Avis de l'enseignante sur l'enfant et la famille. Entretien N° 17 enfant GUILLE Déborah

E Deborah, comment a-t-elle abordé son CP ?

N C’est une enfant qui est immature et très inhibée qui vivait... qui vit un peu dans... enfin qui se protège du monde extérieur, parce que ses parents... elle a vécu une séparation, son père, tu as rencontré...

E J’ai rencontré la maman.

N Elle t’a expliqué le problème.

E Pas trop, elle n’est pas entrée dans les détails. Le père était absent, je n’en ai pas fait état, elle n’en a pas parlé.

N Un papa absent mais complètement absent, même affectivement très absent. C’est curieux car on a l’impression que Deborah est une petite fille qui est en attente, en attente de l’adulte, en attente de quelque chose et elle ne s’investit pas du tout dans ce qu’elle fait.

E Au niveau de l’apprentissage de la lecture comment s’est elle investie ?

N Pas du tout. Pas du tout motivée, pas intéressée par ce qu’on lui proposait. Elle ne réagissait qu’en relation individuelle et en relation individuelle, là, elle s’extériorisait beaucoup et elle se dévoilait. On avait en face de nous une petite fille qui s’exprimait très bien qui avait un vocabulaire très bien, enfin assez développé du moins, qui savait des choses, qui était intéressé par beaucoup de choses, alors que dans le grand groupe, elle donnait l’impression d’être ailleurs.

E Une petite fille étouffée...

N Très étouffée.

E Et les contacts avec la maman ?

N Plutôt bon. C’est elle qui a demandé le redoublement de Deborah, donc c’est génial. Très à l’écoute de sa petite fille et attendant beaucoup de nous aussi. Une grande aide de notre part. Elle a senti qu’on était proche de Deborah et qu’on sentait qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas, tout le monde lui disait, moi je lui disais, j’essayais de la voir, je disais, « vous savez Deborah cette semaine ça n’a pas été du tout, qu’est-ce qui s’est passé ? » et souvent elle était allée chez le papa, et ça ne s’était pas bien passé chez le papa. C’était souvent ça.

E Donc un rapport de confiance...

N Un rapport de confiance assez grand, je pense.

E Est-ce que c’est une femme qui s’investissait dans l’école ?

N Pas du tout. Très à l’écart, pas très à l’aise. Une dame qui ne donne pas l’impression d’être à l’aise dans ses baskets. Je ne sais pas si elle essaye de refaire sa vie. Elle a été maman très jeune, je crois, elle a connu ce gars très jeune, elle a eu ce bébé. Il l’a plaqué ou elle l’a plaqué très vite et je crois que pour elle ça a été un échec assez cuisant et qu’elle le vit très très mal. Je me demande quelle vie affective elle a cette femme, je ne pense pas qu’elle en ait. Elle doit vivre assez en vase clos avec sa petite fille... et pas très épanouie en fait.

E L’apprentissage de la lecture chez Deborah qui a été tellement lourd qu’il y a un redoublement ?

N Oui, parce qu’il y avait d’autres... c’est une gamine qui avait d’autres problèmes à régler. La maman l’a fait voir à un psychologue, elle suit une psychothérapie actuellement. Elle avait d’autres problèmes à régler, par exemple, j’ai dit à sa maman « il faut qu’elle fasse le deuil de son papa, il faut qu’elle règle son problème avec son père », et qu’elle se situe bien aussi par rapport à sa maman et aussi par rapport aux autres.