Entretien n° 45 avec Famille AULME

Le 6 mai 1998

M Je trouve que la scolarité, il passe une bonne majeure partie de leur temps. J’ai fait des réunions avec la maîtresse pour savoir un petit peu comment il fonctionnait. Mais , c'est vrai que c’est beaucoup plus facile quand on a un professionnel à côté qui nous explique, qui nous oriente. Je vois elle a eu du mal pour la lecture, ils font beaucoup de par coeur, et je me suis dit, elle ne va pas pouvoir continuer à apprendre, et j’ai pris ma méthode à moi quoi...

E Vous avez pris votre méthode ?

M Ma méthode. Je pense. Pour décortiquer les mots. C’est vrai que le fait qu’ils font beaucoup de par coeur, il ne se fatigue pas à lire. Ils voient la première.... on décortique les mots... les lettres, des petits repères mais apparemment, je suis contente, ça a marché ce que j’ai fait donc apparemment, c’était, en fait c’est le par coeur qui bloque, ils font que du par coeur. Et plein de mamans qui me disent, c’est du par coeur. Ce n'est que du par coeur. Et nous quand on fait les devoirs. Et nous quand on veut lire, ça bloque... et dès qu’on la remet dans un autre livre, elle est complètement perdue. Donc... Et ça me... c’est le CP, le CE1 après ce sera une autre étape... C'est vrai que le C.P., on est un petit peu perdue. J’étais un peu perdue quand elle est passée en CP et puis là y’a l’écriture. L'écriture, c'est pareil. Faut que l’enfant il faut qu’il soit décidé aussi. Les maîtresses nous donnent des petits repères mais quand l’enfant n’est pas décidé... on ne peut rien... on ne peut rien...

E Quand je vous dis le terme apprentissage de la lecture, qu’est-ce que cela évoque pour vous ?

M L’apprentissage, il se fait tous les jours en fait. Ça se fait partout, mais... la lecture, c’est tout ... Je ne sais pas, ça veut dire quoi la lecture ? ... apprentissage , Il faut que ce soit de l’apprentissage mais pas du bourrage de crâne. Il faut que ce soit l'apprentissage progressif. C’est vrai que l’enfant a des capacités, on le sait tous, capacités impressionnantes mêmes, et c’est vrai qu’en fait il en faut, il faut un apprentissage de tout manière, il faut qu’ils apprennent à lire, à écrire, c’est le b a ba de la vie, si on n’a pas ces deux minimums de repères, on est lancé plus facilement dans la vie. C’est vrai que tout est lecture, tout est écriture...

E Quand est-ce qu’elle a commencé à apprendre à lire, le livre...

M Je vais vous dire, y'a très peu de temps, Je vais vous dire ça fait même pas un trimestre. Comme avant c’était que du par coeur, donc il a fallu qu’on trouve une autre solution. Même si Nelly, elle fait son travail, il fallait compléter, on a fait une ouverture à d’autres niveaux, si il y a d’autres façons de lire, on a pris d’autres bases...

E D’autres bases ?

M D’autres livres, d’autres systèmes, bon, y’a la télé, les jeux, on complète, quoi.

E Depuis un trimestre.

M Au début, on était plus concentré sur le premier trimestre, la lecture à l’école, la méthode de la maîtresse et en fonction de comment elle apprenait, j’ai essayé de trouver des repères pour sa façon de ... les mots qui étaient entourés en bleus... des choses qui revenaient régulièrement, et puis on a étalé un petit peu les mots, les phrases...

E C’est quelque chose que vous avez fait avec elle en dehors du travail de l’école ?

M En plus du travail de l'école. Bah oui, de toute manière, si il n’y a pas ...

E Dites moi ce que vous faisiez ?

M On flashait sur des mots, ou on s’arrêtait sur une publicité et je lui disais « qu’est-ce que c’est comme lettre ». D’abord, j’ai pris un système, où je mettais le O U, j’ai décortiqué aussi le travail de Nelly où je décortiquais le O U, par exemple je le mettais tout seul et je le mettais dans un mot. Et on le cherchait u peu partout. Le A U, tout seul et puis dans un mot et on les cherchait un peu partout.

E Et vous faisiez ça souvent ?

M Régulièrement. Très souvent. Tout le temps en fait. Tout le temps, non, mais dès qu’il a une occasion ou que je sentais qu’elle était plus attentive hop. Quand elle ne voulait pas c’était pas la peine d’insister. Je repérais des choses et je lui disais « tiens c’est écrit quoi là ». Des trucs tout bête comme la publicité à la télé qui était raconté, on voyait des grands panneaux publicitaires où c’était que de l’écrit. On essayait de se souvenir de ce qu’elle avait entendu et ce qu’elle lisait, elle associait les mots.

E Vous avez fait cela avec les autres enfants ?

M Avec les grands non. Je l’ai fait.... ils vont rentrer en 6ème, c’est vrai qu’ils prennent le bouquin eux-mêmes, ils recherchent beaucoup dans la lecture...

E Mais est-ce que vous aviez fait la même chose avec les grands qu’avec Adriana ?

M Le principe était le même, mais je n’étais pas disponible de la même façon, quoi. Disons... que le résultat est le même, mais j’étais moins disponible pour les grands. Y'avait pas de....

E Adriana aime lire, la lecture ?

M Et bien, oui, je supp... tu aimes ou tu n’aimes pas lire ?

Adriana J’aime.

M Tu aimes. Bon, y’a des fois elle n’aime pas trop. Y’a des fois c’est vrai que... quand on se fâche... parce que dès fois elle aime bien que je me fâche après elle... On écrit, la dictée ( Adriana écrit à côté de nous sur un cahier fraîchement acheté)... .... C’est vrai que j’essaye de pas trop les... pas trop centrer sur la scolarité mais c’est vrai que.....

E Ça vous inquiète un petit peu ?

M Non pas trop. Non pas trop parce que je suis ça de près. Déjà je les ai mis dans une école où je sais que... c’est une petite structure, je sais que ....donc on est un peu plus près de comment ça fonctionne, ils ne sont pas livrés à eux-mêmes pour l’apprentissage... y’a des réunions avec les maîtresses, bon on voit un peu plus si... ce qui me fait peur c’est plus le collège quoi. Une fois que le primaire est passé, le collège, c’est encore une autre façon d’apprendre. C’est vrai que dès fois je me dis : « est-ce que je fais bien, est-ce que je fais ... c’est pas trop". Des fois je ... des petits conseils mais on a toujours peur de mal faire, de mal les orienter. Bon, je pense que c’est notre rôle aussi à nous, de parents, de...

E Est-ce que Adriana aime qu’on lui lise des histoires, lui raconte des histoires ?

M (très évasive) Oui, ça va... oui... bah ....si les histoires, c’est un... y’a le bibliobus aussi... donc.... les ............ aussi, donc...

E Vous lui lisez des histoires de temps en temps ?

M Oh ! Ça arrive mais c’est vrai que c’est rare. parce que je n'ai pas le......... Maintenant... c’est pas que j’ai pas le temps, c’est que bon... s’organiser, si dès fois on prend un bouquin, on lit et puis elle finit ou je raconte le plus gros, c’est euh... y’a la facilité aussi, y’a la télé... c’est vrai, c’est un... ça me relève un petit peu quoi. Je fais regarder une cassette et après on prend le livre. C’est plus facile de repérer des mots quand on les a...

E Quand vous lisez une histoire, c’est 1 fois, 2 fois par semaine ou de temps en temps...

M Je ne sais pas... ça peu être 1 - 2 fois dans la semaine ou 3 fois, ça dépend. Je suis installée, je fais une petite pose, y’a un livre qui arrive, on lit. Y’a pas de telle heure à telle heure on fait une histoire, c’est de temps en temps.

E C’est régulier ?

M Oh oui, oui, oui. .........Ça dépend quand elle m’interpelle, quand elle me demande...... c’est l’offre et la demande.

E Y’a des semaines où il n’y en a pas.

M Ça peut arriver. Ou, on a autre chose, on pense à autre chose...

E Et quand elle était plus jeune, est-ce que cela arrivait ?

M Beaucoup plus... beaucoup plus. Beaucoup plus et puis y’a les grands qui lisent aussi...

E Elle a des livres pour elle ? Combien ?

Adriana J’en ai hyper plein.

M Elle en a beaucoup, y’a de tout. Là, elle commence des fascicules, des petits... on a des livres qui accompagnent des cassettes et un autre livre. Bibliothèque de la nature. Ça c’est magnifique comme bouquin. Y’a le livre, y’a les explications sur l’auteur, ça concerne plus les grands. Y’a les petits jeux, elle peut faire toute seule, y’a les petits jeux qu’elle peut faire à deux. Si, au niveau lecture, on a quand même un bon matériel de base...

E Combien, beaucoup ça veut dire beaucoup de chose.

M Personnellement, elle a une vingtaine. Des tout petits, de poche etc. Y’a ceux de sa soeur, y’en a pour tout le monde, y’en a pour tous les goûts. Même les miens dès fois... Les miens je les ramasse parce qu'elle aurait tendance à lire mes bouquins... elle est très attirée. Y’a de la lecture pour tout le monde, pour tous les goûts. Y’a des histoires avec les images, avec une phrase, des plus longs textes, elle a le choix, ce qu’elle a envie de lire. La lecture domestique comme on dit, la lecture que tout le monde a.

E Qu’est-ce que vous appelez la lecture domestique ?

M La lecture de... de... maison. On a 5 minutes, on s’assoie dans un coin. Elle prend les BD aussi, elle commence à regarder les BD...

E C’est quelque chose que vous faites régulièrement, vous personnellement, vous lisez beaucoup ?

M Oui.

E Tous les jours ?

M Oh... tous les jours...

E La , je vois la collection de « femme actuelle » et l’encyclopédie ?

M Ça dépend... en voyant, on fait des Scrabble, on cherche un mot, hop... On est très... on a pas le temps de faire ailleurs, moi j’ai pas le temps de prendre des cours ailleurs. Donc on apprend, on essaye d’apprendre le plus possible dans des livres, à la télé...

E Vous lisez des romans ?

M Ça m’arrive.

E On peut dire que vous êtes une lectrice.

M Oui. Nous sommes tous des lectures.

E Votre mari ?

M Y’en a pas ( rires)

D Moi, j’en ai mais je ne vois plus jamais.

M C’est pas pareil, ça c’est pas un mari, c’est une autre histoire Adriana.

E Vous vivez seule avec vos enfants ?

M Oui.

E Vous mettez en place plein de petites choses pour la lecture, pourquoi faites-vous cela, parce que vous aimez ou...

M Non, parce que je pense que c’est important pour les enfants, pour qu’ils aient des repères, un petit coin à eux où ils peuvent... j’ai proposé, ils prennent, donc c’est que ça les intéresse et ça les aide aussi pour l’école. C’est important.

E Ça vous arrive aussi de rencontrer la maîtresse ?

M Ça m’arrive oui. En ce moment, je n’ai pas eu trop de temps et Adriana, c’est vrai là, si, on a un accès facile à la maîtresse, si il y a quelque chose, bon. Si ça va pas pour les devoirs, si ça marche pas, je vais la voir 30 secondes et elle me dit un petit peu comment. Soit ,il faut arrêter, soit elle est fatiguée.... On fait ça en coordination quand même, la maîtresse, les parents. C’est normal qu’on fasse une paire.

E Vous la rencontrez souvent, une fois par semaine ?

M Oh! une fois par semaine (sur le ton du doute) !, Oh je la rencontre... là c’est vrai que dernièrement, depuis les vacances de Pâques, je n’ai pas eu l’occasion de la voir. Si elle a besoin de me voir, elle m’appelle ou... c’est pas tout le temps, tout le temps. Je lui dis : « je suis allée voir Nelly ». Nelly, elle fait des grosses... « je bavarde de trop avec ma copine Julie »... C’est pas dramatique. Ça veut dire « Adriana, il faut la rappeler à l'ordre, Adriana, il faut que tu te concentres ». C’est vrai, que tu as bien bossé, tu peux faire une petite pause...

E Tu as bien travaillé ?

M Ça va, elle est assez studieuse.

E C’est une de ses qualités, studieuse ?

M Oui, elle fait... si un enfant n’est pas studieux... il ne peut pas être studieux... je ne devrais pas studieux alors que... c’est la conception d’un... c’est la conception quoi.

E C’est votre conception, il faut être studieux ?

M Il faut... on fait le maximum pour être studieux... On fait le maximum pour... On fait ce qu’on peut. Si on sent qu’elle peut mieux faire, on essaye de trouver autre chose....., quelque chose qui complète la scolarité.

E Par rapport à la méthode de lecture, qu’est-ce que vous en pensez ? Vous disiez « il y a trop de par coeur » ?

M Y’a beaucoup de par coeur, trop de par coeur, le par coeur il est toujours là et c’est vrai que c’est... C’est bizarre de faire du par coeur avant d’apprendre... et c’est vrai que si on faisait la lecture, ce serait plus long peut-être. La méthode de la maîtresse ......... il ne se concentre pas sur l’apprentissage de la lecture, y’a plein de choses à côté. Y’a les chiffres, y’a plein de choses, c’est vrai que c'est ...

E Et qu’est-ce que vous en pensez ?

M Je ne sais pas trop justement ce que je doit en penser... si on doit... moi je sais que ça a bien fonctionné pour Adriana...

E Qu’est-ce qui a bien fonctionné ?

M L’apprentissage de la lecture, le par coeur d’abord, après décortiqué. Bon, je pense que si je n’avais pas suivi, elle n’aurait peut-être pas réussi, car j’ai rattrapé un petit peu. Je pensais que la maîtresse, c’est pas que je comptais sur la maîtresse, mais que ce que la maîtresse faisait, c’était suffisant, mais en fait c’était pas... c’était pas suffisant quoi. La maîtresse ne pouvait pas tout faire et c’est vrai que si les parents n’aident pas... on avait vu ça à la réunion d’ailleurs. Si les parents ne s’y mettent pas.... les enfants, automatiquement..., ils ne vont pas... vont pas faire accrocher les enfants. Si les enfants n’accrochent pas...

E Vous pensez que les parents tiennent une place importante ?

M Oh oui. Oh oui, Quand même. Leur donner le goût aussi de la lecture, l’écriture et l’apprentissage, c’est vrai... (L'enfant demande si son dessin est beau) Oui, c’est joli.

E C’est joli, tu dessines vraiment bien ? Elle dessine depuis combien de temps comme ça?

M Oh ça fait... ben depuis qu’elle est plus à l’aise dans la lecture, depuis qu’elle est plus à l’aise... je vois elle apprend, elle apprend... dès fois je suis même surprise parce que des fois... c’est vrai que sortir d’une grande section et entrer en CP, c’est vrai que le premier trimestre a été très, c’est vrai que c’est une autre méthode, c’est pas pareil. Quoique Nelly elle a quand même un suivi, je vois, elle les prépare pour aller en CE1, c’est assez... ... Je pense que l’école y doit y faire beaucoup...

E C’est-à-dire ?

M C’est vrai ils sont dans une structure où il n’y a pas beaucoup d’enfants, ils sont à peu près 200 à l’école.

Adriana A l’école on fait des fiches de CE1.

M Je pense que les maîtresses sont quand même plus... je sais pas... disponibles. L’apprentissage, il est pas pareil que dans les écoles privées, pas rentrer dans le système privé public, un petit peu si parce que bon, y’a une différence.

E C’est un choix.

M C’est un choix. Nous, on a une vie familiale qui est assez... bouh... c’est vrai que la structure scolaire est quand même importante. Y’a des problèmes humains...

E Vous voulez dire que vous avez une vie familiale mouvementée...

M Mouvementée, très mouvementée. Donc, il fallait quelque chose de structuré, pour qu’elle rentre progressivement dans la scolarité...

E C’est important pour vous ?

M Oh oui. Oh oui. Si y’a un échec dans la vie familiale, Il ne faut pas qu'il y ait un échec dans la scolarité quoi...

E Vous pensez qu’il y a échec dans la vie familiale...

M Non, je dis pas. Y’a pas... Y’a eu des échecs, y’a eu des hauts et des bas. Et dans la scolarité...

E Comme dans toutes les familles...

M Dans toutes les familles oui. Sauf que nous c’est un cas spécial.

E Vous vous considérez comme un cas spécial.

M Comme un cas, parce que je vous dis c’est tellement...

E Acadabrant..

M Oui, acadabrant et je voulais que les enfants soit protégés, façon de parler... dans la scolarité. C’est comme une vie familiale, si elle ne marche pas, il faut que la vie professionnelle soit plus...

E Plus cadrée...

M Oui, ça va. C’est leur petite base leur petit monde avec leurs amis...

Adriana Maman, est-ce que tu peux mettre les... là haut..

M Les accents. B, B. Ecris une « Pêche », je te ferais l’accent pour la pêche pour que le E il change.

Adriana C’est moi qui choisis.

E Tu faisais les mots que tu as envie d’écrire, c’est ça. Et au niveau de vous-mêmes, vous disiez que vous lisiez relativement souvent ?

M Oui.

E Vous prenez des magazines, des romans...

M Je prends de tout, des magazines, des revues, tout ce qui vient. Moi, aussi je complète mon apprentissage en quelque sorte, on a tous besoin d'apprendre tous les jours. Je suis toujours restée livres... télés, émissions. Je sui très à l'affût. J'ai que çà à....C’est pas que j’ai pas que ça à faire mais bon...

E Vous dites que c’est important.

M Oh oui.

E Vous avez des diplômes ?

M J’ai arrêté troisième, seconde. En entrant en seconde, j’ai arrêté. Je regrette un petit peu... je me dis « quel temps perdu ». J’aurais pu continuer, je pourrais reprendre mais... je me dis bon, on a la possibilité aussi d’apprendre le maximum et espérer que ça leur fera envie de continuer, envie d’aller plus loin. J’ai déjà des aînés qui ont déjà envie de continuer.

E C’est un regret de ne pas avoir continué ?

M Oh un regret... je ne sais pas. Je ne crois pas que j’ai perdu beaucoup. Je peux m’y remettre, mais c’est vrai que bon, la vie en a voulu autrement, bon... On a fait avec.

E Vous travaillez actuellement ?

M J’aimerais bien. Je recherche. Je suis préparée à...., je recherche.

E Vous êtes mère au foyer.

M Oui, mère au foyer. J’ai travaillé avant d’avoir mes enfants.

E Qu’est-ce que vous faisiez ?

M Je travaillais dans la restauration de collectivité. C’est vrai que j’ai travaillé avant les enfants, j’ai eu les enfants, y’a eu un machin...

E Un vide.

M Y’a eu un vide professionnel... y’a eu... (s’adressant à Adriana) : Un ou une... la table... les tables... Donc y’a eu trou, c’est pareil, je veux reprendre à travailler parce que les enfants.. C'est pas que je m'ennuie, mais j’ai envie de voir autre chose.

E Vous avez 5 enfants.

M 5 Oui, 2 garçons qui vont rentrer en 6ème, ce sont des jumeaux. Adriana qui va aller en CE1. Bérénice théoriquement qui devrait aller en grande section mais Bérénice elle a du mal à grandir, donc grande section pour l’instant c’est pas tout à fait ça.

A Y’en a une qui doit aller à la crèche.

M Et qui va sûrement aller à .... si ça continue comme ça. (rire). Elle est à la crèche, elle a tout juste un an. C’est vrai qu’elle se débrouille bien donc ça va.

E Bérénice a plus de difficultés ?

M Elle a beaucoup plus de problèmes, oui. Voilà le problème de Bérénice, c’est que, justement on essaye de séparer l’école et les problèmes à la maison, les choses comme ça. Là, on est en phase où on essaye de pas tout mélanger, parce qu’elle mélange... c’est un petit peu mélangé. C’est pour ça que l’école... c’est pas structuré pour elle. Maryse elle lui dit d’apprendre son prénom. Ça fait trois semaines un mois qu’on... elle n’y arrive pas donc on va essayer. Elle va peut-être résoudre ses problèmes en ayant sa petite vie à l’école. Sa petite vie à l’apprentissage... je pense que ... ça ne peut pas aller partout bien. On ne peut pas tout bien faire donc... on va vu que là ça marchait pas trop, bon on va essayer de voir autre chose et on va essayer plus d’orienter vers l’apprentissage de l’écriture, si elle est décidée... faut voir aussi... elle n’a pas envie de grandir. Elle n’a pas envie, bon mais elle voit des enfants de son âge qui grandissent à l’école, qui savent lire, qui savent écrire, dans sa classe... donc...

E Vous pensez que ça va la pousser un petit peu...

M Oui, je pense oui. Elle le sait. Elle en est consciente. Elle essaye de faire son prénom, elle essaye de faire ça, elle essaye de voir, elle essaye de se retrouver elle aussi. A savoir ce qu’elle a besoin, ce qu’elle a envie, ce qu’elle a besoin et qu’elle a envie de faire. Hier, elle m’a dit qu’elle avait envie d’écrire donc je lui ai racheté un livre, un cahier. J’avais acheté le même y’a quinze jours et puis elle me l’a complètement déchiré... Hier elle m’a dit j’ai envie d’écrire mon prénom... d’accord, on va racheter un cahier. Je ne dis pas que ça fait pas 50.000 cahiers que j’achète.... (s'adressant à Adriana) moi le papy, je le mettrais avec un Y.

E On peut l’écrire comme ça.

M Quand tatie t’écrit, elle te met un Y.

E Vaut mieux l’écrire avec un i, c’est vraiment français. Tu écris drôlement bien Adriana.

M La plus petite s’appelle Lauriane. (...)

E Est-ce que vous écrivez ?

M J’adore écrire.

E Qu’est-ce que vous écrivez ?

M Je fais du courrier...

E Votre journal intime ?

M Un petit journal intime que j’écris, j’écris et puis hop... je déchire... ou dès fois quand je regarde une émission, j’écris, je prends des notes. Des choses comme ça. Bon... je fais les comptes... j’ai souvent un stylo à la main d’ailleurs. Ou alors, je passe et je corrige ses...

E Vous faites les comptes ?

M Oui, je fais les comptes, et je prends des notes sur les émissions que j’entends. Là j’ai une chanson en anglais...

E à réécrire...

M ... pour Fabien donc...

E Liste de course ?

M Toujours une liste.

E Des post-it pour vous rappelez de telle ou telle chose ?

M J’ai mon agenda.

E Vous utilisez régulièrement ?

M Tout le temps. Je ne peux pas m’en passer. C’est tout le temps. Je passe un coup de fil, j’ai mon agenda, j’ai toujours... je vais voir mes amis... hop... on se donne des rendez-vous...

E Vous êtes une personne qui écrivez énormément ?

M Oui, j’écris beaucoup, je m’organise, parce qu’on ne peut pas tout de tête...

E Vous avez un répertoire téléphonique ?

M Oui.

E Vous partez en vacances ? Vous faites une liste ?

M Les enfants partent en colonie par exemple, j’ai une liste. J’aime bien faire au plus pratique.

E Ecrire, ça vous aide à...

M Oui, je vois, c’est un truc qui est à part, mes garçons ne sont pas là en permanence (ils son en famille d'accueil), y’a un relais. Même, à travers les personnes qui s’en occupent quand moi je ne m’en occupe pas, c’est la méthode du trousseau écrit.

E Un relais, un éducateur...

M Non ! Les garçons sont en famille d’accueil.

E Vous êtes en relais avec la famille d’accueil.

M C’est vrai que ça fait un petit peu « halte garderie », « colonie », y’a beaucoup d’enfants...

E Vous êtes en lien avec les services sociaux ?

M Oui, je ne dirais pas sociaux, plutôt éducatif. C’est plus un suivi éducatif.

E C’est AEMO sans doute.

M AEMO voilà. Le fait que je vive seule avec mes enfants, on ne peut pas tout porter quoi. Je ne dis pas que l’éducation je l’ai reportée à quelqu’un, j’ai demandé une aide.

E C’est vous-mêmes qui avez fait la demande ?

M Oui, j’ai fait la demande.... voilà. C’est plus un suivi éducatif. J’ai pas fait des enfants... j’ai fait des enfants pour qu’ils aient une vie, un avenir, qu’ils se construisent quelque chose, c’est une conception.. Donc il faut leur donner les moyens aussi, et puis ils ont les moyens...

E Adriana aime jouer ?

M Oui, elle joue.

E A des jeux éducatifs ?

M Y’a des poupées, des BARBIE. Elle joue un peu moins en ce moment. Elle va avoir sept ans, elle va avoir un petit chaton pour ses sept ans. Elle passe un autre cap. Elle grandit aussi. Elle a une autre approche.

E Vous jouez avec elle aux cartes... ?

M Oh oui. Au Yatsé...

E Au UNO...

M C’est plus avec mes amis. Je fais des Scrabble avec mes amis. Avec mes enfants des Monopoly...

E Avec Adriana ?

M Elle fait des Monopoly avec ses frères. Moi, je reste... je suis pour ......... elle a envie d’apprendre à compter les sous. Y’a l'Euro qui va arriver, on va commencer. un petit peu.. je lui apprends déjà le franc français, l'Euro il peut être français. Le franc français déjà, le franc, les centimes, la valeur de la vie, elle veut. C’est elle qui fait la demande. Elle a de l’argent de poche, elle s’achète des petites choses. (s'adressant à l'enfant) Adriana, c’est bon, le scotch, c’est bon. Tu ne fouilles pas dans mes affaires s’il te plaît.

E Elle aime bien jouer, ces jeux sont différents de ce qu’ils étaient y’a quelque temps ,.

M Y’a bien trois mois de ça. C’est vrai que quand la lecture et l’écriture sont rentrés dans ses jeux, parce qu’ils sont rentrés dans ses jeux aussi, elle a une autre approche des jeux. Y’a le Scrabble junior aussi. Elle sait que l’écriture et la lecture lui ouvrent des portes.

E La télévision, Adriana aime-t-elle bien ?

M La télé est allumée comme ça mais bon, sans plus.

E Les images suffisent (sans réellement la regarder.)....

M Voilà, et hop on va à un petit truc qui nous plaît, on s’arrête, y’a nintendo.

E Elle joue à Nintendo ?

M Ils y jouent tous, même la petite qui a un an avec les manettes... Elle sait que ça bouge, elle court derrière le petit Mario. Toi tu joues à Merlin en ce moment. C’est vrai... moi aussi j’y joue, aux voitures... Tout le monde s'y met. Y’a des amis qui ont une nintendo 64, c’est une nintendo en 3 D.. Ca fait partie de l'éducation aussi parce que ça nous ouvre aussi. Les garçons échangent des cassettes de nintendo avec leurs amis... On fait des échanges de vidéos aussi. Moi, j’ai l’impression d’avoir plus conscience qu’une famille normale avec le mari et tout le machin et tout, je sais que moi c’est mon lien avec les enfants...

E La télévision ?

M L’éducation de l’écrit, de l’école et tout ça. Pour nous, c’est important.... (s'adressant à l'enfant) « Le B » il est plus comme ça (...) C’est vrai que c’est ma préoccupation (...s'adressant aux enfants qui se chamaillent un peu..)... On ne se dispute pas...

E Vos enfants c’est une préoccupation ?

M Oui, c’est... j’ai décidé de vivre avec mes enfants sans...... Donc , bon, je leur donne le maximum.... Je pense que ça a beaucoup de rapport avec la vie. Pour moi, c’est... c’est très important pour moi, pour nous.

E Qu’est-ce qui est important ?

M Bah, le fait que les enfants qui sentent que ça m’intéresse, ça me passionne...

E La lecture...

M Voilà.. apprendre... le savoir c’est la vie. Le savoir, c’est vrai que le savoir c’est important. Quand on sait des choses, c’est bien de savoir. Même des fois, je vois mes fils qui ont onze ans, dès fois, ils essaient de me bloquer sur des choses, des fois ils sont surpris, parce que ils pensent, des fois, ils posent des questions... Des fois je ne sais pas, je vais chercher un bouquin. On apprend tous les jours, on ne sait pas tout... C'est vrai que pour les enfants, c'est drôlement important de savoir...

E Vos grands garçons ça marche en 6éme actuellement ?

M Ils vont passer en 6ème. Ils ont 14-15 de moyenne. Ils sont très studieux. Alban est dyslexique. Un moment j’ai douté qu’Adriana était dyslexique, c’est un peu héréditaire aussi... héréditaire ? Si c’est héréditaire la dyslexie. J'avais vu une émission là dessus. Il était dyslexique, il a travaillé longtemps, longtemps, il a travaillé deux ans avec sa dyslexie. Il a travaillé tout seul. C’est un enfant qui lit beaucoup, il est toujours en train de lire, et il est très doué, en fait, malgré sa dyslexie qui a persisté quand même.

E Adriana n’a pas suivi de cours d’orthophonie ?

M Si elle a suivi l’orthophonie. Elle a fait de l’orthophonie parce qu’elle avait le frein sous la langue, elle avait du mal à prononcer les mots et tout et elle a fait de l’orthophonie et un moment avec Nelly je croyais qu’elle faisait de la dyslexie. D’ailleurs hier encore, je croyais que tu faisais de la dyslexie. D’AUTO.... en fait ...................... mon dos oui, tiens, j’ai mal au dos... J’ai douté, j’en ai parlé avec Nelly. Elle m'a dit que non. C’était peut-être de la fatigue. Nelly ne s’est pas rendu compte qu’elle faisait de la dyslexie. Mais, c’est vrai qu’elle confondait beaucoup des syllabes et c’est là que j’ai commencé à décortiquer le mots beaucoup...

E C’était important pour elle pour qu’elle puisse aller plus vite dans la lecture ?

M Pas plus vite, c’était une autre méthode, une méthode complémentaire, et c’est vrai que Nelly a vu qu’elle faisait beaucoup de progrès d’ailleurs dans la lecture. C’est vrai qu’on avait passé beaucoup de temps. Là, je dis ça bloque, y’a un problème, faut faire quelque chose.

E Le travail du soir vous passez beaucoup de temps avec elle ?

M Honnêtement non ! Je ne veux pas la bourrer... elle me disait qu’elle lisait le soir. On s’est fâché parce que je lui faisais confiance, elle est un petit peu jeune, Elle me disait : "je lis, je lis " et je me suis rendu compte qu’elle ne lisait pas.

E Le soir dans sa chambre.

M Dans sa chambre, son livre de lecture parce qu’elle a de la lecture à faire à l’école. Et au bout d’un moment je me suis rendu compte qu’elle ne lisait pas alors que je pensais qu’elle lisait donc on a repris tout ça en route et puis maintenant sa lecture, elle la fait quand elle le sent, quand elle a un moment ou qu’elle le sent, c’est pas de telle heure à telle heure tu vas faire tes devoirs.

E Sa lecture elle la fait toute seule ?

M Elle la fait toute seule ou dès fois, je prépare à manger, elle vient, elle lit. Moi, je lis avant parce qu’elle ne peut pas me gruger de toute manière, Ca , s'est sûr et certain. Elle l’a fait quand elle me disait qu’elle lisait et qu’elle ne lisait pas. Sur un mot, quand un mot est écrit, si c’est pas ça, c’est pas ça. Elle ne peut pas lire sa phrase en m'inventant des mots. Si elle lit sa phrase elle la lit complètement... je ne peux pas rester sur le livre... mais j’apprends moi aussi pendant qu’elles apprennent.

E Qu’est-ce que vous apprenez ?

M Je reviens un petit peu..., je suis allée à l’école et j’ai arrêté, et je reviens un petit peu dans le système, et ça me revient un petit peu et je me suis dit que je pourrais passer mon bac avec eux.

E Vous avez suivi une scolarité ordinaire ?

M Ordinaire, en seconde j’ai arrêté. J’ai fait des cours par correspondance dans la comptabilité. Un BEP A.C. et j’ai arrêté...

E Les circonstances de la vie qui vous ont fait arrêter ?

M Voilà, des circonstances de la vie qui feront peut-être que je reprendrais peut-être...

E Avez-vous redoublé des classes en primaire ?

M Non, pas en primaire.

Adriana Moi, je vais redoubler.

M ... Pourquoi tu vas redoubler, tu as envie de redoubler, tu seras une grande avec les petits.... Tous ceux qui sont en grande section, tu les reverras l’année prochaine si tu redoubles... ça ne doit pas être intéressant, tu t'ennuieras....

E Quelle est la méthode de lecture utilisée par la maîtresse ?

M En fait, elle met des mots... je ne sais pas trop en fait... des RA..

E Y’a un livre de lecture ?

M Y’a un livre de lecture, je pense que la maîtresse, elle doit le lire. Elle doit ressortir des mots du livre pour les inscrire au tableau comme rat ou des syllabes qui reviennent... Comme dès fois je fais, je décortique des mots, avec le O I, j’essaye de trouver des mots... en fait... je ne sais même pas comme elle fait en fait. Je ne sais pas comment elle fait. Tout ce que je sais c’est que ce qui ressortait y’avait que du par coeur au début et que bon, c’est tout le monde, elle me disait Nelly, c’est toute les mamans, par coeur, par coeur, et c’est là justement que c’est à nous, les parents, quand on voit qu’il n’y a que du par coeur, c’est là faut qu’on accroche un peu plus. Si on laisse faire que du par coeur, il loupe après beaucoup de mots, de phrases, beaucoup de choses.

E Tu t’en rappelles Adriana, ton livre de lecture ?

...

M Elle sait lire, mais on est en train d’apprendre justement à lire et à comprendre ce qu’on lit.

E C’est le sens maintenant.

M Maintenant, on essaye de comprendre une histoire. Même sur une courte phrase elle a du mal. En ce moment on est plus...

E Vous passez plus de temps pour qu’elle comprenne le sens des phrases.

M Maintenant oui. On est à ce stade là. Elle lit quelque chose et il faut qu’elle sache... je pose des questions et là c’est autre chose.

Adriana Un photographe à l’école.

M Oui, on l’avait vu l’autre jour. « J’ai perdu ma clé aussi ». On le fait tranquillement, sur une phrase, sur le type....

Adriana On l’avait pas fait la lecture « le photographe à l’école ».

M On l’avait pas fait ? Un moment elle a eu 10 pages de retard en lecture. Les autres étaient arrivés... 10 pages de retard. Et on a rattrapé les dix pages en (peu de temps) ... plus que tes dix pages même. Donc, maintenant on peut passer à autres choses. C’est la compréhension du texte. Ça la bloque pour tous ses exercices. J’ai vu le travail... Maintenant, ça va partout sauf pour la compréhension du texte, c’est le point noir pour l’instant donc, c’est pour ça que je suis avec la maîtresse les cahiers de devoirs, de leçons, les choses à faire, les signatures et tout, c’est drôlement important parce qu’on sait exactement où ils en sont. On sait ce qu’il nous reste à faire. La maîtresse nous sollicite aussi, faut qu’on soit attentif aussi... C’est vrai que Nelly, par rapport à Adriana, après elle aura une autre approche de l’apprentissage, elle verra exactement ce qu’elle peut lui apprendre.

E Est-ce qu’Adriana va à la bibliothèque ?

M La bibliothèque est à la maison honnêtement, parce qu’il y a le bibliobus qui passe à l’école... (s'adressant à l'enfant) tu n’as pas pris de livres la semaine dernière ?

Adriana Si j’en avais pris mais c’était pour faire, pour essayer de lire chez Marc...

M Tu l’avais fait chez Marc...

A Autrement, on allait l’oublier...

M D’accord.

E C’est qui Marc ?

M C’est la classe de...

Adriana d’adaptation.

M Adaptation. Ils font le relais, Nelly fait le relais à Marc, ou à Claire qui fait le CE2. Y’a des enfants qui font le CE2 déjà. C’est vrai, on se passe tous le relais. Même moi avec mes aînés, Fabien a fait du travail avec Adriana, Adriana même avec Bérénice, elles font des choses ensemble.

E Les frères et soeurs se donnent des coups de mains.

M Ah oui, quand ils sont là.

E Ils sont là souvent ?

M Tous les quinze jours et pendant les vacances scolaires. Y’a pas beaucoup de temps, ça manque ça aussi où ils peuvent passer du temps. Je vois, Les garçons font leurs devoirs... c’est un petit peu la conception, je ne dis pas que c’est le rêve, c’est sympa, tout le monde travaille ensemble. les garçons font leur devoirs Fabien l’autre jour lui a fait voir des choses. Tout le monde donne un petit coup de main.

E Ils sont dans la même école que Adriana

M Non ! non ! Ils sont sur St Nazaire. Ils sont dans le public, c’est public mais..... je ne les aurais pas mis...

E Dans une grande structure.

M Non. J’ai mon frère qui est avec une femme, sa fille est à école Y....., déjà elle a redoublé son CE2, c’est pas très doué. Quand je vois le résultat de l’enfant, c’est pour ça que je vous dis y’a pas que l’école, en grande partie quand même, c’est une méthode qui ne m’intéresse pas quoi. Y'a pas de suivi, y’a pas un suivi comme ici...

E Vous trouvez que c’est important le lien entre ...

M Ah oui, parce qu’on ne peut pas laisser un enfant 8h30 le matin, allez pof, débrouille-toi, je viens de chercher à 5 h. C’est comme ça. c'est quand même Il faut quand même... je ne travaille pas à l’usine non plus. Y'a un minimum. Ils vont à l’école, c’est pour apprendre, pour jouer avec les petites amies, ils mangent à l’école avec leurs amis le midi, ils vont jouer, bon, quand j’ai des choses à faire, c’est un endroit où ils sont... c’est en fait, l’école est un complément de la vie de famille aussi...

E Au niveau de l’organisation des tâches ménagères, c’est vous qui vous occupez de tout en fin de compte ?

M Oui. C’est pas... tout, tout, les enfants me donnent un coup de main. Il faut... Ça été dur ça aussi, ils rangent leur chambre. Adriana commence à passer l’aspirateur... ça lui plaît, c’est elle qui le demande, je ne voulais pas qu’elle le fasse parce que je trouve qu’elle reste longtemps, ça fait beaucoup de bruits et tout, quand c’est moi qui le passe, ça va plus vite. Et bon, elle prend plaisir à le faire. Tout le monde participe...

E Votre âge ?

M 1966.

E Revenu mensuel ?

M Entre 5 et 10.

E Vous êtes locataire ?

M Locataire.

E Dans un appartement récent, ça fait longtemps que vous êtes là ?

M Ça va faire trois ans.

Adriana On va bientôt déménager.

M Oui, il faut qu’on trouve une maison, ... ça fait juste.

E Auriez-vous autre chose à dire ?

M Moi, je pense non, je pense qu’il faut juste, le savoir c’est la vie. Faut que les enfants aiment, je suis heureuse parce que mes enfants aiment apprendre, je trouve ça, c’est vrai, c’est... c’est pas gratuit.

E Quoi, qu'est ce qui n'est pas gratuit ?

M la... la... la ... La soif d’apprendre, c’est vrai que quand c’est fait avec plaisir, c’est tellement plus agréable... En plus ils font la demande, c’est un avantage que j’ai... qui m’ont donné, y’a des parents qui rament...

E Adriana n’est pas forcément en difficulté ?

M Oh Non ! ça va! On essaye de faire que ça se passe au mieux. Quand il y'a une difficulté, on essaye de le prendre tranquillement....

E Si y’a des difficultés, c’est dû à quoi ?

M Un petit coup de fatigue, ou elle a pas envie, ou elle pense à autre chose. Ça peut arriver, les gens qui travaillent y prennent bien des congés maladie des fois quand ils en ont marre.

E Pour vous c’est tout ça, c’est tous les éléments, le savoir ...

M Oui, c’est pas... Un plaisir parmi tant d’autres ou un plaisir parmi la morosité de la vie.

E Le savoir.

M Oui.

E Bon, voilà, je vous remercie beaucoup.