Entretien n° 26 avec Famille PARIS - NANTES

Le 28 mars 1998

E Apprentissage de la lecture, qu’est-ce que cela évoque pour vous ?

M En quels termes ?

E De façon générale.

M Ça doit être spontané, c’est une difficulté? un problème ?

E La question est ouverte, quand je vous dis apprentissage de la lecture, qu’est-ce que cela évoque pour vous, tout simplement ?..

M Pour moi c’est primordial, c'est la première chose parce qu'ici, c'est bourré de bouquin et c'est la priorité par rapport à tout ce qui est culture, télévisuel, médiatique, même vidéo, à tel point j’ai supprimé une des télés et que je supprimerais la prochaine et la dernière si je voyais que la lecture, c’était au détriment de la lecture, ce qui n’est pas le cas. Ça c’est une position qui m'est tout à fait personnelle et que je maintiendrais très vigoureusement. Le deuxième point, sur la technique de l’apprentissage, je crois que je n’ai pas de chance parce que 3 des 4 enfants sont tombés sur la même maîtresse en CP, et je pense que c’est une très mauvaise méthodologie, surtout qu’il y a eu 3 échecs relatifs. On se sait pas à qui l'attribuer. J’ai analysé la chose du côté familial, où était le problème. le problème a été vu sur le plan médical et les 3 ont fini chez l’orthophoniste. 3 cas de dyslexie dysorthographie ont été prouvés et les deux premiers s’en tirent bien. Caroline n’a plus de difficulté, Elle a de très bonne notes en lecture, elle est en CM1 non en CM2, c'est vrai, elle rentre en 6 éme. Nicolas il a 9, 5 ou 10 sur les trois bilans en lecture, donc j’estime que ça doit être récupéré et Emeric a eu un échec de démarrage très sévère sur l’apprentissage de la lecture. On peut peut-être mettre ça sur le plan médical mais la part de la technique de la maîtresse pour moi, reste un gros point d’interrogation.

E Parlons-en...

M Je pense qu’il y a une erreur, j’ai encore vu la maîtresse cette semaine, j’ai encore passé un moment avec elle. j'ai passé 20 minutes encore avec elle à ce sujet. On est allé la voir dès qu’elle me l’a demandé parce qu’elle me donnait l’impression perdre pied avec Emeric. Elle a voulu qu’il aille chez l’orthophoniste avant d’avoir passé 10 pages du livre de lecture et moi je pense que c’est inadmissible parce nous, dans notre esprit, l’orthophonie c’est quand il y a déjà une part de lecture d’acquise et qu’il y a une rééducation à faire, il y a des choses qui ont été loupés. Je pense, quand on a 27 élèves avec des rythmes d’acquisition différents, l’échec il est là. Lui, on sait quel est son déficit, mais il ne doit pas à avoir à appliquer un rythme qui est un rythme normal. Moi, je m’en étais rendue compte, je crois que la méthode qu’on lui a appliqué ne pouvait pas coller. Déjà, j’ai appelé 2 orthophonistes que je connais bien dont une maman qui a un enfant dans cette classe là, qui m’a conforté dans mon opinion. Elles m’ont conseillé de prendre en charge ce que ne pouvait pas prendre en charge la maîtresse donc on est parti sur l’ordinateur avec des phonèmes, et j’ai l’impression que c’est à partir de ce moment là qu’il s’est mis en route. On a répété tous les soirs, on a fait les devoirs de la maîtresse et après on reprenait les phonèmes, des choses hyper simples avec toutes les lettres et on les répétait sans arrêt.

E Ça veut dire que quelque chose clochait dans la méthode...

M Si vous voulez, je n'en sais rien, je ne suis pas compétente sur les sciences de l’éducation...

E C’est ce que vous percevez.

M Je perçois que quand une chose n’est pas acquise et qu’on passe à la page suivante, et qu'on repasse à la page suivante qu’au bout de 3 semaines, que vous êtes rendu à la 21ème page et il y a déjà à la page 5 des choses où il est complètement les yeux dans le vide, je ne comprends pas l’éducation dans ce domaine là. J’ai essayé de reprendre au début du livre, les phonèmes...

E Qu’auriez vous souhaité ?

M J’aurai aimé ce qu’on fait en sport, vous avez 3 groupes de niveau et ceux qui sont au niveau 3, on doit les entraîner à leur niveau mais pas au niveau comme les premiers.

E Vous pensez que Emeric ce qu’il lui manquait c’était une base fondamentale...

M Il n’a pas la vitesse d’acquisition dans ce domaine là des autres, en lecture. C’était une surprise parce qu’il a une verbalisation affolante, qui nous paraît étonnante, par rapport aux autres et ceux qu'on voit, il retient des choses ou des phrases invraisemblables, il resitue des phrases ou des jugements qui nous surprennent un peu de temps en temps et on est étonné de le voir en retard dans ce domaine d’acquisition. Mais c’est comme ça...

E Vous voulez dire par là, qu'il aurait peut-être fallu prendre un cheminement moins rapide...

M Je pense que sa vitesse d’acquisition est deux fois moins rapide qu’un enfant normal. J’en suis convaincue. La maîtresse me dit qu’il est encore lent et qu’il apprend deux fois moins vite. Je suis d’accord. On devrait pas être à la page 10 du 2ème livre on devrait être à la page 40 du premier livre. Je pense moi, mais je n'en sais rien qu’on devrait passer à quelque chose d’autre quand c’est acquis, mais quand je vois que des mots comme « dans » qu'il n’est pas capable de les reconnaître, on a loupé une marche. On le refera pendant les vacances.

E La méthode en elle-même ?

M Moi, je m’étais intéressée à ça, j’avais lu un livre sur la lecture de l’enfant qui m’avait plu, c’était celui de BETTELHEIM, où il disait que les livres étaient quand même... qu’on comprenait qu’on avait pas envie d’apprendre à lire avec des livres qui n’étaient pas marrants. Je trouve que c’est une bonne réflexion. On fait la même chose, vous avez un journal qui ne vous intéresse pas, vous n’allez pas dedans. Je ne sais pas si cela les attire tant que ça alors que je les vois se précipiter sur le quotidien...

E La méthode vous ne l’avez pas trouvé...

M Quand Emeric arrive : « Ah, ouffff, à une colonne, pas une colonne » je ne suis pas sûre que cela soit attractif. Si on doit passer par là, on y passe, de toute façon on a pas le choix mais l’ordinateur, on a été deux fois plus vite sur ordinateur pour les mêmes mots. J’ai mis dans un traitement de texte avec Emeric, les phonèmes... le L, LE, LA, LI, LO et puis, après on mettait des mots, LU avec une croix en dessous pour LUT.,. lui trouve les mots, on les écrit, il s’amuse. J'avais essayer de lui faire écrire; le passage par clavier, c'était une tâche qui était pour lui à éviter, alors on a arrêté, c'est moi qui écrit et c'est lui qui dicte après on revient. Si il fait une erreur on reprend la colonne.

E Vous faites ça tous les jours.

M On a fait ça tous les jours. Oui, et après j'ai abandonné. Après avoir vu la maîtresse qui avait perdu pied, qui ne savait plus comment faire, comment le prendre, c’était autour de la Toussaint. Moi, j’avais déjà vu, comme c'est moi qui le fait travailler tous les soirs, qu’il avait perdu pied et qu’on me demandait de voir une autre page... et il perdait pied, après c’était du style « tout le monde se moque de moi, je ne veux plus retourner à l’école ». Il perdait pied. J’avais envisagé de le changer d’école en cours d’année, quand on perd pied, il faut faire quelque chose, on va pas attendre un an.

E Vous passiez longtemps au travail du soir...

M Plus longtemps qu’il aurait fallu, la maîtresse disait 10 minutes, en 10 minutes , on n'y était pas. On passait ½ heure, parfois une heure.

E Tous les soirs ?

M Mais, lui n’en avait pas marre, on tenait compte du rythme, parce que il rentre, c’est une pile, il faut le lâcher, il n’en peut plus. Je le faisais après le bain, avant dîner, après dîner, au calme, toujours tranquille, dans le même endroit...

E Toujours vous-même ?

M Oui, A priori, oui !.

E Qu’est-ce que cela veut dire « a priori » ?

M Sauf, si je suis absente ce soir là. Si j'ai une réunion ce soir là. Au moment, où ça été très mal, il lisait rien, absolument rien. Il avait appris par coeur les trois premières pages, Sophie va chez Pierre, c’était du par coeur. Il essayait de mémoriser ce qui se disait en classe et puis devant un mot, il me disait n’importe quoi. C’était marqué « camarade », il me disait « Sophie, va chez un ami ». Il se souvenait vaguement du contexte, mais il ne lisait pas...

E Et avant, était-il intéressé par la lecture ?

M Non, mais je pense qu’il n’était toujours pas intéressé en rentrant Alors, c'était assez curieux parce que... nous on pensait qu’il allait apprendre assez vite puisque il apprend très très vite sur le reste, tout ce qui est mémoire, il est très rapide, et ça m’a surpris parce que la maîtresse m’a dit qu’il n’a aucune mémoire. Là ,avec les 28 elle ne les rencontre pas, c'était complètement décalé....

E Avant de rentrer au CP, il aimait, ça lui plaisait..

M J’étais surprise aussi parce que les phonèmes ils les ont vus en grande section. En grande section, il n’y avait pas de problème, la maîtresse ne m’a jamais parlé de rien... Moi, je ne vais pas voir les institutrice s'il n'y a rien à en faire. Je passais à l’école, Je suis pressée et puis moi, je ne reste pas pour le plaisir de discuter, si il y a un problème, on y est. Mais, Je vois des mamans, toutes les semaines, qui cherchent le contact... C’est pas mon style. On n’a rien à se dire, c'est leur job.....

E Avant, est-ce qu’il s’intéressait aux livres ?

M Non. Je ne crois pas. Je crois qu’il est très fort sur l’informatique. Il est capable de rentrer dans n’importe quel logiciel. Il est capable de rentrer dans Window donc il connaît bien ses lettres pour rentrer dans Window. Toutes ces démarches oui, sur le magnétoscope, tout ça mais je crois qu’il n’est pas attiré par la lecture.

E Est-ce qu’il aime qu’on lui lise des histoires ?

M Il ne demande pas. Lui, c’est un sportif, quand ça s’arrête c’est le premier couché, il dit moi je suis fatigué, il se couche et il dort deux minutes après.

E Ce n’est pas un garçon qui a eu envie qu’on lui lise les histoires quand il était plus jeune ?

M Non il n’a jamais demandé ça.

E Et vous lui lisiez de temps en temps des histoires ?

M De temps en temps, pas souvent, il se couche, il s’endort, c’est mécanique. On voit bien son rythme, au maximum à 8h30, 9h00, il s’occupe d’un tas de truc et après c’est fini, ça tombe comme une masse.

E De lui-même, il ne prend pas de livre en fin de compte ?

M Non, ils sont très très bien rangés dans sa chambre, pas toujours côté tranche, de l’autre côté... Je lui dis comment veux-tu trouver un livre, ça ne veut rien dire ça... Non je crois que ça ne l’intéresse pas.

E Quand vous dites « je crois », vous avez un petit doute non ?

M Non, je pense que c’est devenu un problème psychologique. C’est un échec de ne pas savoir lire vis-à-vis des autres de la classe, il me l’a souvent dit « je passe pour un idiot maintenant que je ne sais pas lire ». J’avais posé la question à la maîtresse. D’abord, je me demandais qu’elle était son attitude à elle pour qu’il... lui qui était hyper gonflé... soit en échec. Elle avait dit, non, qu’ils étaient tous au même niveau. Il m’avait raconté qu’ils savaient tous lire sauf lui ou 2 ou 3.

E Il avait une mauvaise représentation de lui même par rapport à la lecture...

M Oui.

E Quand il était plus jeune il aimait écrire, dessiner...

M Pas tellement. C’est un hyper actif mais par rapport à ses frères et soeurs qui sont toujours en train d’écrire, l’autre elle veut être journaliste, elle écrit 5 lettres par jour, elle écrit au quotidien toutes les semaines, elle écrit des histoires... Les enfants sont différents. Lui, il veut être fouteux, pompier, il passe son temps dehors.

E Vous lui lisiez des histoires quand il était plus jeune?..

M mais enfin, Ça arrivait mais ce n’est pas ce qu’il demande.

E Avec des livres que vous aviez à la maison...

M On a des livres d'enfants. On a quatre enfants, si vous voulez, c’est le dernier, je crois qu’on a le stock. On a une armoire de livres pour enfants. Tous ses frères et soeurs, sont très contents, dès qu’ils passent une étape, ou dans une autre classe, ils descendent les livres à l’autre en se disant ce n'est plus pour moi....

E Ça fait beaucoup de livres en fin de comptes ?

M Oui, ca fait pas mal de livres.

E Combien à peu près ?

M 30, 40, 50, je ne sais pas.

E Pas plus ?

M Sur les livres d’enfants ne sachant pas lire...

E ou même des petits romans... entre 5 et 7 ans.

M Bah ! Non ! Ça c’est son frère qui les a encore, c’est surtout sa soeur qui lit beaucoup, qui a beaucoup de bouquins.

E Ca tourne autour d'une cinquantaine de livres.

M Oui.

E Vous allez à la bibliothèque ?

M La médiathèque on n’y va pas souvent. On y allait quand on habitait place Graslin. On y allait très souvent. Là, c’est pas facile. Surtout que ce n’est pas ouvert pendant les vacances et pour moi c’est vraiment une erreur, parce que c'est là qu'on pourrait aller passer une journée.... Et puis, Il a du foot, on n'y va pas le samedi...

E Il fait du foot le samedi, c'est un garçon qui.......

M e Oui ! il a besoin d’une dépense énergétique élevée, je l’avais dit à la maîtresse. Elle nous met dans cahier « sortez-les ». Vous voyez (Elle me montre la propriété). On les met dehors, c’est pas le problème. Elle a un problème sur son groupe à mon avis. Je l’ai trouvé relativement fatiguée, la dernière fois que je l’ai vue, je l’ai trouvé... 27 c’est beaucoup trop. Je comprends qu’on doit...... une partie dans ses conditions. Le problème c’est que nous on n’est pas compétent.

E L’orthophoniste donne un coup de pouce...

M Y’a eu un truc assez marrant. La maîtresse a perdu pied à mon avis en même temps qu’Emeric, elle nous a convoqués. On a discuté et elle a dit il faut l’orthophoniste. L’autre était encore chez l’orthophoniste et lui Emeric, quand il a accompagné son frère chez l’orthophoniste il avait dit à l’orthophoniste : « je te préviens, toi, je ne te verrais jamais ». Ça nous a mis dans une situation assez délicate. On n'a pas pas plu le mettre d'emblée. J’avais demandé à l’orthophoniste de m’aider, j’avais dit je vais le prendre un peu en charge et j’avais dit à la maîtresse que j’avais contacté l’orthophoniste et dans son esprit Emeric était suivi par l’orthophoniste, elle s’est rendue compte à Noël quand elles se sont téléphonées... Elle me dit vous voyez il a fait des progrès, ça sert à quelque chose et tout et en fait il n’y était pas, il y avait un contexte assez marrant....

E Il avait progressé mais pas grâce à l’orthophonie...

M Là, on lui a dit, écoute, faudrait y aller parce que il a des zéros en dictée. La dictée , c'est impossible. Acquisition impossible. Alors, là on a négocié on lui a dit, "Ecoute, tu vas voir quand même l’orthophoniste". On a fait un essai, un bilan, que c’était un essai qu’il n’était pas obligé...

E Vous avez négocié...

M Ah oui on a négocié, ça peut paraître étonnant de négocier avec un enfant de 6 ans.

E Pourquoi vous dites cela ?

M On peut aussi lui dire "Ecoute, ça va pas, tu vas chez l’orthophoniste". Donc y’a une part psychologique non négligeable dans le problème..

E Vous avez négocié l'orthophoniste avec lui. Au départ il ne voulait pas...

M Non, il ne voulait pas, y aurait eu un autre blocage. C’est étonnant qu'un enfant de 6 ans qui se dit :"de toute façon je n’irai pas chez l’orthophoniste, moi je ne suis pas malade".

E Il considère...

M C’est une tare. Il a des idées très arrêtées. « Moi je ne sais pas lire, lui il sait lire, lui il est fort »... Tout n'est pas nuancé.

E Est-ce qu’il a des jeux intérieurs ?...

M Il raconte beaucoup d’histoires, c’est un vrai charlot...

E un inventeur...

M Oui, il se fait son cinéma. Ils ont monté dans les tas de bois des réseaux de cabanes, c'est classique, ils ont leur village, tout leur monde là dedans.

E Il aime jouer à des jeux de société ?

M Non, Emeric c’est le foot dans le garage... Quand je suis là il me dit tu viens on fait du rugby, c’est pas mon truc, on se fait quelques passes mais ça ne va pas très loin... sinon il a son frère, ils ont 2 ans d’écart, ils font du foot.

E Il aime jouer avec vous ?

M Oui, il est assez possessif, je pense que vous vous en êtes rendu compte. D’abord, il veut être le premier, et c’est ça le problème à mon avis. Tout petit, c’est lui le meilleur le premier, au foot il s’est fait sortir mercredi de l’entraînement parce qu’il avait décidé d’entraîner l’équipe. L’entraîneur n’y allait pas... y’a un trait de personnalité...

E Il aime jouer aux jeux comme les cartes ?

M Non, par contre il connaît les cartes. En chiffre, il est assez fort, il aime bien ça. Les deux garçons sont très matheux et ne sont pas attirés par les choses littéraires visiblement. L’autre il adore les maths..

E Il aime bien l’informatique aussi...

M C’est Paint Brush, c’est des trucs ludiques... les jeux de cartes sur ordinateur...

E Avec son frère.

M Ah lui tout seul, vous lui mettez un ordinateur, il rentre dans Window, il rentre dans les jeux, il va... Dès fois je me fâche parce qu’il va un peu partout...

E Les jeux...

M Les dames chinoises, il m’a tanné pour qu’on joue à ça. C'est quand même hyper simple.

E Vous jouez avec lui de temps en temps ?

M Oui, avec lui moins souvent qu’avec les autres. Les autres sont très jeux de cartes. Le samedi au café, on va se faire une petite partie avec les autres. Mais, lui veut gagner tout de suite, il est capable de piquer toutes les cartes, de tricher, il ne supporte pas un échec. Là, ça été un rude coup la lecture pour moi,. Bon, enfin, je pense que.... c’était pas dans son schéma. Lui, il ne peut pas ne pas être le premier. Il faut qu'on lui apprenne ça.

E Ça a été duré aussi pour vous ?

M Non ça a été une surprise. Non ! C'est pas dur, mais c'est un truc qu'on ne s'attendait pas....

E Vous ne vous y attendiez pas...

M Non ! Parce que, je pensais qu’il serait aussi rapide dans l’acquisition de la lecture que du langage. C’était une erreur. J’en avais parlé avec une enseignante que je connaissais bien, qui m’avait dit qu’on point de vue cerveau il est très développé sur l'aire langage, il n’est pas développé sur le reste, il y a un décalage. C'est vrai qu'on peut comprendre ça.

E Il est du début de l’année.

M Il est de mars.

E La télévision, il aime regarder...

M Ah oui, je crois (rire) il aime beaucoup regarder la télé.

E Il la regarde souvent ?

M Pas beaucoup, parce qu’on rentre, il est 5h30 6 heures. Il va à la piscine deux fois par semaine, on rentre à 6h30 ces deux soirs là. Après on les lâche sauf quand il y a piscine parce que là, il a son compte... après c’est soit goûter et une ½ ils font ce qu’ils veulent. Après je ramène les troupes et chacun fait ses devoirs. Là, y’a étude... La télévision c’est après la douche, avant le dîner, c’est pas un gros créneau. Sinon, c’est le dimanche matin, y’a des émissions spéciales jeunes.

E Vous voulez dire par là, la télévision Il aime peut-être mais vous régentez un petit peu....

M Je ne suis pas d’accord. Je ne suis pas d’accord parce qu’on voit à 18 heures, je ne suis pas d’accord. A 18 heures, c’est des coucheries américaines et le mercredi matin, il regarde les dessins animés, et souvent je loue des cassettes.

E Vous préférez louer des cassettes?

M oui ! On va les chercher, c’est sympa, on les choisit on va discuter un petit peu.

E C'est vous qui le faites.

M Oui ! Je pars avec les quatre.

E Votre mari , la place de votre mari dans l'apprentissage de la lecture...

M Mon mari n’est pas là tous les soirs, sûr. Parce que quand il est sur Brest, il est pas là. En plus, la lecture c’est pas son truc. Au moment où cela n’allait pas bien du tout j’avais dit, « je m’en occupe » et lui il prenait les autres. Maintenant, c’est indifféremment. Maintenant, c’est Nicolas qui a baissé en moyenne en français, mais il ne va plus chez l’orthophoniste donc je pense qu’il ne faut pas s’occuper tout le temps de Emeric. ce n'est pas très bien. Maintenant si il y a des urgences avec les autres, s'il y a des choses particulières, je lui dis « écoute, tu lui fais faire sa lecture ». Là, c’est autre chose.

E Le soir, les enfants font tous leur travail ensemble ?

M Non, c’est le bazar. On les met chacun dans une pièce. Moi, je me mets souvent dans ma chambre. J’en prends un, c’est souvent Emeric, sa lecture. Mais maintenant il fait son écriture tout seul. On a déjà gagner ça. Il va dans sa chambre. Il fait son écriture et il revient. Il s’est autonomisé là dessus, avant fallait se bagarrer, ... c’était le chantage... c’est fini. Son écriture il va la faire et c'est bien fait généralement.

E Et vous maintenant. Vous lisez beaucoup ou vous écrivez...

M Oui, j’écris beaucoup. Mon métier est de là j’ai plusieurs livres qui sortent. je suis chargé de publier

E Donc vous écrivez, c’est votre métier, vous êtes médecin, conférencière et vous écrivez sur un thème...

M Oh oui, sur un thème tout petit, c’est tout ce qui est retentissement du sport chez l’enfant et je suis chargée d’un labo d’exploration technique chez l’enfant, les enfants asthmatiques, les enfants malades, c’est des trucs hyper techniques.

E Vous êtes chargé de recherche à ce niveau là. Donc vous êtes quelqu’un qui écrivez

M Oui ! Il faut que j'écrive....

E Il faut ou vous aimez écrire ?

M J’aime écrire mais là y’a une demande qui est trop forte, il faut l’écrire. Faire une thèse , c'est sympa, mais il faut l'écrire. Les contraintes sont là.

E Quand on passe à l'écriture , c'est là que c'est dur. Vous écrivez à la maison ?

M A la maison. Oui ! parce qu’à l’hôpital je suis dérangée toutes les deux minutes. Pour écrire, il faut se mettre deux heures minimum. Il n'y a qu'ici que je peux avoir le temps.

E Vous lisez beaucoup ?

M Oui.

E Dans votre spécialité ?

M Non, ma détente c’est de lire autre chose.

E Des romans ?

M Beaucoup d’histoires.

P Oui parce que mon épouse voudrait finir ........

M Après la médecine, pour couper, j’ai fait une année d’histoire. Je trouve que c'est un bon plan de...Après la retraite, je vois des médecins s’accrocher et qui ne sont plus en état, je me dis c’est un bon plan de se dire, je pourrais repartir en fac d’histoires, je n’aurais pas de contraintes,

P Comme ça, tu ne risqueras pas de faire des dégâts.

M Oui ! c'est cela ! Pour le plaisir, je pourrais faire quelque chose. Et comme ça sert à rien, pas à grand chose.

E Vous vous lisez beaucoup ? (m'adressant au père)

P Moi, je lis beaucoup moins que mon épouse mais je m’y suis mis et maintenant je me force tous les soirs.

E Vous vous forcez...

M Oui ! (rire) C'est de cet ordre là.

P Oui, 2à minutes à peu près un bouquin, un bouquin qui m’endort. Je m’assomme avec un bouquin... C'est plus ludique. Ce sont des romans . En ce moment j’ai pris la série des Jean Dubois,(....) la lecture, c’est extraordinaire ce qu’on peut faire avec, c’est un des moyens de distraction les moins chers. On choisit son thème, on n’est pas devant un poste de télé à subir, comment on va subir cet été le football.... C’est intéressant la lecture. Pour les enfants, de bien apprendre les rouages au départ, c'est...

M Je pense qu’Emeric, bon ils sont tous différents, est plutôt comme son père génétiquement...

E Vous qui êtes médecin, vous pensez qu’il y a une tare génétique.

M Oui. Je suis assez d'accord. Mon mari a eu une dyslexie pareille,. Bon, ce n'est pas choquant.

P Oui, je crois. C’est un héritage familial.

M Et tous ses frères et soeurs sont comme ça.

P Enfin, ça ne les a pas dérangés car j’ai un frère qui est rédacteur en chef de l’Est Républicain. J’ai une soeur qui est prof d’histoire géo et qui est maintenant en retraite, qui a inventé des jeux pour apprendre la grammaire, le scarcoumie, la cour du lion et elle en met un sur C.D.-ROM rom et elle est en train d’en faire un sur la lecture aussi. Comme c'était une de nos soeurs aînées, elle nous a pas mal aidés à démarrer. j'avais un frère qui était froussard comme tout qui a réussi à lire quand même. et au début il ne faisait rien. Même...

M Pourtant votre mère, elle lit beaucoup.

P Oui, Elle lit beaucoup. Mais ma mère dévore deux trois bouquins dans une nuit. Tout lui tombe sous la main. Des idioties, tout style, c’est une dévoreuse.

M Mais elle ne discute pas d’un bouquin. Moi, je vois avec Céline on discute de bouquins ensemble, on se passe des bouquins, ta mère non. Elle ne partage pas.

P C'est un passe-temps pour elle.

E Au niveau de vos habitudes de lecture, écrivez-vous des petits mots quotidiens entre vous ?

M Non, On est quand même 6 avec beaucoup de rendez-vous, c’est au tableau.

P Le tableau magique. On met : "Ne pas oubliez les enfants" On a maintenant le Coby, un petit appareil électronique. Vous pouvez dicter un message à un serveur... ça dit "je récupère les enfants, ou j’ai un rendez-vous à telle heure", quand on ne peut pas se joindre. On est obligé d’avoir de système là parce qu’on est très pris les uns les autres...

M Et puis l'aînée, on luis dit : "rentre".

P Ou la dernière fois , je lui avais mis : "arrête de téléphoner, ça coûte cher".

E Vos comptes, vous les suivez ou vous faites confiance...

M J’ai tout sur informatique.

E Course, une liste ?

M Oui, pour mon mari, sinon j’oublie les trucs. (...)

E Vous faites des photos, vous les classez ?

P Oui, j’ai mes boites de diapos, tout est classé... C'est important, si un jour, vous voulez faire un diaporama.

E En voyage, une liste ?

M Oui, y’a une liste vacances, neige sur ordinateur.

E Vous êtes féru d’ordinateur.

P C’est important pour les enfants ils vont vivre avec ça.

E Et vous vous écrivez sur ordinateur.

M Moi j’écris d’abord. Je pense, car j’ai du mal... Je ne pense plus vite que je ne tape. Je reste devant une feuille blanche je fais mes trucs et après je tape. Maintenant, j'en suis arrivé au stade où je dicte, surtout que ce sont des analyses, c’est de la synthèse, au point de vue recherche, c’est des mesures, on est obligé de discuter... je dicte. Je me dicte et puis je tape ce que j’ai dicté.(....... sur ses travaux de recherches...)

E Vous êtes une famille qui écrit beaucoup.

M Moi, j’écris beaucoup, j’ai beaucoup de plaisir à écrire. J’avais mis au point un truc où tout était codé, où tous les compte rendus malade étaient codés, je reviens à la dictée, à l’écriture.

E ( s'adressant au père) Quel est votre sentiment au niveau de l’apprentissage de la lecture ?

P Je pense que les rouages au départ sont très importants et il faut y aller lentement et pas à toute vitesse..... Au lieu de faire ça sur une année ça pourrait se faire sur deux ans, peut-être que le système français est mal adapté, les petits anglais ne sont pas plus bêtes et ils y arrivent facilement. Mais, c'est très important. Bien comprendre les rouages, les méthodes, je ne suis pas assez calé si les méthodes globale, semi-globale...

E Vous les connaissez...

P Oui, avec les enfants, on a eu le droit à différents systèmes.

M Je ne pense pas, on n'a pas eu de globale.

P Non ! c'est Semi-global ?

E Qu’est-ce que vous appelez globale ou semi-global...

M d'après ce que j'ai compris la Globale, c'est qu'on apprenait les mots c’était presque de la mémorisation mot par mot. Alors que là...

P Il essaye par syllabe de déchiffrer. C’est mieux à mon avis parce que je vois Emeric, Il n’est pas bête parce qu’il voyait un mot, il l’avait appris par coeur et ça sortait d’un seul trait et c’était pas forcément le bon truc donc... il vaut mieux déchiffrer par syllabe parce S + E ça fait SE... Je pense par saccades c’est plus logique que d’apprendre tout un mot en entier, à la fin....

M Je pense à quelque chose qu'on n'a pas abordé sur la maîtresse. Je pense que c’est quelqu’un qui est très exigeant, très rigide, je ne la connais pas bien du tout, mais elle me paraît très rigide pour un CP, pas assez ludique. Elle m’avait répondu qu’on est obligé de leur apprendre aussi des règles d’organisation, d’écriture, mais je pense pas assez relax pour cette classe... on ne peut pas apprendre des choses lourdes, importantes, et puis apprendre en même temps la rigueur, l’écriture, la lecture. La lecture pourrait être plus ludique.

E Vous pensez aux aspects rigides du CP... y’a un changement brutal...

P C’est comme la grammaire, ma soeur vous dirait ça, on veut apprendre des trucs par coeur aux enfants et par le côté ludique de ces jeux des fables de la Fontaine, l’enfant, tout doucement arrive à bien à assimiler ces choses, autrement rabâcher le truc, bêtement, les gamins vont ressortir les règles de grammaire qu’on a tous appris par coeur et qu’on utilise pas forcément à bon escient. Par le côté ludique. Regardez les marchants d'ordinateur, (...)

E On ne travaille pas, on apprend en jouant.

P Oui ! Voila !

M L’apprentissage des phonèmes, c’était hyper sympa sur l’ordinateur. Chez l’orthophoniste, on va revoir ça avec l’ordinateur, ils partent, là on n’a pas de soupirs.

E Quand a-t-il commencé son apprentissage de la lecture ?

M Cet été, il me demandait que je lui apprenne à lire et moi je ne voulais pas parce que je pensais être incompétente ce qui est vrai et j’avais peur à ce qu’il prenne de mauvaises habitudes et puis c’est vrai on s’est toujours fixé ça comme règle, c’est les maîtresses qui doivent apprendre. C’est pour ça que moi je n’interviens, je ne vais même pas en fin d’année, je ne vais pas faire changer une décision ou pas, je ne veux pas intervenir là-dessus, sauf quand je ne suis plus d’accord. Ça été le cas cette année.

E Sur l’apprentissage de la lecture, il a commencé en CP...

M Avec la maîtresse.

P Par contre, y’a d’autres petits enfants qui pendant les vacances les parents ont du leur donner des cours particuliers...

M Non y’avait une maman orthophoniste...

P Ils ne partaient pas avec...

M C’est vrai qu’ils ne sont pas arrivés avec le même bagage à la rentrée.

P On voit en maternelle, y’en a qui suivent des cours particuliers pour être les premiers, parce qu’il faut être le premier sans arrêt sinon vous êtes des nuls...

M On voit des mères qui demandent à faire sauter des classes, moi je suis très surprise. Je trouve ça dément. Je crois que c’est les enseignants qui déterminent si l’enfant est au-dessus du lot. C'est à eux d'en parler.... si ils ne disent rien, je ne vois pas pourquoi les parents... je vois assez le profil des parents qui demandent ça.

E Vous pensez que c’est une hérésie de le faire ?

M Oui tout à fait. Si l’enseignant ne demande pas c’est que l’enfant n’est pas dans le niveau supérieur...

P Je pense qu’il y a aussi un problème de maturité. Vous allez avoir des enfants qui ont deux ans d’avance, ils voudraient faire de la marelle et en fait on leur fait faire des jeux qui ne sont pas adaptés et après dans la vie active, il regretterons. Ils se diront : " moi quand j’étais jeune je n’ai pas eu le temps de m’amuser, jouer aux billes, il fallait tout de suite faire des mathématiques" la vie est tellement longues, vous savez.... rentrer dans la vie active à 26-30 ans... autant y aller piano, doucement, et que tous les rouages se mettent bien en place et après...

E qu’on prenne plaisir à faire les choses...

P Oui.

E Règles d’éducation au niveau de la maison ?

M Oui, on est six, sinon plus, les copains, la famille. Plus on est nombreux, plus on est obligé d’avoir des règles de la vie courante. Je crois qu’à partir d’un moment où on laisse relax ça va plus. Si on ne dit pas aux enfants vous vous douchez ou avant ou après dîner, on va se retrouver très vite à 10 ou 11 heures du soir, le lendemain ils sont crevés et c’est la désorganisation totale. Finalement, on se rend compte qu’il aime assez... ils arrivent tous à 6 heures avec leur cartable pour faire leurs devoirs alors qu’une ½ heure avant ils étaient nases, ils étaient incapables de faire leurs devoirs. Quand l’orthophoniste le prend à 5h30, la pauvre, les prendre sur le rythme de fin de journée... quand on a eu une ½ de détente, on part sur autre chose. Non ! Il sont contents de faire leurs devoirs hein ! C'est un moment qui est sympa. Emeric maintenant, comme les autres, il s’est autonomisé, il fait sa page d'écriture tout seul, il arrive avec sa page de lecture alors que je l’ai pourchassé pendant deux mois.

E Il comprend mieux maintenant...

M Oui, il est assez content, je pense qu’il a passé le cap d’échec.

P De toute façon, il sait qu’il doit faire sa page d’écriture, et de lecture, il s’est fait une raison.

M Pour les règles familiales, je crois qu’ils sont assez contents, on sait que c’est la plage de travail. Après ils sont embêtés parce qu’ils n’ont pas fait leurs devoirs et y’a le rythme qui est affolant. Ils sont contents de revenir avec de bonnes notes. Finalement, faut pas les laisser trop lax... ils dînent tous ensemble, c’est assez sympa, c’est des grandes tables et après suivant la vitesse du dîner ils ont une heure, une demi-heure soit pour faire autre chose, si on se met ici tous les deux, ils vont vouloir faire une partie de cartes, ou me montrer un truc... y’a des projets, faut s’organiser,.. Là on a des week-end assez fou..... foot, théâtre...

E Vous êtes très sollicités.

M Ils ont leurs trucs. La grande est contente qu’on vienne voir la pièce, les frères et soeurs sont contents de voir jouer leur soeur dans une pièce.

E Au niveau des décisions, tous les deux...

M Moi, j’ai le programme de la semaine, entre les départs d’Henri (mari), les conduites, les rendez-vous, on est obligé de planifier sévèrement. Il peut y avoir des réunions à l’hôpital, des conférences ailleurs...

E C’est vous qui organisez au niveau famille...

M Oui, non. Moi je le mets sur informatique. Henri il l’a, il sait que tel soir, y’a tel rendez-vous... On en discute, à table, au café.

E En négociation.

M Oui. Y’en a pas un qui décide plus que l’autre... Moi, je dis à Henri quand il y a des conférences à Paris ou à l'étranger lui, il va mettre son programme de rendez-vous. Il va faire Nantes, la semaine où je suis à l'étranger.

E C’est une organisation qui tient compte des impératifs professionnels et des impératifs familiaux.

M Oui, moi je ne prendrais pas une conférence le jour de la kermesse.

E Vous êtes responsable d’une entreprise ?

M Non, Je suis responsable de la partie ouest pour Canon. Je m’occupe des centrales d’achats... je suis amené à bouger. Je suis à plein temps.

E Vous êtes médecin...

M Au CHU, je suis fonctionnaire. A plein temps. J’ai mes horaires de consultation, mais j’ai beaucoup de travail qui se fait ici. Je suis chargée de cours à l’université. Dans ma spécialité je fais des cours un peu partout, Angers, Rennes, Poitiers. J’étais à la Rochelle.(...)..... Spécialités : Médecine du sport et pédiatrie. Je fais des cours à l’IUFM...

M J’ai une thèse de science en cours à Montpellier, une thèse de 3ème cycle...

E Vos revenus mensuels...

M 25 et plus.

E Auriez-vous autre chose à rajouter ?

E Vous pensez que le CP vous conditionnez le reste ?

M Oui, parce que si on avait laissé filé Emeric, il aurait redoublé son CP. C’est pas le fait de redoubler le CP, c’est qu’en plus on aurait eu un problème psychologique majeur, il est fini, il est en échec scolaire, alors que c’est un type hyper gonflé, il pense qu’il est le meilleur, faudrait peut-être lui expliquer ce que c’est dans la vie. Pour l’instant il n’a pas compris qu’il pouvait prendre une claque pareille. Après il ne voulait plus rien faire...

E Avez-vous redoublé des classes primaires ?

M Primaire non.

P Non.

M Moi, j’ai redoublé ma 6ème, parce que je suis rentrée en 6ème à 9 ans et ils ne voulaient pas que je rentre en 5ème à 10 ans. J’ai commencé à exercer à 23 ans.

E C’était pour rattraper votre avance...

M Mais c’était très administratif. Je ne me souviens pas avoir travaillé cette année-là... à 23 ans c’est même trop tôt pour être médecin. C’est pour ça que j’ai fait une année d’histoire...

E Formation des parents...

M Je ne veux pas qu’un enseignant me dise : écoutez si cela ne marche pas c’est vous qui n’avez pas fait le travail le soir. On se met d’accord au début, il faut bien dire aux parents, c’est comme un contrat, vous avez une heure, ½ heure... elle nous dit 10 minutes, mais elle n’est pas dans le coup parce qu’un enfant, je vois aucun de mes enfants ne sont susceptibles de faire leur travail en 10 mn. Impossible. Si elle pense qu’en 10 mn on peut bâcler... c’est pas bien... le deuxième point c’est que je suis très réticence... je ne veux pas inculquer des choses... et le je disais à mon mari qui ne procédait pas de la même façon que je procédais... il ne faut pas leur donner 36 méthodes, il faut qu’ils apprennent avec une. La maîtresse nous donne ses conseils sur la page de garde du cahier à la rentrée, c’est déjà pas mal, c’est pas mal fait.

E Il me reste à vous remercier.