Entretien n° 31 avec Famille ALLAMED

Le 28 Mars 1998

E Apprentissage de la lecture, qu’est-ce que cela évoque pour vous ?

P Pour les enfants ?

E Même pour vous.

P Pour les enfants c’est bien, mais y’a des problèmes, dès fois j’étais à l’école... y’a un programme, y’a 25 élèves, si un élève travaille mal, mal lire ou mal écrire, le prof, je crois qui va faire marcher son programme quoi. Il ne s’arrête pas, on avance toujours. Mounir, il écrit mal, même si écrit quelque chose, il ne peut pas le lire ce qu'il a fait. Ca veut dire il prend les choses encore comme ça, mais si on le donne à lire, il dit comme une histoire, les mots il ne sait pas. Il n’y arrive pas, c’est un problème. S'il y a un livre là je lui de lire, il lit mais . ça va pas, Il est petit encore..... Lire tout ça mais si je dis comment on va écrire « une », il connaît pas, et le programme à l’école, ça ne s’arrête pas ça, ça marche toujours.

E Vous voulez dire qu’on ne suit pas le rythme de l’enfant.

P (s'adressant à son enfant )Ali, tu peux lire ça...

Ali Le hérisson n’a pas de cheval.

E Alors que la phrase, c’est le hérisson veut faire une course avec une plume et Nagahouka....

P Il connaît encore mais si on lui demande un mot comme ça Ptfffff........

E Ça vient de quoi d’après vous ?

P Je crois que c'était.. Comment explique ça ? Ils ont fait un programme sur l’année et il faut aller...

E Il faut rentrer dedans.

P Ils s’en foutent si quelqu’un n’apprend pas. Si la deuxième année arrive, c'est la même chose, si on lui demande ce qu’il a fait l’année dernière, il n’a rien fait...

E Vous voulez dire par là que le redoublement ça sert à rien ?

P Même si il double d’accord, je suis d’accord, mais après il apprend quelque chose.

E Savez-vous comment fonctionne l’apprentissage de la lecture ?

P Non, parce que moi j'ai appris au Yémen.

E Vous étiez Yéménite ?

P Oui, si quelqu’un il rate, il reste, et va apprendre en deuxième année, pour rattraper les autres, il va rester un deux ans mais ici, si ça marche, ça marche , c'est tout. ............. c’est très grave pour les enfants. Si il arrive en 6ème, il ne connaît pas les maths, le divisions, il n’écrit pas bien le français, c’est très mal.

E Est-ce que vous lui avez raconté des histoires quand il était plus jeune ?

P Oui, quelquefois mais pas toujours, pour faire plaisir.

E En français ou en. Yéménite ?..

P . Non, ici, il parle toujours la langue de sa mère en langue somalien, on explique des histoires comme ça.....

E Vous racontez plus d’histoire

P Oui des histoire de la famille

E de la famille dans la langue somalienne ou arabe ?

P Oui en Somalien Personne ne comprend l’arabe, c'est déjà oublié.

E Vous parlez l’arabe.

P Oui, et le somalien aussi.

E Vous parlez le français.

P Un petit peu.

E Vous êtes trilingue.

P On parle trois langues, mais le somalien, c’est la première langue chez nous parce que la mère est toujours là.

E C’est la maman qui s’occupe de la famille.

P Voilà. c'est langue qu'on parle chez nous.

E c'est la maman qui s'occupe de la famille ?

P Voilà. Comme elle est toujours là. Moi, je suis à Angers toute la semaine, je reviens tous les vendredis et pour le français, l'écriture, j’ai pris une fille qui donne un coup de main............ je connais pas ici le programme comment ça marche comme ça j'ai pensé...

E Vous connaissez quelqu’un pour les enfants ?

P Elle arrive Deux jours par la semaine, 4 heures par semaine. non 2 heures

E 4 heures par semaine pour donner un petit coup de main aux enfants.

P Voilà, qui les fait travailler. Y'a maintenant trois mois, il a commencé très bien.....

E Vous avez cinq enfants ?

P Oui.

E C’est toi le plus vieux, quel âge as-tu ?

Le garçon : 8 ans et ½

E Et après ?

Les enfants : 5 ans et ½ .....

E A quoi les enfants aiment bien jouer ?

P Chacun a son goût. exemple, Celui-là il aime pas jouer beaucoup mais, il aime bien les dessins. Celui-là « au papa ».

E A des jeux de sociétés, des jeux de cartes ?

P Oui beaucoup des jeux vidéo. Y'en a un qu'est déjà cassé.

E Ils jouent ensemble. La télé, ils aiment la regarder ?

P Les films pour les enfants.

E Ils la regardent tous les jours ?

Les enfants : oui, oui, des cassettes, des dessins animés, le roi Lion...

E Au niveau du travail le soir, c’est votre femme qui s’en occupe ?

P Quand je ne suis pas là chacun prend son boulot il reste tranquille et ma femme contrôle, c'est elle qui contrôle parce que moi je ne suis pas là pendant la semaine.

E Est-ce que vous lisez ?

P Avant oui, maintenant non. Quand j’étais chez moi, oui. Je travaillais dans un stock de magasin, de livres, au Yémen, j’avais le temps de lire. C’était une grande bibliothèque.

E Vous travailliez dans une bibliothèque.

P Oui.

E Vous lisiez ?

P Oui, même le français, j’écris comme ça. Quand j'ai rentré en France, j'étais zéro... Je crois que si j'avais tout le temps tout le temps, je crois que j'arriverais mieux. Ca fait 5 ans que je suis là. C'est en 5 ans que j'ai fait tout ça.

E Vous lisez le français ?

P Oui.

E Votre femme aussi, vous lisez le français ?

M Oui, un petit peu.

P Elle a fait un centre spécial. Trois jours. Faire la cuisine et tout...

M Le jeudi matin, le vendredi le lundi....

E Des cours de français, ça vous plaît ?

M Oui....................

P Je dis, c'est pas la peine, on reste comme ça. Je dis moi je suis à Angers, si il a le papier, un rendez-vous, c'est toi qui te débrouille, Elle va à la poste, elle prend les rendez-vous..........

E C’est elle qui prend les rendez-vous ?

P Oui quelque fois

E Elle les écrit ?

P Non, Elle les met dans sa tête. je téléphone de Angers et je lui demande ce qui se passe............. Elle me dit y’a quelqu’un qui a téléphoné.

E Vous vous mettez en rapport avec elle. C’est vous qui vous occupez des papiers.

P Oui. C'est moi j'écris les papiers. Quand je suis pas là, je dis il faut aller là de faire ça ou ça...

E C’est vous qui classez...

P Comme à l'hôpital, s'il arrive, y a deux semaines, le petit, il était malade moi je lui dis parce que moi je ne pouvais , j'avais l'examen (le père est en formation de peinture). je lui ai dit, je ne peux pas, tu prends le bébé et tu vas à l'hôpital et quand j'arrive, j'ai vu qu'elle s'était occupée de tout

E Entre vous est-ce que vous écrivez ?

P Oui, quelquefois je fais avec les enfants.

E Vos courses, c’est votre femme ?

P C’est elle.

E Est-ce qu’elle écrit ?

P Non, le marché, le magasin, c’est elle qui tient les économies...

E C’est elle qui s’occupe de la maison.

P Elle s’occupe entre le marché, le bouffe tout ça et moi je m’occupe des factures.

( la maman dit quelque chose à l'un de ses enfant en Somalien )

E C’est vous le comptable de la maison.

P Je ne suis pas le comptable mais comment on dit , on divise le boulot, quoi. Toi, tu connais ce qu’on mange, le manger et tout ça.... le loyer, le téléphone, et l'assurance c’est moi... Comme ça, elle ne me demande rien, et je demande rien elle a fait son budget pendant trois jours... elle arrive fin de mois pile poil.

E Est-ce que les enfants vont à la bibliothèque ?

Les enfants : oui, y a des livres qu’on peut emprunter.

E Avec papa, maman.

Les enfants : Non, on y va tout seul.

E Souvent ?

Les enfants : On emprunte des livres oui.

E Toutes les semaines. Surtout le mercredi. Et vous lisez les livres, c’est maman qui vous les lit ?

Un garçon (l'aîné) : c’est moi qui leur lit.

E C'est toi qui leur lit parce que tu es le plus grand.

L'aîné Parce que maman est occupée. Tu aimes bien lire toi aussi ?

E Maman est occupée. C'est toi qui leur les livres

L'aîné Oui, c'est moi.

E Toi, tu aimes bien lire toi aussi ?

l'aîné Oui

P C’est lui qui s’occupe de son frère.

E Au niveau du travail c’est le grand qui s’occupe...

P Au niveau du travail, quelquefois quand on fait les courses, on prend la voiture, on prend le petit et c’est lui qui s'occupe des enfants....

E Tu es en quelle classe ?

Le garçon : CE2

E Ça marche bien l'école ? Tu es content ?

Le garçon : oui.

Un autre : moi je suis en grande section.

L'aîné Surtout quand il y a des contrôles

E Tu a eu des contrôle?

L'aîné J'en ai eu que deux.

E Tu aimes bien t’occuper de tes frères ? Tu leur apprends des choses ?

L'aîné : oui.

E Tu leur lis des histoires aussi ?

........

E Est-ce que cela vous arrive d’aller voir des choses en ville, des musées.... ?

Un garçon : papa avait dit qu’on irait dans un endroit où il y a des expériences...

P A Rezé.

Un garçon : c’est la maîtresse qui l’a dit.

P Y’a carnaval demain.

E Et vous y allez au carnaval demain ?

P Il est trop grand.

E Ça fait longtemps que vous vivez dans la cité?

P Trois ans.....

E Quatre ans. Vous étiez ailleurs ?

P . Non, j'étais dans un foyer. J'étais deux trois ans chez mon frère et j'ai trouvé un foyer.

Un garçon : 6ème c’est dur.

E Tu vas y arriver, Même si c'est dur y’a pas de raison.

Un autre garçon : moi je ne veux pas y arriver.

(.................)

E Et vous actuellement, vous entreprenez un CAP de peinture.

P Oui. Si même on connaît le boulot mais si on n’avait pas le diplôme, on trouve pas c’est dur....

E Vous êtes arrivés en France depuis combien de temps ?

P Fin 1992.

M Cinq ans On est arrivé ensemble en une fois

E Vous viviez au Yémen ?

P C’est en famille, tous on est venu. en France. Elle avait la nationalité. Toujours elle voulait France, France. J’ai dit si on n’y va, on va ensemble, c’est pas la peine, un là et toi là-bas....

E Vous aviez envie de partir du Yémen ?

P Oui.

E C’était trop dur là-bas ?

P C’est pas comme ici, c’est dur et c’est pas dur. C’est mieux et c'est pas mieux. c'est mieux. pour le travail, On peut travailler mais quand vous êtes au chômage.

E Vous avez du travail actuellement ?

P Quelquefois je travaille, quelquefois je n’ai pas. Mais au Yémen jamais.

E Jamais de chômage.

( les enfants font trop de bruits pour décrypter l'entretien)

P Mais ici y’a plus de chance,.... y’a plein de truc.... c’est comme la peinture........................

E Au Yémen, qu’est-ce que vous avez comme diplôme ?

P Juste avant le bac, je crois. J’étais en Somalie avant. Mon père a travaillé en Somalie. En 77, je suis rentré au Yémen.

E Vous êtes Somalien.

P Moitié, moitié.

E Votre femme a un diplôme ?

P Non.

E Elle est allée à l’école ?

P Elle connaît l’arabe, le lire Elle a laissé l'école, elle était petite encore......

M ( La femme dit quelque chose en arabe à son mari...)

E Elle dit qu’elle n’est pas allée à l’école.

P Si elle est allée à l’école mais elle a arrêté à 12 ans .............

E Mounir est en CP, quand pour vous a-t-il commencé l’apprentissage de la lecture ?

Le garçon : en CP.

P Trois quatre mois.

E Il a commencé au cours préparatoire. Il n’a pas commencé avant ?

P Ici, avant le CP, il n’a pas appris grand chose. Le dessin et puis, c'est tout. C'est ça qui est un problème

E Pour vous c’est un problème ? Vous auriez aimé qu’il commence...

P Avant. Comme ça quand il arrive au CP, il connaît déjà quelque chose, mais comme il arrive en CP, il connaît rien c'est très dur le CP. Ici on donne pas grand chose, dessin, chanson... chanson c’est bien, le dessin , c'est bien mais il faut donner les maths... un petit peu comme quoi, quand il arrive au CP, il connaît un peu mais quand il arrive à 0 en CP.

E Vous pensez que l’école, y’a pas suffisamment de travail ?

P Oui, il faut...

E Il faudrait qu’il y ait plus de choses.

P Comme il y a l'histoire de Gaffi, je demande comment on écrit Gaffi, il ne connaît pas...

M (cette fois en Français) Si maintenant il connaît.

P Si maintenant, il lit quelque chose, il faut écrire encore, sinon c’est pas la peine. Sinon. c'est comme une chanson quoi.. on chante, on chante... Mais comment on écrit Gaffi ?

Un enfant : K A....

P Comment on écrit Gaffi (à son enfant) Si on dit GAFFI, G A (le père le chante)

E En rythmant... vous avez appris comme ça ?

P L’arabe c’est comme ça. On commence par A B C D, après on prend, on prend un son...

E Par syllabe...

P oui Comment on ajoute les mots...

E Les lettres vous voulez dire.

P Voilà et après

E et tout ça en rythmant aussi.

P Oui, mais moi, quand j’étais petit, j’avais beaucoup de chance, j’allais à l’école, j’avais deux soeurs; un était prof, l’après-midi, le soir j’étais chez elle, j’avais beaucoup de chance.

E Vous trouvez que là...

P J’étais chez ma soeur, elle était prof et elle m'a aidé pour j’écris mon nom, mon adresse.

E Vous avez appris le français comme ça.

P J’ai appris le français avec la télé et les gens.

E Vous avez pris des cours ?

P Pas beaucoup. Deux mois et demi, et trois mois.... cinq mois...... à.. l’AFPA...

E A l’AFPA, vous avez amélioré... vous savez écrire maintenant.

P Voilà, je fais des fautes mais ça va.. comme quoi le français toujours j'étais avec eux. ...

E Dans votre CAP, vous lisez beaucoup...

P Oui. y' a beaucoup sur la peinture. j’ai passé l’examen., bien, j’ai fait 68/120, maths, français, ça va. Je ne croyais pas que j’arriverais au CAP. Même le prof, je disais c’est dur pour moi, il disait, il faut aller... jusqu’au dernier jour...

E Donc vous avez votre CAP.

P Oui.

E Depuis combien de temps ?

P Deux semaines.

E C'est bine, toutes mes Félicitations.

P Maintenant, je vais continuer, parce qu’on fait la dalle, la moquette...

E Vous allez compléter votre formation. Au niveau des enfants qu’est-ce que vous voulez qu’ils fassent ?

P Quand ils vont grandir ?

E Oui.

P Chacun...

E Chacun son truc.

P Voilà. Une chose je dis... chacun peut faire ce qu’il veut sauf si il continue son étude, si il fait son boulot, moi je m'en fou ce qu'il a fait.... l’important c’est qu’il travaille bien, les autres choses je m’en fous.

E C’est important qu’il travaille bien à l’école aussi ?

P Oui, parce que si l’enfant suit bien son étude , ... y’a pas de liberté, mais avec l’étude y’a pas de liberté. Il faut... c’est obligé.

E Il faut y arriver.

P On peut pas dire que c’est nous .... si il a fait quelque chose pour lui, c’est lui... mais pour moi c’est l’étude.

E Il faut absolument qu’il travaille...

P Voilà, si il étudie bien, il travaille bien même lui .. si il a fait mal, il dit....

E Vous pensez que c’est l’école qui peut apporter ça ?

P Non, pas tout l’école. L’école, les parents et la morale l’enfant. La première fois, c'est la morale l'enfant. Si il n’a pas de morale.

E Pour vous c’est important.

P Je vois....Le grand il aime l’école, même s'il est malade il dit : « je veux aller à l’école ». Il aime beaucoup l'école. Il n’était jamais absent. Même si il était malade un matin, l’après-midi il était à l’école.

E Quand vous dites morale, ça veut dire avoir une conscience de bien faire son travail ?

P Oui. Un jour qu’il me donnait sa note, j’ai dit un mot : « il faut faire mieux que ça ». Il pleurait tout de suite. J’ai dit pas que vous êtes mal, c'est bien, mais il faut aller encore... Lui, il a compris que « vous êtes mal » mais non, je ne dis pas ça mais j’ai dit il faut vous améliorer. Il m'a dit d'accord.

E La morale de l’enfant et l’école c’est important. Avoir confiance dans les enseignants.

P Oui, les profs, ça dépend, y'a des prof qui sont bien et quelquefois moins...

E Et puis , vous avez dit aussi la famille... comment ?

P La famille, il faut avoir du temps avec l’enfant. Il y a 7 jours dans la semaine il ne faut donner tout le temps travaille ! travaille ! travaille ! . Parce que c'est pas un adulte lui. Lui besoin de sorties quand tout petit. Il y a mercredi, mardi, vendredi attention, y’a trois jours il faut travailler ce matin, samedi,.... y’a pas d’école, ils peuvent jouer.... après ils rentrent. A 3 heures et demi y’a quelqu’un qui leur apprend l’arabe jusqu’à 6 heures.

E Ils apprennent l’arabe aussi.

P Demain c’est dimanche, ils vont rester chez nous, personne il sort on est à la maison jusqu'à la soir....... lundi au boulot. Chacun regarde son boulot pour lundi mais y’a pas de travail. on prépare sa valise Lundi à l’école, mardi à 6 heures et demi, à la table, ils travaillent. Mercredi matin ils jouent, après midi ils travaillent. Jeudi à l’école. Vendredi après midi y’a la fille qui arrive...

E Le vendredi après-midi, une jeune fille vient les aider. Qu’est-ce qu’elle fait avec eux ?

Un garçon : de la grammaire, du français et des maths.

E Pour toi ou pour tout...

Le garçon : moi c’est français et maths, lui c’est l’écriture et maths.

E C’est quelqu’un que vous avez trouvé comme ça...

P Non, je la connais bien. Je parle avec elle, on se connaît. Une fois elle disait, si tu as un problème avec les enfants, tu peux m'appeler et après j'ai dit..... elle vient, elle donne. du travail........elle est comme notre famille, cette fille là....

Le garçon : j’ai le cahier de ce qu’on a fait avec la dame qui vient.

E Ton prénom ?

Le garçon : Maer.

P Qu'est ce que tu apprends avec Nicole (la jeune fille) C'est mieux ? Elle t'aide ?

Le garçon surtout avec le passé composé et le c'est tout....

E Les tables de multiplication, des petits problèmes...

P Là, il a commencé bien, avant là c'était très mal........

E Là, c’est de l’écriture, tu fais de l’écriture avec elle.

P Avant elle était très mal..... là, il a commencé...

E Est-ce qu’elle travaille avec l’institutrice, non pas du tout ?

P Non. Il y a l’école( paroles en arabe)......... et puis il y a l’étude....

Le garçon : Le soir, à 4 heures et ½ j’y vais.

E De 4 heures et ½ à 6 heures vous faites l’étude.

Le garçon : le lundi et le jeudi, lui c’est que le jeudi.

E Au centre socioculturel. Vous allez au centre. Là, on vous aide, c’est bien ?

Le garçon On travaille d’abord, on finit le travail que j’ai et on fait quelques révisions sur le français et après on fait un jeu.

Un autre garçon : on fait des maths, on lit et on fait de l’écriture.

E Tu aimes mieux ça que l’école ou c’est pareil ?

Le garçon c’est pareil.

E Est-ce qu’on vous raconte des histoires ?

Un garçon la maîtresse nous a lu une histoire, le titre c’était « le marchand de fessés » je crois.

E Et toi, tu t’en rappelles ? Tu t’en rappelles plus trop.

P On peut pas plus que ça, on ne peut pas donner autre chose. L’école deux fois, ici et un petit temps pour jouer.

E Bien sûr ils en ont besoin. Année de naissance.

P 1961.

E Votre femme ?

P 1967.

E Revenus ?

P 5 et 10.000 F. C’est pas l’argent... si les enfants sont bien.

E Ça vous arrive de rencontrer l’enseignante autrement ?

P Quelquefois.

E C’est vous ?

P Quelquefois ma femme, dès fois moi.

E Et pour Mounir, vous l’avez retrouvé ?

P Oui, la dernière fois, avant que je trouve la fille, j’ai dit que je vais chercher quelqu’un, parce que Mounir a fait trois quatre mois, on va voir le résultat. Si il est bien... parce c’est elle qui sait... je crois que c’est bien, mieux qu’avant. Ici, avec la fille, 2 ou 3 semaines, elle donne les maths elle donne les maths, mais il écrit rien quoi. Elle me disait Mounir ça ne va pas du tout. J’ai demandé un soir il m’a dit : « j’ai peur de Nicole »

E Nicole c’est la maîtresse ?

Le garçon : non c’est la fille qui est là... Il avait honte.

P J’ai dit si tu ne veux pas travailler tu le dis. Il me disait : « Je n'aime pas, je n’y arrive pas ». Après j’ai parlé à Nicole il faut que toi tu le tires.

E Faut l’apprivoiser.

P Maintenant, ça marche bien avec elle. Il est content avec elle

E Ça marche bien avec Nicole maintenant ?

Le garçon : maintenant ça va bien.

E Tu avais peur au départ ?

Le garçon : oui.

Un autre garçon : non au début il avait pas, c’est après qu’il a eu peur.

P Maintenant voilà le plus jeune qui ira en CP l'année prochaine....

E Il a pas commencé l’apprentissage de la lecture.

P Il commence avec son frère.

E Ça l’aide un petit peu.

P Oui.

E Je vous remercie. Vous avez quelque chose à rajouter ? Votre femme ?

M Moi j'ai du mal en français.......................

P Le français pour elle c’est très dur. Il faut entrer avec les gens, c'est tout. C’est pas facile. On dit que l’arabe c’est dur, mais le français c’est plus dur.

E Je ne me rends pas compte.

P Oui, parce que vous vivez comme ça (...) Moi j'ai appris comme ça et après il faut un petit courage.

E Faut avoir la volonté...

P Voilà à l’étranger, même si il parle mal le français.......... il dit pas..... ils savent que ce mec là ils ne connaît pas bien le français.......... les gens rigolent pas, Y'a des pays comme ça si tu vas quand tu parles la langues que tu ne connais pas, mais ici non, c’est ça qui est bien. J’ai jamais vu quelqu’un rigoler... (.... Sur la formation du père ....)