Entretien n° 34 avec Famille DURANT

Le 6 avril 1998

E Apprentissage de la lecture, qu’est-ce que cela évoque pour vous ?

P La découverte pour un enfant, l’accès à l’information à laquelle il n’avait pas droit auparavant.

E Pour vous, c’est important !

P Oui, ça leur permet de décoder, ce qu’il n’avait pas auparavant.

E Vous axez davantage sur la découverte et sur le code.

P Oui.

E (m'adressant à la mère) Et pour vous ?

M Pour lui, pour pouvoir se débrouiller tout seul aussi. Pour lui c’est intéressant dans le sens, que la lecture maintenant, il arrive, avant c’était les images, maintenant il prend un livre et il lit. Il arrive de l’école il prend son livre.

E Lequel ?

M Ça dépend. Y’a moins de lecture là... C’est surtout des BD, c'est vrai depuis 2 mois, il n’arrête pas. Le passage de Noël, non, il regardait mais sans plus, mais depuis mi Janvier, c’est incroyable, le déclic s’est fait d’un seul coup.

P Et puis il a accès, d’un côté on va voir les BD, en gros, tout ce qui est à sa hauteur il peut prendre dans la bibliothèque. Après y’a des livres, on essaye de limiter certaines images. On a beaucoup de livres sur la mer, sur les animaux... Ca c’est son plaisir.

E Vous avez une bibliothèque relativement conséquente ?

M Un peu de tout.

E Combien en a-t-il pour lui ?

M Pour lui, y’a déjà une étagère dans sa chambre.

E Inférieur à 50, supérieur à 100...

P c'est largement supérieur à 100.

E Des livres que vous achetez ?

M Oui, comme c’est le dernier de tous ses cousins, on lui en a donné beaucoup.

E Il a récupéré de ses cousins.

M Et puis quand on fait un cadeau c’est un livre en priorité.

E Ça se fait depuis longtemps que c'est un livre ?

M Depuis tout petit.

E Pourquoi un livre ?

P Moi, je vais être très clair. Le livre c’est ce que je respecte pratiquement au-dessus de tout, y’a vraiment pas grand chose au-dessus.

E Pour vous le livre c’est...

P C’est quelque chose de sacré... et de tout... Pour moi, c’est l’ouverture. Ça peut traiter de guerres thermonucléaires jusqu’à des livres sur des amours très simples, sur des choses très terre à terre. On aime beaucoup la mer, traitant sur l’aventure maritime...

E Donc, vous êtes un lecteur ? vous lisez beaucoup ? Tout.

P Oui ! Oui ! Tout.

M Moi, un peu moins, car j’ai moins de temps ou je prends moins le temps. En travaillant à temps complet, j’arrive le soir pour le repas, le repassage et tout ça.

E Quand est-ce a-t-il commencé à découvrir le livre ?

M La lecture ou le livre ?

E Répondez aux deux questions, comme vous voulez

M Le livre dès sa première année, les livres cartonnés avec les images...

P Et la découverte des mots, un livre, une image, qu’est-ce que c’est ? Ça commencé comme ça.

E Très tôt ?

M Dès la première année.

E Le biberon et le livre en même temps !

M Peut-être pas mais...

P Oui, il dévorait les livres littéralement. Il les mangeait.(rire)

M Oui (rires).

E Plus tard vous lui racontiez des histoires, ou vous lui lisiez des histoires ?

M Pas trop en fait. Ca , c'est marrant On lisait mais pour nous. Peut-être le fait de nous voir lire...

P Par contre quand il me voit lire, pour lui ce ne sont que des mots. Pour lui pour comprendre qu’un mot signifie, correspond à une chose, il nous demandait de quoi ça parlait. En général, il valait mieux je posais le livre, je lui expliquais et ça permettait de repartir sur autre chose.

E C’est-à-dire que vous ne lui lisiez pas des histoires de façon quotidienne ?

M Non, c’est vrai.

P Non, non, peut-être parce qu’il n’était pas très demandeur.

E Parallèlement, il aimait regarder des livres et est-ce qu’il prenait des livres d’une façon quotidienne ?

M Régulière oui. Avant c’était pour lire les images et souvent c’était les mêmes qui revenait.

P Toujours aujourd’hui. Y’a une préférence encore pour l’image. Mais...

M De lui même, sur sa table de nuit en général il y a trois quatre livres. Il va lire un chapitre, il va passer à un autre, il va revenir sur le premier, il va lire un autre chapitre, il met ses marques... pour savoir où il est rendu.

E Comme vous non ?

M Oui, certainement. Il sait qu’on ne plie pas les pages, donc il a ses marques. Une petite BD qui ne craint rien, il me dit :  « je peux la plier »...

E Il vous demande.

M Oui. Comme il sait qu’on fait très attention aux livres.

E L’objet livre est sacré chez vous.

P Oui, quand il prend un BD, j’ai horreur qu’on prenne un livre complètement, qu’on replie, qu’on le prenne n’importe comment, j’aime garder un livre à l’état neuf. Mes livres, ma tranche est bien lisse (sauf quand je les prête après), sauf pour les livres de poche, je prends même un malin plaisir à les ouvrir à fond... Souvent c’est "fais attention aux livres, respecte-le, ne l’ouvre pas trop en tournant les pages, t’as les doigts propres"... ça passe par tout ça.

E Depuis tout petit, il est habitué à avoir des livres autour de lui.

M Oui.

E Et pourtant vous ne preniez pas nécessairement le temps pour lui racontez des histoires à l’intérieur des livres.

M Oui, c’est marrant.

E Ça ne vous est jamais arrivé de lui lire des histoires ?

M Si ! tout à fait mais quand il le demandait. mais on n’allait pas au devant de lui pour lui racontez une histoire.

E Quand il vous le demandait vous y alliez, et c’était tous les combien ?

M Pas souvent. De lui-même, il regardait beaucoup les images. Donc, à la limite il n’a pas besoin qu’on lui raconte...

P C’est plutôt de commentaire de livre. « Mais pourquoi, pourquoi celui-ci est méchant... »

E C’est-à-dire que vous ne lui lisiez pas le texte mais vous lui répondiez à ses questions.

P Oui.

E Et ça de façon régulière ?

P A chaque fois qu’il le demande.

M A chaque fois qu'il pose la question...

P C’est vrai qu’on ne va pas au devant de lui pour lui racontez une histoire. Et c'est vrai que le questions, là-dessus, il en pose pas mal, quoi.

M C'est l'âge de la découverte.

E Maintenant, mais est-ce qu’avant il le faisait également ?

M Il a toujours posé des questions. D’ailleurs on lui dit si tu ne comprends pas, tu demandes, on te donnera l’explication. Dès fois, il lit un texte comme il lit tout haut maintenant. Je lui « dis ce mot là tu l’as compris ». Il me dit « non ». Je lui dis « demande, on va t’expliquer ». Maintenant il demande plus. Y’a un mois, ça venait comme ça, il ne coupait pas forcément les mots, mais comme ça il savait lire et c’était au kilomètre. Maintenant il fait plus attention, il met l’intonation, c’est marrant.

E Actuellement, pour vous, qu’est-ce que c’est l’apprentissage de la lecture ?

M la découverte

P Le Dégrossissage est fait aujourd’hui. Maintenant c’est plus apprendre un vocabulaire. Je ne suis pas sûr, j’ai pas encore fait l’expérience, que si on lui lisait un mot qu’il vient de lire, si il serait capable de le retranscrire.

M Non, il va tout coller, les articles qu’il connaît bien, oui, mais un mot qu’il ne va pas forcément connaître, il va en coller deux.

P Je pense que maintenant il faut pratiquer. L’apprentissage pour lui, c’est ça.

E Il est parti...

P Oui, il comprend tous les modes d’écriture, entre la majuscule, script ou pas, l'attaché et puis...

M Il va lire. Mais si après tu lui dictes la phrase, soit il va tout te coller, il va te lire mais pour écrire, c'est un petit peu plus difficile....

E Sur le travail scolaire maintenant, vous lui faites des petites dictées de temps en temps ?

M Des révisions de ce qu’il a fait dans la journée.

E Ça fait partie du travail demandé par l’institutrice ?

M Non, c’est en plus. Ou il va faire des petits textes... Il s’amuse, il a un cousin qui a 14-15 ans qui fait des BD en ce moment, alors comme c’est son idole, il veut faire comme lui. Il a commencé à faire ses petits carrés, ses petits dessins et ses petits commentaires, il écrit comme il le parle...

E Il invente, et vous êtes ses lecteurs à la limite.

M Oui.

E Au niveau du travail du soir, il passe beaucoup de temps.

M Il a beaucoup de facilités, il le sait, donc ce serait un peu trop rapide.

P Le lundi, et jeudi soir, ma soeur le récupère à l’école, à 5 heures moins le quart.

M Moi, je termine à 6 heures, alors, c'est vrai.

P Elle a quatre enfants, elle lui fait faire ses devoirs. Nous quand on le récupère on regarde ce qu’il a fait, y’a plus de travail...

M Par contre, avant de se coucher la lecture est refaite.

P Oui, le mardi et vendredi soir, il reste à la garderie, c’est l’assistance de Françoise qui s’en occupe, et là on regarde plus en détail...

E C’est une tierce personne tous les soirs...

P Oui, tous les soirs.

E C'est de la famille qui fait régulièrement son travail avec lui. C’est elle, « la patronne » du travail du soir.

P Oui.

M Oui, parce qu’autrement si il n’y avait personne, il arriverait là, le cartable reste là, et lui dans sa chambre. Faut être derrière pour travailler (rire). Jouer c’est plus marrant ( rire).

E Combien de temps il passe à son travail ?

M C’est très rapide si on n’est pas derrière. Les fois où il a été suivi, et où les fois il a été tout seul, à l’écriture on le voit tout de suite. Tout seul il bâcle.

E Il préfère aller jouer, quels sont ces jeux favoris ?

P Le dessin.

E Il aime bien ce contact avec le papier...

P Oui, ce qui lui plaît un peu moins, c’est la guerre entre les japonais et les français... Je vous l'annonce ça va bientôt arriver, y’a énormément de japonais, d’avions, de porte-avions, de sous-marins...

M ( rire)de mitraillettes, camions...

P camions cachés dans les volcans...

E Ça fait penser à PEARL HARBOR tout ça...

P C’est vrai que j’ai pas mal de livres là-dessus... J'en lisais un dernièrement ça traitait de l’attaque japonaise contre les américains... Les américains pour lui c’est du bon côté. Y’a quelques bouquins sur le débarquement...

M Ils sont gentils ceux-là.

P Ce sont des gentils, ils aident les français.

E Donc, Il réinvestit un petit peu ce qu’il a vu dans le dessin...

P Même chose en allant courir, j’ai vu un écureuil, on a entendu des piverts, il les a retranscrits dans ses dessins, ça ressort après... pas tout de suite...

E quelques temps après, il ressort.

M Il regarde beaucoup de livres, mais ici il ne regarde pas beaucoup la télé.

E Oui, j’allais vous le demander.

M En semaine jamais.

P Il la voit un peu quand il est chez ma soeur. Y’a beaucoup d’enfants un peu plus grand... La télé est souvent allumée... Mais autrement

M Le mercredi il a eu droit à une heure de télé, point.

E C’est un principe d’éducation chez vous?

M Oui. il sait que... parce que autrement, il serait toujours devant.

E Y’a un contrôle.

P Même le week-end il ne la regarde pas, sauf quand il est à l’extérieur. Chez son grand-père, y’a ses cousins, y’en a qui sont très télé donc il en profite aussi. C’est un vrai buveur, on le met devant, vous êtes tranquille c’est une éponge. hein !

E Aime-t-il jouer à des jeux de société ?

M Déjà, il est tout seul donc...

P On joue aux dames, mais il n’aime pas perdre, il est mauvais perdant. Donc en général on fait une partie, la première, il gagne et puis la deuxième il perd.

E Ça vous arrive souvent ?

P Non, pas trop parce qu’on est pas trop jeux de société.

M Ca va être les petits chevaux...

P On joue au football dans le jardin... le vélo.

M Le dimanche, quand tu vas courir, il va faire du vélo.

P Il va faire du vélo à côté.

M Il fait du foot le mercredi, donc il est occupé le mercredi après-midi. Il est plus souvent dehors, en fait.

E Ça vous arrive d’emprunter des livres à la bibliothèque ?

M On l’a fait pendant un moment , quand on habitait à côté, et on a dit qu’il faudrait qu’on reprenne un abonnement.

P Ça revient côté maniaque du livre mais... J’aime pas trop prendre des livres des autres, je n’ai pas le même contact avec les mains, mais. C'est complètement maniaque, vous allez dire (rire de la mère) j’ai du mal à lire un livre et ne pas le garder après.

E Vous préférez le livre neuf au livre ancien ?

P Oui, pourtant on a des livres anciens.

E Vous voulez les garder.

M Tu les relis souvent.

P Oui, je relis beaucoup... En plus, c’est bizarre rire de la mère)

E Vous alliez régulièrement avant à la bibliothèque ?

M Oui.

P Et là on est un peu plus loin et c’est vrai qu’on en rachète souvent, peut-être qu’on n’en a pas tellement besoin...

E Il y a aussi peut-être l’apport de livres extérieurs par l’école, il y a une bibliothèque...

M Oui, il en prend de temps en temps.

P Laurence elle a tous ses livres « bibliothèque rose »...

M ... qu’il a retrouvé d’ailleurs.

E Vous conservez tous ces vieux livres...

M Ce sont des livres qui sont chez mes parents mais qui ne sortent pas de la maison. Quand les enfants viennent ils peuvent les lire, ils ne sortent pas sinon ils ne reviendraient pas. Ils le savent quand ils vont là-bas, ils prennent les livres qu’ils veulent.

P Je reviens au niveau du temps, c’est une heure par jour pour les devoirs, entre la lecture le soir et le temps passé chez ma soeur ou à l’école. Quand on le reprend ici, on n’est pas loin de l’heure, certaine fois un peu plus.

M Je ne dirais pas une heure. A la limite on fait deux fois la lecture, moi je dirais ¾ d’heure maxi.

E Il fait en double son travail en fin de compte...

M Sauf l'écriture. La lecture oui. A la limite la lecture il est tout content de nous montrer ce qu’il sait faire. Avant de se coucher, il va chercher son livre et puis il le lit.

P Y’a eu la première période, la rentrée... tout le monde lui disait, c’est bien tu vas apprendre à lire, lui c’était... l’inquiétude. « Je ne peux pas apprendre à lire, je ne sais pas  lire». Je lui ai expliqué...Oh la la !

M Pour lui, il ne voulait y aller parce qu'il disait je ne sais pas lire.

E Comment lui avez-vous expliqué ?...

M Que justement aller à l’école, c’était pour apprendre. Que nous on est passé par là...

P Qu'au départ, il ne savait pas marcher, ensuite il a su marcher, il a appris, c’était...

E Il y avait une part d’anxiété de sa part ?

M Oui, il est anxieux. Depuis qu’il est en CP, il se ronge les ongles, ce qu'il ne faisait pas avant.

E Est-ce qu’il y avait une part d’anxiété de votre part ?

M ... mum...

P Je pense qu’il la ressent, oui. Moi j’ai une peur de l’échec scolaire. Ça, je pense qu’il la ressent. Au bout d’un mois et demi, les devoirs, c’était mal fait, les cahiers étaient mal tenus, on sentait que ça n’allait pas et... C’était. Novembre.. Là, on devait partir au sport d’hiver à Noël, et on a dit, non ça va pas, on a piqué vraiment une grosse colère. Il a senti que c’était...

E Vous étiez anxieux au démarrage du CP ?

P Oui, je pense un peu. On ne le ressentait pas mais je suis sûr que lui il le ressentait un peu.

E De votre part également ? (s'adressant à la mère)

M Non, je ne l’ai pas ressentie.

P On apportait une grande importance à l’éducation scolaire, oui, c’est clair, je pense que j’avais cette anxiété. Au bout d’un mois et demi, Novembre, ça n’allait pas du tout. On a discuté très très fort...

M Du jour au lendemain, c’était le miracle.

P Du jour au lendemain, quinze jours après, la maîtresse nous a dit : « depuis 15 jours c’est pas le même, il travaille, il écrit mieux... »

M Il s'applique.

E Alors qu’auparavant il y avait une certaine lassitude...

P Oui...

M et puis jean-foutiste.

P Ca allait très bien pour lui, et puis d’un seul coup ça lui a fait un choc. Il a eu un électrochoc et puis...

E Cette anxiété que vous aviez au départ, elle venait de quoi...

M Peur qu’il n’y arrive pas.

P Oui, le fait qu’il n’y arrive pas. Le fait qu’on est qu’un enfant, j’ai une peur de l’avenir qui est toujours présente. Aujourd’hui si on loupe le passage, bon... y’a des cas d’enfants qui ne vont pas à l’école et qui se débrouillent très très bien... Aujourd’hui y’a 95 %, la réussite sociale elle passe par l’école, et l’éducation. Si ça c’est loupé dès le départ...

E Quand vous dites elle passe par l’école, l’éducation, vous mélangez volontairement ?

P Oui, quand je parle éducation, je parle éducation scolaire, c’est pas l’éducation qui est réservée aux parents, qui n'est pas exclusivement réservée aux parents mais devrait l'être en tout cas..

E Cette anxiété présente au départ, elle s’est tassée au moment où il s’est rendu compte qu’il fallait qu’il travaille.

M Il s’est rendu compte qu’il fallait quand même un petit peu travailler.

P On lui a expliqué qu’on n’avait rien sans rien et...

E Et là, ça marche bien.

P Oui, c’est un élève moyen. Il suit, il comprend, on n’en demande pas plus... il comprend... de rester dans le flot. Et voilà, c'est à peu près tout ce que je voulais dire.

E Et vous-même, est-ce que cela vous arrive d’écrire...

M Tous les jours à mon travail. J’ai toujours le crayon à la main.

P Moi aussi.

E Et à la maison ?

M Non, hormis les papiers de maison.

E Vos courses ?

M Oui, j’écris tout. Même au bureau, un coup de fil, je note.

E Vos comptes ?

M Sur mon chéquier, je note au fur et à mesure et je pointe avec mon relevé. Mais je n’ai pas de cahier.

E Classez vos photos ?

M Non, tout est dans les pochettes. On n’a pas d’albums photos.

E Vous écrivez des recettes ?

M Monsieur, surtout.

P J’écris si je ne peux pas les photocopier par exemple mais autrement quand on est chez des amis, on recopie des recettes.

E Répertoire téléphonique ?

M Oui.

E Petit mot entre vous ?

M Si on se croise oui.

P Quand je lis un livre, je fais des annotations, pas sur le livre, mais quand c’est sur un sujet très particulier, on fait un petit peu de recherche. Là , je fais un planning d'entraînement pour la course à pied, c'est le condensé, on essaie d'attraper les idées et puis de faire son truc à son idée..

E Votre lecture n’est pas linéaire mais aussi avec aussi avec un crayon...

P Oui et avec le dictionnaire aussi.

E Et votre enfant vous voit faire ça.

P Pas forcément pas trop parce que je lis beaucoup le soir, il est couché. Je suis là, je bute sur un mot, je prends le dico et je regarde. Ah , si il nous voit quand même écrire relativement.

E Est-ce que vous faites des courriers ?

P Non très peu, on est plutôt téléphone. Je m’occupe d’un club de chasse sous-marine, selon j’ai des cours à faire, je vais le préparer...

E Vous faites partie d’une association de pêches sous-marine.

P Oui. C’est l’occasion de préparer cela et de lui expliquer « tu as ta maîtresse, et moi les copains que je vais voir, c’est moi qui vais être leur maîtresse, je vais leur apprendre ». Ça fonctionne comme ça, faire des relations avec ... pour le coup de l’écriture, d’apprendre, sa peur, je m'en souviens maintenant. C’était l’occasion de dire, même les grandes personnes apprennent. Je vais faire un stage, je vais apprendre à d’autres, et pourtant ils sont plus grand que moi...

E Quel a été le meilleur moyen pour que votre enfant apprenne à lire ?

M Au début, ça nous a étonné la technique, d’apprendre des mots par coeur. Et puis après...

P Et même des phrases entières.

M Ils ont une mémoire qu’il développe... Heureusement on est allé à la réunion qu’elle a fait, elle nous a expliqué tout ça... et puis en fait pour lui c’est très bien.

P Il y a eu le déclic un peu avant Noël.

M Je dirais en janvier.

E Vous étiez un peu perdu ?

M Non, mais la réunion n’était qu’en octobre. Donc elle nous a expliqué sa façon de travailler, après et puis, elle sait ce qu'elle fait, après c’était fait, ça allait. Les premiers jours où il est arrivé avec son cahier où ils apprennent des mots par coeur, je me suis dit, ils apprennent des mots, c’est pas... ça nous a un peu étonné.

E Vous pensiez que la méthode c’était autre chose ?

M Oui, les voyelles, a, e i, o, u, y.... comme nous on a appris. Des choses comme ça.

E Et le fait de voir les mots ça vous a un peu étonné?

M Oui, au départ.

P Autant de mots à apprendre. Oui. On faisait des petits tests. On voyait bien que dès les mots sortaient de la phrase, de leur contexte...

M il ne savait plus rien.

P Et on se posait des questions pour ceux qui n’ont pas de mémoire. Ça ne doit pas être facile... Non, c’est vrai qu’on était quand même confiant, dans le fait de mettre son enfant dans une école, on estime que... pas qu’on soit pas capable de le faire, mais il y a des gens formés pour... Ils en forment depuis longtemps, j’ai une confiance dans l’école.

E Il a commencé pour vous, à apprendre à lire, à l’école.

M Oui.

P Oui.

M Oui, on n’a jamais essayé de lui apprendre à lire, chaque chose en son temps. Faut pas forcer. Ça, c’est l’école.

E C’est la responsabilité de l’école.

P oui

M Si on n’a pas une bonne technique, après il aurait été perdu. C'est vrai, il ne faut pas forcer les choses.

P Je pense qu’il faut que ce soit l’école. Par l’environnement, on lui a peut-être donné le goût à apprendre et puis certaines bases après,.......

M Le goût du livre, la lecture c’est venu après.

P ...l’éducation, la vie... Mais l’apprentissage réel de la lecture, oui, c’est l’école. On lui a très peu fait lire ou lu d’histoires avant. Très peu.

E Vous ne pensiez pas à l’intérêt de le faire.

P Oui, et puis il n’en ressentait pas tellement l’envie. Quand il était en train de lire son livre et qu’on venait un petit peu l'embêter, on l’embêtait plus qu’autre chose, je crois.

E Il était tout seul avec son livre. Plus BD, parce que je vois que vous avez beaucoup de B.D....

M Maintenant c’est mitigé.

P Non, je n’ai pas plus de BD mais elles sont de ce côté, c’est ma petite collection, c’est vrai que j’aime beaucoup les BD.

E Par exemple, les albums, Walt Disney etc., il n’a jamais eu l’occasion de...

M Si, il en a. Il a un peu de tout en fait.

E Il n’a pas découvert les textes ?

M Maintenant il les lit.

E Mais vous, vous n’avez jamais lu ?

M Pas ensemble.

P Sur certains livres, on lui lisait, c’était l’occasion pour lui de découvrir ou si c’était un film qu’il avait vu, alors à ce moment là... on lui a quand même lu des livres. Ce n’était pas une habitude quotidienne.

E Ni même hebdomadaire ?

M Non ! Ce n'était pas régulier.

P Oh si, au moins une fois par semaine.

M C’est pas régulier, y’a des semaines où on va le faire tous les jours...

E Parce que ça l’intéresse ?

M Voilà, c’est ponctuellement. Et puis une autre semaine, ce sera qu'une seule fois.

P C’est aléatoire.

M On va pas dire c’est l’heure, on va lire de telle heure à telle heure, c’est comme ça vient.

E Mais vous le faisiez.

M Oui.

P Oui, pour essayer de lui faire comprendre que chaque mot correspond à une chose.

E C’est un discours que vous dites après...

P C’est un peu, cette gamine américaine, Ann KELER aveugle, sourde, muette, il a fallu qu’on lui fasse toucher la fontaine pour qu’elle comprenne qu’on essaye de lui faire comprendre quelque chose et que cette chose correspondait à un langage. A partir de ce moment là elle a pu communiquer. C’est toujours ce que j’ai essayé de lui faire passer.

E C’est-à-dire à partir du moment où on lisait, il y avait une espèce d’interaction entre lui, vous et le texte pour lui expliquer les choses...

P Oui, ça très rapidement.

E Tous les deux. ou plus vous particulièrement (m'adressant au père)

P Tous les deux.

M Il va plus vers toi parce que tu lis plus.

P Et beaucoup avec ses cousins ,

E Alors ses cousins...

M De mon côté, ils sont plus jeunes, y’en a deux de 8 ans, lui qui va avoir 7 ans, un qui a 6 ans et l’autre 5 ans. Y’en a 5 très rapprochés. Par contre du côté de mon mari, l’aîné à 27 ans...

P Même plus que ça, et la plus jeune, elle a 10 ans, ensuite c’est 14 ans...

M Tu en as combien de neveux et nièce, tu en as 15.

E Il se retrouve avec..

M De son côté c’est le plus petit, donc c’est le gâté de la famille. De mon côté, il est dans la masse donc c’est différent.

E Il est souvent avec eux ?

M De ton côté, surtout ta soeur qui habite à côté de l’école et sa fille est dans la même école que lui. Mais ils sont plus grands. Pour lui les cousins, ce sont les modèles. Ce sont ses grands frères. Il aimerait bien avoir un grand frère... De mon côté il y a 2 cousins sur Nantes, les autres sont à Paris, donc ils sont très heureux de se revoir...

E Et qu’est-ce qu’ils font ensemble...

M Ils se revoient surtout chez mon père qui habite au bord de la mère, donc c’est la plage.

P Ramasser les coquillages, faire des châteaux de sable, lutter contre la mer en faisant des barrages.

E Votre travail ?

M Dans un cabinet d’assurance, sur ordinateur, 50 % de mon temps, employé.

P Moi je suis commercial, je vends des biens d’équipements, de la machine à glace, pour le traitement du poisson. Je suis responsable d’un secteur commercial, mais je ne suis pas cadre. Je suis souvent parti. Une semaine sur 2 ou sur 3.

E Temps plein, mi-temps ?

M Moi, j’ai mon mercredi. Depuis 2 ans. Avant il allait chez la nourrice et puis c’était les larmes pour y aller alors j’ai pris une solution, j’ai pu avoir mon mercredi, c’est bien. Il est tranquille, le matin c’est sa matinée, l’après-midi c’est le sport.

P Moi, c’est à temps complet. Je suis là tous les week-ends. Les semaines où je suis au bureau, je rentre tôt...

E Revenus ?

P Entre 20 et 25.

E Propriétaire.

M Oui, depuis 1 an.

E Avez-vous autre chose à dire ?

P Non, pas sur l’apprentissage de la lecture. Je pense que l’équipe de l'école est plutôt sympathique...

M Ils encadrent bien les enfants. Y’a une éducation, ils les suivent bien...

E C’est-à-dire...

M Quand un enfant a besoin d’être repris, il est repris. C'est, Il n'a pas non plus repris avec le fouet, non, c’est bon enfant.

E Ça correspond à vos valeurs éducatives ?

M Oui, tout à fait. On a choisi cette école parce qu’on habitait à côté, c’était la plus près et d’après les dires elle était très bien à tout point de vue. N'hésitons pas, on s'arrête là. Et puis on a déménagé, mais il reste là-bas.

P Au niveau de nos valeurs, ça correspond assez. J’étais surpris et plutôt admiratif du travail des instits avec toutes les petites idées... Les jours... Le sens pour compter et tout...

M Et même le sens de l’écriture avec les flèches, des trucs tout bête qu’on ne pense pas.

P ...... pour essayer d’apprendre des jours... plein de petites choses qui... et puis les maîtresses... qui de temps en temps....

M ferme mais souple.

P Qui se font très bien respectées.

E C’est une sécurité aux enfants.

P Oui.

M Qui sait rire avec eux mais qui sait les tenir aussi.

E Vous avez un rapport de confiance...

M Oui ! Alors là ! Sans problème !

E Vous rencontrez l’institutrice autrement ?

M Je la vois tous les deux mois à peu près. Je vais lui parler pour voir comment ça se passe, le samedi j’ai plus de temps, on discute un petit peu dans la cour... Je ne suis pas toujours après.... En gros tous les deux mois.

P Oui ! prendre un petit peu la température.

E Sauf au mois de novembre.

M Oui on est allé la voir avant et... pour lui demander ce qu’elle en pensait.

P Là c’était tellement flagrant que y’avait même pas besoin de voir les annotations de la maîtresse. C’était... dégoûtant, protège cahier déchiré, le cartable, c’était un foutoir, alors là y’a eu un tri. Cartable poubelle. On a même pas dû accepter de signer son cahier.

E Vous avez marqué le coup.

P Oui, je crois même pas qu’il a eu le droit à une gifle ou quoi que ce soit... mais ...

M Il a compris.

E Ça a été une histoire de regards.

P De regards, et j’avais pratiquement perdu le contrôle (rires).

E Il a mieux compris de ce que l’on attendait de lui. Ce qu'il n'avait pas compris au départ.

P Oui, je pense oui. Il aurait trouvé une fessée bien plus facile. Ca l'a mis mal à l’aise et le bulletin d’après il nous a montré ses points verts.

M Il nous a montré tout de suite.

P Y’a encore quelques points orange. Là tu aurais pu faire un peu mieux, mais bon c'est bien, tu as fait quelque chose, il a été récompensé aussi. On a fait une émulation quand même. C’était la semaine dernière, je rentrais de tournée, « papa, regarde tous les points verts ». Il me masquait les feuilles avec les points oranges mais bon ça partait...

E D’un bon sentiment, il avait progressé. Qui organise la maison ?

P C’est mon épouse.

E Pour les décisions, pas forcément habituelles...

P On décide plutôt ensemble. Où alors l’un décide, l’autre s’adapte.

M Devant lui, même si on n’est pas d’accord, on ne va pas le montrer. On montre jamais notre désaccord devant lui. On en parle. Sinon ça dépend, c’est plutôt tous les deux. Ça dépend quoi. Il prépare les repas...

E Année de naissance ?

M 1963 et 1964.

E Un détail, il n’a pas de revues enfantines ?

M Non, on en a parlé y’a pas longtemps. Plus petit, on lui avait pris « Pomme d’Api », une année, on a arrêté..

P Je trouvais que ce n’était pas tellement conçu...

M Maintenant, c’est vrai, il faut que je demande à la maîtresse par rapport à son programme ce qu’il serait mieux pour lui, maintenant qu’il lit Ce serait plus intéressant pour lui.... Je sais qu’à l’école ils en ont à l’école. Moi étant gamine, y’avait Fripounet, Perlin Pinpin...

P C’était l’attente du mercredi pour avoir ce magazine, j'avais "Junior", "J magazine"..

M J’en avais parlé pour son anniversaire... C'est vrai qu'il aurait son journal qui arriverait là à son nom....Attention ! ( l'air de dire qu'il serait fier et content)

P Quand il fait les courses avec nous, on prend souvent quelques choses pour nous au niveau lecture, donc il a son choix, il va dans son rayon, il se promène, il feuillette et après il vient me demander, est-ce que je peux prendre. On essaie d'alterner avec les tortues NINJA.

E Il a un ordinateur ?

M Il n’a pas de console.

P J’ai un vieux ordinateur, mais ça ne l’attire pas trop. Chez mon beau-frère ça l’attire pour les jeux... Je serais assez ouvert à ça car c’est un fameux outil de découverte avec tous les CD-ROM qui sortent. Là ça va faire mal ce que je vais dire car quelquefois je pense que c’est supérieur aux livres et pourtant je ne l’aurais pas dit y’a pas longtemps encore

M Quand on voit les encyclopédies...

P Sur le loup ou quand on voit un C.D. ROM sur le LOUVRE..

E Et vous voulez faire rentrer votre enfant là-dedans ?

P Oh oui ! oui ! oui ! ..

E Ça vous arrive d’aller dans les musées ?

P Oui. J’aime beaucoup l’histoire. Et quand on va à Paris, on va au LOUVRE ou voir des aquariums

E Vos diplômes.

M Je me suis arrêtée à la première B.

P Moi un bac de gestion et un DUT de techniques commerciales.

E Nous avons fait le tour des choses, il ne reste plus qu'à vous remercier.