Une fois le dispositif de veille stratégique implanté

A ce stade, la veille stratégique devient un outil intéressant pour la prise de décision. Comme nous l’avons déjà expliqué, notre approche de la veille stratégique est globale.

En effet, celle-ci concerne les produits, les marchés, les technologies, les ressources humaines ainsi qu’une déclinaison de ces grandes catégories.

En tous points, elle va capter, traiter et surtout offrir une information pertinente au décideur.

Elle met en place, outre une structure de captage, des filtres à tous les niveaux de l’organisation.

Les informations captées vont ainsi passer à travers différents filtres. Le décideur ne sera pas confronté à une masse d’informations trop importante, mais à des informations triées, validées, qualitatives et décodées. Il pourra alors faire son travail de décision sans passer son temps à défricher des masses d’informations non pertinentes.

Figure 16 : Les filtres de décision des informations captées par le dispositif de veille stratégique
Figure 16 : Les filtres de décision des informations captées par le dispositif de veille stratégique Marie-Christine CHALUS (10/11/98)

A travers ce schéma, nous avons souhaité représenter les différentes étapes de la progression de l’information stratégique. L’information est d’abord captée et transmise à un premier niveau de décision. Différentes actions seront alors possibles :

  1. Sélection des informations (validation ou invalidation des informations captées) ;
  2. Traiter l’information et lancer une action. Cette information concerne directement les acteurs décisionnaires du segment dans leur métier, ils peuvent agir sans en informer leur hiérarchie.
  3. Les acteurs valident une information pertinente qui doit être transmise au niveau de décision supérieur.

Des décisions sont prises à chacun des stades du schéma. C’est cet ensemble de micro-décisions qui porte les grandes décisions stratégiques prises au plus haut niveau et qui ont des répercussions sur l’organisation.

Ainsi, au fur et à mesure de la progression de l’information dans les niveaux hiérarchiques, il y a de moins en moins d’informations en volume, mais leur qualité augmente pour aider la Direction Générale dans son système de prise de décisions. Seules quelques informations très stratégiques et structurées par les niveaux inférieurs arrivent au décideur final.

Par contre, chaque niveau de décision capte des informations issues de l’environnement et autres que celles transmises par ses n-1. Elles s’intègrent dans le dispositif à leur niveau de captage afin de suivre le processus normal.

Pour synthétiser le degré d’implication de la veille stratégique dans le processus de prise de décision, nous reprendrons et enrichirons par rapport à notre problématique, le modèle de l’école d’Harvard.

Figure 17 : Modèle stratégique monorationnel : le modèle de Harvard
Figure 17 : Modèle stratégique monorationnel : le modèle de Harvard

Si nous nous basons sur le schéma de Harvard, les éléments de veille stratégique se trouvent en amont du processus de prise de décision, au travers de la double facette qui la caractérise : l’analyse interne et l’analyse externe. Cette analyse permet alors de définir les facteurs clés de succès et les compétences qui les accompagnent. Tout ceci offre un ensemble de possibilités d’actions.

L’intérêt d’implanter un dispositif de veille stratégique est l’aide à la décision que celui-ci peut apporter. Un outil comme la veille devrait permettre, dans le contexte actuel, d’optimiser les chances de réussite. Les enjeux sont forts, les délais raccourcis de beaucoup et les chances laissées à l’erreur moindres. C’est un moyen d’être correctement informé dans les délais pour décider.

Si de nombreux constats nous permettent de considérer la veille comme un outil efficace, elle n’en reste pas moins un outil dont on ne se sert que si l’on en a besoin et envie.

Il n’y a pas que des paramètres objectifs et formalisés dans la prise de décision. Le décideur suit aussi son instinct et les conseils de son entourage. La veille et ses informations ne seront qu’un paramètre. Certains dirigeants en abuseront, d’autres le délaisseront.

Aujourd’hui, nous entendons beaucoup parler de veille ainsi que d’intelligence économique : deux concepts différents qui pourtant, tendent à se rapprocher, voire à se fondre avec l’évolution et lesnouvelles contraintes environnementales. La veille et l’intelligence économique ne sont-elles que des modes ? Nous le saurons d’ici quelques années car encore peu d’entreprises conduisent une véritable veille globale.

Aujourd’hui, si les entreprises s’intéressent à la veille et à ses périphériques, c’est aussi que les modèles d’organisation ont montré leurs limites dans le contexte actuel. Les entreprises ont un besoin fort d’informations internes et externes permettant d’alimenter leur prise de décisions afin de mieux maîtriser l’avenir, notamment par la réduction des incertitudes mais aussi par une exploitation pertinente de leurs ressources.

Notes
44.

Marie-Christine CHALUS (10/11/98)