Les procédures utilisées pour produire les connaissances d’intention scientifique dans une recherche-intervention sont elles aussi négociées avec la direction de l’entreprise (Savall et Zardet, 1995) 51 . Elles ont une visibilité et sont, partant, contrôlables par les acteurs de l’entreprise, condition d’efficacité et de légitimité du chercheur vis-à-vis de ses partenaires pourvoyeurs d’informations, de signaux et de faits significatifs, matière indispensable pour la qualité du travail d’intention scientifique.
Le schéma ci-dessous résume la chronologie productrice de concepts qui sont expérimentés de façon quasi-simultanée à leur émergence. L’hypothèse de concept est parfois formulée sur les lieux mêmes de la recherche-intervention, le test étant alors négocié en temps réel pour faire une première validation de sa pertinence. L’incorporation provisoire puis durable dans la modélisation s’opère lors de phases de distanciation critique, les tests s’effectuant principalement lors des phases d’immersion.
Les itérations successives bouclées constituent ainsi une technique fondamentale dénommée par Henri Savall le principe d’interactivité cognitive entre les intervenants-chercheurs et les acteurs de l’entreprise, dans un souci permanent d’accroître la valeur de la signifiance des informations traitées dans le travail scientifique.
Le déroulement simultané, au cours d’une même année, de plusieurs recherches-interventions dans différentes organisations accroît l’interactivité dans la production de connaissances. Cette synergie n’est bien sûr possible que s’il y a une certaine synchronisation entre les équipes d’intervenants-chercheurs, afin que la série de faits et la base de connaissances soient alimentées par les différents programmes de recherche-intervention.
Henri SAVALL et Véronique ZARDET, “ La dimension cognitive de la recherche-intervention, op. cit