1.1.2. Caractéristiques de la veille technologique

Spécificité de la veille technologique

La veille technologique est l’observation de l’environnement scientifique 12 , technique et technico-économique pour en déduire les menaces et les opportunités de développement en la matière. Cela doit conduire à préconiser comment organiser les processus de recherche, de collecte et de diffusion de l’information (au niveau de l’observation), puis comment utiliser rationnellement cet ensemble structuré et condensé de renseignements obtenus.

L’expression veille technologique désigne ainsi les efforts que l’entreprise consent à faire, les moyens dont elle se dote et les dispositions qu’elle prend dans le but d’être à l’affût et de déceler toutes les évolutions et toutes les nouveautés qui font jour, dans les domaines des techniques et des technologies qui la concernent actuellement ou sont susceptibles de la concerner dans le futur.

Différents arguments militent en faveur d’une veille technologique méthodique de la part de l’entreprise ; en effet, même si des théories remettent en cause, non sans raison, l’efficacité du modèle japonais, sa réussite économique éclatante a tout de même été due en grande partie à un ratissage organisé, minutieux et systématique des informations publiées dans l’ensemble du monde.

La veille technologique est le type de veille le plus développé dans les entreprises. Il semblerait qu’elle soit la plus évidente pour les entreprises industrielles soucieuses d’assurer leur développement. Elles sont conscientes qu’elles doivent protéger leurs découvertes et ne pas se laisser dépasser par leurs concurrents.

Nous présentons ici un exemple de mise en œuvre.

Marc Louichon, Directeur Général de Carbone Industrie, implantée à Villeurbanne, filiale de la SEP (170 salariés et 288 millions de francs de chiffre d’affaires) explique : “ La veille technologique est un état d’esprit permanent dans l’entreprise. 15 à 20% du chiffre d’affaires sont consacrés à la recherche et au développement. Et le recueil est systématisé à l’échelon mondial. Les informations sont synthétisées chaque mois. Et, un comité stratégique se penche régulièrement sur les informations des concurrents, des techniques et des marchés ”. Mais, précise-t-il, “ nos stagiaires n’ont pas le droit de sortir une disquette de l’entreprise ni de faire figurer leur expérience Carbone Industrie dans leur curriculum vitæ. Et aucun salarié ne détient toutes les clés d’une technologie ”.

Une technologie est un savoir-faire particulier et spécifique nécessitant des moyens humains et financiers importants pour sa mise en œuvre.

On peut classer les technologies en trois types 13  :

  • Technologie de produit : intégrée dans un produit. Elle peut être mise en œuvre par l’entreprise ou achetée (par exemple, un microprocesseur pour la fabrication d’un ordinateur).
  • Technologie de procédé : utilisée dans la conception ou la fabrication des produits ou services commercialisés par l’entreprise (CAO, robotique…)
  • Technologie d’organisation : assure la coordination ou l’intégration des technologies de produit ou de procédé (juste-à-temps, GPAO, gestion de la qualité…).

Nous trouvons dans le vocabulaire courant de nombreux qualificatifs accolés au terme “ technologie ” dont nous proposons ici une clarification :

  • Les technologies de substitution : les nouvelles technologies remplacent les anciennes. La technologie nouvelle ne sera pas forcément supérieure (donc plus complexe) que l’ancienne, mais elle devra en revanche être plus rentable.
  • Les technologies critiques : ce sont les technologies “ obligées ” ; sans elles une entreprise peut être condamnée à disparaître. C’est le cas par exemple, de l’informatique pour les entreprises industrielles.
  • Les technologies diffusantes : nées dans un secteur d’activité donné, ce sont les technologies qui se diffusent à l’ensemble des autres entreprises : les membranes venues des laboratoires d’analyse s’utilisent à présent dans l’agro-alimentaire. On retrouve aussi dans cette catégorie l’ensemble des technologies critiques comme l’informatique, l’optique et les nouveaux matériaux.
  • Les technologies émergentes : ce sont les plus récentes, qui intéressent dans un premier temps, uniquement certaines entreprises et certains secteurs d’activité, mais elles semblent pouvoir devenir des technologies diffusantes.
  • Les technologies duales : elles s’utilisent aussi bien dans les domaines militaires et civils. Ce sont en général les retombées des recherches militaires ou spatiales : la robotique mobile, les fibres de carbone…

Le développement de l’électronique et de l’informatique a fait évoluer et fait encore évoluer considérablement la plupart des technologies. De même, le multimédia et internet seront probablement des outils technologiques indispensables dans l’avenir. Ces évolutions constantes obligent les entreprises à s’intéresser de très près à leur environnement technologique et concurrentiel. Pour être compétitive, l’entreprise prévoit, anticipe et s’adapte afin d’augmenter ses chances de survie et de développement (diversification, innovation…).

Notes
12.

Marie-Christine CHALUS, “ La contribution des outils de l’analyse socio-économique à la mise en place d’un dispositif de veille stratégique ”, sous la direction de Véronique ZARDET, Université Lumière Lyon 2, Mémoire de DEA, 1995, 114 p., page 35.

13.

E. BESSON-DAMEGON, “ La gestion des ressources technologiques ”, Article parue dans la Lettre de l’ARIST Rhône-Alpes Cent pour Cent, n°8, décembre 96, pp.1-2.