Les vastes définitions de l’intelligence économique

Si nous nous en tenons à la définition du Commissariat Général au Plan (Martre, 1994) : ‘“ l’intelligence économique peut être définie comme l’ensemble des actions coordonnées de recherche, de traitement, de distribution en vue d’une exploitation, de l’information utile aux acteurs économiques ”.’ Ces diverses actions sont menées légalement avec toutes les garanties de protection nécessaires à la préservation du patrimoine de l’entreprise, dans les meilleures conditions de qualité, de délais et de coûts.

Notons que cette définition est très tournée vers l’entreprise, ce qui n’était pas le cas initialement. Au départ, l’intelligence économique était portée par l’Etat qui surveillait l’évolution des marchés internationaux.

Le terme " système d’intelligence économique " est souvent utilisé ; il regroupe l’ensemble des pratiques et des stratégies d’utilisation de l’information utile, développées au cœur d’un pays à ses différents niveaux d’organisation : celui de l’Etat, du gouvernement, de l’industrie, de l’éducation, et même de la population 39 .

Trois fonctions majeures la caractérisent (Clerc, 1995)  : la maîtrise du patrimoine scientifique et technologique, la détection des menaces et des opportunités, l’élaboration de stratégies d’influence au service de l’intérêt national et/ou de l’entreprise. L’intelligence économique constitue ainsi un outil à part entière d’interprétation permanente de la réalité des marchés, des techniques et des modes de pensée des concurrents et des partenaires, de leur culture, de leurs intentions et de leurs capacités à mettre celles-ci en œuvre.

Dans certaines définitions, le champ de l’intelligence économique s’élargit considérablement. Pour des cabinets de consultants, elle est polyvalente et globale et a pour vocation de prévoir tout ce qui concerne l’environnement proche ou lointain de l’entreprise. Cycle de l’information, elle établit des liens, des “ intelligences ” entre les informations éclatées dans le temps et dans l’espace. De la même manière, à l’intérieur de l’entreprise, elle découvre et met en relations des compétences méconnues ou délaissées. Elle concourt au patriotisme économique de l’entreprise et participe à sa culture en fédérant sur des projets ou des hypothèses des talents qui s’ignoraient. Elle devient un travail d’équipe. Voilà ce que nous avons pu trouver comme arguments et définitions du monde des praticiens. Nous pouvons remarquer jusqu’où peuvent nous conduire certaines définitions, pour ceux qui l’exploitent en “ fonds de commerce ”.

Nous vous présentons ici un schéma de Harbulot qui représente les différents niveaux de la définition de cette discipline, la plus macro-économique de celles que nous abordons dans ce chapitre. Elle a la particularité de s’attacher aussi bien à l’aspect supranational qu’à l’aspect communauté d’individus, c’est une des principales différences avec la veille stratégique.

Figure n° 11 : Les différentes strates d’intelligence économique (Harbulot, actes de l’AIMS 96)
Figure n° 11 : Les différentes strates d’intelligence économique (Harbulot, actes de l’AIMS 96)

Notes
39.

COMMISSARIAT GENERAL DU PLAN, op. cit., page 27