La recherche en sciences de gestion pratiquée par l’Institut de Socio-Economie des Entreprises et des Organisations

L’approche de la recherche en gestion des chercheurs de l’ISEOR est fondée sur les éléments suivants : H. Savall 48 discute la problématique des relations chercheurs-terrains en sciences de gestion et montre que le statut de terrain est encore très flou, voire contradictoire, selon les recherches. L’auteur montre en effet, que le terme “ terrain ”, se caractérise par une certaine ambiguïté sémantique en sciences de gestion et que le statut épistémologique du terrain reste relativement flou dans la mesure où il existe une grande variété d’utilisations. Dans le but de contribuer à la clarification de la notion de terrain, il distingue deux types d’investigations :

  • Des enquêtes légères conduites dans un certain nombre d’organisations afin de valider des modèles préétablis.
  • Des investigations mises en œuvre dans une ou plusieurs organisations considérées comme un champ de production de concepts et de méthodes. Cette conception de la recherche suppose une forte interaction entre les chercheurs et le terrain permettant d’extraire des informations qui seront, ensuite, soumises à un traitement d’intention scientifique.

Le parti pris épistémologique et méthodologique consiste à cesser de considérer les entreprises comme des boîtes noires impénétrables et à mener des recherches expérimentales, à visée transformative, en participant directement à des actions visant à modifier certaines caractéristiques du fonctionnement des organisations. Cette approche transformative du champ phénoménologique observé dans le cadre d’expérimentations, facilite l’étude des différents stades de transformations et permet l’élaboration et la construction de théories et de méthodes dans le cadre d’un travail d’intention scientifique.

Marc Bonnet, chercheur à l'ISEOR, fait remarquer que ‘: “ les biais relatifs à l’observation et le risque de contamination des chercheurs sont importants et méritent d’être évoqués’  ” 49 . Selon cet auteur, l’intervenant-chercheur conduit des travaux d’expérimentations en étant lui-même un acteur de type particulier. Dans cette perspective, le chercheur se forge un avis sur ses observations à l’aide de son expertise. L’intervenant-chercheur confronte donc ses propres hypothèses avec celles des différents acteurs, dans le sens où il met en évidence les convergences et analyse les divergences. Marc Bonnet admet, à partir de ses recherches-expérimentales, que les interactions entre intervenants-chercheurs et acteurs obéissent aux mêmes règles que le fonctionnement des organisations. Il y a un orthofonctionnement et des dysfonctionnements. Mais malgré les difficultés, cette interaction peut être orientée et générer des progrès de connaissances. Pour les intervenants-chercheurs de l’Institut de Socio-Economie des Entreprises et des Organisations, la création d’hypothèses nouvelles nécessite une prise de recul par rapport au terrain, et requiert quasiment autant de travail que la présence effective dans les organisations.

Notes
48.

Henri SAVALL, “ Où va la recherche en science de gestion ? ”, innovation Revue Française de Gestion, n°53-54, sep-déc 85, pp.242-253 et Henri SAVALL , “ Les Sciences de Gestion : tendances actuelles ”, innovation Revue Le courrier du CNRS, n)64, janvier 1986, pp. 14-15

49.

Marc BONNET, “ Liaisons entre organisation du travail et efficacité socio-économique. Analyse d’expérimentations dans des services de fabrication en milieu industriel ”, Thèse de Doctorat ès Sciences de gestion, Université Lumière Lyon 2, janvier 87, 504 pages, page 51.