1.2.2. Le système anglo-saxon

Le système anglais

La Grande-Bretagne a été la première puissance économique mondiale de la révolution industrielle (Commissariat Général au Plan, 1994). Dès la création des premières manufactures textiles, l’intelligence économique a joué un rôle fondamental dans la maîtrise de l’innovation technique. Ainsi, pour protéger la machine à filer le coton, les manufactures du Lancashire faisaient peser sur les ouvriers de métiers des sanctions draconiennes au cas où ils dévoileraient les caractéristiques de cette invention à des marchands étrangers (comme l’amputation de la main). L’information tient aussi un rôle central dans les conflits d’influence autour de la commercialisation des produits pétroliers…

Après la seconde guerre mondiale, l’atout culturel de la Grande-Bretagne s’est dilué avec la perte de la compétitivité Outre-Manche. Aujourd’hui, sa force se concentre surtout à la City. Les compagnies d’assurances, les institutions financières et les banques font appel à ce type de savoir-faire dans la conduite de leurs activités. Un certain nombre de grandes entreprises pratiquent aussi le “ business intelligence ”. Elles ont créé des postes spécifiques consacrés à cette activité. Il existe enfin un marché privé de l’information qui constitue une source de diversification pour la presse économique. Les lettres spécialisées, les bases de connaissances ciblées sur les entreprises et sur leurs opérations commerciales constituent un des points forts d’un marché jusque-là dominé par les opérations de conseil.

Cette continuité historique a progressivement amené la création de départements “ marketing intelligence ” dans les entreprises, et ce dès la fin des années cinquante. Le “ marketing intelligence ” dans la culture britannique se traduit par “ renseignement économique ”. Si la Grande-Bretagne a réussi partiellement un transfert de ce savoir “ intelligent ” (dans le sens anglo-saxon) vers le marketing, elle a en même temps transposé sa forte spécialisation et la compartimentation liée à ce savoir. Le “ marketing intelligence ” est toutefois devenu une discipline tout à fait acceptée comme toute autre discipline de gestion (Commissariat Général au Plan, 1994).

Au-delà d’une continuité dans la pratique, la maîtrise des techniques a entraîné son inscription dans la culture des organisations anglo-saxonnes. Sur le fondement d’une telle culture, la formulation de stratégies et leur mise en œuvre intègrent l’utilisation tacite et explicite de la veille stratégique.