4.5.1.1. La genèse des traits fondamentaux

Première puissance européenne au XVIIIème siècle, la France reste en tête en 1920 pour la production du secteur secondaire (industrie et artisanat) et l’emporte sur l’Angleterre, avec toutefois un certain retard de l’industrie proprement dite. Il faut cependant rappeler qu’à la fin du XVIIIème siècle, la France est trois fois plus peuplée que l’Angleterre ; quant aux “ Allemagnes ”, leur développement les situe bien en-deçà (Holcblat et Husson, 1990).

Pendant la plus grande partie du XIXème siècle et jusqu’à la seconde guerre mondiale, la France ne cessera pourtant de perdre du terrain. L’ampleur du retard français et ses causes ont suscité de nombreux débats : facteurs “ objectifs ” (insuffisance des ressources charbonnières, quasi-stagnation démographique à partir du niveau élevé du XVIIIème siècle) ou spécificités du modèle français de capitalisme ? Certains travaux historiques plus récents mettent en cause la pertinence d’un concept de retard inspiré d’une logique comparative (par rapport à une économie industrielle étrangère considérée comme modèle) qui conduit à privilégier l’étude des pesanteurs et des inerties de la formation économico-sociale française, alors qu’elles ont été régulièrement dépassées par les forces dynamiques.

Le survol de l’histoire économique de la France moderne du point de vue du développement industriel montre la durée limitée de la période où l’industrie se trouve au centre du dispositif économique : les années débutant à la libération et s’étalant jusque 1983 (avec des aléas divers à partir de 1974) constituent sans doute les seules au sein desquelles la “ centralité industrielle ” soit prédominante.