0.4. Les fondements

A l’origine, la veille est un concept traduit de l’anglais et vient de deux mondes très différents que sont les pays anglo-saxons et le Japon. Elle semble liée aux cultures de ces pays. Si nous remontons aux origines connues de la veille : “ business intelligence ”, “ competitive intelligence ”, sont des notions utilisées par les entreprises anglo-saxonnes depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Intelligence signifie renseignement, information, espionnage et ne se réfère pas aux capacités d’un individu comme nous l’entendons en français. Les activités de business intelligence consistaient à l’origine à rechercher des informations, voire à faire de l’espionnage à des fins militaires (Romagny et Wild, 1998).

F.J. Aguilar (1967), auteur de “ Scanning the business environment ”, fut l’un des premiers à étudier ce phénomène. Dès 1963, il distingua deux modes de veille :

Nos recherches sur les premiers travaux conduits sur la veille stratégique nous amènent dans un premier temps aux Etats-Unis où le concept est apparu. Mis à part Aguilar la plupart desauteurs se sont manifestés au cours des années 80, utilisant en langue anglaise des appellations diverses :

Par la suite, les Etats-Unis vont se projeter dans l’univers d’une concurrence impitoyable avec notamment Alvin Toffler (“ The Third Wave ” et plus tard “ The power Shifts ”), mais aussi avec M. Porter (“ Competitive advantage ”) et Léonard Fuld (“ Competitor intelligence ”) qui fondent le langage, les bases d’une cinquième discipline : “ The fifth dicipline ” de Peter Senge.

En France, Humbert Lesca est l’un des premiers à avoir développé le concept de veille stratégique dans son livre : “ Système d’information pour le management stratégique de l’entreprise ” paru en première édition en 1986. Ses travaux se sont poursuivis et ont été notamment marqués par son livre sorti en 1994 : “ Veille stratégique – L’intelligence de l’entreprise ” qui réactualise son édition de 1986. L’ouvrage de Martinet et Ribault (“ Veille technologique, concurrentielle et commerciale ”), s’il ne traite pas directement de la veille stratégique, en analyse les différentes facettes. Parmi les auteurs français plus récents, citons Jacques Villain (1989) (“ L’entreprise aux aguets ”), Jacques de Guerny et Raymond Delbes (1993) (“ Gestion concurrentielle, pratique de veille ”), Bruno Martinet et Yves-Michel Marti (1995) (“ L’intelligence économique, les yeux, les oreilles de l’entreprise ”) et François Jakobiak (1992), auteur de nombreux ouvrages sur la veille technologique.

L’Etat lui-même, avec le rapport du Commissariat Général du Plan, présidé par Henri Martre, a publié en 1994 un ouvrage remarquable intitulé : “ Intelligence économique et stratégie des entreprises ”, qui sert aujourd'hui de référence à de nombreuses études.

Deux nouveaux termes sont désormais utilisés :