Les travaux conduits par Henri Savall et Véronique Zardet vont nous servir d’appui pour développer ce paragraphe.
L’entreprise a des intentions stratégiques… des ambitions stratégiques. Les auteurs constatent que bien souvent, il existe un écart parfois important entre les intentions stratégiques de l’entreprise et ses réalisations. Plusieurs critères tendent à expliquer cela.
Développer l’ambition stratégique signifie éviter les stratégies apathiques, paresseuses et suivistes. Ainsi posent-ils la question de savoir combien il y a de véritables stratèges innovants sur un marché et face à combien de suivistes 45 . Cela porte à nous interroger sur le lien qui pourrait éventuellement exister entre une ambition stratégique forte et la conduite de stratégies proactives.
Une allocation judicieuse des ressources devrait permettre selon les auteurs d’éviter des stratégies timorées ou au contraire trop ambitieuses. En effet, soit les ressources de l’entreprise sont inférieures aux besoins pour réaliser l’action stratégique (la stratégie est en ce cas trop ambitieuse), soit ces ressources sont supérieures et l’entreprise a alors une stratégie timorée qui lui fait perdre des opportunités de survie-développement. Les auteurs définissent quatre zones stratégiques représentées par le schéma ci-dessous.
La survie ne s’oppose donc pas au développement, cette association est proposée par les auteurs pour insister sur l’étroite interdépendance entre ces deux termes. Seule la survie autorise des actions visant le développement, et seul le développement permet de préparer la survie des périodes futures. Les auteurs proposent entre autres de renforcer l’activité de recherche et de développement ; chaque unité de l’entreprise, pour rester compétitive, doit consacrer un peu de temps tout au long de l’année à des actions de réflexion, d’information, de formation, d’études d’amélioration et bien sûr de vigilance technologique et stratégique décentralisée et synchronisée.
H. SAVALL et V. ZARDET, “ Ingénierie stratégique du roseau ”, Economica, 1995, 517 p.