Contrairement à la veille stratégique, l’intelligence économique n’est pas le monopole de l’entreprise

Adaptable à toutes les activités grâce au respect des règles qui en font la maîtrise, l’intelligence économique n’est pas le monopole de l’entreprise. En dehors de celle-ci, elle est devenue un marché obéissant aux lois de l’offre et de la demande. Discipline autonome, elle justifie la création d’entreprises multinationales ou de cabinets voués à sa mise en œuvre pour le compte de clients au rang desquels figurent les Etats.

Instrument politique et stratégique, l’intelligence économique est mise en œuvre par des nations et fonde partout dans le monde des systèmes de recueil et de diffusion de l’information stratégique. C’est ainsi qu’existent comme nous l’avons vu au cours du précédent chapitre des intelligences économiques japonaises, allemandes, américaines… C’est en cela que nous trouvons une grande différence entre l’intelligence économique et la veille stratégique.

Nous pourrions penser depuis quelques années que l’intelligence économique, au départ un concept macro-économique de surveillance des marchés internationaux, s’intéressait de plus en plus à l’entreprise et que finalement l’intelligence économique et la veille stratégique allaient finir par ne faire qu’un. Ce rapprochement s’opère réellement, à ceci près que l’intelligence économique n’est pas le monopole de l’entreprise contrairement à la veille stratégique. La veille n’est pas un instrument politique au service des Etats.

La lente maturation qui va de la gestion concurrentielle à l’intelligence économique en passant par la veille technologique prouve que la matière a su évoluer d’elle-même, poussée par la seule nécessité. Le langage de l’intelligence économique prend sa source dans l’activité commerciale et industrielle des Etats et des entreprises. D'après Besson et Possin (1996), le regard de l’Etat sur l’intelligence économique est inévitable et éminemment souhaitable parce que la matière dépasse le cadre de l’entreprise et intéresse la nation toute entière. L’intelligence économique n’est pas seulement une discipline, elle est un marché en pleine explosion où la matière première qu’est devenue l’information commande la prospérité générale, le maintien de l’emploi et la préservation des marchés extérieurs. L’Etat a à cet égard des obligations et des responsabilités qu’il serait vain d’éluder.