Entretien n°7. Pré-enquête famille LOIRAIN

Fait le 5 Juin 1997

P Bah, de la grande section

M En fait, dans cette école, il commence vraiment en grande section, il commence à apprendre des lettres, quelques mots...

P Alors c’est ça oui, y’a la méthode traditionnelle de lecture, euh, bon cette méthode là on est tous passé par là, on a tous appris avec cette méthode. Moi j’arrive à lire par rapport à cette méthode, par contre la méthode où j’ai mes enfants, c’est une méthode globale, et la méthode globale nous par contre, on a été un petit peu effaré quoi. Savoir que la méthode globale on leur donne un texte euh, ils ne savent pas lire ni écrire on leur dit allez-y, lisez. Alors première réflexion que le petit nous a fait, Yohann, c’est bah il a presque dit mon professeur il est fou quoi, je ne sais pas lire. La méthode globale c’est mémoriser, mémoriser les mots. Mémoriser les mots, je trouve ça un peu ridicule, je n’arrive pas à comprendre, je trouve ça un petit peu absurde dans le sens où j’sais pas si vous on vous donne un texte en chinois, on vous dit écrivez, apprenez à lire et puis mémoriser euh, je trouve ça d’une longueur vraiment.

E hm hm.

P C’est interminable pour apprendre

M Pour moi le point de départ c’est la découverte des lettres quoi, euh, avant tout, c’est vrai qu’ils mémorisent des mots, mais avant tout c’est quand même de connaître les lettres,

P les syllabes,

M les sons

P Savoir décomposer les mots, savoir, disons on apprend comme ça, savoir écrire chaque lettre, après les décomposer, les associer, euh, alors que là...

M On peut commencer par, soit quand ils sont petits, on leur lit des textes les soirs, bon. Ils commencent par visualiser des mots. Mais vraiment le CP c’est commencer à décomposer ses mots, à connaître les lettres, à connaître les sons. Je pense que c’est vraiment là le tout début

P Le b a ba quoi, en fin de compte, pour nous c’est ça. On est peut-être un peu trop terre à terre mais enfin je veux dire que c’est une méthode qui a fait ses preuves depuis des lustres et puis du jour au lendemain on vient instaurer une nouvelle méthode qui casse un peu tout. Enfin nous personnellement on ne comprend pas quoi. On peut le dire..

E Vous êtes un petit peu perdu dans...

P Pas perdu mais on est un petit peu, comment dire, un petit peu étonné.

M C’est vrai, nos deux enfants ont juste un an d’écart, et Amélie a fait son CP l’année d’avant avec une méthode traditionnelle, une méthode classique. Et là Yohann commence avec la méthode globale un peu différente, donc ça s’est ressenti au niveau des leçons le soir, c’est complètement différent. Au départ c’était tout de suite, vraiment mémoriser des mots, il fallait lire le texte...

P sans même les comprendre, en fin de compte, simplement les mémoriser, quoi, on ne lui demandait de les décomposer, on disait même pas tel mot commence par telle lettre, il fallait qu’il mémorise simplement, c’est tout alors, on a un petit peu de mal à comprendre, puis en plus de ça il y a la longueur, la longueur dans l’apprentissage de la lecture par rapport à cette méthode. A savoir qu’Amélie en 1 an, c’est-à-dire à Noël, ou même pas 1 an j’dirais, en l’espace de 4 -5 mois ... elle savait lire, elle commençait à se débrouiller alors que là ...

M Là la méthode globale est basée sur...

P sur plusieurs années.

M sur plusieurs années, cela ne se fait pas en une année. C’est vraiment

P On voit pas trop l’avantage. L’avantage de cette méthode si euh.. si l’enfant met plus de temps à savoir lire, à savoir écrire.

E Vous savez, un petit peu, quelle est la méthode, la méthode vous la connaissez apparemment, quand Yohann arrive à la maison, est-ce qu’il a du travail à faire ? Quel genre de travail à faire ?

P Mémoriser, apprendre quelques mots. En général c’est un mot, un mot tous les soirs.

M Oui.

P Et arrivé en fin de mois, il a...

M depuis Noël, c’est un mot à apprendre chaque soir pour le lendemain et un petit texte qu’on revoit, ce qu’il a vu dans la journée. En général, là ça se passe bien parce que, en général, il a une bonne mémoire, il se souvient très bien du texte même si il ne reconnaît pas les mots automatiquement. Parce qu’au départ on lui demandait, tu nous dis ça mais montre moi ce mot, et bien il ne savait pas. Par contre, maintenant, il arrive à montrer le mot et à mémoriser à...

P il lit le texte mais si on lui demande où se trouve tel mot dans le texte, il est incapable de retrouver...

M au départ il ne savait pas, maintenant si.

P C’est du travail de longue haleine.

M Voilà.

E Le soir, quand il arrive, il travaille combien de temps, à peu près ?

M Je dirais que c’est ¼ d’heure, ½ heure, cela va pas au-delà. C’est un maximum, des fois ¼ , 20 minutes c’est bon.

P C’est vrai qu’à force... après une journée d’école, les enfants n’ont pas trop envie de passer une heure dans les devoirs.

M On garde un petit peu de temps, le soir avant de se coucher, pour la lecture. Donc, revoir des petites choses, des petits textes qu’il a vu en avec Gérard, revoir ça...

E C’est-à-dire qu’il a une seconde leçon de lecture !

M Voilà c’est ça. Mais qui est quand même plus détendu, puisque c’est le moment du coucher donc c’est pas pareil.

E C’est-à-dire que vous faites lire l’enfant à ce moment là.

M Voilà.

P Oui, c’est vrai qu’on essaye de lui lire un texte, que ce soit une histoire ou un livre...

M même des fois on a notre livre pour essayer exactement voir si il repère des mots...

P voilà, on essaye de lui faire repérer des mots.

M Mais en général, il est marrant, parce qu’il préfère quand même reprendre son cahier de lecture parce qu’il retrouve bien son texte, il s’en souvient, donc pour lui c’est plus facile, il a des repères. Alors qu’un livre inconnu, il essaye de reconnaître des mots comme ça, mais c’est beaucoup plus difficile quand même.

P C’est vrai que si on lui donne 4 mots dans un ordre précis et qu’il les a appris auparavant, il va les lire sans problème. Mais par contre si on cache 3 mots et qu’on en garde qu’un pris au désordre. Ça y’est, c’est fini il ne sait plus.

E hm hm.

M Maintenant, mieux, parce qu’ils ont commencé à apprendre des sons, les lettres, ils en font en écriture aussi, donc c’est vraiment

P C’est vrai que nous on avait tendance à associer aussi la méthode classique, un petit peu avec, à savoir qu’il fallait.. on a essayé de décomposer un petit peu les mots, quoi, pour l’aider à évoluer un petit peu plus vite, bon maintenant c’était peut-être pas ce qu’il fallait faire mais...

M moi, j’ai été voir à plusieurs reprises son instituteur pour en parler. Il m’a dit :   « Oh, vous inquiétez pas ça viendra d’un coup, il faut surtout pas mélanger une autre méthode ça serait catastrophique ». Bon on a dit on insiste pas, cela va peut-être se débloquer d’un coup, comme il nous avait prévenus. Et puis on s’est rendu compte que là c’est vrai depuis 2 mois, on sent que déjà cela l’intéresse beaucoup plus, parce que au départ il disait : « j’y arrive pas, j’comprends pas ». Maintenant des qu’il voit un mot bah ça, ça veut dire ça, on sent que c’est parti. Doucement, mais c’est parti.

P Au début, c’est vrai qu’il était au début, même, lui, complètement il était paniqué, quoi, on l’a pas découragé, parce qu’il a vu que sa soeur, apprendre avec une autre méthode, bon, c’est vrai qu’il était attentif un petit peu à ça aussi..

M Amélie a fait la comparaison aussi, elle est très très pipelette, elle dit : « Qu’est-ce que c’est que cette méthode, on n’a pas du tout les mêmes devoirs le soir, moi je travaillais beaucoup plus, c’est pas normal » (rire). Elle commençait à protester, elle a qu’un an de plus pourtant. Et puis son frère c’est rendu compte de ça aussi.

E Pour vous qu’est la meilleure façon pour apprendre à lire ?

P Pour moi c’est la méthode traditionnelle, moi je

M Je pense que ça dépend de chaque enfant. Je pense qu’il y en a qui s’adapterait mieux à celle-ci et l’autre à l’autre. Je pense qu’on peut pas... mais bon pour Amélie la méthode classique était super, pour Yohann on ne sait pas comment cela se serait passé. Est-ce qu’il aurait eu des difficultés aussi au départ, c’est possible hein !

E Et l’apprentissage de la lecture, d’après vous, cela commence quand ?

P Je dirais que ça commence à la fin de la maternelle et encore...

M Ça commence avant d’apprendre à lire et à écrire, pas

P Je pense qu’on peut commencer très tôt quoi.

M Le soir, quand ils sont tout petits, tous les soirs, c’est une petite lecture. Petit à petit... au départ on leur montre les images, évidemment ils ne comprennent pas les mots, après on essaye d’associer les images et les mots. Je pense que c’est un travail de longue haleine.

E hm, hm.

M Ça se fait. Ça commence à 2 - 3 ans qu’on leur fait des petites lectures le soir, petit à petit puis après en moyenne section, grande section, ils commencent à repérer des mots, puis après en CP, ils apprennent vraiment.

E hm, hm.

M C’est important quand ils sont petits...

P de commencer, commencer à les mettre un petit peu en éveil.

M A les motiver, à les intéresser à regarder des livres. C’est vrai que si on ne les intéresse pas, des enfants ça viendra d’eux-mêmes puis d’autres bon,

P C’est vrai que ne serait-ce par rapport à la lecture, lire beaucoup apporte au niveau de l’orthographe, apporte au niveau de...

M et bien plein de choses.

P La façon de s’exprimer, par écrit, apporte un plus déjà, donc les motiver à lire beaucoup plus, je pense que ça ne peut que les favoriser pour la suite.

M Leur donner vraiment envie d’apprendre.

P Moi, personnellement, je prends mon cas, on prend jamais son cas, mais moi j’ai lu beaucoup étant petit, et c’est vrai, ça m’a apporté, déjà en orthographe et puis par la suite.

M C’est vrai que ça aide.

E hm hm.

P J’étais entraîné à la lecture.

M Je crois que ça dépend de chaque personne, ça l’envie de lire, mais c’est à nous effectivement de leur donner envie des qu’ils sont tout petits, dès 1 an ou 2 ans, leur montrer des livres...

P ça fait partie de l’éducation...

M oui, voilà. Moi j’ai toujours fait ça avec mes petits, le soir...

E Qu’est-ce que vous leur faisiez lire ?

P On se mettait chacun d’un côté dans une chambre et puis...

M oui, voilà.

P ... chacun un livre, ou nous on avait préalablement choisi et puis on leur lisait l’histoire.

E Tous les soirs !

M Ah tous les soirs ou alors même des fois sans livre, ils avaient envie qu’on leur raconte une histoire et dans leur tête ... là y’avait pas d’images, y’avait rien, c’était à eux...

P ... de faire travailler leur imagination.

M Voilà un petit peu.

E hm hm

M Mais tous les soirs, je trouve que c’est important ce moment de lecture, même si ils savent que c’est qu’un petit ¼ d’heure, c’est quand même... de toute façon ils nous le réclament, si on a le malheur un soir d’être pressé ou je sais pas de, ou de....

E Et quel genre de livres lisiez-vous ?

P Alors c’était de tout, cela allait des contes de fée aux livres de bibliothèque rose, je sais que maintenant Amélie c’est livres de bibliothèque rose maintenant, même si elle sait lire elle aime quand même qu’on lui lise encore. Je sais pas, cela lui permet peut-être d’imaginer encore un petit peu plus aussi, c’est vrai. Maintenant elle lit mais elle lit, il faut qu’elle imagine aussi en plus, alors elle n’est pas encore arrivée à un stade où elle peut associer les deux, mais ... c’est un peu de tout.

M C’était beaucoup de livres avec beaucoup d’images de toute façon, et un tout petit texte, ça au départ, ça c’est sûr, pour les intéresser davantage et puis petit à petit il y a quand même beaucoup moins d’images, enfin je vois pour Amélie hein !

P Y’a eu beaucoup une période où il fallait que nous on invente des histoires, il fallait ... et que c’était à eux après d’imaginer... C’est pas facile pour nous non plus mais bon...

M Tous les livres, genre « Le Roi Lion », « Pocahontas », tout ça, ils avaient eu ça en cadeau et puis ils étaient enchantés qu’on leur raconte l’histoire en regardant les images, pour eux c’était vraiment super.

E hm. Ce sont des livres qu’ils ont eus en cadeau généralement ?

M Oui... enfin moi j’en avais acheté quand ils étaient petits mais sinon y’avaient beaucoup de cadeaux venant de mes frères.

E Ça vous arrive peut-être aussi d’aller à la médiathèque, non ?

M Moi, je leur ai proposé, en fait ils y vont avec l’école et en plus c’est le système de bibliothèque à l’école, c’est obligatoire, en fait tous les jours, Amélie m’a dit : « non, non c’est pas la peine de m’inscrire en plus, on peut changer tous les jours de livres à l’école », sinon moi j’avais proposé d’en emprunté quoi.

P Et puis, ..................quand même ils auront le choix, j’ai conservé tous mes livres de bibliothèque rose et verte, j’en ai une quantité, et après, ils auront de la lecture aussi, par la suite.

E Ils ont des livres qui leur sont personnels ?

M Ah oui, tout à fait, c’est partagé (rire), dans chaque chambre. Ça c’est mon livre, tu me le ramènes. On échange des fois quand même... pour avoir un peu plus de lecture.

P Mais ils les ont tous lus, même certains livres qui réclament qu’on leur lise plusieurs fois. Même si ils connaissent l’histoire par coeur, faut que...

M Il y a aussi mami papi, qui, depuis quelques temps, font beaucoup de cadeaux de livres. Donc ça ils sont enchantés à chaque fois.

E Vous avez commencé à leur raconter des histoires vers 4-5 ans à peu près !

P Oui, oui.

M Oh avant, avant...

P Oui, dès 3 ans à peu près.

M Avant, même quand ils étaient tout petits... on leur parlait, on leur racontait des choses, même s’ils comprennent pas tout, ou on regardait des images et on commentait cela pendant ¼ d’heure, un simple petit truc.

P C’est vrai que ça peu aller aussi, maintenant, des livres sur des animaux, sur la nature, çà leur arrive d’emprunter ce type de livres à l’école,

M ... pour élargir un petit peu...

P ...voilà, puis on le lit avec eux et puis on commente aussi, on leur explique si il y a des choses qu’ils n’ont pas compris, qu’on leur explique, puis ils font des commentaires, ça été aussi, par rapport à ce type de livres, des formes de questions, questions par rapport à la lecture qui ont lue, ou on prenait un type d’animal, on posait des questions sur l’animal après pour voir si ils avaient bien enregistré, bien écouté. Bon ça les amusait, c’est vrai c’était... toi t’as un point parce que t’as bien répondu, toi t’as zéro point...

M Ah oui, c’est vrai, tu leur avais fait un petit questionnaire...

P ... oui, je leur avais fait un petit questionnaire aussi... un petit questionnaire de mémoire aussi oui.

E Ils sont abonnés, ou Yohann est abonné à une revue de presse enfantine autrement ?

P M Non.

M Non, moi je leur prends de temps en temps. Je préférais ne pas m’abonner. Je leur prends de temps en temps des petites revues...

P ... on estime que ça coûte quand même assez cher quand même...

M Mais là du fait qu’ils peuvent en plus en emprunter à la bibliothèque, ce style de revue, là on s’est dit pour l’instant c’est pas la peine. Mais de temps en temps je leur en prends oui. Ça change, et puis avec des jeux des fois aussi, ... oui...

E Des jeux à découper ?

M Oui, en plus. Y’a une partie lecture, une partie jeux, une partie expérience, enfin... ça dépend des magazines qu’on prend... enfin toujours adapté à leur âge bien sûr (rire)

E Bien sûr. Tout à fait.(Et s’adressant au père) Et vous, vous me disiez tout à l’heure que vous lisiez beaucoup !

P Oui.

M Plus que moi, parce que moi je...

P Un petit peu moi maintenant, parce que bon j’ai d’autres activités, j’ai moins le temps, mais c’est vrai qu’il y a eu une période où j’ai lu beaucoup. Un petit de tout. C’est parti de l’enfance avec la bibliothèque rose, bibliothèque verte, les Jules Verne, et après ça été les romans policiers, fantastiques, enfin un peu de tout, j’étais pas ... sectaire. J’étais...

E Et vous ? (s’adressant à la mère)

M Un peu moins, parce que moi c’est vrai que l’école on devait étudier des livres et ça, ça m’a, un peu agacée, disons qu’on nous imposait un livre même si il intéressait pas du tout et c’est vrai que par rapport à ça, j’ai un peu arrêté de lire. Sinon je ............... maintenant je dirais qu’avant. Sinon c’était quand j’étais petite, ben la bibliothèque rose, verte, beaucoup de bandes dessinées aussi, j’adorais ça, je trouvais ça super (rire). Maintenant ce serait les magazines et puis si j’ai le temps quelques romans, mais c’est pas évident.

E hm hm.

M Puis des livres sur les enfants, si, on essaie de lire. Sur l’éducation des enfants, ...

P La psychologie enfantine.

E Des ouvrages un petit peu plus scientifique ?

P M Voilà. c’est là.

M Les questions qu’on se pose un petit peu, on essaie de trouver les réponses, c’est pas toujours facile mais enfin bon.

E Est-ce que vous pouvez me parler, me raconter le moment de la leçon du soir, comment cela se passe ?

P Déjà il faut les motiver déjà. Il faut leur dire : « Maintenant c’est l’heure des leçons, vous arrêtez de jouer, vous pensez à autre chose, vous ne pensez qu’aux devoirs ». C’est déjà la première étape.

M Disons c’est déjà bien établi. On rentre, c’est le goûter, ils se détendent un petit peu, car je trouve que c’est quand même normal, et puis au bout d’une petite heure, des fois c’est des dessins animés, des fois c’est des jeux, et bien on arrête et hop on passe aux leçons.

P C’est pas toujours facile.

M Maintenant c’est chacun de son côté et chacun son tour, parce que quand ils sont ensembles avec moi, que toi t’es pas rentré, alors c’est le bazar : « Tais toi, tu m’embêtes, j’arrive pas à apprendre », enfin ça n’arrête pas. Alors on fait à tour de rôle et ça se passe bien parce que bon en plus, maintenant c’est vrai qu’ils ont envie de jouer dehors davantage alors « bon, alors maman on fait les leçons, comme ça après si je fais mes leçons maintenant je peux aller jouer ».

P Mais on essaye quand même que ce ne soit pas bâcler parce quoi, il faut respecter le temps des devoirs et que cela soit fait aussi bien comme il faut. Et ça, eux, ils ont du mal quand même.... à le gérer.

E hm hm.

P Ils arrivent à comprendre que les devoirs c’est important. On n’arrête pas de leur dire justement que les jeux nous à la limite on s’en fiche, pour nous les devoirs c’est plus important, l’école, les résultats, voilà. Si ils ne font pas le résultat... y’aura pas de récompenses derrière...

E Qu’est-ce que vous voulez dire quand ils n’auront pas de récompenses derrière ?

P Si ils ne font pas d’efforts, si ils n’ont pas de bonne note, parce qu’ils n’ont pas réussi parce qu’ils n’ont pas compris, bon, à ce moment là y’a aucune raison de les réprimander, quoi on va essayer de leur expliquer, par contre maintenant si ils ne font pas le devoir parce qu’ils n’ont pas envie de le faire ou parce qu’ils ne font pas d’efforts, parce qu’ils pensent qu’à jouer, là ce sera une punition.

M Si ils boudent pendant ¼ d’heure sur le cahier, parce que bon c’est arrivé aussi, on essaye de s’expliquer avant de se fâcher ou avant de sanctionner, mais non ça se passe bien, je sais que maintenant je n’ai pas à me plaindre. Ça y est ils sont pris le rythme, c’est vrai que c’est la première année, CP y’avait pas de leçons avant. Je pense que c’est un rythme à prendre, maintenant il sait que c’est les leçons après le goûter et après il y a quartier libre jusqu’à ce qu’on mange quoi. Bon il sait qu’après il peut se défouler. Non j’avoue que cela se passe bien.

E Et puis quand Yohann fait son travail, vous êtes avec lui !

M ah bien sûr, ah bien oui. Ça les faire tout seul, c’est hors de question. Même sa soeur, c’est vrai qu’elle en ce moment, elle est en CE1, elle essaie, d’être un peu plus ....

P un petit peu plus autonome, ben...

M Mais je vérifie quand même si elle a envie, ça lui fait plaisir, pour montrer qu’elle est grande, de faire toute seule, bon maintenant tu viens après avec tes cahiers, et je vérifie après tout ce que tu as fait, et je lui refais faire, mais en général c’est bon. Mais ça se passe bien de toute façon.

P Non y’a pas de problème.

M Mais non jamais tout seul, sinon... je ne sais pas ce que ce serait.

P Non non, faut pas les laisser ... livrer à eux-mêmes. Non au contraire, ça c’est la pire des solutions, livrer à eux-mêmes, on sait bien, on a été pareil, on sait très bien qu’un enfant si on le laisse...

M Surtout à cet âge là,

P Ils pensent qu’à une chose, c’est jouer. Les devoirs ça va être mis dans un coin, donc...

M Bah des devoirs, c’est quand même une révision des choses qui ont fait dans la journée.

E En parlant de jeux, à quoi jouent-ils ?

P Avec leurs petits copains, dehors, ils jouent à un petit peu de tout, les jeux d’enfants, ça peut être une cassette vidéo à la télé ou leur console de jeux...

M Oh bah ça c’est rare, franchement.

P C’est un petit peu plus rare, mais ça peut être aussi le week-end, peut-être plus car on a un petit peu plus de temps ensemble.

M C’est faire du vélo dehors. C’est, les garçons, jouer à la guerre, ils font des clans garçons, filles alors ils se poursuivent, alors ça n’arrête pas, ils se cachent, y’a la balançoire, tu leur as fait une cabane, ils jouent dans la cabane. Les filles c’est jouer à la dînette, à la poupée... les garçons des fois, c’est jouer aux petites voitures, ou alors, en ce moment, on essaye de faire des jeux avec eux, ils aiment bien jouer au pendu en ce moment (rire). Cela leur apprend, c’est vrai. Au pendu, au petit bac...

P au petit bac, oui...

M C’était bien pour Yohann, c’était Amélie qui le faisait, au jeu de dames, ils réclament beaucoup les jeux de dames tous les deux, le jeux des petits chevaux...

P On essaye de les amener ....

M bataille navale aussi parce qu’il en a eu une à Noël et qu’il aime bien. Il a bien compris.

P On essaye de les amener petit à petit aux jeux de société, aux jeux de réflexion. Nous on est beaucoup plus pour les jeux, les jeux qui ouvrent leur esprit...

M Beaucoup de puzzle aussi, c’est-à-dire une période puzzle, ils étaient fiers parce qu’on leur avait pris des grands, combien ? 200 pièces Amélie puis 100 pièces Yohann, puis il était fier de le faire. Ça ça leur a plu.

P Bon le type de jeux...

M C’est par période

P Le type de jeux ou ils vont simplement s’amuser, sans réfléchir sans rien...

M Ses personnages, aussi, en ce moment il joue pas mal avec.. il s’invente des histoires, on l’entend.

E Vous jouez souvent avec Yohann, avec vos enfants ?

M Moi, oui, dès que je peux.

E Vous jouez à quoi ?

P Moi, j’ai beaucoup moins le temps, je suis beaucoup moins là. J’ai mon travail...

M En fait, c’est eux qui décident, ce qu’ils ont envie de jouer. Je leur propose, si ça leur plaît pas, eux ils décident. Alors dès fois, je me suis vu jouer à l’épée avec Yohann (rire) et puis Amélie on joue aux Barbies des fois, ou, ce qu’elle aime bien jouer, c’est à la maîtresse d’école, alors ça, et elle commande son petit frère, ça lui fait plaisir. Sinon avec Yohann, ça peut être des jeux, jeux de cartes aussi, jeu 7 familles aussi on a joué, puis il joue avec ses bonshommes... et puis oui, tu jouais bien aux voitures avec eux (s’adressant à son mari).. parce que moi les voitures.

P Oui, les voitures.

M Parfois je me mets là et puis il se met là bas et puis on se lance les voitures, allez hop...

P Oui, c’est varié...

M C’est des petits trucs tout simple et puis ça dure... ½ heure puis après on change. On essaye de jouer dès qu’on a un petit moment, c’est pas toujours facile. Y’a tellement de choses à faire..

P Ils adorent jouer au UNO, un jeu de carte...

M Au UNO, oui.

P Ils adorent jouer à ça, c’est une association de couleurs de formes et de chiffres aussi. Donc ça ils aiment bien et ils ont compris, même Yohann, c’est vrai qu’il commence...

M Ah oui il a bien compris... Comme le trimino.

P C’est vrai qu’on essaye de les amener un petit plus à des jeux de réflexion que des jeux un peu bébête ou ils se cantonnent simplement à faire un geste et puis...

M Oui, mais enfin ils ont besoin quand même de jouer aussi à ça, bon et on a joué aussi à ça avec eux.

E Ils regardent souvent la télévision ?

P En semaine, pratiquement pas.

M Non non pas souvent.

P Non pas souvent. Surtout pas en semaine.

M C’est surtout je dirais éventuellement le mardi soir, car le lendemain y’a pas d’école et je vois même maintenant le mercredi elle n’est pas du tout allumée, c’est ... , ils sont toujours en train de jouer dehors...

P C’est vrai qu’on rentre dans une période où il fait beau dehors donc ils n’ont qu’une envie c’est d’aller dehors...

M Sinon quand il fait vraiment mauvais, moi je leur passe un petit dessin animé, une petite cassette mais... sûrement pas 4 heures d’affilée devant la télé. Après on éteint puis on fait autre chose, on va faire un tour, c’est pas week-end télé ou soirée télé. De toute façon à 8 heures ils sont couchés.

P C’est le soir, quand ils sont rentrés, quand il commence à faire tard, bon voilà, là c’est ou les jeux, ou si ils ont envie de regarder la télé, ou un dessin animé...

M Oui, le week-end on les laisse traîner un petit peu.

P Mais sinon dans la semaine...

M Mais même, non, ils sont à jouer dans leur chambre, ils n’ont même pas envie de regarder. Si des fois il y a quand même des émissions sur les animaux, ils aiment bien sur la 5, ça les intéresse.

P Oui, des émissions scientifiques mais à leur portée, comme l’émission sur la 3 « C’est pas sorcier ».

M Ah ça c’est pas mal.

P Où ils expliquent les phénomènes de la nature, là dernièrement c’était sur le cinéma, comment on fait un film, comment on fait les cascades, ça ils adorent regarder ça, tous ces trucs là. Ils prennent un thème et ils expliquent, et ça ils aiment bien.

M Oui, ou des émissions un petit peu rigolote, genre « Vidéo gags », ça les fait rire un bon petit moment (rire), c’est vrai c’est marrant.

E Est-ce qui aiment bien écrire ou dessiner, autrement, mise à part ....... ?

P Dessiner, oui, ils aiment dessiner. Ils demandent et quelquefois ça fait partie justement des jeux ça.

M On a des très très grandes feuilles qu’on peut installer là ou par terre et je leur avais acheté des grandes mallettes de feutres, crayons de couleurs, enfin c’est vraiment complet, on s’installe, même toi (s’adressant à son mari) tu t’installes avec eux, maman aussi, mais enfin ils rigolent parce que c’est pas super, puis on se met tous à dessiner ou alors que tous les deux et puis ils font des supers dessins... et puis de la peinture aussi.

P De la peinture aussi.

M Ça ça les occupe bien, ils aiment bien dessiner. D’ailleurs on les garde toutes les grandes feuilles.

E Vous les conservez !

M oui oui, je les garde.

E Vous mettez la date dessus.

M Bah oui de toute façon, elle la marque d’elle-même, même pour Yohann on avait noté.

E Vous m’avez dit au téléphone que vous étiez inquiets avant, vos enfants étaient dans une autre école avant ?

M Oui, c’est ça.

E Et puis vous avez changé un petit peu et là y’avait, ce que j’ai senti, c’est une espèce de, pas de déception mais une espèce d’inquiétude.

M Tout à fait. Bien c’est ce qu’on vous a dit, c’est par rapport à la méthode d’apprentissage.

P C’est ça, surtout c’est cette fameuse méthode globale, c’est ça qui nous a surtout...

M C’est vrai qu’on arrivait là, on connaissait personne, y’avait l’école, c’était tout nouveau aussi, et en plus cette nouvelle méthode,

P ...on nous l’avait pas dit en plus...

M non,

P on nous l’avait pas dit. On avait tout expliqué par rapport à l’école, par rapport au fonctionnement mais en ce qui concerne au méthode d’apprentissage, rien du tout.

M J’avais discuté avec un instit, c’était au mois de juin, avant qu’ils commencent au mois de septembre, et il ne m’en avait pas parlé de cette fameuse méthode. J’avais trouvé ça super l’école, c’était par rapport...

P Il les responsabilise par rapport à plein de choses..

M Voilà.

P C’est vrai, ils changent de classe, faut qu’ils prennent leurs petites affaires...

M Un peu plus de liberté, un peu plus...

P Donc, ça les apprend un petit peu...

M C’est un petit peu le système du collège.

P Du collège, donc ils sont un petit peu recadrés par rapport à ça.

M Oui, j’ai trouvé cela très bien. Ils disaient que ça se passait très bien et c’est vrai que les enfants n’essayaient pas, il n’y avait pas trop de problème par rapport à ça.

P Et il y a beaucoup d’activités, ils font pas mal de sports, pas mal de sorties, y’a eu une période piscine, la dernière fois c’était une période patins à roulettes, y’a des activités manuelles, ça pour ça c’est très bien.

M Moi je pense que tous les jeunes parents qu’ont des enfants au CP, y’en a beaucoup qui se sont inquiétés en début d’année alors le pauvre Gérard en avait un petit peu marre parce qu’on arrêtait pas, les mamans, d’aller le voir à la fin des classes pour demander un peu des explications.

P C’est vrai qu’il y avait énormément de parents qu’on côtoyait qui étaient complètement alarmés aussi, par rapport à cette méthode...

M Et il disait de ne pas s’inquiéter, que ça allait se débloquer, que c’était un apprentissage...

P ... un peu plus long. Voilà.

M Bon ben maintenant je me rends compte que c’est bon.

P Ça se débloque, enfin il nous reste 3 mois et que on se pose toujours des questions quant à cette méthode...

M Il a pas fini complètement d’apprendre à lire et à écrire, ça va continuer en CE1.

P La grande question pour nous ça reste quel est l’intérêt de cette méthode. Dire ça pour l’instant, même le professeur n’a pas répondu véritablement à cette question. Bon pourquoi...

M C’est basé sur la mémorisation, il travaille différemment.

P Pourquoi instaurer une nouvelle méthode alors qu’il y en a une qui a fait ses preuves, je veux dire, depuis des lustres et qui a toujours marché pour la majorité des gens. C’est ça que j’arrive pas à comprendre, pourquoi casser un petit peu le système.

M Par contre, il y a d’autres écoles qui partagent, qui font une partie méthode globale et une partie méthode traditionnelle quoi.

E hm hm.

M Moi je pensais qu’il y avait qu’une seule façon de lire et d’écrire...

P Voilà c’est ça. C’est vrai qu’on était même pas au courant qu’il y avait une autre méthode. Pour nous c’était la méthode classique, point final.

M Du fait qu’Amélie avait appris comme ça, bien c’était normal.

E Vous vous ne posiez pas de questions ?

P M Non non, absolument pas.

P On s’était jamais posé de questions à savoir s’il y avait une autre méthode, pour nous il n’y avait que celle-là.

M Je n’en avais jamais entendu parler non plus ou on ne s’y était pas intéressé avant. Ils étaient en maternelle. Moi je sais pas... non mais ça nous a vraiment étonné. Normalement, je suis rassurée.

E Qu’est-ce que vous faites pour que l’enfant connaisse davantage de choses, est-ce que vous avez des recettes ?

P On essaye de discuter beaucoup. Je veux dire que si dans une discussion ils sont amenés à parler d’un sujet ou d’un mot ou d’un thème qu’ils comprennent pas, une chose qu’ils comprennent pas on essaye de leur expliquer avec des mots simples, des mots à eux et puis...

M Ou eux-mêmes ils posent des questions quand ils entendent un mot et qu’ils ne comprennent pas.

P Là je sais que très prochainement on va les emmener sur un sujet qu’on a sur un bouquin qu’on a eu, qui vient des allocations familiales sur la pédophilie, on veut aussi leur apprendre ce que c’est aussi la pédophilie et ...

M Leur expliquer aussi un petit peu les dangers.

E Bien sûr.

P Ça c’est un prochain thème que l’on va aborder.

E Comment vous allez l’aborder, vous allez l’aborder franco de port comme ça ou c’est dans la discussion ?

P Oh bah oui, on cherche pas d’avoir une règle....

E C’est comme ça.

P Oui, c’est comme ça, ça vient tout seul. Par rapport à la discussion ils vont poser des questions, ils vont demander des choses, puis on va continuer de leur répondre, puis de fil en aiguille...

M Oui, ben enfin là tu leur as dit quand même je vais vous faire une petite lecture...

P ... une petite lecture par rapport à ça quand même. Sur le livre, y’a une lecture par rapport à ça.

M On leur a dit, ça fait déjà plusieurs semaines qu’on vous en parle comme ça rapidement, parce Amélie mine de rien, elle écoute les informations et elle sait ce qui se passe, enfin ce qu’elle peut comprendre, et elle avait posé quelques questions là dessus, on lui avait expliqué brièvement...

P C’est vrai qu’elle s’intéresse énormément à ce qui se passe un petit peu partout, dans le monde.

M Là on lui a dit, bien justement par rapport à ce qu’on t’a dit depuis plusieurs semaines, ce qui se passe avec les messieurs méchants et tout cela, on va un petit peu vous en parler. Yohann a dit : « Ah bon, pourquoi ? ». On va t’expliquer un petit peu mieux et tu pourras poser des questions.

P C’est vrai qu’on essaye d’aborder un petit peu... on a pas de tabou nous ici, on essaye d’aborder n’importe quel sujet. On leur a expliqué du fait que...

E Vous êtes enceinte...

M Un bébé qui arrive bientôt, super.

P Qu’un bébé arrive bientôt. Il y a vraiment des questions qui arrivent par rapport à ça. Alors on leur a expliqué, de la conception du bébé jusqu’à...

M C’est incroyable toutes les questions. Et c’est bien ils attendent vraiment ça puis ils s’y intéressent vraiment, ils sont pas indifférents. Yohann tout à l’heure il m’a fait rire : « Mais marche pas trop vite maman, tu vas te fatiguer ». (rire)

P Oui, ça peut être n’importe quoi.

M De toute façon avec Amélie tu peux, enfin même avec Yohann, si on se met à discuter comme ça, on est obligé de leur dire bon bah tu vois maintenant on va arrêter parce que il est l’heure soit de dormir soit de... C’est vrai quand on se met parler comme ça, ça peut durer un bout... sur plein de choses.

P C’est vrai que c’est pas toujours évident de trouver les mots justes, les mots qu’ils comprennent, il faut se mettre un petit peu à leur niveau, c’est pas toujours évident.

M Tu leur donnes une réponse et c’est : « Pourquoi ça », tu leur donnes une autre réponse : « Oui mais, pourquoi ça ». Et c’est beaucoup de pourquoi, pourquoi, pourquoi, c’est vrai. C’est pas évident des fois d’en finir avec ça, parce que on peut aller loin comme ça.

P C’est vrai qu’on arrive à s’expliquer, on arrive à leur faire comprendre mais, c’est pas toujours facile, même on essaye de répondre sur n’importe quel sujet, c’est pas toujours facile.

M Ou est-ce qu’on les avait emmenés aussi, au planétarium, cela les avait attiré aussi, on avait discuté après, on avait ramené les petites publicités, les petits dépliants, on avait discuté un petit peu, c’était un petit peu compliqué quand même, parce que même eux, même moi on aime bien comprendre...

E Mais vous étiez en contact avec eux !

P M Ah oui oui.

P C’est vrai que ça peut être les musées, ça peut être, pas beaucoup de musées.

M Bah si on était allé avec les enfants plusieurs fois...

P au muséum d’histoires naturelles, au planétarium, des parcs zoologiques, oui, on essaye de les sortir un petit peu...

M Et il y a des expositions qui peuvent être intéressantes pour eux aussi. Parce qu’il y a des choses, on essaye de les emmener.

E hm, hm. Maintenant vous concernant, quel est le dernier diplôme que vous avez eu maintenant Monsieur ?

P Dernier diplôme, le CAP de pâtissier.

E Et vous ?

M Moi c’était le bac G3. Commerce.

E Commerce, oui d’accord. Et vous avez suivi d’autres formations professionnelles après?

P Non du tout, bon moi j’ai été obligé d’arrêter mon métier à la suite d’un accident et je me suis reconverti dans le premier truc que j’ai trouvé. Maintenant je suis dans la fabrication de peintures, donc aucun rapport, c’est toujours des mélanges (rires), sans conviction, faut gagner sa vie, quoi, c’est tout.

E Et vous ?

M Moi j’ai commencé par le CAP, BEP, agent administratif, ça se faisait beaucoup à l’époque, après j’ai continué pour avoir le bac puis après j’ai eu du mal à trouver du travail, puis j’ai eu mes enfants, en plus ils sont très rapprochés, ils ont 14 mois d’écart, et puis après j’ai repris un petit travail à mi-temps parce que c’est vrai que ça tirait dur, et comme vendeuse dans un magasin parce que je trouvais rien dans ma branche et que j’avais pas d’expérience. Et puis après, les années passent vite, et puis là on a décidé de faire le troisième.

E Sans rentrer dans les détails votre revenu familial, il est au dessous de 6.000 F, entre 6.000 et 15.000, entre 15.000 et 25.000 ?

P Entre 6.000 et 15.000.

M Oui, voilà.

E Ce sont des questions que l’on pose pour avoir en jargon scientifique c’est ce qu’on appelle le talon sociologique.

P M oui, oui.

E Vous travaillez à temps complet peut-être, à temps partiel ?

P A temps complet.

E Et la dernière école ou établissement que vous avez fréquenté c’était un... ?

P C’était, qui n’existe plus maintenant... c’était la chambre des métiers.

E La chambre des métiers.

E Pour le CAP ? Mais après pour votre formation ?

P Non c’est-à-dire que j’ai commencé par un pré-apprentissage. J’étais dans une école spécialisée qui était à côté de Saint Philbert de Grand Lieu, c’était... je ne me rappelle plus du nom, donc on nous a pris en pré-apprentissage donc après l’apprentissage à la Chambre des Métiers. A la suite du CAP, juste après avoir passé mon diplôme, j’ai eu mon accident, donc ça n’a pas abouti à autre chose, j’étais en période de remise...

E Oui, d’accord. Vos années de naissance respectives ?

M 1966, moi.

P 1968.

E 1968, d’accord.

(rires)

E Je pense que l’on a circonscrit l’ensemble de votre discours sur la lecture, est-ce que vous vous avez encore autre chose à rajouter ? Par rapport à la lecture en général ?

P Non, non. Je pense qu’il ne faut pas les obliger à lire si ils n’ont pas envie de lire. Il faut quand même essayer de les motiver par rapport à ça. Leur donner envie. Ça, ça commence très tôt. Si on s’y prend trop tard pour essayer de les motiver pour la lecture, je pense que qu’on arrivera à beaucoup moins de choses. Donc cela commence très très tôt. Je pense que ça, ça un apport bénéfique pour le reste, les motiver à lire.

E Et comment vous situez Yohann, les très bons élèves, les bons élèves...

P Je dirais dans les bons moyens, entre les deux...

M C’est pas mal, il est pas dans les plus mauvais, il est entre moyen et bon...

P oui, parce que en mathématiques, il se défend.

M Là son deuxième trimestre, c’était bien, il avait vraiment trouvé ses... j’ai discuté avec son instituteur, il s’y intéressait beaucoup plus.

E Au niveau lecture...

M C’est bien, mais bon c’est pas complet, il sait pas complètement lire, ça y’a pas de problème. Mais, c’est bien, par rapport à il y a quelques mois franchement, y’a une sacré marge...

P Y’a de l’amélioration. C’est vrai.

M Oh oui, quand même.

P C’est vrai, il avait été question un moment donné, si il n’y avait pas eu d’amélioration de le changer d’école. Ne serait-ce que pour avoir l’autre méthode.

M Pas en cours d’année...

P Pas en cours d’année bien sûr, mais pas l’année écoulée, ne serait-ce par rapport à ça, c’est pas possible il ne saura jamais lire.

E Vous étiez inquiets là...

P Ah très très inquiets, il ne saura jamais lire. On était un peu révolté.

M Parce que là on voit bien, Amélie qui est en CE1, elle me dit bien que ses petits camarades qui ont suivi la méthode globale, y’en a qui ne savent pas complètement lire, elle me le dit bien. Alors qu’elle, c’est pas pour la vanter, elle lit tous les mots, y’a pas de problème. Bah, j’en sais rien, elle a de bonnes bases, quoi, elle est bien partie, bon cela continue.

P Avoir de bonnes bases au départ, c’est très important. Si il y a un mauvais départ, après, tout s’enchaîne.

M Et elle veut aider son frère, pour ça elle est vraiment mignonne, pourtant elle a qu’un an de plus, mais elle veut l’aider, faire sa petite maîtresse. Mais lui parfois ça l’agace, il a moins de patience, il a envie de se débrouiller tout seul.

E Il a envie d’être autonome.

P Bah il aimerait être un petit peu comme sa soeur, c’est vrai.

M Davantage maintenant, parce qu’avant il était toujours à ses...

P C’est vrai que cela l’a découragé au début. Il disait moi j’arrive pas à lire qu’Amélie elle savait lire depuis longtemps. Le tort qu’on a eu c’est qu’on avait tendance à le dire, même devant eux.

M Et on a eu tort, car il a très bien su le répéter à plusieurs reprises. Ben oui, mais c’est la méthode qui est différente...

P C’est vrai que ça on n’a pas fait attention, on n’a pas été prudent par rapport à ça. On était tellement révolté qu’en fin de compte on ne s’inquiétait même plus de...

M A force de l’entendre, bah il s’est dit c’est normal, je n’y arriverais pas, c’est pas bien cette méthode.

E Je crois que vous avez la clé de votre problème.

M oui, oui. Maintenant on lui dit non en fin de compte, c’est très bien ta méthode, on a discuté avec ton instituteur, mais c’est beaucoup plus long que ta soeur, mais tu sauras super bien lire, mais maintenant il a confiance en lui...

P C’est ça, juste au moment ou on a dit on arrête d’en parler, on arrête de lui prendre la tête, comme on dit, on attend, puis on verra bien, ça bloquera ou ça débloquera pas.

M Bah oui, fallait qu’il suive, il faisait comme ses petits camarades, les autres auraient réussi ben lui c’est pareil, il n’était pas plus bête qu’un autre pour apprendre, ils sont tous le même niveau, quelque part. Maintenant il a confiance en lui, nous on voit que ça se passe bien aussi et ça l’intéresse beaucoup plus. Ça c’est déjà important. Il participe beaucoup en classe, ça se passe bien, donc on attend la suite, le passage en CE1 certainement.