Le 31 mars 1998
E Apprentissage de la lecture, qu’est-ce que cela évoque pour vous ?
M Par rapport à l’enfant ? Par à moi ?
E A l’enfant et par rapport à vous.
M C’est une étape à ne pas louper, l’année à ne pas louper. Pas d’anxiété particulière, non c’est une étape que l’enfant attend avec impatience généralement. En grande section, il a hâte à commencer à apprendre à lire. Pourvu qu’il ne soit pas déçu, parce qu’à la première difficulté, l’enthousiasme retombe un peu. Mais, je n’ai pas d’états d’âme particuliers sur la lecture.
E C’est en terme d’étape, pour vous c’est une classe importante...
M Oui, le CP est une classe très importante pour l’apprentissage, c’est vrai. Jean-François ça se passe plus ou moins bien, Chaque enfant, ça se passe plus ou moins bien. Moi, c'est par rapport au méthode que je suis plus... Que je me sens plus en difficulté.
E Dites, la méthode actuelle...
M La méthode actuellement, c’est « Au fil des mots », c’est une méthode que je ne saisis pas, parce que je trouve que ça va très vite. L’enfant doit apprendre beaucoup de par coeur, y’a des enfants pour qui ça va, en visuel ça va bien. Les enfants qui sont plutôt auditif, ça va beaucoup moins bien. On arrive pas à retenir autant de par coeur. Je préfère les méthodes un peu plus syllabiques comme la méthode RATUS que j’ai eue pour d’autres enfants. Inès, là c’est très difficile cette année, je dis c’est dommage parce qu’elle a loupé un CP.
E Vous pensez que Inès a loupé...
M La maîtresse m’a dit qu’elle n’était pas prête et elle était pourtant tellement contente en début d’année, et tout ce par coeur, elle a été coulée complètement par ce par tout ce par coeur... très vite ce sont des petits textes qu’elle doit ressortir de manière, par mémoire, parce qu’elle déchiffre pas encore, donc elle s’est découragée relativement vite. La maîtresse m’avait dit : « essayez la méthode Bocher le soir ». Quand je faisais la méthode Bocher, ça allait très bien, on avançait petit à petit mais du coup, elle n’était plus du tout dans le fil de la classe, alors je me dis, en quelque sorte elle ne peut pas lire les textes actuels, parce qu’elle fait cette méthode Bocher le soir, je me dis, ça n’a pas été adapté... y’a des enfants pour qui ça marche. J’ai un aîné, ça a marché très bien, mais d’autres enfants ne sont pas... ils ne fonctionnent pas de la même manière... Inès ça ne marche pas.
E Quand vous dites « ils ne fonctionnent pas de la même manière », qu’est-ce que vous voulez dire par là ?
M Des enfants pour qui le par coeur ne leur pose pas de problèmes. Alors retenir des phrases entières, des mots clés sans avoir à les déchiffrer, ils les reconnaissent dans un texte tout de suite les mots clés. Mais y’a d’autres enfants ils ne les reconnaissent pas, il faudrait qu’ils les déchiffrent pour les comprendre.
E Là vous parlez avec l’expérience de vos différents enfants.
M Oui, voilà, là c’est une quatrième. 3 ont eu « Au fil des mots », 1 à eu « Ratus ». Je vois la différence. Moi, je me dis avec la même méthode, L’aîné qui a eu « au fil des mots » n’a eu aucun problème, par ce qu'il a une très bonne mémoire. Pour lui apprendre par coeur ne l’a pas gêné. Après quand il en est venu au syllabique, il se rappelait bien les mots qu’il avait appris par coeur, donc il arrivait pratiquement vite à lire les phrases alors qu’Inès qui ne retient pas par coeur le mot, elle le déchiffre mais ne le retient pas par coeur donc elle n’avance pas dans cette méthode là. Je me dis... j’ai rencontré d’autres mamans qui avaient ces difficultés là... Je me dis si cela serait bien de revenir à d’autres méthodes un peu plus syllabiques parce que ça aide, C'est un support pour l’enfant...
E Pour elle ou pour tous les autres enfants ?
M Je trouve, quand même, Ratus est plus syllabique, on déchiffre plus, je trouve que c’était plus facile au niveau méthode de lecture. Bien sûr les enfants qui ont des facilités, ils arriveront avec n’importe quelle méthode, j’en suis certaine, mais je trouvais que Ratus était plus facile.
E Quand vous dites des enfants qui ont des facilités...
M Des enfants qui ont de bonnes mémoires ou qui retiennent vite... facilement, je pense qu’ils apprendront à lire avec n’importe quelle méthode mais des enfants qui retiennent difficilement, la méthode syllabique est un support et les aide plus. Inès, Dieu sait pourtant, elle était contente, elle adorait sa maîtresse, sa classe, donc c’est pas un problème de maîtresse ni d’ambiance de classe...
E Ni de confiance tout ça... vous êtes quatre enfants...
( Les enfants vont se coucher après avoir un film sur cassette vidéo à la télévision...)
M Cinq. J’en ai eu 3 à X et un à Y.. J’en ai 3 en primaire et 1 en sixième. CM2, CE2 et CP.
E Le petit dernier...
M qui a 18 mois.
M (Aux enfants).. Vous pouvez lire jusqu’à 9h30, à 9h30 vous éteignez.
E Inès a quelques difficultés par rapport à la méthode de lecture...
M Je suis bien déçue de ça, parce qu’un CP loupé c’est très embêtant. La maîtresse me dit qu’elle n’est pas prête.
E Inès éprouve des difficultés mais elle a un bon contact avec la maîtresse...
M Oui, ce n’est pas un problème de motivation, mais là je ne la sens plus dans le fil de la classe. Elle y va en ronchonnant le matin alors qu'elle était très contente... ça la dépasse, ça va trop vite pour elle. Comme c’est beaucoup de par coeur, et c’est comme une pyramide, elle a des phrases à apprendre, le lendemain on apprend une autre phrase et on revoit la phrase précédente, et donc, c’est une accumulation de phrases qu’on apprend par coeur et après l'enfant doit retrouver le mot sans avoir à le déchiffrer vraiment, et quand on rate des étapes, c’est difficilement récupérable. dans ce sens là, je me dis elle ....... On arrive à Pâques et elle ne sait pas lire, elle ne reconnaît pas un mot. Certains petits mots, elle les reconnaît "avec", les mots outils qu'on appelle...
E Elle arrive à décomposer...
M Elle arrive à décomposer. La méthode Bocher, ça va très bien le soir. Parce que elle connaît maintenant ses lettres mais quand elle va voir le mot, elle ne le lit pas encore comme ça, elle va le déchiffrer en syllabique, là ça va et elle le comprend très bien mais elle ne retient pas par coeur un mot, quand elle le voit elle ne le retient difficilement pas par coeur. Donc, la méthode « Julien et Sophie » qui marche beaucoup sur le par coeur, ça me gêne. Et je pense que la maîtresse a un rôle... parce que d’autres enfants qui ont eu cette méthode là mais la maîtresse adaptait du syllabique sur cette méthode ce qui fait que les enfants qui avaient un peu de mal se raccrochaient, il s'y retrouvaient. Cette maîtresse, ne les aide pas beaucoup avec du syllabique. Elle l’a fait un petit peu parce qu’il y a eu des mamans qui éprouvaient la même chose que moi, donc on a eu des petites fiches avec du syllabique mais ça a duré très peu de temps. Donc, elle a estimé que la classe n’en avait pas besoin... Du coup ça n’a pas aidé Inès.
E Inès a commencé son apprentissage de la lecture quand ?
M Je ne lui avais rien appris avant. Elle n’est pas arrivée... Parfois les mamans leur apprennent un peu pendant l’été... non je faisais confiance à la lecture, elle arrivait de sa grande section, elle ne savait pas les lettres mais elle arrivait sans apport en plus... elle a démarré à zéro sa lecture, vraiment.
E Donc, elle a commencé son apprentissage à l’école.
M Oui, tout à fait, tranquillement. Après, en n’en parlant avec des mamans, avec cette méthode là c’est bien que les enfants connaissent leurs lettres avant. Je ne savais pas en fait. Je dis, on a pas toujours le temps de leur apprendre avant d’arriver en CP, normalement c’est en CP qu’on apprend les lettres. Donc, je dis c’est dommage, je pense, Je ne la sens pas prête pour qu'elle passe en CE1, qu’elle va redoubler son CP. C'est très dommage. Elle est jeune, elle est de fin décembre. Elle est jeune par rapport à la classe. Mais... est-ce qu’avec une autre méthode cela aurait été mieux, je ne sais pas. c'est difficile.
E Est-ce qu’elle aime lire autrement ?
M Elle aime bien regarder des livres.( à l'enfant :"Tu te couches ma bichette ...") Je lui lis une histoire le soir maintenant., elle aime bien. Je me dis qu'il faut favoriser cela même si elle ne déchiffre pas sauf quelques petits mots... elle regarde les images, elle aime bien prendre un livre. Elle se rend compte qu’elle n’arrive pas à lire encore.
E Vous lui lisez des histoires le soir ?
M Le soir oui. Tous les soirs, sauf si il y a quelque chose comme ce soir. Mais elle a la petite histoire le soir pour lui donner le goût de la lecture.
E Qu’est-ce que vous lui lisez comme livre ?
M Cendrillon qu'on connaît par coeur.... les Walt Disney, Pinocchio... Mais, elle ne cherche pas à lire elle-même, c’est moi qui lui lit.
E Depuis longtemps...
M Oh non ! Depuis qu’ils sont petits, il s'aiment bien donc.... même les grands comme je ne peux pas faire pour les quatre. J'en fais un soir sur deux. Un soir deux qui sont dans la même chambre et un soir avec les grands, on prend un petit moment pour ou lire ou voilà ! Ils aiment bien ! Mais je ne peux pas faire chaque enfant tous les soirs, On fait un soir sur deux . Elle aime bien Inès, mais je vois que Inès ne cherche pas à lire, elle n’est pas prête pour ça.
E Elle lit des livres que vous avez achetés...
M Oui, c’est ça, on a tous les « Martine », les « Caroline », tous ces petits livres là avec des illustrations.
E Combien à peu près ?
M Ça fait beaucoup, elle a tous ceux de ses frères, elle a une petite bibliothèque, elle a tous les « Caroline », « Martine », une petite bibliothèque sur trois étages, ça fait beaucoup de livres.
E Ça vous arrive d’aller à la bibliothèque ?
M Là où on était, à la Chapelle/Erdre on y allait très souvent parce qu’elle était tout près mais ici non, mais y’en a une à l’école, donc on a été en prendre à l’école. On en a beaucoup à la maison qu’elle n’a pas tous lu. Là J'avoue que je laisse un peu tomber la bibliothèque... Mais les garçons y vont, c'est bien..
E Vous venez d’arriver.
M Oui. On est arrivé dans le quartier en septembre, je ne connais pas encore de bibliothèque de quartier ici.
E Vous n’êtes pas loin, la médiathèque...
M Oui, la grosse médiathèque, les garçons y vont tout seul. Pour Inès je prends à la bibliothèque de l’école.
E Même pour Inès, en y allant tranquillement à pied...
M Oui, mais elle a tous ses livres là. Elle en déjà pas mal. Les garçons y vont, c'est vrai qu'elle est pas mal....
E Vous lisiez les livres qu’elle aime bien une fois de temps en temps...
M On lit tous les soirs. Un passage tous les soirs, ça dépend du livre,... Martine ça se lit en un soir, mais pas les Walt Disney qui sont assez épais, je ne peux pas les lire en un soir. On lit un ou deux chapitres. Ca dépend de la grosseur du livre..
E Elle aime jouer ?
M Elle aime dessiner, faire de la peinture. Elle est plus manuelle que poupée. Elle est à son bureau, les gommettes, découper, tout ce qui manuel...
E Travailler avec ses mains.
M Oui.
E Elle aime bien dessiner...
M Oui, elle a tout ce qui faut pour les poupées parce que c’était la troisième fille après les garçons mais elle ne joue pratiquement pas, elle est à son bureau, tout ce qui est manuel... Elle n’aime pas les puzzles, les garçons aimaient les puzzles. C’est créatif.
E Elle joue avec ses frères ?
M Oui, elle joue beaucoup. Aux légos, aux petites voitures... Les jeux de garçons.
E Et des jeux éducatifs...
M Pas du tout. Les lotos, j'avais tout ça pour les autres qui ont pas mal joué, mais je sens que ça n’accroche pas. Les lotos, les puzzles, non. Elle fera un puzzle , mais elle arrêtera très rapidement. Elle n'a pas cette passion. je la sens plus..... C’est dessiner.
E La télé, elle aime bien ?
M Oui, ils aiment bien. Donc, ça je limite. Jamais en semaine, sauf le mardi soir. Là, c’était une cassette qu’on lui a prêtée du Bossu de Notre Dame mais c'est tout ce qu'il regarde ou presque....
E Vous contrôlez la télévision...
M Oui. En semaine, il n’y a pas de télévision, sauf une cassette, on marche par cassette. quand une amie a prêtée une cassette. Les aînés, je les laisse regarder Thalassa le vendredi soir, voilà. Il ne regarde pas la télévision en semaine.
E Vous contrôlez bien la télévision.
M Oui.
E Vous jouez avec elle ?
M Jouer, non. Je lui installe ses peintures quand elle veut et tout ça, Non... Je n’ai pas le temps.
E Et la place du papa dans tout cela ?
M Il est là le week-end surtout comme beaucoup de papa (rire). Il a une place très importante, il rentre très tard. Là, il n'est pas encore rentrée. Avec son papa, elle joue beaucoup, très tendre...
E Est-ce qu’elle travaille avec lui au niveau du travail scolaire ?
M Jamais ou il la fait lire si je n’ai pas le temps le week-end. Ce serait au niveau de la lecture et Pratiquement jamais. Il va plutôt aider les aînés s'ils ont un problème de Maths ou de... Mais pas du tout lecture.
E Pas pour la plus jeune disons.
M En semaine non. Le week-end, elle n’a pas beaucoup de travail et c’est moi qui m’en occupe.
E Et au niveau du travail scolaire, elle travaille le soir, elle passe combien de temps ?
M Elle a généralement deux mots à écrire et à apprendre pour le lendemain, deux petites lignes à écrire pour le lendemain et puis une lecture. Mais on ne fait pas dans le livre puisque je fais les petits mots en bas, parce qu’il y a une lettre et plein de mots avec la lettre dedans mais dans ces mots là y aura une lettre qu’elle n’aura pas apprise en fait. Donc la maîtresse m'a dit qu'elle pouvait en faire deux colonnes et après il y a la méthode Bocher, mais on ne fait pas le texte Julien et Sophie, parce qu’elle s’arrête au bout de deux mots, elle ne peut pas déchiffrer car il y a plein de lettres qu’elle n’a pas encore apprises en fait. Elle ne les retient pas par coeur. Elle ne le retrouve pas, on fait la méthode Bocher le soir, une page.
E Vous passez beaucoup de temps avec elle ?
M Non, ça ne dure pas trop longtemps, elle est fatiguée. Souvent, on fait la petite ligne d’écriture et si on ne fait pas la lecture entière le soir, je lui fais un peu le matin. Le matin, elle est plus prête pour ça. En gros je passe une ½ heure, même pas. Tout compris ½ heure, mais elle est très fatiguée, elle est très nerveuse. Elle ne tient pas beaucoup en place. Surtout le C.P., ils ont une grosse fatigue, on ne ressent pas après. Je me souviens que les autres étaient très fatigués aussi en CP. On leur demande beaucoup par rapport à la grande section
E Vous trouvez qu’il y a un grand décalage entre la grande section et le CP ?
M Oui, je trouve qu’elle est plus fatiguée, Inès tombe de sommeil le soir.
E Est-ce qu’en grande section elle a commencé à voir un certain nombre de choses au niveau de la lecture ?
M Oui, Ils avaient pourtant commencé un peu les lettres. je me souviens. Maintenant, le programme, devant, derrière, les symétries, savoir compter jusqu’à 5 ou 10. Apparemment, elle est assez dyslexique, donc c'est ce qui la retarde dans sa lecture.
E Qui vous a dit ça ..
M Je m’en étais rendue compte un peu en grande section. La maîtresse m’avait dit : « Je discerne une certaine dyslexie, il me semble qu’elle inverse un peu les lettres ». Et là c’était frappant, le De Be, le Pe et le Te, le Me... là, elle va avoir un bilan orthophonique et quand je lui ai fait faire une petite dictée de mots, elle le reconnaîtra sur le livre, le Te, et encore elle se trompe, mais quand elle l’écrit elle se trompe, Papa, elle écrira Tata, alors qu'elle lira Papa, elle le reconnaîtra, elle le lira mais elle l’écrira... ça doit la freiner aussi...
E Ça viendrait de quoi d’après vous ?
M La dyslexie... Je pense y’a une hérédité. Moi je sais très bien. Moi je l'étais enfant je suis d'autant plus vigilant au départ parce que je l’avais dit à la maîtresse, j’ai un autre enfant qui l’est donc si vous voyez la moindre des choses vous me le dites tout de suite pour que je puisse la faire suivre en orthophonie. La maîtresse ne s’en est pas rendue compte tout de suite, c’est moi, quand j’ai été la voir, je trouve qu’elle est un peu dyslexique. Alors, on a repris son cahier au dictée effectivement elle confondait le PE et le TE mais c’était pas frappant car l’enfant au départ fait beaucoup de confusions , la maîtresse ne s'était pas alarmé tout de suite....
E Vous avez un autre enfant qui est en orthophonie...
M J’en ai deux autres qui sont en orthophonie. Des problèmes de dyslexie dysorthographie. C’est vrai que je suis plus alertée pour ce genre de choses mais d’un enfant à l’autre l’enfant ne réagit pas de la même manière. Certains le seront mais qui compenseront par une rapidité par autre chose et apparemment Inès ça la freine au niveau lecture... Ca commence à venir, Le Be et le De, je n'arrivais pas à lui faire faire la différence. On lui faisait répéter 10 fois par jour le B de bébé et le D de dodo, maintenant ça y est ça commence... elle ne me fait presque plus de fautes, mais c’est pas une maîtresse de 28 élèves qui peut faire ça, c’est pas possible.
E Vous pensez qu'un complément est important ?
M C’est indispensable. Et encore c’est pas suffisant, je pense qu’elle va... A mon avis. Il faut que je reprenne rendez-vous. La maîtresse m'a dit dernièrement qu’elle ne la sent pas prête. Alors, est-ce qu’elle n’est pas prête ou est-ce que c’est cette... c’est pour ça que j’ai demandé un bilan orthophonique, elle est en liste d’attente, car il y a beaucoup de monde chez cette personne. Est-ce qu’elle n’est pas prête ou est-ce cette dyslexie qui l’empêche d’être au niveau des autres ? C'est difficile de se rendre compte. Je me dis si elle redouble... je préfère qu’elle ne redouble pas avec la même méthode parce qu’elle va se retrouver avec les mêmes difficultés, par contre si elle est prête à passer en CE1, y’a pas de problèmes. Donc .....C’est du tracas tout ça.....
E Ça vous inquiète...
M Ça m’inquiète parce que je me dis « zut », c'est dommage, je sens qu’elle a loupé son année.
E Peut-être pas entièrement quand même...
M Loupé dans le sens que si elle redouble un CP c’est bête, c’est dommage. Je pensais qu’elle aurait... si j’avais pu être alertée plus tôt... Je me sens frustrée
E Vous vous sentez coupable ?
M Pas coupable mais... Que la maîtresse me dit « faites la méthode Bocher le soir », je me dis c’est pas à moi de lui faire ça, je trouve qu’on superpose deux méthodes. C’est très gênant. Du coup, je la vois bien qu’elle n’est pas dans le fil, quand les enfants lisent à l’école, elle ne lit pas... elle ne peut pas suivre. Elle me dit : « on me dit que je ne suis pas bien, j’ai toujours point rouge dans mon cahier ». Elle est malheureuse. Je me dis si déjà elle sent en CP elle se sent en échec, c’est difficile. C’est des gros effectifs, 28 élèves. C'est énorme en CP. Je me dis peut-être que dans une école à moindre effectif, elle aurait mieux réussi. Je ne peux pas mettre en cause la maîtresse qui est absolument adorable, mais elle n’a eu aucun soutien. On ne m’a pas proposé aucun soutien scolaire, que quelqu’un vienne lui faire un petit peu plus de lecture, je comprends très bien que la maîtresse ne peut pas se multiplier. C'est pas possible, donc... On verra bien à la fin de l’année et puis je me dis, Inès est une petite fille anxieuse de nature, et je me dis si je lui fais revoir ça, je pense que si je lui fais reprendre un CP, pour bien... je pense qu’elle ne le prendra pas mal. J’ai mon second qui est dyslexique, qui est en orthophonie encore en CM2 qui a de grosses difficultés, et qui garde des difficultés de lecture. Il n’a jamais redoublé, il est toujours passé au ras, au ras... et enfin je me dis il arrive en CM2 avec une lecture, il déchiffre mais il comprend difficilement ce qu’il lit. Je me dis est-ce que c’est pas mieux de redoubler quand même pour partir avec une bonne base de lecture, parce qu’avec une mauvaise lecture, de toute façon ça se répercute sur toutes les matières, donc, l’enfant est freiné de toute façon, il ne comprendra pas l'énoncé de ses problèmes de maths, alors...
E De lire, c’est important pour les reste de la scolarité, c’est ce que vous voulez dire...
M C’est essentiel.
E Vous disiez tout à l'heure que pour vous c’était d’origine héréditaire, et que vous même vous disiez que vous étiez dyslexique
M Je l'étais enfant.
E ... Comment définissez-vous votre propre dyslexie.
M J’inverse. J’inversais. Et encore quand je suis fatiguée, je dis un mot à l’envers. Je serais incapable de le faire consciemment, c'est quand je suis fatiguée, je me rend compte et je me dis.... on se rééduque mais on le reste au fond de soi quand même... Moi c’est le mot qui est mis à l’envers. J’étais enfant comme ça. Donc..... Mais Inès n’inverse pas tout le mot...
E Quand vous dites à l’envers, vous écrivez en miroir...
M Je le parle en miroir, je l’écrivais aussi, maintenant je ne l’écris plus...
E C’est-à-dire que vous commenciez par la fin...
M Voilà, tapis, je dirais itap quand je suis fatiguée, alors que j’écrirai jamais à l’envers. Inès n’a jamais écrit de mot à l’envers complètement, c’est les sons qu’elle confond.( )
E Est-ce que vous êtes une lectrice ?
M Oui, c’est ça qui me fait garder un espoir. Maman me disait, car je lui disais pourquoi elle a autant de mal à apprendre à lire et elle me disait : « quand t’étais petite la maîtresse m’a dit, mais si elle arrivera à lire., mais je me suis dit elle n’arrivera jamais à lire ». J’avais les mêmes difficultés enfant. Ce qui m’a sauvé c’est que je n’étais pas en classe, à 6 - 7 ans j’étais en classe et après mes parents sont partis à l’étranger pendant de nombreuses années et j’ai travaillé par correspondance, donc en fait, je n’ai pas eu à rentrer dans une norme scolaire. C’est ma maman qui me faisait travailler. On envoyait des séries par correspondance. Ce qui m’a évité de redoubler certainement dans les petites classes et donc je n’ai pas été freinée pour la lecture, c’est venu quand c’est venu et en fait, c’est ma première passion. J’adore les livres. Ma détente c’est d’aller d’acheter des livres. J'adore ça; je me dis, C’est ce qui me fait garder espoir, je me dis même si Inès a du mal comme enfant, ça viendra plus lentement que d’autres, mais j’espère que ça viendra si elle garde le goût de lire.
E Vous êtes sur un roman actuellement ?
M En ce moment, je lis les revues parce que je suis complètement... trop de choses...
E La vie familiale, vous avez 5 enfants....
M Oui, c’est ça. Quand j’ai du temps, je prends un bouquin, mais là... j'ai un rythme soutenu.
E Avec cinq enfants...
M Ce week-end, j’étais en déplacement en train toute seule, voilà je m’achète un bouquin. J’ai acheté un bouquin intéressant, du professeur Gordon, un américain, comment être un bon parent ou un parent efficace. J’avais acheté ça, c’était sur une méthode d’écoute pour l’enfant. (la maman va chercher le livre ....)
E A l’intérieur de ce livre vous arrivez à trouver des choses intéressantes ?
M Oui, sur la communication avec son enfant, sur les obstacles... j’avais suivi un stage sur l’écoute et je retrouve exactement ça, en fait je me dis que le principal défaut c’est que quand un enfant vous dit quelque chose on ne s’en rend pas compte, on lui répond et on le bloque dans sa communication en lui donnant des conseils ou ceci ou cela. Tous les obstacles classiques, et on se retrouve. Alors, comment faire une écoute passive pour que l’enfant... Voilà et je retrouvais un peu un séminaire que j’avais suivi y’a un mois sur l’écoute, j’étais avec des adolescents, c’est important de ne pas les bloquer sur...
E Les laisser parler...
M L’écoute active, faire effet miroir et reprendre la phrase de l’enfant. « Est-ce que tu veux dire que tu as fait ça », l’enfant si il a envie il peut continuer. j'avais trouvé cela intéressant...
E Ça vous a apporté des choses...
M Oui, avec un aîné qui rentre en 6ème, même dans les rapports avec les autres, on ne sait pas écouter toujours On peut être des parents dirigiste....
E Votre scolarité, vous avez suivi les cours du CNTE, votre mari a fait une scolarité tout à fait ordinaire, il n’a pas redoublé de classe ?
M Si
E Primaire ?
M Je ne sais pas. Je sais qu'il a redoublé une classe mais il ne semble pas que ce soit dans le primaire.
E Dans la famille, avez-vous des attitudes d’écriture. Est-ce que vous écrivez des petits mots quotidiens, aux enfants ou des messages écrits à votre mari ?
M Pas dans le quotidien.
E Pense bête, post-it.
M Non. Pour les personnes qui vivent en décalage, avec des horaires de nuit ou de jour et qui n’ont pas le temps de se voir, on peut communiquer comme ça mais moi il est là le soir mais... J’écris aux enfants quand ils sont absents mais dans le quotidien...
E Est-ce que ça vous arrive d’écrire...
M Oui, j’écris beaucoup quand les enfants s’en vont, les camps louveteau, chez les grands-parents...
E Une liste de course ?
M Toujours.
E Vacances, une liste...
M Je fais beaucoup de listes. J’étais infirmière dont j’avais l’habitude de lister ce qu’on peut avoir dans une chambre de malade ou autre. Quand j’ai souvent plein de trucs qui me passent dans la tête dans la journée, hop ça va partir, je note... J’ai des petits papiers partout, des post-it, mais pour moi.
E En voyage ?
M Si il y a des choses que j’ai peur d’oublier oui, mais pas pour tous les détails. Pour une chose particulière.
E Classez-vous les photos films ?
M Oui, on a beaucoup de retard.
E Avez-vous un répertoire téléphonique ?
M Oui, un agenda.
E Vous écrivez vos comptes ou vous suivez ça normalement ?
M Je suis.
E Oui, quand vous recevez vos bordereaux bancaires. Vous avez eu des soirées pour savoir comment fonctionnait la méthode de lecture ?
M On a eu une réunion en début d’année, c’est tout. Mais, qui n’expliquait pas spécialement la méthode, elle disait son programme de l’année, mais pas spécialement sur la méthode.
E Vous êtes un petit peu déçue ?
M Oui, dans le sens parce... je ne serais pas déçue si je voyais mon enfant marcher bien... on n’est pas très objectif quand cela marche moins bien.... Je pense qu’elle aurait pu être plus aidée Inès, c’est certain.
E Vous auriez aimé avoir plus d’informations à cette réunion ?
M J’aurais bien aimé qu’elle nous dise comment est ce qu'elle aurait.... Comment elle allait fonctionner...... Elle nous a dit parce qu'elle nous a montrer les lettres qui sont affichées au-dessus du tableau, le mot qui se rapporte à chaque lettre, bon ça, on savait. Mais je pensais qu’elle allait donner plus de travail syllabique pour que l’enfant démarre un peu seul sa lecture mais il n’y a pas eu tellement ça. Ce que je trouve étonnant par rapport aux autres, les petits mots qu’ils doivent écrire le soir, ce ne sont pas des mots... c’est des mots...; par exemple, il y aura "piscine", pour apprendre la lettre "pe" on va prendre piscine, dedans y’a sc.. on a pas appris, voyez c’est pas forcément un mot que l’enfant peut retrouver tout seul, c’est encore quelque chose que l’enfant va devoir apprendre par coeur, ou alors apprendre qu’elle, qu’il, elle a pas appris le « qu ».
E D’après vous ça manque de logique tout ça ?
M Elle a sa logique cette maîtresse, certainement, mais nous, on a du mal à suivre.
E Quand vous dites « nous »...
M Parce que j’en parle quelquefois avec d’autres mamans qui ressentent un peu la même chose même si l’enfant a peut-être moins de difficultés qu’Inès parce qu’ils n’ont pas cette dyslexie tout ça... J’ai une amie qui est orthophoniste.... et elle me dit "je suis étonné des mots qu’elle fait copier aux enfants car ce ne sont pas des mots que l’enfant peut déchiffrer par lui-même". C’est pas des mots que je ferais copier à un enfant pour du CP, c’est pas tellement ça qui va lui apporter quelque chose... Cela lui fait toujours écrire des mots, c’est toujours ça, mais en fait, je me dis y’a pas énormément d’écrit, dans les cahiers, je vois, je trouve. Car plus l’enfant écrit, plus ça rentre en fait et je me dis l’écrit est restreint.
E Vous attendiez un peu plus...
M Cela aurait bien un peu plus d’écrit. Parce que c’est beaucoup de petites fiches avec des choses à cocher à entourer, mais il n’y a pas énormément d’écrit.
E Cela se rapprocherait de ce qu’Inès aime bien...
M Elle aime bien écrire. C’est vrai qu’on voit les fichiers maintenant, c’est beaucoup de cases à compléter, de... l’enfant a moins besoin d’écrire. Je trouve qu’ils écrivent de moins en moins quand même. Alors qu’avant y’avait les cahiers, alors on écrivait plus. J’ai un aîné qui a eu une maîtresse qui était un peu l’ancien modèle, elle était près de la retraite, alors c’était des cahiers où on écrivait énormément, et je vois la différence, je trouve qu’il écrit mieux. Les autres, y’a juste trois petits points, on met la lettre qui manque, y’a moins d’écriture.
E Est-ce qu’il y a un moyen qui serait meilleur pour apprendre à lire...
M Plus de syllabique. J’en suis convaincue. J’ai deux enfants en orthophonie. L’orthophoniste dit : « quelle que soit la difficulté de l’enfant, je reprends forcément avec du syllabique, c’est la seule méthode pour que l’enfant redémarre ». Les enfants qui arrivent avec des trous, des sons qu’ils n’ont pas bien compris, elle dit « je reprends avec du syllabique ». Je dis c’est quand même la base de la lecture même si y’a du par coeur à greffer dessus, après l’enfant faut qu’il apprenne par coeur le mot, mais je pense démarrer avec plus de syllabique que du par coeur au départ. Ma dernière, je ne raterais pas ça. Je lui ferais faire avant les lettres avant avec la méthode Bocher et j’ai fait ça pour mon aîné parce que j’avais tout mon temps pour mon aîné. J'ai fait la méthode Bocher. On m’a dit « tu sais avant de rentrer en CP, il faut faire la méthode Bocher ». J’ai fait ce qu’on m’a dit et j’ai démarré la méthode Bocher pendant l’été ». Il a démarré sa lecture avec la même méthode très facilement donc je me dis, je refais la même chose...
E C’est-à-dire que vous lui donnerez des éléments...
M des outils pour démarrer.
E Pour pallier le manque de l’école...
M Oui, le manque de syllabique. Y’a des maîtresses qui en parallèle à cette méthode en donnent plus à la maison qu’à l’école, ils travaillent plus là-dessus. Et là je me rappelle en début d’année, Ca a un côté ludique, je comprends mais je trouvais que ça dirait beaucoup. On devait retrouver les sons à travers les noms des petits amis de l’école, y’avait Emilien, Clément, Alexandre, y’avait des mots qui ne savaient pas encore déchiffrer qui retenaient par coeur pour retenir... Vous voyez, on partait vraiment du par coeur.
E Tout se passe l’école en fin de compte.
M Oui, parce que nous on a très peu le temps le soir pour pallier... et puis tout ce que dit la maîtresse c’est parole d’évangile à cet âge là, on ne peut pas démolir ce que dit une maîtresse, moi je ne l’ai pas fait sur la méthode ou quoi que ce soit mais...
E La lecture le soir, pour vous ça une incidence...
M Non pour moi, c’est pour lui donner... c’est un moment de complicité avec l’enfant, c’est pour lui donner l’envie de lire une histoire, de lire un livre. Je ne sais pas si c’est cela qui fera qu’elle sera bonne en lecture après, je ne pense pas mais elle aime bien prendre un livre, c’est lui donner le goût du livre. Mais, si cela vient plus lentement chez elle, ça viendra bien un moment où un autre...
E Pour vous c’est deux choses distinctes, le goût de lire et l’apprentissage formel de la lecture ?
M Oui, parce que les enfants qui ont du mal à lire, ils aiment qu’on leur lise des histoires, ils aiment la lecture même si ils ont du mal eux à lire. Tous les enfants aiment qu’on leur lise des histoires. Même mes grands adorent ça, même si ils lisent un peu, mais tellement, spontanément, quand on lit quelque chose ensemble, ils aiment bien. Après, la difficulté, ça vient de l’enfant, de sa lecture à lui, mais pas de la lecture en général parce qu’ils aiment entendre raconter un conte, ils adorent écouter une histoire et quand je lis à Inès, ils viennent souvent écouter l’histoire.
E Elle se fait raconter des histoires par ses frères ?
M Non pas tellement. Si, un soir je n’ai pas le temps, je dis à mon aîné de lire l’histoire d’Inès mais... c’est rare.
E Le papa raconte des histoires ?
M Il lit l’histoire quand je n’ai pas le temps le soir... Il rentre vers 8h, 8h30, de temps en temps, il lit une histoire à Inès le soir mais au niveau travail non.
E Avez-vous des règles d’éducation ?
M Des points précis... la politesse. Pas chacun pour soi. L’entraide. A ce niveau là, on fait attention aussi. Le respect des autres et surtout l'entraide. Je leur demande de donner un coup de main, volontiers, sans qu’on le demande. On a la chance de vivre dans une famille nombreuse, mais tout ne repose pas sur maman, chacun doit participer un petit peu....
E Vous êtes la maîtresse de maison
M Oui, c'est sûr.
P C’est plus à vous qu’on s’adresse concernant les décisions ?
M Oui, c'est vrai. Concernant la maison oui, mais c’est à deux, c’est vrai avec mon mari, pour les détails matériels, ce sera maman. J’étais pas là, ce week-end et ils se sont passés de leur maman avec leur papa sans problème. Je me dis c’est bien. Tout le côté matériel c’est moi.
E Vous êtes infirmière ?
M Oui, j’ai arrêté à la naissance de Avant on était à ANGERS après à la Chapelle sur Erdre. Il y a deux ans maintenant que je suis arrêtée..
E Vous avez arrêter pour élever...
M Voilà.
E Vous étiez à temps plein ?
M Non, non à temps partiel. Et puis j’ai fait beaucoup d’arrêts, on a beaucoup déménagé. J’ai toujours été à mi-temps.
E Vous suivez votre mari?
M Oui oui, c'est un sixième déménagement donc .....
E Vous êtes habituez au déménagement.
M Oui. Souvent.
E Vous êtes locataire ?
M là, nous sommes propriétaire. Et si on s'en va, on louera.
E Votre mari que fait-il?
M Il est cadre chez Bouygue Télécom. Il est responsable immobilier, des sites Télécom.
E Diplômes, vous votre DE d’Infirmière et votre mari ?
M ISG (institut contrôle de gestion) qu’il a fait en formation le soir sur 18 mois. Il a terminé au mois de décembre. Il fait des formations continues. Sinon il a le bac et après il est autodidacte. Il doit être à bac + 5. (ISG, niveau ingénieur).
E Votre salaire mensuel familial ?
M Entre 15 et 20.
E Est-ce que vous avez autre chose à dire ?
M Moi , je, en en parlant parce que avec des enfant en difficulté de lecture, c'est un sujet quand j'ai quelqu'un ou dans le domaine de l'enseignement, on en parle. Je suis déçue par les méthodes qu’on propose actuellement. Les premières méthodes, mêmes les vieilles méthodes, J'ai retrouvé ça chez mes parents dans ma belle famille, des méthodes relativement classiques, les enfants apprenaient beaucoup plus facilement. Même l’orthophoniste me disait qu’ils avaient des problèmes avec ces méthodes parce qu’ils sont submergées d’enfants à difficulté (surtout les garçons, plus que les filles). Il n’y avait pas autant de problèmes avant et elle me disait que certainement la méthode a une grosse responsabilité. Peut-être, reviendra-t-on à des méthodes plus classiques qui sait ? mais je ne connais pas une famille où il n’y a pas un enfant en orthophonie. Y’avait pas ça avant quand même. D’où vient le problème, les orthophonistes sont débordées, problèmes d’orthographes... D'où est-ce que ça vient ça ? Elles ne risquent pas d’être au chômage avec les méthodes qu'on propose.
E Vous pensez que c’est dû à la méthode ?
M Oui, je pense. C’est pour le démarrage, y’a rarement un enfant chez l’orthophonie après un CM2, c’est surtout pour le primaire et c’est quand même pour des problèmes de lecture ou de dysorthographie qui viennent ... L'orthophoniste me disait parce que j'ai mon garçon de 8 ans qui a des problèmes, pas tellement de lecture parce qu’il lit bien quand il s’applique, mais il a des problèmes d’orthographe, donc il a un problème de dysorthographie, ça vient de la méthode certainement de la méthode qu’il a appris à lire. Il entend phonétique, et il réécrit phonétique en oubliant donc des lettres dans ce qu’il écrit. Il écrit un mot, et il oublie une lettre dans le mot, donc elle me dit ça vient certainement... Donc, il ne lit pas si mal que ça mais il écrit mal.
E Pour vous lecture, c’est lecture à haute voix ?
M Même lecture silencieuse, il lira mal un mot, il comprendra mal le sens de la phrase. L’orthophoniste me dit que la seule méthode, et les deux (orthophoniste) m’ont dit la même chose, il faut que l’enfant lise tous les jours à haute voix. C’est pas facile à trouver du temps à faire tout ça quand on a plusieurs enfants scolarisés. On va essayer de lire un chapitre à haute voix tous les soirs, y’a que ça pour que l’enfant devienne un bon lecteur et pas seulement déchiffrer.
E C’est un véritable boulot mère au foyer.
M Très, Là j'avoue que je ne pensais pas que cela allait être aussi difficile au niveau lecture. Quand on un enfant en difficulté, bon. Mais, quand on a plusieurs enfants en difficulté, il faut relativiser, ils y arriveront, mais ils mettront plus de temps que les autres. C’est préoccupant parce qu’on veut faire son possible forcément. Ca demande beaucoup et j'ai plein d'amie qui ont des difficultés avec le travail le soir parce que les enfants lisent mal. Ça se retrouve dans pas mal de famille ces difficultés de lecture. Chez certains enfants, pas chez tous, heureusement..
E Pour vous c’est une inquiétude.
M Oui, c’est une inquiétude, je relative. Je me dis y’a des choses plus graves dans la vie. J’ai des enfants en bonne santé et tout ça, c’est une question de patience avec l’amour on y arrivera mais... Inès redoublera peut-être, celui qui a des difficulté de lecture en CM2 va certainement redoubler un CM2, c'est du souci. Je me dis si on n’avait pas loupé cette étape de lecture, il en serait peut-être pas là aujourd’hui. Lui, je ne m’étais pas rendu compte tellement il était dyslexique, c’est en CE2 qu’on m’a dit... c’est tard.
E Inès a fait combien d’écoles ?
M La Chapelle sur Erdre, la maternelle, le CP ici... C'est son premier CP ici. Je veux relativiser parce qu’il y a des choses plus graves.... du moment que l’enfant est bien dans sa tête, épanoui, tout ça le reste suivra, même si c’est un peu plus lent, même si il ne rentre pas dans les normes exactement.
E C’est pas au CNTE, c’est un peu dommage...
M Oui, Inès, peut-être qu’elle n’aura pas eu... y’a pas de contrôle de fin d’année aussi strict que dans une classe normale, on est aidé par ses parents, donc c’est un peu faussé. L’enfant a plus de temps pour y arriver.
E Ecoutez , je vous remercie, je crois que vous m'avez donné tous les renseignements. Un détail, votre âge ?
M Moi 1962, mon mari 1961.