement ce qu’on lui demandait bien, mais elle ne montrait pas qu’elle pouvait faire plus, et à la maison, pendant ce temps là, elle me lisait des livres le soir. C’était elle qui me lisait l’histoire du soir. Et quand j’ai dit ça à la maîtresse à la Toussaint, la maîtresse m’a dit : « non, à l’école, elle ne lit rien, elle ne lit que ce qu’on a fait ». J’ai dit, « oui, mais à la maison, elle me lit l’histoire du soir ». Et y’a eu le même phénomène que la maîtresse n’a pas voulu me croire au départ et pendant un mois, elle m’a dit « mais non, je vous assure, qu’elle ne sait pas lire ». J’ai dit « non ». Et pendant un mois, elle m’a dit ça et un jour je suis allée la voir avec ma fille et elle lui a fait lire un livre qu’elle n’avait jamais lu et elle l’a lu. Mais il a fallu que j’y aille avec elle en disant : « mais, écoutez, faites lui lire quelque chose, vous verrez bien ». Parce qu’elle lui faisait lire que des... que des choses qu’elle avait lues et quand par hasard elle lui demandait de lire par exemple une consigne d’exercice, ma fille l’a lisait mais pas à haute voix parce que habituellement on leur demande pas de lire à haute voix, donc la maîtresse me disait : « vous voyez elle ne lit pas les consignes ». Et en fait, dans les deux cas, c’est quand même un problème de communication, c’est pas un problème d’apprentissage de la lecture. C’est un problème de communication qui fait que finalement... bon et bien dans un cas c’est plus embêtant que l’autre parce que quand le gamin sait déjà lire, c’est pas bien grave à la limite sauf qu’elle revenait tous les soirs en me disant : « je m’embête parce que l’on fait pas assez de choses », ce qui est un peu dommage. Dans l’autre cas, si moi je n’avais pas été derrière à vérifier etc., en juin elle ne savait pas lire. Elle serait passée en CE1, la maîtresse ne sachant pas qu’elle ne savait pas lire en fait. C’était ça le problème en fait. Redoubler son CP, c’était idiot, parce qu’elle était capable d’apprendre à lire, mais de toute façon elle ne l’aurait pas redoublé et elle serait arrivée en CE1 ne sachant pas lire une consigne d’exercice ou quoi que ce soit et la maîtresse de CP ne sachant pas... vous voyez ce que je veux dire.

E Oui. Et maintenant...

M Ça marche très bien, sauf que par rapport aux autres aux mêmes dates, elle est un petit peu plus hésitante en lecture à haute voix. Ca ne l'empêche pas de bien marcher.

E Vous attachez une importance à la lecture à haute voix ?

M Pour moi, c’est le seul moyen de voir si ils lisent vraiment tout. Elle, entre autres, j’essaye de la faire lire à haute voix ses consignes d’exercices etc. parce que je me rends compte qu’il y a beaucoup de mots que... elle lit la première lettre et hop elle invente la suite. C’est gênant.

E Est-ce que dans vos relations, vous maintenez toujours un contrat de confiance avec l’instit ?

M Oh, ça c’est toujours bien passé. Oui, mais c’est vrai... que je n’ai pas expliqué à l’instit que je lui réapprenais à lire par derrière. Parce que manifestement, au bout de deux mois, ça se débloquait pas et manifestement, j’en ai parlé plusieurs fois à l’instit que je connaissais en plus, parce qu’elle avait eu la précédente donc j’avais quand même un contact facile avec elle. Je l’avais eu pendant un an avec l’autre et manifestement, elle voyait pas le problème. Donc c’est vrai que je ne suis pas allée lui dire « je vais lui réapprendre à lire », je ne vois pas ce que cela aurait apporté, à part qu’elle se vexe.

E Et Camille, elle profite un petit peu de tout l’héritage de ses frères et soeurs pour bien lire sans problème en fin de compte. Alors, quelles sont ses qualités à Camille ? Comment vous la percevez ?

M Je pense que, pas forcément que Camille, ils ont tous une bonne mémoire, donc je pense ça leur facilite la tâche quand même, je sais pas, sûrement un esprit assez organisé, elle ne fait pas tellement de mélanges, par rapport à la lecture...

E Vous pouvez dire sur autre chose...

M C’est sûr qu’elle ne considère pas cela comme une corvée. C’est évident, ça l’amuse et en plus, j’ai quand même moins de temps pour lui lire des histoires donc elle est très contente de les lire toute seule, c’est évident.

E Elle a passé le cap de se faire lire des histoires...

M Elle aime toujours ça mais... quand vraiment elle voit que personne n’est disponible, elle va se les lire toute seule.

E Et le petit dernier, il profite des histoires des autres, et vous lui racontez des histoires aussi ?

M Oui, peut-être moins régulièrement.

E Il a quel âge ?

M Il a trois ans. Si moi je ne lui raconte pas, ses soeurs lui racontent aussi. Donc globalement, il doit en avoir autant que les autres, mais c’est pas moi forcément qui les racontent.

E La fonction est un petit peu partagée.

M C’est vrai que les grandes aiment bien lui raconter aussi...

E Est-ce qu’on peut dire que Camille a commencé à s’intéresser à la lecture au CP au bien avant ?

M Bien avant.

E Bien avant. Vers quel âge ?

M Et bien en grande section, elle me lisait déjà..., en moyenne section elle me disait déjà : « l’année prochaine, je ne veux pas aller en grande section, je veux aller au CP pour apprendre à lire ». Donc la moitié de l’année de grande section, elle m’a répété : « l’année prochaine, je vais aller au CP pour apprendre à lire » donc...

E Elle était curieuse...

M Oui, puis elle avait envie de faire comme les plus grandes, les autres...

E Elle a envie de grandir dans ce sens là...

M Oui.

E C’est-à-dire qu’elle avait envie d’être comme les autres, c’est ce que vous voulez dire.

M Oh oui, sûrement, oui. Elle avait envie de ne pas être la petite pendant que les autres sont les grands.

E Tout à fait. Et Camille a commencé son apprentissage de la lecture au niveau de la grande section. Est-ce qu’auparavant elle se sentait attirée par cela ou est-ce qu’on peut dire qu’elle a commencé à s'intéresser à tout ce qui était écrit bien avant ?

M Je pense que oui, dans la mesure où elle regardait les livres, elle.... un de ses jeux, à une époque, avec sa soeur, c’était d’essayer de se raconter une histoire telle qu’on avait pu leur raconter, en essayant de pas se tromper de pages. Bon, c’était uniquement de la mémorisation, évidemment, c’était quand même, quelque part... elles arrivaient, « regarde, maman, je sais lire », et elle me racontait l’histoire que j’avais racontée la veille. Ça, elles le font assez vite...

E C’est-à-dire vers quel âge ?

M En moyenne section, elles le faisaient.

E C’est amusant comme jeu et c’est important en plus au niveau de la construction.. La méthode de lecture, vous la connaissez un petit peu ?

M J’avais pas eu ça pour les autres, mais pour l’aîné j’en avais une assez équivalente. C’était « lecture en fête » qui a priori suit à peu près le cheminement équivalent, je pense. Celle là va peut-être un petit peu plus vite au point de vue quantité de lecture, au niveau....... l’autre ça fait quelques années, alors comme je n’avais pas le bouquin, je ne me souviens plus très bien. Moi j’aime bien ce genre de méthode qui syllabe assez vite, qui dégage assez vite les sons. D’autant plus que maintenant, en grande section de maternelle, ils étudient quand même beaucoup les sons, donc je ne vois pas l’intérêt de ne pas l’introduire tout de suite en CP dans la mesure où ils l’étudient déjà en grande section, où ils sont déjà quand même assez familiarisés, ils les ont éventuellement déjà vus écrits pour un certain nombre.

E Je comprends ce que vous voulez dire.

M Je pense qu’attendre trois mois pour les réintroduire, c’est un peu dommage.

E C’est un peu dommage. C’est-à-dire que vous êtes plus, d’après ce que vous dites là, vous seriez plus proche d’une lecture syllabique qu’une lecture globale.

M Oui. Parce que les seuls problèmes que j’ai eus c’était avec la méthode très globale. Il faut bien le dire. Je crois que de toute façon, les deux sont ...... on peut pas faire que du syllabique, on peut pas leur donner, comme on faisait à une époque, BOL B O L, parce que ça n’avance pas. Il faut bien qu’ils... et de toute façon, s’ils veulent lire vite, je pense qu’il faut, s’ils veulent lire avec une vitesse suffisante, il faut qu’ils aient suffisamment de choses à lire en quantité... sinon ils essayeront pas de lire vite.

E C’est-à-dire qu’il faut qu’ils globalisent rapidement, c’est ce que vous voulez dire ?

M Non, ce que je veux dire, c’est que j’aime bien ce genre de méthodes où à la fois on leur montre des textes qu’ils sont obligés de globaliser, forcément et à la fois on leur apprend quand même qu’on peut décomposer pour aussi lire des mots qu’on a jamais vus. Qu’ils ne contentent pas de globaliser.

E D’accord. Et les autres enfants avaient d’autres méthodes de lecture ?

M Alors l’aîné a eu une lecture. En fait, je crois que c’est une lecture un peu ancienne « lecture en fête » maintenant, je crois que c’est un peu équivalent à celle-ci, je pense.

E C’est pareil.

M Les deux autres, la deuxième et la troisième ont eu, ce que j’ai crû au départ être la même méthode mais qui en fait comportait un certain nombre de différences à savoir que les enfants créaient leur livre. On leur faisait raconter ce qu’ils faisaient et après on faisait la phrase à partir de cela. Et puis il y avait les fiches de sons à introduite etc... Alors il y a deux choses, les fiches de sons étaient introduire très tard, pratiquement à Noël, sauf pour le A, les sons complètement basic qu’on ne peut pas se tromper, parce que le A... y’a pas cinquante façons de l’écrire. Donc, déjà les fiches ont été introduites très tard et ensuite au niveau du vocabulaire, d’abord ça faisait des textes très courts parce qu’au départ c’était une phrase. On restait la semaine sur la même phrase. Ensuite, les enfants, on leur demandait de refaire des phrases mais à partir de ce qu’ils avaient déjà vu, donc finalement ils réutilisaient toujours les mêmes mots. Y’avait très peu de mots nouveaux, et donc on se retrouvait à la moitié de l’année avec des enfants qui avaient vu un nombre de mots finalement très réduit, ils avaient vu une centaine de mots...

E très réduit.

M Bah finalement, ils avaient vu peut-être une centaine de mots. Par rapport à un bouquin comme ça, c’est pas beaucoup cent mots. Donc, j’ai trouvé que c’était plus intéressant d’en voir plus.

E D’accord, vous pensez que la méthode au "fil des mots" est une méthode...

M Avec aussi, l’inconvénient par rapport à un livre, qui a quand même été pensé, on peut l’imaginer, donc dans une même page, y aura quand même une étude d’un certain son de préférence et donc un certain nombre de mots différents contenant ce son, ce qui ne se passe pas du tout quand on fait ses phrases soi-même, parce que les enfants, eux, ils racontent ce qu’ils ont fait et s’il y a un son qui n’apparaît jamais, et bien il n’apparaît jamais, et c’est du coup beaucoup plus difficile de le, pour l’enfant de le travailler. Pour les sons un petit peu compliqué, finalement, ils n’apparaissaient pas souvent et les enfants butaient plus, sur des sons un petit peu compliqués, du style des AIE... qui sont pas courants. Donc les sons courants, ça ne pose pas de problème, mais dès que c’était un petit peu moins courant...

E Pour vous, les enfants doivent savoir lire à la fin du CP ?

M Qu’est-ce que vous appelez savoir lire ?

E Déterminez le vous-même.

M Moi, quand à Noël, ils ne lisent rien, je m’inquiète. En gros c’est ça. Quand je me suis rendue compte début décembre que j’en avais une qui, à mon avis, n’avait pas progressé depuis septembre, j’ai dit, faut faire quelque chose sinon à la fin de l’année ça va être...

E Vous commenciez à paniquer un petit peu...

M Paniquer, j’irais pas jusque là... mais il faut surveiller, il faut quand même, il faut pas se réveiller au mois de mai.

E Donc la maîtresse ne voyait rien en fin de compte.

M Non.

E Peut-être que vous étiez plus exigeante que la maîtresse ?

M Je pense que l’environnement faisait, effectivement, que la maîtresse en avait d’autres qui avaient bien d’autres difficultés et donc ça lui paraissait pas flagrant. Je pense aussi que le fait d’avoir eu la soeur qui n’avait pas fait la grande section au même endroit, qui donc avait fait un préapprentissage assez poussé, elle a pas vu la différence entre les deux, ça a dû jouer, effectivement. Sa soeur à Noël lisait sans problème et elle a pas réalisé que celle-là, elle récitait elle ne lisait pas, elle a pas vu... c’était pas évident à voir, parce qu’elle récitait très bien.

E Oui, elle se débrouillait quand même, elle comprenait ce qu’elle lisait ou ce qu’elle récitait.

M Oui, mais parce que de toute façon il l’avait déjà lu dix fois en classe et puis c’était justement la méthode ou c’est les trucs racontés par les petits copains, de toute façon on a déjà compris avant de le lire. Avant de le lire on sait ce qu’il y a dedans. A partir du moment où avant de le lire on sait ce qu’il y a dedans, effectivement, c’est pas forcément évident de déterminer si on le sait par coeur ou si on le lit.

E Tout à l’heure vous employiez un terme spécifique « les sons basiques », qu’est-ce que vous appelez sons basiques ?

M C’est tout, cet apprentissage de sons qu’on leur fait faire maintenant dès la grande section sur... par exemple le O qu’on traite au niveau du son O et non pas au niveau de la lettre O. Toutes ces...

E Est-ce que vous assimiliez ça au B A BA ?

M C’est plus que le B A BA, je pense. Parce que, enfin, c’est aussi une visualisation du mot écrit, alors que le B A BA, on déchiffre, mais ça donne pas forcément, tout de suite la retranscription écrite, tandis que là, moi, ça très très bien marché pour l’aîné, qui après, quand il écrivait un mot, commençait par me dire, le son O, en l’occurrence parce que c’est celui qui est quand même le plus... le son O de quelle façon il s’écrit. Alors que la deuxième et la troisième qui ont étudié beaucoup plus tard ces choses là, sont beaucoup plus mauvaises en orthographe et écrivent automatiquement, quand elles ne savent pas, le O tout bête. Elles ne pensent pas à se dire « eh bien tiens, c’est peut-être un autre ». Je pense qu’à ce niveau là, effectivement, si c’est bien fait dès le début, ça donne tout de suite un autre raisonnement au niveau de l’orthographe.

E Il y a une maman qui m’a dit un jour «  de toute façon, qu’importe la méthode de lecture, du moment que l’enfant soit curieux », comment vous réagissez à cela ?

M Je crois que si effectivement si un enfant est bien environné et très intelligent, il s’en sortira toujours, je crois que bon... maintenant si il y a un problème particulier, ça me paraît pas aussi évident, je crois que la méthode est importante. Peut-être que ce ne sera pas la même qui sera la bonne pour tous les enfants, ça je ne peux pas juger, moi je juge sur ce que j’ai vu...

E Tout à fait.

M Je pense que la méthode a quand même de l’importance, ne serait-ce aussi que pour leur donner le goût de lire, parce que c’est vrai le B A BA tout bête, c’est quand même nettement plus casse pied que de pouvoir lire directement quelque chose qui tient debout.

E Donc on navigue un petit peu entre les deux, entre les trois, une conception syllabique, une conception de compréhension réelle de comment sont agencés les syllabes et les sons, et également un troisième vecteur qui serait peut-être plus de l’ordre de la compréhension du texte, c’est ce que vous voulez dire un petit peu ?

M Bah, je crois que la lecture, ça ne va pas sans la compréhension, sinon... lire un mot sans comprendre ce qu’il veut dire ce n’est pas la peine.

E Oui, ça vous semble important.

M On ne peut pas dire que quelqu’un sait lire si il sait juste déchiffrer les sons et si il n’est pas capable de comprendre ce que c’est.

E Pour vous c’est évident.

M Oui, ben ça sert à rien. C’est évident... ça ne sert à rien pour lui, c’est, ânonner quelque chose sans comprendre le sens ça ne sert à rien c’est, ça ne change rien par rapport à ne pas lire du tout.

E On a pratiquement fait le tour des questions. Des questions d’ordre sociologique vous et votre mari pour qu’on puisse avoir une cartographie de l’ensemble de votre famille. Pour ne pas vous demandez votre âge, votre date de naissance à vous ?

M 1961.

E Votre mari ?

M 1956.

E Le dernier diplôme que vous avez eu ?

M Maîtrise Gestion.

E Gestion commerciale ?

M Gestion plus commerciale, financière pour mon mari, et financière pour moi.

E Ça fait bac + 4.

M Oui.

E Et votre mari ?

M Le dernier diplôme universitaire c’était une maîtrise mais il a refait une formation.

E Il a fait une formation parallèle. Au niveau du revenu familial, sans entrer dans les détails, je vous donne des fourchettes, entre 5 et 10.000, entre

M Vous parlez en ...

E Pas en Euro, en francs.

M Non, en brut, en net. Ah ben, y’a 20 % d’écart.

E C’est vrai avec les cinq enfants, vous touchez..

M Y’a ça aussi, y’a les alloc... c’est très compliqué.

E Entre 5 et 10.000, entre 10 et 15, entre 15 et 20 et au-delà de 25 ?

M En rajoutant les alloc., c’est au-delà de 20.

E Dans le même ordre d’idée, la profession de votre mari ?

M Il est cadre à la banque.

E Il est cadre financier ?

M Non.

E Et vous, votre profession ?

M Je...

E Mère au foyer.

M Oui, je n’ai pas de profession déclarée, ni rémunérée.

E Si, un petit peu, par les allocations quand même. C’est un choix de ne pas avoir fait une profession et de...

M Un choix, oui et non. Ça a été pour raison de santé au départ, et ensuite pour raisons enfants et déménagements. C’est-à-dire que j’ai travaillé pendant très peu de temps, j’ai été obligé de m’arrêter pour raison de santé et après bon, ça été un choix de vie, on préfère avoir des enfants et puis, après, comme mon mari commençait à bouger, c’est même pas la peine d’essayer.

E Au niveau des associations, vous faites partie d’associations ?

M Association de parents d’élèves, mais de loin. Non pas vraiment.

E Camille fait des activités extra-scolaires ?

M Elle fait de la danse. Pour l’instant c’est tout.

E C’est déjà pas mal. Maintenant au niveau de l’organisation de la famille. Est-ce qu’il y a des tâches qui incombent au papa et des tâches qui incombent à la maman ?

M Disons, par obligation. C’est pas forcément maman qui passe l’aspirateur en théorie, en pratique c’est plutôt moi pendant la semaine. Mais y’a pas de créneau, c’est pas papa ne touche pas à la cuisine. Y’a quand même un créneau sur le repassage, sauf vraiment au fond du mal... il a du mal à repasser. Je ne pense pas que les enfants le ressentent dans la mesure où le week-end ou en vacances, c’est beaucoup plus flexible, je ne pense pas que les enfants ressentent que maman a fait le boulot à la maison et papa n’y touche jamais parce que c’est pas son rayon. On a jamais fait comme ça, au début on faisait, quand on était étudiant, ensuite quand je travaillais, tout le monde faisait tout, ça n’a jamais été... après effectivement, ça se répartit, mais plus pour des questions de disponibilité que des questions de choix.

E Je vous remercie. Est-ce que vous auriez d’autres choses à rajouter plus spontanément sur l’apprentissage de la lecture ou vos convictions de façon générale, des choses qu’on n’a pas soulevées.

M Je pense qu’on a parlé de pas mal de choses. Non, nous on a toujours voulu qu’ils aiment lire. On a toujours pensé que c’était un plus de pouvoir lire ce qu’on voulait, d’apprécier les livres, d’aller y chercher ce qu’on voulait etc.

E Pourquoi.

M Pourquoi. Déjà tout bêtement, au niveau scolaire, si ils sont capables d’aller faire une recherche dans un bouquin, c’est quand même beaucoup plus intéressant que de se cantonner à ce que l’on leur a mis sous le nez. Et puis par goût, moi j’ai toujours aimé lire et j’ai toujours pensé que c’était sûrement... un bon moyen aussi d’appréhender le monde, de se faire une idée de ce qu’il peut se passer même si on n’est pas forcément à l’endroit où cela se passe. De faire un peu un préapprentissage des choses aussi. C’est sûr qu’à leur âge ils lisent plus des romans, faire un peu un préapprentissage de la vie quoi. Avoir...

E Des éléments de connaissance.

M Oui.

E Je vous remercie.