Entretien n° 32 avec Famille PAPIN

Le 3 avril 1998

E Apprentissage de la lecture, qu’est-ce cela évoque pour vous ?

M Il faut apprendre aux enfants... je ne sais pas... la méthode qu’il y a pour apprendre à lire aux enfants.

E Apprentissage vous fait penser à méthode ?

M Oui, la méthode,... oui.

E La méthode qu’on utilise à l’école ou...

M Oui pour apprendre aux enfants.

E Vous la connaissez la méthode utilisée actuellement ?

M Il me ramène ses cahiers le soir et je le fais lire à ma façon, à l’école je ne sais pas comment ils font.

E Vous ne savez pas...

M Bah non. Je sais que ce qu’il ramène le soir, ils l’ont déjà lu à l’école, on sait que ça va vite, il s'en rappelle...

E Et qu’est-ce que vous en pensez de la méthode ?

M Ben, Moi, je n’ai rien à redire. Ma fille est passée par là, elle sait bien lire. Ludovic il se débrouille bien. Donc...

E La méthode en elle-même, vous pouvez me la décrire ?

M Au début c’est par mémoire, ils retiennent les mots. On voit bien que si il ne se rappelle plus du mot, au début, il n’arrive pas à le lire, donc c’est par mémoire au début et après c’est par syllabes. Bah... Je sais quoi rajouter...

E Vous avez assisté à la réunion de présentation de la méthode de lecture ?

M Il y a eu une réunion avec la maîtresse oui. On ne nous a pas expliqué le déroulement de la lecture.

E Elle ne vous a pas expliqué comment ça fonctionnait ?

M Bah Pffffff. Au début quand ils apprennent à lire, c’est toujours le même prénom, ils ont un livre, c’est toujours le même garçon, le même prénom de fille, déjà ça ils s’en rappellent et puis... elle nous a bien expliqué... elle nous a mis une phrase au tableau... que c’est par mémoire, au début ils apprennent carrément les mots, ça rentre comme ça.

E Ludovic a commencé à apprendre à lire quand ?

M En grande section, ça commence déjà des petits mots.

E Qu’est-ce qu’il a fait ?

M Il commence à connaître papa, maman, c'est en grande section. Les petits mots comme ça oui ? c'est en grande section ? Son prénom.

E Oui, pas forcément le mot...

M Il a commencé à savoir papa, maman... tout ça c’est en grande section. C’est en grande section qu’ils commencent. L’alphabet, déjà pas mal... avec Mélanie il apprend beaucoup, elle lui a appris l’alphabet.

E Tu as quel âge Mélanie ?

Mél. 8 ans.

E Tu as commencé à travailler avec ton frère ?

Mél. Oui.

M Oui, elle aime bien jouer à la maîtresse avec Ludovic. Alors dès fois ils rentrent de l’école et elle dit : « on va faire ça... », alors il dit : « moi, j’en ai marre, la journée est passée... »

E Il a du travail le soir autrement ?

M La lecture.

E Et comment cela se passe...il aime bien faire ça ?

M Oh bah oui ! Dès qu’il arrive, c’est son goûter, il prend son cahier et on fait la lecture...

E Ça dure combien de temps ?

M Ça va vite, 10 mn, ¼ d’heure. Pas de problème.

E C’est un enfant qui marche bien en lecture ?

M Oui. oui oui.... Il y a eu des périodes où il confondait le D et le B. Là, il vient d’apprendre avec les B et ça va mieux.

E Y’a moins de confusions...

M Oui, voilà. Tant qu’il n’avait pas appris ces syllabes là, ça confondait mais maintenant ça va.

E La méthode de lecture, vous la connaissez, qu’est-ce que c’est, le titre ?

M De son livre, c’est comment... alors là... le titre de son livre...

E C’est pas grave.

Mél. Tu veux que j'aille le chercher. C’est ABC.

M ABC, je ne sais pas.

E Est-ce qu’il aime bien lire par lui-même ?

M Oui. Ils ont été abonnés à plusieurs magazines, et ça lui arrive d’en reprendre. Maintenant qu’il arrive à lire, qu’il commence et bien ça l’intéresse.

E Tout seul.

M Oui, tous les deux. Ça leur arrive d’être tout seul dans leur chambre et ils se mettent à lire.

E Ils sont abonnés ?

M Là, ils n'en ont plus. Jusqu’à maintenant il ne savait pas lire tout seul, maintenant il les reprend et il les lit.

E A quelle revue ?

M Pomme d’Api, y’a eu BABAR, Popy...

E Ludovic a été abonné à quel âge ?

M En moyenne section il a commencé je crois avec BABAR...

E Tu aimes les lire toi aussi les magazines que tu recevais ?

Mél. Oui.

E Vous êtes des habitués des abonnements ?

M Oui. j'aime bien

E Vous les lisiez avec eux ? Régulièrement ?

M Oui, dès qu’on le recevait, de toute façon il fallait le lire.

E Autrement, Ludovic a-t-il une bibliothèque... combien de livres...

Mél. Moi j’ai une bibliothèque.

M Oui, il en a moins que Mélanie. il doit avoir une vingtaine de livres.

E C’est quel genre de livres ?

M Il en avait un où on s'était abonné. tous les mois il recevait un livre mais c’est jamais le même, ceux là, il en a pas mal... toutes sortes de revues, tous les mois c'était différent. C’est varié.

E Des Walt Disney peut-être ?

M Oui, il en a.

E Vous disiez une vingtaine, c’est plus près de 20 ou de 50...

M Oui, c’est peut-être plus près de 50.

E Sans compter les abonnements ?

M Alors là Peut-être moins de 50 quand même.

E Quand il était plus jeune, est-ce que vous racontiez des histoires à Ludovic ?

M Oui. Il les ramène encore de la bibliothèque ( de l'école)

E Ça vous paraît évidement ces réponses...

M Bah oui. C’est logique.

E Pourquoi ?

M Qu'on le fait ensemble ? C’est normal, parce qu'il y a des mots qu’il ne comprend pas encore, faut quelqu’un pour lui expliquer.

E Vous racontez souvent des histoires à Ludovic ?

M Toujours avec un livre, oui.

E Tous les jours ?

M Ah bah non !Non, pas tous les jours... Ça dépend. Souvent, il ramène un livre de la bibliothèque. En ce moment... on lit ensemble et...

E La bibliothèque de l’école ?

M Oui, sinon i autrement on n’y va pas.

E Il ne va pas à la bibliothèque.

M Non.

E Quand il était plus jeune vous lui lisiez des histoires ?

M Oui.

E Tous les jours ?

M Ah bah non !Non, pas tous les jours Non.

E Une fois de temps en temps.

M Oui ! Avec Mélanie, on prenait plus le temps. Elle était toute seule déjà, c’était tous les soirs, on lisait une histoire avant de se coucher, pendant ¼ d’heure. Souvent, c’était comme ça...

E Avec Ludovic moins ?

M Moins, avec Mélanie on le faisait plus.

E A quoi joue-t-il ? Il aime dessiner ?

M Dessiner oui. Jouer comme tout le monde. Il aime faire des puzzles.

E Il joue avec vous ?

M Il aime bien jouer aux cartes, aux jeux de société.

Mél. Par contre quand il perd, il pleure.

M Ah si, les jeux de société, on aime bien

E En famille ?

M Oui.

E Quel type de jeux ?

Mél. Jeux de 7 familles.

M Jeu de l’oie, petits chevaux...

Mél Le jeu des mariages.

E Ça arrive souvent que vous jouez avec vos enfants ?

M Ils demandent tout le temps.

E Tous les jours.

M Oui. Y'aurait que lui , oui.

E La télévision, ils la regardent quand il veut ?

M Quand il veut... le mercredi quand ils sont là. Oui quand il y a un petit moment , quand il y a un dessin animé.

E Vous ne les laissez pas libres devant la télé ?

M Ah bah non....Le matin, ça arrivait qu’on se levait et qu’ils étaient devant la télé... après, ça ne marche pas. On avait dit pas de télé tant que vous n’êtes pas prêts sinon non. S'ils ont près et qui reste 10 minutes avant de prendre le car, d'accord.

E Ils regardent ½ heure, ¾ d’heure par jour ou un peu plus ?

M Oui, une petite heure.

Arrivée du père......

E Bonjour Monsieur. Comment allez vous?

P Ca va ça va ! c'est vous qui deviez passer. (............ )

E Est-ce que ça vous arrive aussi de raconter des histoires à vos enfants ?

P Ce que je connais oui... Mais je n’ai rien en tête pour l’instant.

E Vous les lisez ?

P Non, pas du tout. C'est ma femme qui s'occupe des enfants. Moi, j’ai assez de mon travail. Je m’occupe, en ce moment je fais les vidanges des tracteurs... En ce moment y'a pas trop de travail. je m'occupe, je m'amuse, il faut bien faire... pendant les vendanges, C'est qu'il faut faire, c’est pas loin des 15 heures par jour, la nuit faut surveiller la fermentation, pas dire 24 h/24 mais pas loin. C'est qu'attention ! Les vacances on en prend très peu, on a pris les premières vacances depuis dix ans.

E Vous n’avez pas l’habitude de partir en vacances à cause de l’exploitation !

P Y’a ça et puis les finances. On n’a pas droit à la faute aujourd’hui... Aujourd'hui, il ne faut pas avoir un boulet au pied non plus mais il ne faut pas marcher sur des roulements à billes. Faut marcher et faut être clair. Faut tout tout impeccable.

E Ludovic il commence à comprendre...

P Oui.

M Il aime aller avec son père. Le tracteur...

P Ce matin il m’a donné un coup de main... il était à se promener avec moi, faire les vidanges, monter sur le tracteur, je sais que c’est interdit... mais moi je le faisais quand j’étais petit. Faut leur donner ce qu’ils aiment faire, et ils aiment s’occuper, mais je ne veux pas faire des fainéants, faut que ça tourne... des choses claires, nettes. Faut pas non plus faire deux journées dans la même. Faut faire une journée normale. Et puis c'est tout. J'estime .......Faut pas les obliger non plus.

E Vous respectez leur rythme ...

P Oui. L’autre jour on mettait des pommes de terre... Tous les deux, ils nous donnaient un petit coup de main... faut savoir ce que c’est qu’une pomme de terre. Nous, on a été élevé un petit peu à la dure aussi, la taille, y’a pas de problème, à l’âge de Mélanie on y allait. On a été élevés comme ça, moi j’estime ils ont être élevés comme ça. C’est pas comme les arabes qui sont dans leur HLM, à 4-5 étages et à faire des conneries, avec leur mobylette. On connaît des cas, ils volent des scooters à Châteaubriant. Ils les emmènent au 4ème dans la lingerie, le scooter est volé, ils sont contents... Ils sont en train de repeindre là, dans la lingerie... c’est dégueulasse.

E Vous êtes attachés à des valeurs très importantes..

P Très familiales, moi, c’est comme ça que j’ai été élevé... c’est tout. Moi, je suis du caractère à ne pas me laisser faire. Genre papiers, moi j’aime pas, tout ce qui est bureau c’est Marie-Claude qui s’en occupe.

E L’administratif, c’est vous ?

M Oui.

E Vous classez bien...

M Oui, on sait retrouver un papier.

P Ah bah si.

E Vos courses, vous faites une liste.

M Oui, toujours.

P C’est Mélanie qui marque.

M Oui, je lui dis ça, « tu me marques ça sur la liste ».

E Vous avez un répertoire téléphonique ou c’est de mémoire ?

M Ah un répertoire... avec les clients., les beaux frères, les petites belles soeurs, on arriverait à retrouver mais les clients.......

E Photos, vous les classez ?

M Oui, on a des albums.

P On s’est fait cambrioler y’a un an. Fallait des preuves... des photos. On les a trouvé toute suite. Un collier sur une photo... on arrive à retrouver.

E Vous êtes très ordonnés...

P Pas moi, mais ma femme, oui....

E Vous vous occupez davantage des comptes de l’exploitation ?

P Des comptes de l’exploitation mais pas viticole.

E De la partie technique ?...

P Et papiers viticoles, c'est moi qui m'en occupe. Ah oui. C'est ce que je veux, je ne veux pas autre chose..

E Vous êtes des lecteurs ?

M Non, on a pas le temps.

E Le journal.

P Oui, le matin. Je traverse la route, je vais le lire en face, avec tonton, on discute, il est célibataire. C’est un bon vivant et on se donne des coups de mains. Je lis le journal à 7h30. On voit tout. Maurice Papon... Le Pen. Ce que j’aime bien c’est les décès, parce que j’ai un copain qui travaille au cimetière et je veux savoir s’il a du boulot... autrement..."non je blague".

E Et vous, le journal ?

M Non. Des magazines oui.

E Vous êtes abonnée ?

M Non, ça m’arrive d’en acheter de temps en temps. Où les journaux comme Nantes-Expansion, je jette un oeil.

E Pour voir si vous avez de bonnes affaires à faire ?

P Oui, je caresse des yeux. On a tout ce qu’il faut. Nantes Expansion, c’est pas mal... c’est comme l’Eclaireur à Châteaubriant, c’est bien. On a changé de voitures, on va pas changer tous les jours.

E Grâce à Nantes Expansion, vous arrivez à trouver la voiture qu’il vous convient...

P Oui, mais enfin, on arrive quand elles sont vendues. Ça fait 10 ans qu’on est marié, 12 ans qu’on doit l’avoir. Elle est de 81, on s’en suffit. Nous on est pas voiture du tout.

E Votre exploitation est grosse ?

P Non. 13 hectares, j’ai diminué cette année, j’étais à 15. La moitié en propriétaire, le reste en métayage.

E Vous avez essentiellement des vignes ?

P Je ne vis que de ça.

E Quelques légumes ?

P C’est ce que je dis au Crédit Agricole, on mange que des patates tous les jours.

E Du muscadet.

P Oui, et un peu de gros plant.

E Revenu mensuel ?

P Oui, le bilan de cette année, je me suis fait 20.000 F pour l’année. C’est tout, c’est pour ça qu’on ne part pas en vacances. Je peux vous le montrer

E Non, c'est pour avoir une fourchette...

P Les machines à vendanger, la maison... tout c’est pas fini de rendre.. Ca nous tire très dure, c'est pour ça que l'on ne peut pas se permettre..

E Vous ne fonctionnez pas en GAEC

P Je suis anti. (.............) Je tourne avec le frangin pour savoir comment s’y prendre. Il est célibataire, il a 35 ans, moi, j’en ai 40. Il demande..., on est tout le temps l’un avec l’autre...

E Au niveau des enfants c’est davantage votre femme qui s'occupe des enfants, tout ce qui concerne les contrôles, les notes. ?

M Oui. c'est uniquement qui signe les cahiers.

P Moi, j’en ai rien à foutre. Alors là ! De toute façon ils peuvent avoir n’importe quelle note, moi je n’étais pas un bon. J’ai fait la 5ème de transition, j’étais plus pratique qu’intellectuel et moi je trouvais que c’était nettement mieux. J’en ai fait des bricoles. Le pratique c’était super, Autrement le reste Pfffffffff... on s’amusait dans la classe. Après j’étais dans une école d'agriculture..., l’étude du lombric. Qu’est-ce que j’en ai à foutre du ver de terre, pour aller à la pêche oui c’est bon mais le reste, j'en ai rein à foutre... J'ai appris combien de choses comme ça j’ai perdu mon temps la première année. La deuxième année on a commencé à faire des analyses de pinard...

E Ça vous a intéressé ça...

P Un petit peu mais on aurait pu faire ça en 6 mois.

E Et vous qu’est-ce que vous avez fait comme études ?

M Je suis allée jusqu’en 5ème et après pour faire un CAP de vendeuse.

E Et vous votre diplôme ?

P Rien du tout. fallait avoir 17 ans au mois de Juin ou Juillet et puis moi je suis du mois de Septembre. Je ne voulais pas aller à l’école... Fallait que je redouble ma classe à B.... et aller qu'ils se démerdent et j'ai dit aux parents : "J'en veux plus, j'en veux plus. et puis j’en voulais plus". Y'avait un commis à la maison...........

E Vous avez fait la succession de votre père...

P Petit à petit. Le père a fait le partage. Il m’a donné 3 hectares 10 de vignes. C’est pas déplorable. Il a fallu que je me débrouille, je rachète le matériel.

E Ça vous arrive de jouer avec les enfants, aux cartes...

P Je ne fais que ça.

E Vous aimez bien jouer.

P Ah oui. Y’a un baby au sous-sol, moi j’aime bien jouer au baby. Lulu, y'a pas d'histoire Mélanie pareil, tout le monde...

E Vous êtes une famille qui aimait bien jouer...

P de toute façon , nous on se déplace. Le week-end c’est rare qu’on est là, on se déplace... de l’air.. le métier, j'en veux presque plus. Je le fais c’est pas par amour... quand on peut, on prend du bon temps moi je le fais....

E Vous allez voir des choses, vous allez dans la famille ?

M On va voir la famille, moi je suis de Châteaubriant. On va dans la famille.

P On se déplace beaucoup. On ne reste pas là. C’est pas qu’on est mal là mais j’aime bien causer. On aime bien venir nous voir aussi. Je ne me prive pas

E Vous êtes propriétaire depuis... ?

P Je me suis mis à mon compte en 84 et la maison depuis 91. C’était un pré avant ici (..... sur la construction de leur maison......)... Je pars d’un principe, on a un métier... et tout le monde devrait en faire pareil, un petit peu tous les jours, faut pas en faire beaucoup, mais avancer un petit peu tous les jours et c’est comme ça qu’on y arrive.

E C’est ça que vous avez envie de transmettre à vos enfants.

P De toute façon, faut pas les mettre à bosser tout de suite parce qu’ils voudront pas du métier après......... Non, un petit peu tous les jours. Il faut vivre aujourd’hui. Il ne faut pas vivre comme un malade, non non.

E Est-ce que vous avez des exigences d’éducation ?

P Là, valeur de l’éducation, bien élevé sans trop laisser aller. Faut savoir les reprendre. Moi, je connais un petit gars, dès qu’on a le dos tourné, faut voir toutes les conneries qui sont faites, on appréhende toutes les fois qu’il vient.

E Vous êtes pour un certain ordre...

P Oui, mais c’est pas la dictature... moi je sais quand les reprendre.

M Quand on voit les enfants qui sont dans les rues à faire des bêtises, c’est sur les parents qu’il faut taper pas sur les enfants.

P Faut voir les arabes, c’est dingue.. ah non.

E On fait partie de cultures différentes qu’on a du mal à accepter...

P Ils ont qu’à rester chez eux. Nous, on est bien chez nous... mais ils sont gênants. Moi j’ai eu de l’auto-rodéo... attention, j’ai eu 132 pieds qui ont été cassés avec une BM du Danemark. Faire faire un constat avec le gars du Danemark. Ils étaient à St Sébastien à l’hôtel Campanil... Heureusement le directeur du Campanil connaissait la langue, il a fallu... c’est pour ça que moi je suis agressif aujourd’hui.

E Vos enfants ont appris où à lire, à l’école, à la maison ?

P Y'a les deux.

E Davantage l’école ?

M Ils commencent à l’école, et après, on est là que pour pousser derrière.

P Le soir et puis le matin. A l’école, ils apprennent mieux que nous.

E Vous trouvez que c’est bien actuellement.

M Quand on voit comment ils débutent c’est bien... on dit quand ils arrivent en 6ème ils ne savent pas lire. On ne comprend pas ce qui s'est passé entre... on voit.... Mélanie elle sait lire couramment. Après, on entend dire en 6ème qu’ils ne savent pas lire, qu’est-ce qu’il s’est passé, y’a eu un trou ?

E Vous ne comprenez pas ?

M Ben oui.

P Ah, Si. Ils apprennent bien quand même dans cette école, on ne va pas critiquer. Moi, j'étais pas plus intelligent à cette époque là.

M Pour l’instant on a rien à redire, on ne s’en plaint pas.

P Moi je dis que c’est bien. Très très bien on ne connaît pas, moi je dis vu les notes qu’elle a Mélanie, PPPPP, moi je me satisfais de ça. Si ! C'est vrai !

E Et Ludovic ?

M C’est pas encore des notes, c’est des lettres.

P Ludovic, ce n'est pas pareil. Ludovic est plus jeune. Je lisais le journal ce matin et Lulu était là...

M On compare par rapport à Mélanie, ils se suivent, ils ont la même maîtresse. On reprend son cahier et on compare par rapport à lui. Y’a des fautes que Mélanie faisaient qu’il n’avait pas fait.

P Moi j’appelle pas ça des fautes. Ce matin je lui faisais lire « Nantes ». Je lui dis qu’est-ce que tu lis, il me dit /NAN/ /T/». Quand on réfléchit bien, normalement c’est /Nan/../tès/, c’est mal écrit Nantes.

M Ludovic, il ne sait pas que le S de Nantes ne chante pas.

E C’est sûr, c’est très difficile à lire.

P De toute façon, j’en parlais à tonton, il a pas fait la guerre, mais c'était la période, les allemands, ils demandaient /Nantès/. Conclusion, comment voulez-vous qu’ils se débrouillent les petits? Nous , ça passe encore...

M Nous ça arrive qu’on prenne le dictionnaire pour un mot qu’on ne connaît pas.

P La télé... aussitôt qu’il y a quelque chose, hop, le dictionnaire. Allez hop On sait bien où il est le dictionnaire. On est à tout bout de champs à regarder le dictionnaire à savoir ce que ça veut dire....

E C’est important.

P C'est à dire qu'on n'est pas assez intelligent donc...

E Vous trouvez tout dans le dictionnaire ?

M Parfois avec la définition on est pas plus avancé.

E Ça vous arrive de rencontrer la maîtresse ?

P Ca , c'est ma femme.

M Quand il y a des réunions. Mélanie me demande « pourquoi tu ne vas pas voir la maîtresse ? ». D’autres mamans y vont mais tant qu’il n’y a pas de problèmes, je ne vais pas allé la voir. Y'aurait des problèmes , oui. mais comme il n'y en a pas. Je ne vois pas l'intérêt d'aller la voir.

E Et Ludovic ?

M C’est pareil, je suis allée à la réunion. Mais, c'est tout. Mais tant que ça va, y'a pas Peut-être à la fin de l'année. Mais il faut voir........

E Vous avez autre chose à dire ?

E Votre âge ?

P 1957.

M 1968.

(........ Autres éléments après la coupure du magnétophone.....)

P Quand j’étais petit... ce que j’aimais... la lecture c’est une chose mais c’est l’éducation morale. Comment vivre poliment. Bonjour Monsieur, Bonjour Madame... et ça c’est aussi important que la lecture.

E Pour vous c'est important de respecter..., de vivre gentiment avec les autres, en bonne compagnie...

P Mais oui, ce qu'y a, tous les matins, on avait un truc moral. Le prof expliquait quelque chose et nous demandait ce qui collait, ce qui ne collait pas. Et moi je trouve que c'était super c’est ça qui est le plus important à l’école. Le reste, bon, d'accord Moi je sais bien que les fautes, ils sont à tous les mots ou presque parce que je n'écris pas assez.... d’abord. Je fais un chèque une fois tous les 6 mois. C’est Marie-Claude qui les fait. Pour moi c’est le truc moral, c’est primordial.

E Vous avez redoublé des classes en primaire...

P Oui, j'ai redoublé une classe et puis après je ne m’en rappelle plus.

M Moi en 6ème, pas en primaire. Ma deuxième année de 6ème j’étais en pension.

E Vous avez vécu ça durement ?

M Oh non au contraire. J’étais avec les copines.

P Marie-Claude c’est la 10ème.

E Vous aussi une grande famille ?

P Quatre, le père c’était un diplomate il a fait les choses bien, une fille, un garçon, une fille, un garçon.

E La maman aussi...

P 50 -50.

M Les parents ne s’occupaient pas de nous comme moi je m’occupe de Mélanie. Ils n’avaient pas le temps.

P Y’a l’éducation qui est là. Attention.

E C’est important.

P Oh la la. L’homme et la femme qui travaillent. Marie-Claude est là et moi, j fais des petites journée.

M Ce qui compte, c'est qu'on est là le soir quand il rentre.

E Vous assurez la charge de l’exploitation en second. Vous avez un temps plein...

M L’hiver quand il a la taille. Je suis là quand il rentre. Autrement je vais à la taille mais je suis présente avec les enfants.

P On essaye que ça tourne, on fait ce qu’on peut, pour dire qu’on a un ménage parfait c'est peut-être pas...... On se débrouille comme on peut.

M C’est pour ça que les parents ils travaillent tous les deux je ne sais pas comment ils font.

P Ils délaissent les enfants de toute façon. Pour moi si il y a des petits trous à l’école, pour moi c’est ça. Maintenant y’en a qu’on a facilité et d’autres qu’ont pas. Ça dépend de la sévérité des parents, de l’ambiance de l’école, dans certaine classe, c’est pas jojo. Il faut faire attention à tout ça. ce n'est pas parce que c'est le privé ou le public, ça dépend des profs aussi. Parfois, y’a un manque envers les profs.

E Y’a la part de l’enfant, de l’école et de la famille ?

P Ah oui, si chacun y met du sien ça doit marcher

E Sans que tout le monde soit parfait, si les uns et les autres mettent de la bonne volonté..

P Si c’est comme dans une entreprise si y’en a un qui ne veut pas bosser, ça ne va pas aller...

E Ça vient de quoi les enfants qui ont plus de facilité ?

P En conclusion, moi je sens qu’on arrive au bout du tunnel. On a moins d’emprunt à 40. A 50 ans j’espère que j’en aurais plus. Je connais des gars qui sont sortis avec des bacs et aujourd’hui ils sont piliers de café. Ce que je veux dire, on peut bien apprendre et puis on peut être pilier de café, pas sot, mais pas savoir occuper ses connaissances.

E Vous voulez dire on peut ne pas avoir beaucoup de connaissance et savoir. occuper son temps et être heureux d’être ça...

P Et puis en apprendre, c'est à force d'occuper son temps et d'occuper son temps, qu'on en apprend aussi. On est pas obligé d’apprendre tout à l’école, on peut apprendre après.

E Et vous ?

M Pourquoi Y’en a ils lisent la poésie et ils savent tout de suite, et y’en a il faut la lire 10 fois et ça rentre pas... De quoi, ça vient ? Je ne sais pas, je me demande.

P La pratique va avec la théorie. Que la théorie, il ne comprendra pas. Celui qui est que théorie, il ne peut pas comprendre. Et celui qui a un poil dans la main aussi long qu’une queue, ça va pas... Tenir un crayon; c'est bien, mais pour moi c’est pas l’idéal, faudrait qu’à l’école on apprend les deux.

E Pratique et...

P A l’école on devrait apprendre toutes sortes de métier : le bois, le fer, la terre. C’est comme ça que j’y arrive. Quand le matériel casse, Je prends le poste à soudure et allez je fais de la soudure... Par contre, je ne suis pas fort au niveau crayon...

E Vous avez votre femme qui est là !

M Aujourd’hui on pousse les enfants à avoir tout dans la tête et aujourd’hui il manque de manuel, y’a beaucoup de professions qu’on ne trouve pas aujourd’hui....

E Ecoutez, je vous remercie.

* * *

Avis de l'enseignante sur l'enfant et la famille

Entretien N° 32 enfant PAPIN Ludovic

E Donne un avis sur le petit Ludovic.

I Je dirai que c'est un enfant qui a de la mémoire. Donc, qui a appris à lire sans difficulté, à déchiffrer et à décoder sans difficulté, mais au niveau de la compréhension, c'est juste juste. Sur un petit texte, ça va, mais sur un long texte, ce sera une lecture artificielle.

E Est ce que c'est un enfant pour qui tu as pensé le redoublement.

I Ah non! Pas du tout. Il évolue, mais sa compréhension c'est quand même limite. Les subtilités, il passe complètement à côté.

E Si tu avais un avis général à donner sur l'enfant.

I C'est un enfant qui a peu de vocabulaire qui s'adresse à nous en disant "eh ben tu vois "

..... C'est toujours comme ça que ça commence " Tu vois, Tu vois. et ben moi...." Beaucoup de mots, des phrases pas correctes et très peu de vocabulaire.

E On sent un enfant qui manque de structures (linguistiques)

I Oui ! Et d'images mentales, les mots pour lui ne font pas forcément image.. Moi je l'analyse comme ça.

E Je vois ce que tu veux dire. Il perçoit peut-être les choses mais n'arrive pas forcément à mettre les mots dessous.

I Et puis il a du mal à justifier, tout ce qu'il affirme.

E Et en mathématique, comment il se débrouille?

I Justement les problèmes, c'est là que ça coince. Par exemple, en dernier, on a vu l'addition à retenue, il est capable de faire parce qu'on a répété et répété, Mais une retenue, quand il la compte, il dira 10 + 2 au lieu de dire 1 + 2 mais il dira dix. Chaque mot n'a pas forcément le même sens....

E Et puis la famille?

I La famille, je ne l'ai pas vue de l'année. Sa maman est venue l'autre jour à la fête des jeux pour habiller son gamin, elle ne m'a rien demandé. Elle ne m'a pas parlé, rien du tout. J'ai eu la grande soeur, il y a deux ans j'avais vu la maman parce qu'elle avait des problèmes de vue et elle parlait très peu du travail de sa fille.

E Comment tu la perçois même si tu ne l'as pas vue?

I Des gens qui ne sont pas très à l'aise dans l'école. Ils ont sans doute peur de l'école. Je ne sais pas, c'est une analyse. Ils ont peut-être peur de ne pas s'exprimer correctement..; je ne sais pas.

E Il va sans dire que ce sont des parents qui ne sont jamais venus lors d'ateliers ou de sortie scolaire ?

I Ah bah non ! Je ne leur ai pas demander en plus parce que bon.......( attitudes montrant une certaine distance)

E Ce sont des familles distantes de l'école?

I Oui ! En grande section, je ne sais pas, s'il y avait contact ou pas. Je ne sais pas.

E D'accord , donc une famille en retrait......

I Un fait par rapport à Ludovic. Il a oublié son livre de bibliothèque. Je lui dis "écoute, tu le reporteras avec ta maman, tu iras le porter toi-même là-bas, parce que c'est la fin de l'année et on n'y va plus. Et bien, il m'a répondu : " Je n'y vais pas avec maman, je vais jamais à la bibliothèque". C'est un fait quand même révélateur. Alors que Agathe n'y va peut-être pas tous les jours, mais doit aller plus souvent.

E Ludovic, son travail scolaire était régulièrement fait

I Oui, oui oui. On fait ce qu'il y a à faire, c'est..... je dirais que c'est un enfant docile. tiens , c'est le mot qui faut dire. qui est bien gentil, qui veut faire plaisir. Si je lui donne une page de lecture, il va la faire, si je donne une page de calcul il la fera. Une liste de mot à apprendre, il le fera. Ca en restera là, il n'ira pas plus loin. Lui, il ira courir dans les vignes , je ne sais pas où. C'est un enfant qui est intéressé par le travail de son père.

E Et le père, tu l'as vu?

I Alors là non, je ne saurais pas qui il est, pas du tout. celui d'Agathe, non plus.