Le Centre de Recherche en Gestion de l’Ecole Polytechnique

Pour le Centre de Recherche en Gestion de l’Ecole Polytechnique (CRG), la valorisation des travaux auprès des utilisateurs fait partie intégrante de la démarche.

Ce parti pris de recherche comporte trois séries de conséquences :

  1. La première concerne la méthode, et consiste à privilégier les données tirées de l’observation directe, en situation. Il faut pouvoir décrire la manière dont les acteurs procèdent réellement avant de tenter, à l’aide d’hypothèses précises sur leurs rationalités, une reconstruction rendant compte de leurs actions. Ceci pose le problème de l’interaction avec le terrain et de l’articulation des recherches avec des demandes d’intervention. Sur le plan de la méthode, le CRG se situe dans une tradition que l’on peut qualifier de “ démarche clinique ”, “ recherche-action ”, ou “ recherche interactive ”, suivant que l’on met l’accent, respectivement, sur l’analyse des symptômes liés à des situations problématiques, sur la coopération avec les acteurs ou sur le caractère dialectique des rapports entre connaissance et action : les recherches du CRG se situent dans ce triangle. La perspective du CRG consiste à considérer que l’investigation de terrain ne peut se développer que sur des questions intéressant les acteurs, car elle exige leur collaboration.
  2. 2. La deuxième série de conséquences est épistémologique. Les modalités de validation des connaissances produites par ces méthodes tranchent effectivement sur une tradition dominante et pesante qui, dans les sciences de l’homme et de la société, prétend se conformer, sur la base du modèle “ hypothèses-prédictions-tests ”, à des canons abusivement présentés comme ceux des sciences physiques. La pratique de la gestion est marquée par la singularité des situations et les phénomènes fugitifs et subjectifs y tiennent une place essentielle. L’usage normatif des savoirs et la volonté de tout quantifier posent donc problème. Des approches “ qualitatives ” sont alors proposées pour remédier aux limites des approches “ quantitatives ”.
  3. 3. La troisième série de conséquence concerne la théorie. L’accent est mis sur la manière dont les acteurs appréhendent les situations dans lesquelles ils sont tenus d’agir, à partir du postulat selon lequel leurs actions sont rationnelles, c’est-à-dire conformes à l’idée qu’ils se font de leurs chances de succès dans le monde tel qu’ils le voient. Le domaine que l’on peut appeler les “ théories spontanées ” ou “ théories indigènes ”, techniques, psychologiques, sociales, économiques… constitue par conséquent un aspect fondamental de leur objet de recherche. Pour les chercheurs du CRG, ils ont affaire à des “ savants ordinaires ”, au sens de l’éthnométhodologie.