Entretien n° 33 avec Famille LEMAT

Le 04 avril 1998

E Apprentissage de la lecture, qu’est-ce que cela évoque pour vous ?

M Pour moi, c’est savoir décrypter un texte et le comprendre, ça se résume à ça principalement, la lecture, et puis donner le goût de lire après mais dans un premier temps c’est surtout ça.

E Qu’est-ce que vous entendez par décrypter ?

M On peut savoir lire un texte phonétiquement et ne pas le comprendre, c’est ça que j’entends par décrypter, et puis surtout comprendre ce qu’on lit.

E L’essentiel, c’est de comprendre pour vous.

M Oui. Si on lit sans comprendre, ça n’a pas beaucoup d’intérêt.

P Y’a deux types de lecture : mentale et à haute voix. Certaines personnes peuvent lire mentalement sans pouvoir prononcer de façon très précise les mots. Y’a aussi ne pas accrocher sur chaque mot, commencer un mot et le finir mal, le confondre avec un autre mot, c’est ce qui peut arriver chez certains enfants.

E Quand, Agathe a-t-elle commencé son apprentissage de la lecture ?

M Vraiment la lecture à partir du CP. Elle savait lire quelque mots avant, mais... en grande section elle savait quelques mots, son prénom, papa, maman, des mots simples... mais nous on a été vraiment... oui, les prénoms de ses camarades de classe, elle savait déjà les lire l’an dernier, elle savait les reconnaître, mais le démarrage a été vraiment fulgurant... j’ai trouvé que c’était formidable...

P Oui, le démarrage a été fulgurant, très rapide.

M En février, elle savait presque lire couramment. La méthode y est certainement pour quelque chose... J’ai trois enfants, j’ai pu comparer, c’est elle qui a lu le plus vite et le mieux.

E La méthode de lecture vous la connaissez ?

M Oui, c’est, comment s’appelle ton livre : « Abracadalire ». C’est le nouveau livre. Ses frères c’était « au fil des mots » Ca a changé. Mais, l’esprit reste le même. Les histoires sont différentes mais l’évolution dans la façon d’apprendre à lire, c’est à peu près la même méthode. Un tout petit peu global au début et après le syllabique.

E L’enfant a-t-il du travail à faire le soir ?

M De la lecture. Elle a deux choses, son cahier de lecture, quelques mots à lire, c’est très succinct, et si elle le désire, elle peut ramener un petit livre de l’école. Et ça, elle le fait chaque soir, elle adore ça donc, elle lit ça en plus.

A Aussi on apprend des choses dans le grand cahier.

M Oui la découverte du monde un peu...

E Tu aimes bien lire Agathe ?

A Oui.

M Elle aime beaucoup. C’est vrai que je lui ai toujours lu des histoires le soir, ça lui a peut-être donné le goût de la lecture un peu.

E Vous pensez qu’il y a un lien ?

M Je pense que oui. Je pense que ça leur donne l’envie de lire. Ça joue !.

E Tous les soirs, vous lisiez des histoires ?

M Oui, au coucher.

E Depuis combien de temps ?

M Depuis que j’ai des enfants...

A Non, pas tous les soirs...

M Oh ! Pas tous les soirs mais très souvent quand même.

A Hier, on a ...

M Peut-être un peu moins qu’il y a quelques années. La télé remplace un peu parfois.

E Avant, c’était plus régulier ?

M Oui, c’était tous les soirs quand ils étaient petits.

P A partir de 2 ans, tu commençais à lui lire des histoires.

M Oui, c’est ça 2-3 ans.

E Des histoires que vous aviez...

M Des petits albums de la maison, elle a été abonnée à Abricot, Pomme d’Api, et puis plein d’albums.

E L’abonnement était régulier.

M Oui, ils ont toujours été... même encore maintenant. Ces frères qui sont plus grands ont un abonnement.

A Après j’ai envie de m’abonner aux « Belles histoires ».

M Oui, l’année prochaine...

E Les « Belles Histoires » de Pomme d’Api.

M Y’a Pomme d’Api et une autre revue « Les belles histoires », c’est toujours Bayard Presse.

E (s'adressant au père)Vous-mêmes vous lisez des histoires le soir ?

P Oui, tout à fait, peut-être moins souvent que toi, (s'adressant à sa femme). mais, au départ aussi fréquemment que toi et après j’ai laissé un peu ma femme prendre le relais.

E Quel genre de livres...

M Ah la la ! Ca peut être « Le petit chaperon rouge », les livres classiques, des tout petits livres..

P Tous les livres adaptés pour un enfant de son âge.

M Père Castor...

E Des livres que vous achetiez...

M Non

P Non, qu’on prend en bibliothèque.

M Les deux, on va à la bibliothèque mais il y a aussi des livres...

E Vous allez à la bibliothèque depuis combien de temps ?

M Depuis longtemps. J’ai toujours été plus ou moins à la bibliothèque, pour moi d’abord et pour les enfants ensuite. Maintenant, c’est beaucoup pour elle et pour moi. Ses frères ont un petit peu lâché... ils lisent moins.

P Même beaucoup lâchés.

M Ils lisent des revues plutôt que...

E Mais ils continuent à lire.

M Oui.

E Au niveau de la lecture, vous racontiez des histoires tous les soirs, avec un apport de livres de la bibliothèque et un apport de livres personnel. Est-ce que vous pouvez chiffrer globalement le nombre de livres qu’ont vos enfants ?

P Tous les enfants, combien ils ont de livres ?

E Est-ce que c’est supérieur à 50, à 100 ... ? Sans compter les abonnements.

P Une centaine peut-être.

M Oh oui ! une bonne centaine. C'est difficile, mais plus de 50, c'est certain.

P Si on rajoute les abonnements, les petits livrets etc. là ça fait beaucoup plus.

M Les BD, les Astérix... Et on est en dessous de la vérité

P Peut-être 150 . On n’a pas quand même une quantité astronomique de livres, on essaye quand même de limiter les achats...

M On emprunte beaucoup.

P ... compte tenu des prix.

M On n’en a acheté d’occasion.

E A vous entendre, vous aimez bien les livres.

P Oui, on aime bien les livres tous les deux.

M Moi, j’aime bien les romans, toi les livres plutôt scientifiques, avec ton boulot.

P Je ne lis pas beaucoup de romans, mais j’aime bien de temps en temps, de plus en plus d’ailleurs.

E Vous vous adonnez un peu aux romans ?

P Un petit peu mais j’ai quand même peu de temps, donc quand j’ai un peu de temps c’est ce que je fais.

M Moi, j’ai plus de temps, je ne travaille pas, j’élève les enfants.

E C’est un choix au niveau de la famille ?...

M Le fait de ne pas travailler ? Au départ c’était pas vraiment un choix, mon mari a beaucoup changé de travail, donc j’ai suivi un petit peu, et puis on a beaucoup déménagé... je n’ai pas non plus chercher... Et puis, on a eu les enfants et j’ai préféré choisir l’option, la qualité de vie, pour me consacrer plus aux enfants... Avoir une qualité de vie supérieure. Etre plus cool.

E Agathe a été très rapide à la lecture, pour vous c’est dû à quoi. Vous ne vous y attendiez pas...

M Si, mais, pas à ce point là dans la qualité de la lecture car vraiment elle lit bien, elle fait les liaisons, elle ne lit pas vraiment comme un enfant de CP. Y’a plusieurs choses, le fait de s’en être occupé ça a joué, elle a aussi une facilité naturelle et je pense que la méthode a été bonne certainement. J'en suis tout à fait satisfaite

E Quand vous dites elle a une facilité naturelle, qu’est-ce que cela veut dire ?

M ( rire) Je ne sais pas, y'a des enfants qui ont plus ou moins une bonne aptitude à la lecture quand même. Je pense qu’on a eu la chance des enfants qui ont une bonne aptitude à la lecture. Elle est a une bonne aptitude, elle comprend vite et bien, elle aime ça. Là je pense que je n’y suis pas pour grand chose, c’est la nature qui a bien fait les choses.

E Y’a un côté, un peu, un don, c'est ce que vous voulez dire?...

M Oui, y’a une part d’inné et une part d’acquis.

P Je crois qu’on a bien préparé le terrain. C'est sûr, on a quand même assez.. On était là...

M Elle était très demandeuse aussi.

P Oui, tout à fait. Elle a toujours répondu à ce qu’on lui a apporter, elle a toujours été très curieuse, très... elle participait facilement à ce qu’on pouvait dire, ça a joué un rôle, y'a eu des échanges très intéressants. On a joué aussi sur le côté humoriste, avec Agathe, j’aimais bien lui lire des histoires en changeant le ton sur le personnage qui... pour essayer de rendre plus vivant..., d'apporter un côté comique des choses...ce qui fait... c’est vrai qu’elle-même répondait à ce genre de stimulations, je pense que le terrain était très favorable, arrivée au CP, elle ne demandait qu’à apprendre.

M J’ai même trouvé que c’était un peu tard pour apprendre à lire, je pense qu’elle aurait pu apprendre un peu plus tôt.

E On aurait pu décaler de 6 mois à 1 an l’apprentissage de la lecture.

M Oh oui ! certainement!

E Elle a peut-être un peu piétiné en grande section, c’est ce que vous avez senti ?

M Oui. Elle aurait pu apprendre plus jeune. D’un autre côté après, elle a démarré tellement vite qu’on se dit qu’en fait elle n’a pas perdu de temps, c’est une question qu’on peut se poser. Vraiment en grande section elle avait envie d’apprendre, elle avait les aptitudes pour apprendre et elle n’apprenait pas. Fallait attendre la rentrée et moi je n’ai pas cherché... le petit voisin que les parents lui ont appris avant parce qu’il sentait ce désir là... Moi je n’ai pas vraiment osé le faire.

E Vous aviez un petit peu peur ?

M Oui, à la limite qu’elle s’ennuie après, à l’école, ce qui s’est un peu passé pour ce petit garçon et puis faire des erreurs pédagogiques, enfin, je ne suis pas enseignante, en voulant faire le bien parfois on fait le mal.

P Mon épouse a un peu freiné. Moi je m’intéressais un peu à ça et j’avais lu un livre qui était une méthode de l’apprentissage de la lecture pour les enfants à partir de 3 ans. Et puis, j’en avais parlé à mon épouse et elle n’était pas d’accord pour les raisons qu’elle a évoquées, J'ai écouté ma femme, et je n’ai pas essayé de pousser, aussi peut-être par fainéantise et il ne faut peut-être pas aussi commettre des erreurs...

E Vous faites référence à quel livre ?

P « Apprendre à lire à un enfant à partir de 3 ans », Françoise M..

E C’est un grand livre bleu... C’est sorti chez Nathan y’a trois ans.

P Oui, mais c’est plus ancien que ça car je l’avais lu quand j’étais en stage cela fait 7 ou 8 ans.

E Vous auriez été attiré...

P Oui, ça m’intéressait, je me disais que c’est un petit peu dommage si on a un enfant qui est très éveillé, ne pas lui donner cette opportunité mais d’un autre côté il y a peut-être d’autres risques, d’autres conséquences et d’effets pervers qu’on ne connaît pas. Je préférais être prudent.

E D’après vous, quand est-ce qu’on peut commencer à apprendre à lire ?

M Ça dépend des enfants, de la maturité. Pour Agathe, je pense qu’elle aurait pu apprendre à 5 ans, les autres enfants pas forcément. C’est le problème de l'éducation telle qu'elle est faite actuellement. Tous les enfants n’ont pas le même éveil la même maturité à 6 ans. Il devrait y avoir une souplesse à ce niveau là, on parle de cycle d’enseignement, d’adapter à chaque enfant la vitesse d’apprentissage mais dans les faits, ça n’existe pas.

P Je pense qu’on peut très bien apprendre à lire à partir de 3 ans comme le dit cet ouvrage,

M je n'irais pas jusque là.

P Mais c’est une lecture qui n’est peut-être pas très intelligente. L’enfant reconnaît une poire, on va lui mettre poire écrit, il va peut-être reconnaître le mot.

M Pas avant 3 ans.

P C’est intéressant mais compte tenu qu’il n’a pas un éveil important il ne va pas développer une lecture au véritable sens du terme.

M Pour moi c’est beaucoup trop tôt.

P Il peut très bien développer une certaine forme de lecture.

M Oui ! Est-ce que c’est bénéfique pour lui... ah c’est quand même ça.

E Vous êtes un peu...

M On cherche l’intérêt de l’enfant. On ne cherche pas un enfant qui va lire à 3 ans et puis qui va être en difficulté après.

P C’est comme les sportifs de hauts niveaux, on peut leur mettre des hormones etc mais, est-ce que c’est bon pour autant, faut voir les conséquences que ça engendre.

E Vous, vous seriez plus attentiste, vous essayez de voir comment ça se développe et puis.. Prudence.

M Oui, tout à fait, les enseignants pourraient, en quelque sorte, jauger les enfants... Celui-là il est un peu endormi, 6 ans ça suffit, par contre cette petite fille qui est plus en avance, plus mûre plus éveillée, elle peut passer une classe, « sauter une classe » entre guillemets.

E Ce que vous auriez souhaité pour Agathe ?

M Peut-être, oui, peut-être mais elle ne l’a pas fait et puis je pense que ça a bien marché. On se pose toujours la question. On ne sait jamais vraiment... mais peut-être... Je pense qu'elle aurait pu suivre.

E Quel aurait été l’intérêt...

M Je ne sais pas. De gagner une année (rire). Alors voilà, la question est de savoir si...

E gagner une année sur quoi ?

M C’est la compétition effectivement par rapport aux autres. Si vous arrivez au bac avec une année d’avance pour entrer dans une école ou autre cela peut-être un avantage.

P Actuellement, c’est un avantage mais, c'est une forme de sélection qui est peut être.......

M Mais pour elle-même je ne pense pas que ce soit un avantage.

P Il faut que l’enfant soit mûr physiquement à côté. Si il n’est pas mûr physiquement, si il est plus petit que les autres, si dans sa tête il n’a pas les mêmes raisonnements que ses petits camarades, dans sa tête ça peut lui jouer des tours finalement. Donc, on ne sait pas à quoi on peut s’attendre quand on fait sauter une classe à un enfant.

M Disons pour Agathe, elle est attachée à ses petits camarades, ses petites copines... ça aurait été un peu dur de laisser ses copines. La question ne s’est pas posée.

E Ce que vous préférez, c’est laisser à Agathe tout son environnement tel qu’il est sans vouloir bouger quoi que ce soit, actuellement, elle ne s’ennuie pas, elle suit sa scolarité...

M Et pour moi c’est le plus important.

P L’environnement...

M Au bout du compte c’est ce qui paye, un enfant qui est bien dans sa peau, il a toutes les chances de bien s’en tirer...

E Les habitudes d’écritures. Vous écrivez...

M Je lis plus que je n’écris.

E Entre vous échangez vous des petits mots...

M Ça peut arriver mais c’est quand même rare.

P C'est exceptionnel car on se voit très souvent.

M C’est toujours pratique.

E Un carnet d’adresse, un répertoire ?

M Oui, bien sûr, pour téléphoner je prends le répertoire.

E Les comptes ?

M J’attends le relevé de la banque, je ne suis pas du tout chiffre, argent. J’ai du feeling, c’est au flair, je sais ce qu’il reste à peu près sur le compte mais ce n’est absolument pas écrit.

E Liste pour les vacances ?

M Oui. Toujours.

E Les courses.

M Toujours.

E Classez les photos.

M Par à-coup. Ce n’est pas quelque chose que j’aime beaucoup.

P On le fait un petit peu mais on n’est pas très photo, ni très organisateur à ce niveau là. Un peu fainéant.

E Vous n’utilisez pas l’album...

P Si on le fait, mais on a pas mal de retard. On a un camescope, mais je fais très peu de films et je ne classe pas tellement. Classement minimum par fainéantise et manque de goût pour ce genre de chose.

E Profession ?

P J’enseigne les maths et les sciences en lycée professionnel.

E Vous êtes avec des enfants en difficultés en moyenne ?

P Oui plutôt, avec des enfants en échec scolaire qui se retournent vers ce genre de lycée... pas tous mais la majorité ont été en échec dans le système classique...

E Temps plein.

P Oui. Je suis enseignant depuis une dizaine d’année, j’étais dans l’industrie agro-alimentaire. Donc c’est un nouveau métier pour moi.

E Diplôme ?

P On est très diplômé. J’ai fait une maîtrise de biologie et un diplôme d’ingénieur en industrie alimentaire et j’ai fait deux années d’études pour faire l’équivalent du CAPES en lycée professionnel, j’ai fait une préparation + année de stage, au total j’ai fait neuf année d’études derrière, si on compte les deux années de formation en I.U.F.M.

M J’ai une maîtrise de biologie animale et un D.E.S.S. sur le lait.

P On s’est rencontré dans l’école l’industrie alimentaire.

E Vous avez travaillé ?

M Non. Le D.E.S.S. étant pointu, je n’ai pas trouvé le travail, je me suis mariée et vu le contexte économique. J’ai eu une erreur d’orientation, le D.E.S.S. laiterie ne me plaisait pas du tout en fait. J’ai fait ce diplôme pour essayer de trouver du travail avec une maîtrise et cela ne m’a pas plu. Je n’étais pas motivée pour ce travail.

P Tu as fait un bac D parce que tu n’étais pas capable de faire un bac C, ensuite une maîtrise de biologie parce que tu ne savais pas quoi faire avec un bac D...

M Je n’avais pas d’idée, on m’a poussé...

P Petit à petit c’était une erreur d’orientation depuis le départ.

M ... alors que j’étais plus littéraire. Jamais les langues, avec du recul, je ne referais pas du tout ce que j’ai fait.

P Elle s’est retrouvée avec un diplôme et un métier qui ne correspondait pas du tout à ses affinités.

M La maîtrise encore, c’était intéressant...

E Vous ne voudriez pas que ça arrive à vos enfants.

M Non, j’aimerai bien éviter cela. J’ai été un peu victime par la sélection du bac C, à défaut le bac D, éviter bac A et B. Comme je n’avais pas d’idée, je me suis laissée guidée et après coup je me suis rendue compte...

E On le ressent dans le discours par rapport à Agathe que vous ne souhaitez pas renouveler...

M Je pense qu’elle saura mieux ce qu’elle veut faire que moi...

E Vous lui avez donné...

M Non, mais elle a ce tempérament de... par contre mon fils aîné est un peu comme moi, le même profil, très bon partout, moyen bon partout je dirais et il n’a pas vraiment d’idée.

E Il n’a pas forcément d’idée.

M Non, c’est difficile de faire un choix.

E Ce sont des enfants qui étaient bons en lecture.

M Oui. Ils ont tous des facilités, C'est la place du deuxième qui est un peu plus dissipé en classe, c’est pas un problème de capacités intellectuelles, c’est un problème de comportement.

E Sur le travail du soir, comment ça se passe ?

M C’est très rapide, elle goûte, elle va jouer un peu, puis elle va chercher son travail, toujours de bon coeur...

E 10 min., ¼ d’heure ?

M Oh oui, elle lit plus qu’elle ne devrait puisqu’elle prend son petit livre supplémentaire donc on y passe ¼ d’heure mais la lecture de l’école elle y passe 5 mn.

E Vous ne lui donnez pas de travail supplémentaire ?

M Ah !Non, jamais !.

E Les cahiers de devoir de vacances ?

M Oui, j’en ai toujours acheté l’été, mais ils n’ont jamais été vraiment faits. J’ai jamais trop poussé là-dessus. Les vacances sont les vacances sont quand il y a un petit retard, c’est le cas actuellement pour le deuxième, il a un retard en anglais, je m’en occupe. J’essaie de les laisser qu’ils acquièrent une indépendance, une autonomie pour le travail. Pour le premier qui est en 4 ème je ne m’en occupe pas sauf s'il me le demande, je pense que c’est important d’être autonome dans la mesure du possible. Alexis a plus besoin que je m’en occupe, donc je m’en occupe quand même, toujours dans le but qu’il soit autonome un jour et Agathe, oui, je m’en occupe, elle est encore petite.

E Les jouets préférés d’Agathe ?

M Les poupées, oui. Elle aime beaucoup jouer avec les copines, on est dans un lotissement, c’est très pratique. Ce qu’elle préfère c’est ça avoir les copines pour jouer. Si les copines ne sont pas là, y’a l’ordinateur... Avec ses copines, c’est jeux de société, à la maman, aux poupées...

E C’est quoi, comme jeux de sociétés ?

M C’est très varié, elles ont joué au Scrabble junior, mais c’est rare. "A la bonne main". A des trucs moins « intello », comme la chenille. Quand elle est seule, elle regarde la télé, des cassettes, l’ordinateur...

P On l’a depuis très peu de temps...

M Oui, mais depuis qu’on l’a.... elle dessine.

E Elle joue à l’ordinateur...

P Oui, on lui a acheté un jeu et elle joue beaucoup avec.

E Elle regarde beaucoup la télévision ?

M Elles regarde plus les cassettes plus que la télé.

P On est chez nous très télé. Le matin, quand les enfants se réveillent, quand on mange y’a la télévision...

M C’est ma faute...

P Y’a toujours la télé dans la cuisine, donc les enfants la regardent très souvent. Le goûter, la première chose qu'ils font ... ils regardent la télé.

M Mais pas le soir. Elle regarde la T.V. jusqu'à 6 heures.

P Mais elle n’est pas quand même accro, elle ne va pas rester toute la matinée devant la télé. Elle va regarder pendant qu’elle mange et ensuite encore quelques minutes et elle va préférer aller jouer avec ses copines. Elles aiment beaucoup allé jouer dehors et quand c’est dehors c’est des jeux, bac à sable, poupées, courir, toute sorte de petites choses.

E Ça vous arrive de temps à autre de jouer avec eux ?

P Plus ma femme que moi.

E Règles d’éducation précises.

M On est pas du genre très strict mais y’a des choses... nos enfants font du piano, bon je suis là pour dire tu sais que tu as ton exercice de piano à faire ou... pour les heures de coucher aussi, quand il y a de l’école, je suis stricte. Ils se couchent à heures régulières. Luc moins il a 14 ans, mais Agathe à 9h30 elle monte sachant qu’elle se lève à 8 ¼ .

P On essaie à ce qu’ils ne soient pas trop désobligeants ou grossiers. La principale règle c’est ça, c’est un respect des parents et entre eux.

E Des règles de convivialité.

P Voilà, c’est ça, autrement on est assez souple. De temps en temps, on les rappelle à l’ordre pour aller se coucher, Agathe faut qu’elle se couche à des heures régulières... on a du mal à être très autoritaires, on essaye de dialoguer pour essayer de convaincre l’enfant pour lui prouver qu’il fasse comme ça. Par contre, je suis assez intransigeant sur le respect.

E Tout se passe dans la négociation en fin de compte.

P Plutôt, oui !

M Moi ! Pas toujours mais j’essaye... Arriver à certaines limites il faut savoir dire c’est comme ça c’est pas autrement. Mais on n’est pas des parents très très autoritaires, quand même.

P On se culpabilise dès fois, on se dit qu’on devrait être plus autoritaires mais on n’y arrive pas on a du mal.

M Mais ça ne se passe pas trop mal quand même.

P Y’a peut-être une part de fainéantise aussi. On démissionne un petit peu. on culpabilise un peu... on n’est pas des dieux.

E Ça vous arrive de rencontrer l’enseignant pour Agathe ?

M Je l’ai vu une fois, parce qu'elle aime bien nous voir une fois dans l'année. En général quand il n’y a pas de problème particulier. Je ne vais pas voir l'enseignante une fois dans l’année c’est tout. Je ne pense pas que je la reverrais. Pour le deuxième, je suis convoquée...

E Vous y allez tous les deux...

M C’est plutôt moi.

P J’y vais rarement. C'est plutôt ma femme, j'y vais rarement.

M Même les réunions de parents d’élèves...

P Ça m’est arrivé... Mais je préfère quand ma femme y va, parce qu'elle .... Elle joue plus son rôle

M Moi je m’occupe plus des enfants donc c’est mieux.

P Tu es plus proche des enfants.

E Au niveau des décisions de la famille, plus un que l’autre ?

M On discute quand même.

P Disons, c’est plus dans le dialogue. Quelquefois, on n’est pas toujours d’accord, c'est sûr un l’emporte sur l’autre, et on se dit pourquoi pas.

M On est assez d’accord en général. finalement. Ca se passe pas trop mal.

E Y’a 2 chefs de famille.

M ( rire des 2)J’arrive... c’est souvent moi qui a le dernier mot. J’ai peut-être plus les pieds sur terre.

P Finalement... c’est toujours les femmes. Elle va prendre des décisions pour lesquelles je me laisse faire, j’ai peut-être moins de personnalité, pas de personnalité mais moins... de convictions et parfois pour certaines choses je dis je préfère que ça se passe comme ça et voilà. Je laisse faire parce qu’elle a un certain bon sens, plus de convictions et puis d’un autre côté, quand moi j’ai envie de quelque chose, j’arrive à avoir gain de cause.

E Le fait que vous êtes plus à la maison...

P C’est ça.

M Disons qu’il donne l’impulsion. Pour Luc on parle de lui faire faire un stage à l’étranger, c’est plus toi qui dit tiens on va faire ça, moi je vais avoir les réticences, les inconvénients possibles etc. et au bout du compte je pense que t’as raison et...

E Vous allez mettre en oeuvre.

M Voilà.

P Oui, je donne l’impulsion et si elle est d’accord, au bout d’un certain temps elle finit souvent par me donner raison.

M Tu es plus dynamique que moi.

E Au niveau des enfants, l’un et l’autre vous vous occupez des enfants.

P Surtout Anne-Marie, moi je ne m’en occupe pratiquement pas.

E Vous avez un regard.

P Oui, je suis assez dit.... on aime bien laisser une certaine autonomie aux enfants. Moi j’ai autre chose à faire et je ne vais pas passer mon temps à aller voir ce qu’ils font, d’ailleurs ils sont assez réticents, les 2 garçons me rejettent. Finalement j’ai laissé tombé et c’est plus confortable pour moi. Si les notes, de temps en temps je regarde ce qu’ils font, ou ils m’appellent mais c’est rare, c’est Anne-Marie...

E Un garçon de 14 ans et de 12 ans, Agathe 6 ans.

E Année de naissance.

M 56 pour mon mari et 57 pour moi.

E Autre chose à dire ?

M Ce que je veux dire c’est qu’on est passé de la méthode globale à la méthode mélange un peu global et un peu de syllabique, heureusement. Dans ma famille, j’ai un exemple de nièce qui a été victime de la méthode globale qui ne sait pas lire ou très peu. Elles avaient sans doute peu de facilité au départ, c'est vrai. Mais, je pense que cette méthode là a fait des ravages, je tiens à le dire, même si tout le monde ne partage pas mon avis.

E C’est à dire ?

M A l’époque, quand on disait qu’on était contre la méthode globale on était un peu mal vu, on a fait un petit retour en arrière et heureusement même un gros retour en arrière. J’ai l’exemple de nièces qui ont été ratées au niveau de l’école, peut-être que les enseignantes n’étaient pas à la hauteur et qu'au niveau familial, sans doute qu'il n'y avait pas un encadrement comme il y a ici, c'est vrai, mais enfin, quand même, c’est pas normal. Je suis un peu rétrograde mais c’est quand même dommage. Pour les méthodes d’apprentissage de la lecture il faut faire attention. C’est trop important, la vie est conditionnée par ça presque.

P Moi, je ne connais pas trop bien les méthodes. Parmi mes élèves. J’ai beaucoup d’élèves qui ne savent pas lire ou écrire, c’est catastrophique en L.E.P.. Les élèves font des fautes d'orthographe à tous les mots, c’est épouvantable. La lecture, ils lisent un mot, ils ne finissent pas le mot ou ils se trompent, on se demande comment ils ont appris à lire et à écrire. Comme disait un de mes collègues, ils arrivent en 6 ème et ils désapprennent de la 6 éme à la 3 éme parce qu’ils n’ont pas l’encadrement nécessaire, style primaire. Et l’éducation nationale ne parle pas des raisons ses échecs. On parle des échecs mais pas des raisons. C’est dommage parce qu’il faut qu’on fasse le procès de ces méthodes qui ont sacrifié tant de générations. En terme de coût, c’est un coût considérable.

E Vous mettriez ça sur le dos d’une méthode de travail ?

M Je pense, l’apprentissage de la lecture à une époque a été vraiment mauvaise. Parce que les enseignants étaient les mêmes. c'est une question de méthode oui.

P Oui, c'est l'essentiel. Maintenant le système éducatif, de 6 ème à la 3 ème les enfants désapprennent parce que ceux qui ne sont pas encadrés qui n'ont un encadrement chez eux ou qui n'ont peut-être pas eu les structures mentales suffisantes pour pouvoir se prendre en autonome.

M Ceux qui ne savent pas lire en 6 ème, c’est malheureux à dire mais c’est fichu, c’est irrattrapable.

P Faut continuer le primaire , c'est ça, pour que tous ces enfants qu’on retrouve en 4 ème technologique et 3 éme technologique...

E Je vous remercie.