3.1.4. La veille un outil d’aide à la décision ?

Le veilleur doit être capable de faciliter le travail des décideurs, qui disposent de peu de temps pour scruter l’environnement global. Ils doivent en conséquence canaliser et diriger l’information pour permettre aux responsables opérationnels de disposer d’un certain nombre d’éléments susceptibles d’enrichir leurs décisions stratégiques.

La veille est un outil, et ses résultats ont pour objectifs d’aboutir à des actions, des décisions quant au devenir de l’entreprise à court et moyen termes, pour “ alerter à temps ”, “ saisir les opportunités ”, “ ne pas se laisser surprendre ”…

François Jakobiak (1988) explique que la veille est “ indispensable pour agir et pour décider ”. La veille apparaît alors comme un avantage concurrentiel, un facteur de compétitivité, voire un facteur-clé de succès pour les entreprises.

La veille stratégique peut aussi être considérée comme un des éléments qui composent la formulation de la stratégie de l’entreprise. Nous la retrouvons parmi les trois éléments fondamentaux qui définissent la formulation stratégique :

  1. Une image approximative de l’entreprise dans le futur est définie, expression de son identité, de sa stratégie d’ensemble et de ses stratégies par activité.
  2. Un certain nombre de plans d’actions prioritaires sont élaborés avec la participation de plusieurs niveaux opérationnels dans la hiérarchie, sur des mouvements majeurs dans certaines activités, et sur la résolution de problèmes majeurs de ressources ou de mise en œuvre de ressources.
  3. Un système de veille stratégique complète le dispositif. Il porte sur certains points sensibles du projet de l’entreprise et surtout sur les signaux pouvant annoncer certains événements potentiels à fort impact sur l’environnement, afin de saisir les opportunités et de riposter aux menaces le plus rapidement possible.

Si nous nous référons à Kotler et Dubois (1990), la veille stratégique est un élément crucial de la décision stratégique. C’est la base de la reconnaissance des problèmes stratégiques. La décision stratégique ne consiste pas, comme la décision opérationnelle, à résoudre un problème clairement identifié, elle inclut la reconnaissance du problème lui-même.

L’analyse de ces processus dans l’entreprise montre que les modalités de reconnaissance des problèmes correspondent aux pratiques décisionnelles : plus le problème se présente au départ comme confus et mal défini, plus le processus de formulation de la solution est de nature politique, car il y a débat sur l’existence et la nature du problème avant toute recherche de solution.

Dans son intégration de la notion de vigilance dans la théorie économique de la firme, J.M. Oury (1983) propose une distinction imagée entre les différentes formes de vigilance qui peuvent être reliées à des situations de décision :

Les différences dans la nature des changements environnementaux, le temps disponible, l’attitude vis-à-vis du futur et le type de vigilance exercé expriment l’hétérogénéité des conditions des environnements perçus qui influencent des pratiques décisionnelles. Nous appelons des situations de décision ces conditions qui expriment l’enchaînement (environnement réel  environnement perçu  pratiques décisionnelles).

Après avoir expliqué en quoi la veille stratégique pouvait être utile pour la décision stratégique, nous allons aborder l’articulation entre la veille et la stratégie.